Réponse aux reviews :

Bib' : désolé, mais la plupart du temps, je n'explique rien...et c'est tant mieux ! Il faut lire pour connaître...

Lettre n°3

De Duo Maxwell à Quatre Raberba Winner

Rome, le 10 Mars 227

Mon Quatrounet,

Pardon de n'avoir pas répondu tout de suite à ton mail. Ma seule excuse c'est que je ne sais plus où donné de la tête.

J'ai dîné hier avec le Japonais, que je n'avais ni rappelé ni revu depuis trois semaines.

Il me fait toujours un effet bœuf (excuse moi l'expression). Dès que je respire l'odeur de son eau de Cologne-il porte du vétinier, dès qu'il parait, je vacille. L'émotion reste si violent, le désir si fort que, dans les premiers instants, sa présence me porte au cœur...

Le toucher, l'étreindre. Qu'il m'attrape à bras le cours, me roule dans la paille et m'aime enfin...

Mais tu peux être fier de ton copain. J'ai dompté ma convoitise et l'ai envoyé se coucher tout seul. Non sans avoir préalablement chauffé sa libido avec l'histoire des menottes et du radiateur.

Elle lui a beaucoup plu cette histoire là, au point de me poser des questions personnelles. C'est bien la première fois.

« De quelle méchanceté, m'a-t-il demandé, de quelle cruauté envers un amant t'es-tu rendu coupable ? »

Culpabilité, cruauté ? Moi ? Je me suis exclamé que non, je n'avais jamais commis aucune cruauté.

Il a insisté : »Tu n'as jamais commis... »

Pour un adepte du never explain, never complain, il s'avançait beaucoup : « ...Quelque chose dont tu garderais un remords cuisant ? »...

Du remords ? Mais quelle horreur ! Non vraiment, je ne voyais pas : j'étais comme tout le monde, moi, une personne essentiellement immorale qui ne perpétrait que de petites infamies.

Il m'a entraîné sur un autre terrain :

De toute tes expérience amoureuse, laquelle ta semblé le plus bizarre ?

Je voyais bien où il volait en venir : avais-je étais menotté au radiateur d'un lit d'hôtel et sautée toutes une semaine par un mercenaire ?

J'ai répondu quand matière de sexualité, je gardais les goûts les plus civilisés et les instincts les plus saints. Mon regard disait exactement le contraire, mon ton laissait croire le pire, et mon sourire augurait le meilleur...

A-t-il connu, lui, des expériences sadomaso ? Je me suis bien gardé de lui renvoyer la balle et l'ai laisser à ses souvenirs...

Allumé par l'évocation de ses roueries avec d'autres, et par la perspective de ses débauches avec moi, il me conduisait à petits pas vers notre hôtel. Peut-être pour rattraper les rendez-vous perdus des semaines dernières, il l'avait, cette fois, élu somptueux et très cher.

Nous nous arrêtâmes une seconde sous la marquise du porche. Ce fut à ce moment que je choisi, moi, pour lui annoncé que j'attendais un coup de fils des Etats-Unis sur mon téléphone fixe. Un appel qui m'obligeait a rentré seul chez moi.

Avec son flegme habituel, il n'exprima aucune déception. A peine une vague surprise.

Nous pénétrâmes un instant dans le hall pour régler la nuit que nous n'y passerions pas. Il ne possède pas de carte de crédit et réserve toujours notre chambre en donnant le numéro de son passeport, une garantie qui l'oblige à payer en liquide même dans le cas d'un désistement de dernière minute.

J'ai proposé départager. Il a décliné.

En ressortant, j'ai senti qu'il était furieux. Il n'a rien dit. J'ai hélé un taxi Il n'a pas insisté pour me raccompagner.

Dans la voiture, je me suis félicité de mon courage. Quel empire sur moi même ! Tu n'imagines pas à quel point je le veux ce mec ! Tu n'imagines pas combien me coûte le sacrifice d'une nuit avec lui...Allons du nerf ; inverser notre rapport de force, la victoire est à ce prix. Mais soudain, en contrecoup du renoncement, je frissonne, je tremble, je claque des dents.

La peur est venue ensuite...Etais-je allé trop loin ?

Mon Japonais ne supporte ni la contradiction, ni le changement lorsqu'ils lui paraissent irrationnels.

Quant à la guimauve, la confusion des sentiments, les intermittences du cœur, il les teint pour fatigantes. Je le connais sur ce point : toute forme de conflit dans un rapport amoureux le met en fuite. Et moi, en l'obligeant à laisser dix messages sur mon répondeur, en tergiversant pour fixer la date d'un rendez-vous, en écourtant notre soirée sans préavis, en le délestant inutilement de son cash, je me révèle soudain un compliqué : « Le pire pour un bonhomme ! »

Qui sait s'il rappellera ?

Quitte ou double.

Miracle !

A mon arrivé à la maison, le téléphone sonnait...A 11heures du soir ? Le Cold Fish était ferré. Finalement, j'avais bien joué. Je cours, je décroche...

- Excuse moi d'appeler si tard : c'est Giovanni, tu te souviens de moi ? Ton voisin de table !

Si je me souvenais du Divorcé Excité !

...Qu'est ce que tu fais demain ? On pourrait se voir ?

demain je ne suis pas libre malheureusement.

Et Vendredi ?

Ah, Vendredi, ça tombe mal, je pars en France.

Et quand rentres tu ?

Dans quinze jour.

Alors, on pourrait dîner à ton retour. Le Vendredi 15, sa ta va ?

Le 15 Avril ? Oui, je crois...

Je t'appellerai pour l'heure du rendez-vous.

D'accord.

Tu es sur que cela ne t'a pas dérangé que j'appel si tard ? Tu ne dormais pas ?

Non, non...Ciao...

Au 15 Avril !

C'est cela...Bonne nuit !

Ouf, quinze jour de délai : d'ici là, je trouverai bien un prétexte pour décommander.

Mais en attendant, le Japonais lui, n'a pas appelé.