Écrit par HateWeasel

38. Danse Macabre.

Alors que la date du bal se rapprochait, les salles de classes de l'école changeaient aussi. Eh bien, la salle d'étude, du moins. Les enfants durent mettre les bureaux aux bords de la pièce pour que le centre soit dégagé. On ne leur avait pas donnait plus d'instructions, ce fut donc une surprise lorsque la professeur de ballet entra dans la salle.

Oui, Warwick offrait une grande variété d'activité extra-scolaire, incluant le ballet. Par conséquent l'école avait une telle institutrice. Mme Bristow semblait être dans la fin de la trentaine. Elle portait une jolie robe, et avait un naturel si enjoué que ça en était presque effrayant. Les enfants chuchotaient entre eux sur la raison de sa présence ici, de tout lieux.

- Très bien, les enfants, calmez-vous, dit-elle en frappant des mains pour avoir leur attention, je suppose que vous vous demandez tous pourquoi je suis ici. Eh bien, comme vous le savez tous, la bal annuel de Warwick arrive.

Elle parlait avec beaucoup d'enthousiasme, ce qui n'était pas seulement évident par son intonation mais aussi par son utilisation excessive de mouvements. Les enfants, surtout les garçons en fait, lâchèrent presque ensemble un « aaaaw ». Une fois de plus, elle frappa des mains pour ravoir leur attention.

- Les enfants, je n'ai pas besoin de votre intervention pendant que j'essaie de parler. Le fait que la première partie du bal soit formelle est une tradition, et requiert donc que vous sachiez danser comme dans le temps. La seconde partie sera plus décontractée, en d'autres termes, venez plus tard.

Une sorte de bourdonnement, causé par le rire de quelques uns des enfants, s'éleva dans la salle. Le reste d'entre eux resta silencieux, redoutant la suite.

- Donc, l'école me demande chaque année d'enseigner aux élèves comment valser pour cette première partie.

- Merde, murmura à mi-voix un petit garçon aux cheveux d'une teinte bleu-noirâtre des plus maladroites.

- Qu'est-ce qu'il y a ? chuchota un garçon légèrement plus grand aux cheveux blond au premier.

- Sais-tu seulement depuis quand je n'ai pas valsé ? Depuis ta stupide fête costumée dans les années 1800 !

- Ouais, et tu étais déjà nul.

- Va chier.

- Maintenant, continua la femme, puis-je avoir un volontaire pour une démonstration ?

La pièce devint silencieuse.

- Personne ? Vraiment personne ?

Bien sûr personne ne s'avança. Quel genre d'idiot se porterait volontaire pour danser avec un professeur devant toute la classe ?

- Est-ce que l'un d'entre vous sait valser.

Le bleuté poussa son ami blond en avant avec un sourire narquois. Il trébucha et repris son équilibre. Il se tourna vers son ami.

- C'était pour quoi ?! demanda-t-il d'un ton étouffé.

Malheureusement, c'était trop tard.

- Ah ! Enfin ! Un volontaire !

Alois regarda la femme curieusement avant de réaliser où il se tenait. Les enfants rigolèrent, une fois de plus. Même Ciel rigola en couvrant sa bouche pour que personne ne voit.

- Et vous vous appelez ?

- Alois Trancy, madame.

- Alois Trancy, savez-vous comment valser ?

- Ouais.

- Très bien, pourriez-vous, s'il vous plaît, prendre ma taille ?

La classe rugissait à présent. La dernière phrase les avait fait enrager. Alois eu du mal à maintenir une expression indifférente, son visage prit une subtile teinte rosé.

- Allons, allons ! Calmez-vous ! Mme Bristow frappa des mains une fois de plus. Monsieur Trancy, s'il vous plaît ?

Alois prit la position standard en mettant de côté le peu de fierté qu'il lui restait. Il plaça sa main gauche sur la taille de la femme, et pris sa droite. La classe ricana, et en réponse, le blond murmura pas-si-subtilement les mots « Allez vous faire voir » aux concernés.

- Audrey, pourriez-vous mettre la musique, s'il vous plaît ? demanda la femme en regardant un garçon dans le coin de la pièce, à côté d'un lecteur CD.

- Oui, madame.

Et donc, la musique se diffusa dans la pièce.

- Commençons, d'abord le pied gauche... commença la femme, mais bientôt elle n'eut plus besoin de donner plus d'instructions.

Le blond bougea son pied gauche, suivi du droit. Son pied droit bougea en avant, suivi du gauche. Puis, son pied droit bougea en arrière, et son gauche en fit de même. Ces mouvements furent répétés en boucle à travers la salle, tout particulièrement à la grande surprise des élèves, incluant Sir Phantomhive.

- Où diable avez-vous appris cette danse ?

- J'avais un tuteur, répondit le blond sans manquer un pas.

Sa réponse choqua honnêtement le Phantomhive. Il s'attendait à une absurdité comme « J'ai appris tout seul » ou « Google ».

- C'est la Valse Viennoise, n'est-ce pas ? Ça c'est une danse traditionnelle, répondit la professeur.

- Je pense ? Je ne me souviens pas vraiment du nom.

La classe regardait tandis qu'ils dansaient. Alois fit même un tour arrogant sur lui-même, surtout pour le bonheur de la femme. Cependant, son ami bleuté commençait à être un peu effrayé.

Finalement, Mme Bristow arrêta de rire un instant et se sépara du garçon, qui fit même une révérence, comme un vrai Anglais de l'ère Victorienne. Elle s'adressa à la classe.

- Et c'est comme ça que l'on fait ! déclara-t-elle en applaudissant le garçon.

Les autres élèves rejoignirent les applaudissements, ils commençaient à être eux aussi un peu excités. Ils avaient l'air de s'amuser, alors les autres étaient curieux d'essayer à leur tour. Bristow commença à apprendre à un autre garçon, Alois fut instruit d'en faire de même avec une fille et lorsque ces élèves sentaient qu'ils avaient compris, ils apprendraient à leur tour à un autre. Bientôt la valse se propagea comme une maladie alors que tout le monde dans la pièce commençaient à danser. Tous, sauf Ciel.

Ciel n'était pas emballé par la danse. Il n'aimait ni les bals ni les fêtes, ou n'importe quel événement social, d'ailleurs. Il s'appuya contre le mur et attendit que le cours se termine. Du moins, jusqu'à ce que le blond n'arrive.

- Viens, dit-il.

- Quoi ? demanda, cria, et geint partiellement le bleuté.

- Tu es le seul qui reste, viens.

- Alois, au cas où tu n'es pas remarqué, aucun de nous n'est une fille.

Ciel croisa les bras pour renforcer sa position au sol. Il n'allait pas danser, un point c'est tout. Surtout pas avec un garçon.

- Oh, c'est bon. Au cas où tu n'es pas remarqué, il ne reste plus de filles, et tu as toujours besoin d'un cours de remise à niveau, insista le blond en en lui tendant la main.

Ciel sentit son visage se réchauffer. Le cours serait fini dans environ dix minutes. S'il pouvait faire patienter Alois aussi longtemps, il serait libre.

- Je ne veux même pas aller à ce stupide bal.

- Tout le monde doit prendre ce cours, Ciel.

- Non.

- Ne fais pas l'enfant. Prends juste ma taille.

La rougeur sur le visage du bleuté devint visible. L'idée de toucher la taille de l'autre garçon était juste...

- Non !

Il n'allait pas changer d'avis.

- Tu veux que je prenne la tienne dans ce cas ?

- Bien, céda-t-il.

Le blond allait le harceler sans arrêt jusqu'à la fin du cours. En fait, il n'y avait aucune garantie que cela s'arrête maintenant. Ciel ne pouvait pas le supporter.

Il savait qu'il devrait faire face à quelques sévères railleries, mais pour l'instant, il s'en fichait. Il mit sa main gauche sur la taille du blond, en cachant son rougissement sans succès, et pris la main droite de l'autre garçon.

- Même si je fais la fille, je vais guider puisque tu ne te souviens pas, ça marche ?

- Bien, peu importe.

Alois bougea son pied droit en arrière, et poussa l'autre à le suivre avec son pied gauche. Le blond bougea son pied gauche en avant tandis que le bleuté bougea son pied droit. Ils passèrent par toutes les étapes de la valse, et les répétèrent. Ciel marcha sur le pied du blond plus d'une fois.

Finalement, le bleuté parvint à se calmer, mais ce fut juste lorsque la cloche sonna. Et comme promis, Alois se sépara de lui, lui faisant une révérence moqueuse. Il s'était plus amusé qu'il ne l'aurait imaginé. C'était presque dommage qu'ils doivent changer de cours.

L'institutrice s'adressa à la classe une dernière fois avant de partir.

- Souvenez-vous, les enfants : nous ferons cela chaque mardi et jeudi jusqu'au bal !

Alois regarda son ami avec un sourire condescendant, et laissa son expression parler pour lui. Rougissant au fait que le garçon savait pour le plaisir qu'il avait pris durant cette heure, Ciel ne put qu'ordonner au blond en serrant les dents :

- Pas. Un. Mot.