Lettre n°7

De Duo Maxwell à Quatre Raberba Winner

Rome, le 22 Avril 227

Mon Q-chan,

Je réponds à ta de ce matin sur mon mail : non, ni le Japonais, ni les Giovanni n'ont donné suite.

Pour les Giovanni, peu importe, aucun ne me plais. Pas même l'Homme aux Menottes que j'ai trouvé sans charme vu de près. Il a quelque chose de dur, de violent, de militaire en effet.

Mais pour le Japonais, ah, pour le Japonais, c'est une autre histoire. Et son silence laisse augurer le pire : un silence éternel.

Pas question de se laisser enferrer dans la bouderie ! Je bouge. J'avance. Je l'appelle.

JE les ais appelés tout les quatre.

A charge de revanche, je les ai invité à venir dîner chez moi demain. Ils ont acceptés. Même le Cold Fish a accepté ! Ce sera la première fois que nous nous voyons, le Japonais et moi, en société. Je lui ai dit qu'il rencontrerait l'Homme aux Menottes. Cette perspective a semblé l'amuser.

Le 24 Avril au matin

Du velours. Le dîner a formidablement roulé. J'avais convié trois comparses des plus accortes : D'abord, Alessandro Riccardo et Mario Mattei qui présentait l'avantage certain de connaître au moins deux des Giovanni. Puis, un ami new-yorkais, Ben, aussi rapide et malin qu'étais long et ténébreux le Colombien du Circolo della Zecchinetta. Celui-ci, je l'avais écarté car le fait que l'Homme aux Menottes demande mon numéro à notre hôte me donnait à penser que leur relation n'était pas au beau fixe, et je souhaitais éviter les tensions.

La présence de Ben, ne parlant pas Italien, nous a obligé à parler l'anglais. Aucun problème pour tout le monde car diplômer de Cambridge ou Oxford. Quant à mon Cold Fish, il devient brillantissime dans ce dialecte. Je ne l'avait jamais connu si drôle et si détendu. Il a charmé tout le monde mais...n'a eu d'yeux que pour moi.

Vraiment imprévisible ce type.

Lui qui d'ordinaire était réservé jouait les maîtres de maison. Il m'aidait à desservir, portait les plats, me suivait à la cuisine...Nul ne pouvait douter que nous ne fussions pas intimes.

Il ne m'a jamais vu aux fourneaux : il en a eu pour son argent ! J'étais si troublé qu'il fut toujours dans mes basques que je lui ai renversé le gigot sur les pieds. Miracle : il a ri.

Fort de l'expérience du Dîner de Célibataires, j'avais orienté la conversation sur les jeux de l'amour. Un sujet qui plait. J'ai affiné le débat, l'aiguillant sur la perfidie et l'imposture...

La soirée fur un triomphe.

Alessandro, Ben et Mario sont rentrés vers deux heures du matin. Je me suis retrouvée seul sur le divan à poursuivre la discussion. Le niveau redescendait nettement : on se décrivait le parfum de nos premiers émois, les odeur qui s'imprime à jamais dans la mémoire, la trace des êtres aimés. J'ai glissé dans la conversation que mon odeur préférée à moi était le vétiver, histoire de flatter mon Cold Fish. Les trois Giovanni ont renchéri sur le Chanel 5...

Aucun ne semblait décidé a s'en aller. Je les ai mis à la porte. Je les ai entendu qui bavardaient en bas, avant de s'éloigner ensemble.

J'ai attendu. J'espérais que le Japonais remonterait. Puis je me suis couché. Il était près de cinq heures.