Lettre n°8

De Duo Maxwell à Quatre Raberba Winner

Rome, le 25 Avril 227

Mon Quatrounet,

Je n'en reviens pas. Sur mon répondeur aujourd'hui, j'ai trouvé trois messages des Giovanni. Jamais depuis leur adolescence, ils ne s'étaient tant amusés. Alessandro, pour sa part, m'a longuement entretenue du Japonais : son pouvoir de séduction, son élégance, sa subtilité. Comme si j'avais besoin qu'elle me fasse l'article ! « En plus, il est fou de toi », conclut-il. Plut au ciel ! Comme disent les Italiens. « Mais si...Il a une façon de te regarder...Il te dévore ! »

Il est pourtant le seul à n'avoir pas téléphoné.

18h 45, le même jour

Mon vieux, il a fait mieux !

Devine ce que j'ai trouvé ce soir dans ma boîte au lettre ? Une grande enveloppe blanche, cachetée au ruban adhésif.

Et devine se qu'il y avait dans l'enveloppe...

Allons, un peu d'imagination. C'est assez drôle...Une paire de menottes ! Je te rassure : des menottes en plastique. Un jouet, qu'enveloppait ce petit mot : « Meet you tonight at La Posta Vecchia – rendez-vous ce soir à La Posta Vecchia. Je t'ai commandé une voiture qui passera te prendre à 20 heures. La course est réglée. »

Une nuit à La Posta Vecchia est un rêve que nous avions caressés mille fois, lui et moi ! Il s'agit d'un ancien pavillon de chasse des prince Odescalchi, une maison du XVIIe siècle au bord de la mer, racheté par Jean Paul Getty, le milliardaire américain, et reconvertie en hôtel par ses héritiers. Le plus magique des palaces de Rome. Nous n'y sommes jamais allé ni l'un ni l'autre, et pour cause, nous n'avons pas de voiture. Or, La Posta Vecchia se trouve à une trentaine de kilomètres de la ville. Et coûte une fortune. « Un jour, quand tu auras gagné beaucoup d'argent avec tes restaurations de tableaux, tu m'y emmèneras... », plaisantait-il l'année dernière. Il réalise le rêve. Il prend le risque. Il s'engage. Enfin ! Inutile de te dire que cette fois, je n'ai pas tergiversé. J'ai accepté l'invitation. Je lui ai laissé un message sur son portable. Et j'ai foncé à la salle de bains.

Sept heures sonnaient déjà au campanile de l'église voisine.

Je me suis changé dare-dare : jean en cuir moulant noir, et pull avec un col en V de même couleur. Les chaussure qu'il aime bien et qu'il a baptisé mes « fuck -me shoes »...La total ! Dans un sac (celui que je transporte avec moi n'importe où tel une fille et son « baise-en-ville »), j'ai enfourné tout ce qui me tombait sous la main, un chandail, un foulard, les fameuses menottes. Je te fax ce message à toute allure, avant de foncer prendre la voiture qui m'attend au coin de la rue. Je te raconterais la suite demain.

Souhaite moi bonne chance...Car je l'aime mon Poisson Froid !