Cela fait maintenant un an (et quelques jours) que j'ai commencé à poster cette traduction ! Et c'est loin d'être la fin, d'ailleurs pour ceux qui se demanderaient, cette histoire fait 453 chapitres, donc oui, il y a encore du chemin à faire. Pour tout vous dire, je ne sais pas vraiment si j'arriverai jusqu'à la fin, mais je ferai de mon mieux !

Sur ce, bonne lecture !


Écrit par HateWeasel

52. Réponds-Moi Honnêtement.

Tous les jours, le bleuté se faisait harceler par Alois de la même façon. Il le faisait sans relâche, mais Ciel ne réagissait pas. Il refusait de danser en public avec le blond. Malheureusement pour lui, il devait, au moins, assister à ce cours jusqu'au prochain trimestre. Jusque là, il résisterait aux avances de la menace blonde, ce qui était plus facile à dire qu'à faire.

Bien qu'il détestait l'admettre (et il détestait vraiment le faire), en réalité, il aimait danser avec l'autre garçon. Le nier à répétition était une sorte de défi personnel. Céder serait plus simple et beaucoup plus agréable pour tout le monde, mais Ciel était d'une nature têtue et compétitive.

La pseudo logique d'Alois était toujours censée. Le bleuté avait souvent du mal à se montrer plus malin que lui, ou à trouver un bon argument pour le contrer. Alois avait raison en disant que se donner des airs pour des gens auxquels on ne s'intéresse pas, ça n'a aucun sens. Pourtant, Ciel allait s'accrocher à sa fierté. Il n'était pas encore tout à fait prêt à faire un mouvement si osé. Il le savait, et il détestait cela. Il avait l'impression d'être un vrai lâche, en fuyant et en se cachant ainsi. Mais que pouvait-il faire d'autre ? Dire « Eh, Alois, je crois que je suis amoureux de toi. Joli cul, au passage » ? Non. Il n'y a personne sur la planète, vivante, morte, ou autre, qui ferait cela ! Même Alois Trancy n'était pas si fou.

Au vu du manque d'initiative du bleuté, il avait lui aussi l'impression d'être un lâche. Il était audacieux, mais pas assez pour risquer de gâcher l'une de ses premières réelles amitiés. Chasser un potentiel tueur en série à travers les rues de Londres ? Simple. Se travestir en public ? Pas de problèmes. Sauter d'une fenêtre pendant un cours de maths ? Facile. Dire à un ange « d'aller se faire voir » ? Fais sans y réfléchir. Mais dire à son meilleur ami qu'on l'aime ? Non, non, non, et non. Impossible.

Néanmoins, il voulait tourner autour du pot aussi longtemps que possible, en poussant gentiment son ami, petit à petit, pour le faire tomber dedans. Et il y était presque, presque. Chaque fois qu'il effleurait légèrement l'autre garçon, qu'il jouait avec ses cheveux, qu'il employait un sous-entendu ou quelque chose d'ouvertement suggestif, le bleuté devenait quasiment fou.

Leurs camarades de classes étaient, eux aussi, exaspérés qu'ils ne sortent toujours pas ensemble. Les sentiments des garçons leur étaient désormais flagrants, sans que lesdits garçons ne le sachent. Eux aussi, les poussaient souvent dans cette direction. Généralement en les taquinant. Mais, Ciel et Alois étaient toujours aveugles.

Les clip et les clap des claquettes pouvait être entendu après cet incident. L'adolescent blond les portait souvent, et dansait dans le couloir pour écouter son solo de percussion. Ciel pouvait donc l'entendre depuis sa chaise, dans son bureau, ce qui avait pour effet de diriger ses pensées vers l'autre garçon, et cela l'agaçait.

- Pourrais-tu arrêter cinq minutes ?! cria-t-il en ouvrant grand la porte du bureau.

Les claquements s'arrêtèrent un instant, avant de recommencer dans un rythme régulier, ressemblant à des pas qui se rapprochaient du garçon énervé.

- Probablement pas, Alois l'informa-t-il. Lorsque j'ai un besoin, je dois le combler, Ciel.

- Pour qui te prends-tu ? Billy Elliot ?

- Si c'était censé être une blague, ce n'était pas drôle. Je ne sais absolument pas qui c'est.

La paume de la main du bleuté fut une fois de plus introduit à son front.

- Tu ne sais pas qui est Billy Elliot ?

Il pensait que le blond avait au moins entendu parler du film. C'était le genre de choses que le blond adorait.

- Va dans la salle de divertissement et regarde le film sur Netflix.

- Non, dis-moi au moins de quoi ça parle.

- Fais-le.

- Je ne veux pas le regarder tout seul ! Et s'il y a des passages importants que je ne comprends pas ?!

Alois leva les mains en l'air pour accentuer son « malheur ».

- D'accord. Donne-moi une minute et je t'y retrouve. De toute façon, on dirait bien que je n'allais pas pouvoir faire grand-chose... murmura-t-il.

Alois s'assit sur le canapé et mit le film, avant que Ciel arrive. Lorsque ce fut le cas, il força le blond à retirer ses claquettes pour qu'il ne « gâche pas le film avec ses claquements insidieux », avant de s'asseoir à côté du garçon.

Dès que le générique d'ouverture commença et que le blond vit le protagoniste porter un short de la même longueur que les siens, le blond aima le film. Ce genre de shorts étaient populaires en 70 (Dieu sait pourquoi). Il fit des commentaires durant tout le film, comme lorsque le grand frère de Billy fut introduit, il dit :

- Est-ce que c'est une version plus grande, et moins flippante de toi, venant du Nord, Ciel ?

Puis il se fit rapidement frapper à l'épaule par son ami.

Cependant, son humeur joueuse fut balayée vers la moitié du film. Lors des scènes plus émouvante, Ciel regardait le blond et le découvrait au bord des larmes.

- Alois, tu pleures ? lui demanda-t-il.

- Non.

Le blond pencha un peu la tête pour essayer de cacher ses yeux. Il renifla.

- Je ne pleure pas.

- Laisse-moi deviner, « allergie » ?

- Ferme-la...

Sa voix trembla un peu et il se mordit la lèvre basse pour s'empêcher de laisser couler une larme. Le garçon était émotif pendant les films. Il pleurait pendant les films pour enfants, pour le plus grand amusement de Ciel.

Il l'embêtait constamment à propos de ça. Il ne savait pas vraiment pourquoi, mais il adorait le faire. Voir le blond froncer les sourcils et rougir fortement, le réjouissait.

- Tu peux t'appuyer sur mon épaule, si tu veux, dit-il d'un ton condescendant.

Il plaisantait, évidemment, mais il savait qu'il y avait une chance que le blond accepte. Peut-être qu'il espérait un peu qu'il le fasse.

- Va chier, dit le blond en s'essuyant le visage. Ne me prends pas de haut.

- Comme tu veux, alors.

Ciel haussa les épaules. Peut-être était-il un peu déçu. Mais, que pouvait-il y faire ?

Dès qu'il n'y pensa plus, Alois cacha son visage dans son épaule. Il caressa la tête du garçon, n'étant pas sûr de savoir quoi faire. Ils restèrent ainsi un moment, silencieux.

- Eh, Ciel...

- Oui ?

- Tu es nerveux ?

- Non, pourquoi ?

- Tes battements de cœur sont instables, mon pote.

L'ancienne expression d'Alois devint un grand sourire et il commença à glousser alors que l'autre garçon le dégagea. Honnêtement, il ne pouvait pas s'empêcher de faire cette remarque. Il avait essayé, vraiment, mais ça lui avait échappé lorsqu'il avait senti le rythme cardiaque du petit gentleman.

- Tu le voudrais ! déclara rapidement Ciel.

- Je sais, dit Alois en mettant sa tête d'une façon charmeuse.

Son ton et son sourire étaient plaisantins, mais ses mots ne l'étaient pas. Ciel ne le savait pas, mais il savait que c'était le genre de choses que l'autre garçon dirait.

Il fut un peu étonné par la remarque. Il cligna des yeux, et regarda le garçon.

- Quoi ?

Il ne pouvait rien dire d'autre.

- Quoi ? demanda le blond en réponse. J'n'ai rien dis.

Il tentait de se rattraper, mais les dégâts étaient faits.

- Alois, commença Ciel, est-ce que tu... craques sur moi ?

Immédiatement, le visage du blond se réchauffa.

- Non, c'est faux ! dit-il un peu trop vite.

Il eut du mal à articuler, comme cela arrivait souvent lorsqu'il était excité ou étonné. Il avait été pris par surprise.

Son ami jaugea prudemment sa réponse, examinant chaque détail de son visage pour l'interpréter. Il en arriva à la conclusion que le garçon mentait.

- Pourquoi rougis-tu, dans ce cas ? dit-il pour tâter le terrain.

- Eh bien... N'importe qui rougirait si leur ami leur demandait ça !

- Pourquoi viens-tu d'hésiter ?

- Je n'ai pas hésité ! déclara Alois.

Il jeta ensuite un oreiller sur le bleuté, le touchant au visage.

L'autre garçon répliqua en prenant l'arme pour frapper son assaillant à la tête. Une bataille s'ensuivit dans la salle de divertissement. Des coussins volèrent à travers les airs avant de frapper leurs cibles, mais souvent ils ne touchaient rien. Le film fut ignoré tandis que les garçons se battaient une fois de plus, et ce n'était probablement pas la dernière. Des choses furent brisées, et du rembourrage tomba au sol, mais les garçons ne s'arrêtèrent pas jusqu'à ce qu'il y ait un « gagnant ».

Finalement, le bleuté coinça l'autre garçon contre le mur, en appuyant un coussin contre son torse pour piéger ses bras. Ils restèrent ainsi un moment tout en reprenant leur souffle.

- Hypothétiquement parlant, commença Ciel, si c'était le cas, il n'y aurait aucun mal à cela, tu sais...

Il se tendit en attendant la réponse du Trancy.

- C'est bon à savoir. Je garderai ça à l'esprit... répondit-il. Mais tu pourrais arrêter de m'écraser un instant ?

Il le fit et libéra son ami. Le silence s'installa dans la pièce et resta un peu plus longtemps que prévu. Finalement, le blond prit la parole.

- Qu'est-ce qui te fait penser que je craque sur toi ?

- Eh bien, je... Hum...

C'était au tour de Ciel d'être pris par surprise. Qu'était-il supposé dire ?

- Juste une impression... dit-il en se frappant mentalement pour avoir l'air si stupide.

Son ami s'approcha de lui, alors qu'il se figeait. Il ne pouvait pas bouger. Pas d'un pouce. La volonté de le faire le quitta lorsque le blond qui lui faisait face l'embrassa sur la joue.

La joue ? Bien sûr. Alois était audacieux, mais pas à ce point. Même s'il avait été réconforté par les paroles de son ami, il était loin de se sentir parfaitement à l'aise. Il tournait une fois de plus autour du pot, se laissant presque tomber dedans. Il sentit le visage du garçon se réchauffer avant de se reculer. Ça n'avait duré que quelques secondes, mais ça avait eu l'air beaucoup plus long.

Le bleuté mit sa main là où le blond venait de le toucher, et regarda, en rougissant, son ami passer à côté de lui pour retourner sur le canapé. Il resta figé, bouche bée, alors que le garçon revenait tranquillement au moment où ils avaient laissés le film avant de se battre.

Comme s'il sentait l'étonnement du garçon, le blond le regarda et sourit, d'un sourire narquois. Il ne dit qu'un mot :

- Mignon.

Ciel s'assit à côté de son ami, exaspéré.

- Je ne te comprendrais jamais, dit-il en évitant de regarder le blond.

- Mais c'est ce qui me rends si amusant.

À cet instant, ils ne se rendirent pas compte d'à quel point leurs action les influenceraient dans le futur, mais pour le moment ils savaient qu'ils se tournaient tous les deux autour, jusqu'au point de non retour. Mais pour l'heure, ils finiraient leur film, et essayeraient de se concentrer dessus. Cependant, ils ne pensaient qu'à ce stupide baiser sur la joue.