Écrit par HateWeasel

72. ADULTolescence.

La nuit tomba alors que les garçons visitaient toutes les librairies marquées sur leur carte. Ils se rendirent à l'East End, et à West End. Au centre-ville, dans toutes les directions possibles, passant au peigne fin chaque boutiques pour pouvoir établir une liste des personnes ayant achetées le livre. Il vaudrait mieux pour eux qu'ils en finissent, et vite. Alois commençait à s'ennuyer, avait remarqué le bleuté. Quand bien même, ils avaient encore quelques librairies à vérifier avant d'en avoir fini pour la nuit.

Soupirant légèrement, Ciel tendit le bras vers la porte, l'ouvrant et menant le pénible blond à l'intérieur. Il le suivit, alors qu'ils entraient d'une manière naturelle dans le bâtiment. Du coin de l'œil, Ciel vit le blond errer dans la pièce, essayant désespérément de trouver quelque chose qui puisse l'intéresser.

- Comporte-toi bien, Alois, l'avertit-il.

Il savait très bien que la menace blonde était destinée à s'attirer des problèmes. C'était dans la nature du garçon.

- Ça ne prendra que quelques minutes.

Le blond se retourna pour lui répondre.

- Mais Ciel ! C'est ce que tu as dit la dernière fois, et on est resté pendant une heure ! se plaint-il, faisant la moue pour appuyer ses propos.

- Je n'y peux rien. La femme de l'accueil ne savait manifestement pas du tout ce qu'elle faisait, répondit le bleuté. Si tu t'ennuies, je te conseille de trouver un livre à lire.

- Comment peux-tu suggérer quelque chose d'aussi malsain ?! Je préférerais manger mon short !

- Dans ce cas va te mettre là-bas, et sois silencieux, le temps que je récupère l'information dont nous avons besoin.

Le gentleman borgne se rendit nonchalamment au comptoir. Il joua avec le badge dans sa poche, sachant qu'il aurait à le monter. Il se racla la gorge pour attirer l'attention du vendeur. L'adolescent plus âgé au visage de pizza, travaillant sans doute à mi-temps, détourna le regard de l'ordinateur un moment pour saluer le garçon.

- Bienvenue. Est-ce que vous avez trouver ce que vous cherchiez ?

- Non. J'aimerai parler avec votre supérieur, dit le garçon.

- Quel est le problème ?

- Il n'y en a pas, tant que je peux lui parler.

C'était un problème assez récurrent lorsqu'il rassemblait des informations. Il était rarement pris au sérieux à cause de son apparence. Il jurerait avoir entendu un ricanement venir du blond.

- Est-ce que ta mère sait que tu es ici, jeune homme ? demanda d'une manière condescendante l'homme derrière le comptoir, ce qui agaça encore plus le bleuté.

Il sentit son sourcil le démanger. Mais, il devait garder son calme. D'un mouvement rapide, il sortit son badge et le mis sous le nez de l'agaçant employé.

- Ciel Phantomhive, Enquêteur de Police Confirmé et « Chien de Garde de la Reine ». J'ai besoin d'échanger deux ou trois mots avec la personne en charge de cet établissement.

Au lieu de la réponse habituelle, il reçut un :

- J'ai pas le temps pour ça. Va jouer ailleurs avant que j'appelle les flics.

Et il retourna à son écran d'ordinateur, ignorant le bleuté.

Maintenant Ciel était très agacé. Si montrer son insigne ne marchait pas, il devrait avoir recours à Sebastian ou au « Plan C ». Il n'était pas très enclin à devoir se rabattre sur ces deux options. Il ne voulait pas avoir à demander à Sebastian, sa fierté ne le laisserait pas. Il ne voulait pas entendre les remarques du majordome, comme quoi il était un « Petit maître ». Quant au « Plan C », il ne voulait pas dépenser son énergie. La technique requise demandait énormément de maîtrise et de compétence, et même s'il les possédait, c'était épuisant si l'on n'avait pas de pacte.

Mais quel choix avait-il ? Les moqueries de Sebastian, ou la fatigue ? Évidemment, il choisit la deuxième option, et fit signe au blond de « rester là », alors qu'il sortait de la boutique.

Alois fixa la porte, attendant le retour du garçon. Quelque minutes s'écoulèrent, et il commençait à s'inquiéter. Il regarda le vendeur, qui lui le regardait avec suspicion. C'était assez déconcertant. Finalement, la porte s'ouvrit, et la personne qui se trouvait derrière lui fit écarquiller les yeux.

L'homme; oui, l'homme qui entra était vêtue de noir, ainsi que d'un cache-oeil assortie. Il avait les yeux bleus, et la teinte de ses cheveux sombres et de ses boucles d'oreilles étaient de la même couleur. Deviner son âge était compliqué, puisqu'il semblait assez jeune mais possédait un air mature. Il eut un contact visuel avec le blond et mit un doigt devant ses lèvres, indiquant au garçon de rester silencieux.

Il se rendit directement au comptoir, et sourit à l'adolescent, le surprenant un peu. Le vendeur était frappé par la ressemblance entre lui et le garçon qui se tenait ici auparavant. Toutefois, il salua l'homme avec hospitalité.

- B-Bienvenue. Avez-vous trouvé ce que vous cherchiez ?

- Non, dit l'homme bleuté. Sa voix était douce, marquée d'une pointe de raffinement. J'aimerai m'entretenir avec votre supérieur.

- Oh, à-à quel sujet ?

- J'ai envoyé mon fils plus tôt pour une course, mentit-il. Je suis Ciel Phantomhive. Enquêteur de Police Confirmé, aussi connu comme « Le Chien de Garde de la Reine ». Je suis sur une enquête importante pour laquelle j'aurais besoin de la coopération de votre supérieur.

L'adolescent le fixa avec une expression de déjà vu. Il ne pouvait s'empêcher de le fixer, bouche bée, incapable de produire un son, cependant.

- Pourriez-vous ? dit l'homme, tirant le vendeur hors de sa transe.

- Oh... Oh ! B-Bien sûr ! Attendez quelques instants...

Et il partit avec hâte dans l'arrière du magasin, à la recherche de son patron.

Au même instant, l'homme sentit qu'on l'épiait. Il se retourna et vit Alois le regarder, d'une façon similaire à celle de l'adolescent.

- Qu-qu-qu-queeeee ?! fut tout ce que le blond put dire, levant les bras en l'air et montrant occasionnellement l'homme du doigt.

- Quoi ? Tu étais sûrement au courant que les démons pouvaient se transformer, pas vrai ? Pourrais-tu arrêter « La Danse de l'Idiot » ? C'est grossier, dit-il au garçon, changeant immédiatement sa façon d'agir.

Alois cligna plusieurs fois des yeux, le fixa un peu plus longtemps et il sortit enfin de sa transe pour accourir vers le bleuté afin de l'enlacer.

- Ciel ! pleurnicha-t-il.

Sa tête n'arrivait qu'au torse de l'homme.

- Oui, oui, je suis Ciel. Tu peux arrêter maintenant ? Nous sommes en public ! dit Ciel, essayant en vain de se débarrasser du blond.

Il regarda autour de lui, et heureusement pour lui, personne ne les regardait. La dernière chose dont il avait besoin, c'était d'être accusé de pédophilie.

Quelque chose tilta dans l'esprit du démon. Alois ne montrait aucun signe de peur. Normalement, le blond était effrayé par les hommes, pourtant la forme que le bleuté avait pris ne semblait pas du tout le déranger. Pourquoi ? Était-ce parce qu'il savait qu'il s'agissait de Ciel ?

Le vendeur revint avec le propriétaire de la librairie, tirant « l'homme » hors de ses pensées. Il s'agissait d'un homme plus grand que lui, plus âgé, semblant sûr de lui, avec des cheveux fins et une moustache. Le blond se cacha immédiatement derrière le bleuté en le voyant. Peut-être que le bleuté avait raison.

- Qu'est-ce que je peux faire pour vous, monsieur ? dit le gérant avec un accent du Nord.

- Je suis en plein milieu d'une enquête, et j'espérais que vous puissiez m'aider.

Ciel marqua une pause, ressortant son insigne de sa poche.

- Je suis Ciel Phantomhive, Enquêteur de Police Confirmé, aussi connu comme « Le Chien de Garde de la Reine ». Nous avons trouvé des preuves liées à une certaine enquête, impliquant un certain livre, et j'espérais que vous puissiez me fournir une liste de toutes les personnes l'ayant acheté.

Environ une heure s'écoula, heure durant laquelle Ciel continua à expliquer la situation au gérant, et qu'il récupère ce pourquoi il était venu. Alois, cependant, erra sans but dans la boutique, prenant parfois un livre pour le feuilleter. Il fut finalement appelé par « l'homme » bleuté, et ils quittèrent les locaux.

Ils se dirigèrent vers la voiture, là où Sebastian les attendait, et ils rentrèrent à l'intérieur. Ciel s'enfonça immédiatement dans son siège et revint à la normale.

- Rentrons-nous ? Vous semblez un peu fatigué, jeune maître, le nargua le majordome.

Le bleuté croisa les bras, alors qu'Alois le taquina à son tour.

- Tu peux te reposer sur mon épaule, si tu veux ! plaisanta-t-il sans conviction.

- Jamais, jamais je ne m'abaisserai à ton niveau de fillette, Alois, dit Ciel, s'adossant contre le siège. Je ne suppose pas que tu as trouvé un livre qui a piqué ta curiosité pendant cette sortie ?

- Il y en avait bien un, en fait.

Le bleuté fut tout ouï.

- Vraiment ? Lequel ?

- Cinquante Nuance de Grey, dit le blond avec un grand sourire, se faisant légèrement frappé au bras par l'autre.

Alois n'avait évidemment pas trouvé de livre à lire.