Écrit par HateWeasel

88. Soudaines Questions.

- Alois ! Non ! Je ne veux pas ! cria le bleuté en se débattant pour échapper à l'emprise du blond.

- Ne t'inquiète pas ! Tout ira bien ! Tu peux même te tenir à moi si tu veux !

- J'ai dit « non » !

Le lendemain était arrivé, et Ciel avait commencé à faire des progrès dans sa nage. Cependant, essayer de le mettre à l'eau était exactement pareil que d'essayer de donner un bain à un chat. C'était faisable, mais pas sans une longue résistance et quelques griffures ici et là.

- Ciel, arrête de faire l'enfant et va dans l'eau !

- Je ne fais pas l'enfant, et je ne veux pas nager !

Le bleuté était déterminé à se faire entendre cette fois. Il n'allait pas céder aux remarques du blond. Mais Alois avait un plan, bien évidemment. Voyant la détermination du garçon, il décida qu'il valait mieux le mettre en action.

- Est-ce que je dois dire à tout le monde comment tu m'as touché l'autre jour alors qu'on s'éclaboussait ?

Ciel écarquilla l'œil et s'empourpra. Il cria quelque chose qui ressemblait à « ce n'est pas vrai ! », dit quelques « phrases bien placées » tout en jetant de vifs coup d'œil pour s'assurer que les autres ne l'aient pas entendu. Heureusement pour lui, ils parlaient à Sebastian, lui demandant des choses comme « pourquoi mettez-vous du vernis à ongles ? ». Satisfait, il reporta son attention sur son compagnon.

Le grand sourire du blond se transforma en un rictus malsain.

- Voyons, ne mens pas, Ciel ! dit-il. Je pense que si quelqu'un attrapait mon arrière-train, je m'en rendrais compte !

- C'est toi qui es en train de mentir, enfoiré !

Ciel serra les poings et essaya d'avoir l'air menaçant, cependant, ça ne fonctionna pas à cause de son rougissement. Penser qu'Alois ose dire une telle chose en public ! Bon, il y avait pensé, mais il s'était retenu de le faire. Une fois de plus, il se défendit :

- Je n'ai jamais fait une chose pareille ! cria-t-il.

- Tu sais, Ciel, je t'aurais peut-être laissé faire si tu avais gentiment demandé...

- Alois !

Son ton était autoritaire. Il n'allait pas tomber dans son piège cette fois !

- Quoi ?

- Je sais que tu mens, et je n'irai pas dans l'eau ! Je ne veux pas jouer à ce jeu là !

Il enfonça ses orteils dans la sable, comme si cela lui permettrait de ne faire qu'un avec le sol.

- Tu sais quoi; jouons à un jeu. Si tu perds, tu vas dans l'eau.

- Et si je gagne ?

- Tout ce que tu veux.

Le bleuté aimait bien cette idée. Son esprit s'égara vers toutes les choses humiliantes et discutables qu'il pourrait faire faire au blond.

- Très bien. Quel jeu ? dit-il, souriant avec confiance.

Il déglutit légèrement en entendant le nom du jeu.

- Chat.

Si vous avez bonne mémoire, ils avaient déjà pratiqué quelque chose de similaire l'autre jour en essayant d'emmener Ciel à l'eau. Cependant, Alois avait un plan cette fois. Ciel pouvait le voir sur son visage.

- Tu as le droit à dix secondes d'avances, ajouta l'adolescent blond.

Le bleuté se sentit à nouveau un peu plus confiant. Alois serait déjà loin derrière lui. Sachant cela, il se mit à courir. Comme promis, le blond ne se mit pas à sa poursuite.

À la place, il alla vers les autres, ce qui étonna la « proie ». Il se retourna et regarda le blond courir vers le reste des six sensationnels pour leur parler. La peur s'empara de lui lorsqu'il réalisa quel était le plan du blond. Il se remit à courir tandis que les autres se rajoutèrent à la mêlée.

Le blond comptait le mettre à bout de force.

Il maudit ce dernier pour oser tricher ainsi. Désormais il était désavantagé, il ne pouvait plus utiliser sa vitesse démoniaque sans avoir l'air suspect. Ils étaient tel une meute de loup à la poursuite d'un élan, et sous les ordres d'Alois, ils étaient aussi efficaces qu'une meute de loup, changeant de formation pour former un « V » autour du bleuté. Les deux premiers le dépassèrent avant d'essayer de l'encercler. Il n'avait jamais vu quelqu'un utiliser une stratégie de combat dans une partie de Chat.

Une fois qu'il fut bel et bien encerclé, il fut piégé. Le blond s'assura qu'il ne puisse plus sortir. Il mit ses bras sur ceux des deux autres garçons à ses côtés et dit « Touché ! » avant qu'ils comprennent. Ils se tinrent tous bras-dessus bras-dessous pour ne pas laisser d'ouvertures à Ciel.

- Tous sur Phantomhive ! cria le Westley, et ils foncèrent sur leur cible, le mettant au sol.

Évidemment, Ciel n'apprécia pas trop. Le sentiment que procurait le poids de cinq adolescents pesant plus de quarante-cinq kilos chacun n'était pas agréable. Cela pouvait aussi être pris comme une métaphore de sa défaite écrasante contre Alois Trancy.

- Dégagez ! cria-t-il, plus qu'un « peu » énervé.

Il se fraya un chemin hors de la masse et se releva, se dépoussiérant. Il y avait du sable là où il ne devrait pas en avoir, mais ce détail devrait attendre.

- Ce n'était pas du jeu ! Tu avais de l'aide !

- Non, non, non, non, Ciel ! dit le blond en bougeant son doigt de gauche à droite devant son visage. J'ai dit « si tu perds », pas « si tu gagnes ». Sous ces règles, la personne qui t'arrête n'a pas d'importance, tant que tu es attrapé. Dois-je te rappeler que tu es celui qui a accepté ces règles ?

Le blond avait raison. Il avait perdu. Accepta-t-il dignement sa défaite comme devrait le faire un vrai gentleman ? Non. Il essaya de s'enfuir, avant d'être rattrapé par les autres et d'être jeté à l'eau.

- Abandonne, Phantomhive ! Tu vas bien devoir finir par apprendre à nager un jour ! cria Kristopherson en regardant le garçon s'agiter dans tous les sens.

- On te soutient ! lui cria Preston alors qu'il l'entendait jurer et maudire de toutes ses forces.

- Vaudrait mieux que tu gardes ton oxygène au lieu de crier ! hurla Daniel, tandis que le garçon se mettait à couler, et le blond plongea pour le sauver.

Alois nagea jusqu'à l'endroit où Ciel se trouvait quelques instants plus tôt, il le chercha des yeux avant de rejoindre le bleuté. À la surface, les autres commencèrent à se poser des questions.

- Ils sont sous l'eau depuis longtemps, vous pensez qu'ils vont bien ? demanda Travis, il semblait inquiet.

- Une séance intéressante de cachotteries marines ? suggéra Daniel.

- Pardon, Daniel ?!

- Quoi ? Tu sais, comme dans Roméo et Juliette. Celui où il y a Leonardo Dicaprio ? Tu l'as forcément vu, Preston...

- Ce n'est pas ce que je veux dire, dit l'Indien d'un air désapprobateur. On ne sait même pas s'ils sont ensembles !

- Je sais pas... Ils sont quand même très proches... Tu trouves pas, Travis ?

Ce dernier acquiesça silencieusement. Quel beau parleur.

- Daniel, je ne veux pas être malpoli, mais es-tu sûr et certain de ne pas être gay, toi aussi ? Tu m'as l'air un peu trop investi dans cette histoire. Sans mentionner le fait que tu viens de dire qu'une séance de pelotage entre deux garçons était intéressante, plaisanta Kristopherson, essayant de l'empêcher de découvrir ce qu'il en était réellement.

- Nan. Les filles sont beaucoup plus attirantes que les gars. D'ailleurs, pourquoi est-ce que je n'en aie pas vu une seule ? On est ici depuis plusieurs jours et je n'ai vu personne ! J'aurais bien voulu voir quelques bikinis...

- C'est une plage privée, imbécile...

- MERDE !

Alors qu'ils continuèrent à discuter, Alois et Ciel remontèrent à la surface. Ils crachèrent de l'eau salée, tous les deux mouillés de la tête aux pieds. Ciel se tint fermement au blond, autrement il risquait de couler comme une pierre.

- Eh bah, ça c'était quelque chose, dit finalement le blond, tout en ayant un peu de mal à garder l'équilibre pour deux. Pour qui te prends-tu ? Leonardo Dicaprio ?

- Tais-toi. Tu n'en parleras pas aux autres, compris ? l'avertit le bleuté.

- Yes, my lord, dit le blond, imitant le majordome qui était assis sur la plage et qui essayait de se retenir de rire.

Alois marqua une pause avant de dire :

- Est-ce que je dois également ne pas leur dire que tu as agrippé mon popotin ?

- Ce n'est jamais arrivé !