Écrit par HateWeasel

91. Quelque Part Sur Mars.

Après deux semaines épuisantes passées à la plage, les six sensationnels firent leurs bagages et se rendirent dans la voiture pour rentrer. Ils firent leurs « adieux » à la plage sablée, la villa, la grotte hantée par des pirates, au crabe plutôt ingrat qui avait attaqué le bleuté, ainsi qu'à l'océan où ils avaient joué, tout en essayant d'apprendre à Ciel à nager. Peut-être reviendraient-ils un de ces jours.

Le voyage au retour avait bien débuté, comme à l'aller, mais plus le temps passait, plus ils commençaient à se sentir claustrophobe, et pire que tout, ennuyés. S'agitant de plus en plus, Daniel brisa le silence pour faire une remarque.

- Eh, Ciel, dit-il, est-ce qu'il y a une raison particulière pour que toi, Alois et Sebastian mettiez du vernis à ongles ?

Les garçons avaient posé la question à Sebastian durant le séjour lorsqu'ils avaient remarqué cela pour la première fois, mais l'homme avait évité la question à chaque fois.

- Je savais pour vos ongles, à toi et Alois, mais à la plage, j'ai vu que vos orteils étaient aussi vernis. Ceux de Sebastian aussi. Pourquoi ?

Ciel faillit sursauter en entendant la question. Comment pouvait-il expliquer cela ? Les démons avaient les ongles des mains et des pieds noirs, c'était un fait. Cependant, dire cela aux autres ne serait pas une bonne idée. Même s'il le faisait, ils prendraient probablement cela pour une plaisanterie, et lui répondraient : « D'accord, mais sérieusement, pourquoi? ». Le bleuté devait trouver une justification, et vite.

Avant qu'il puisse dire quoi que ce soit, Alois était déjà en train de répondre :

- Je pensais que ce serait amusant de me vernir les ongles... commença-t-il, mentant avec aise. (Ils étaient tous deux de très bons menteurs, mais là encore, c'était le cas de la plupart des sociopathes)... Et j'ai demandé à Ciel s'il me laisserait vernir les siens. Il a dit « non » au début, mais après il m'a dit qu'il me laisserait faire si Sebastian le faisait aussi, finit-il.

Quelle stupide explication. N'importe qui pouvait se pencher ne serait-ce qu'un peu sur la question, et devinerait que les ongles de Ciel étaient de cette couleur depuis qu'il était entré à Warwick, bien avant que le blond soit présent. Cette histoire ne pouvait pas tenir, parce qu'ils n'étaient pas censés se connaître avant l'entrée du blond dans l'école. Personne n'y croirait.

- Hahaha ! Je peux tellement l'imaginer ! dit le Westley.

Les autres acquiescèrent, rendant le bleuté incrédule. Comment pouvait-on être si stupide ? Ciel se frotta les tempes, luttant contre une migraine causée par l'idiotie qui émanait parfois du groupe.

Les heures suivantes furent remplies des mêmes genre de farces, et de jeux. Le pire fut le chant. Ciel colla le côté de sa tête contre la fenêtre, comme s'il essayait de ne pas être associé à ce groupe alors qu'ils chantaient.

- Let me tell you how it will be,

There's one for you, nineteen for me,

'Cause I'm the Taxman,

Yeah, I'm the Taxman!

Should five per cent appear too small,

Be thankful I don't take it all!

'Cause I'm the Taxman,

Yeah, I'm the Taxman! chantèrent-ils.

Ciel, évidemment, était présent lorsque les Beatles avaient sorti cette chanson pour la première fois. C'était plutôt étrange d'entendre ceux qui n'étaient pas là, autant l'apprécier. Surtout Alois, qui ne comprenait toujours pas grand-chose au monde moderne. Il trouvait aussi ironique d'une bande de gosses de riches chantent quelque chose parlant d'impôts. La plupart de leurs parents faisaient tout ce qu'ils pouvaient pour éviter ces derniers.

- If you drive a car... chanta Alois.

- ...I'll tax the street! finissaient les autres.

- If you try to sit... chanta de nouveau Alois.

- ...I'll tax your seat! chantèrent les autres.

Apparemment, ils avaient donné une partie au blond.

- If you get too cold...

- ...I'll tax the heat!

- If you take a walk...

- ...I'll tax your feet!

Et ils continuèrent à chanter tandis que le bleuté essayait de les ignorer. Il ne s'impliquerait jamais dans quelque chose d'aussi stupide.

- Ciel ! Toi aussi tu dois chanter ! cria Daniel, gagnant un ricanement indistinct venant de la place du conducteur.

Le bleuté lança un regard mauvais au majordome, qui pouvait être senti, mais pas vu, étant donné que les yeux de Sebastian étaient fixés sur la route. Quel dommage.

-Non, dit clairement le garçon aux cheveux ardoise, rejetant immédiatement la requête.

Il ne tenta même pas d'y réfléchir.

- Oh, allez !Amuse-toi un peu ! geint Daniel.

- Je pense que Ciel en a un peu marre de s'amuser, mon pote, intervint le blond.

Il savait que c'était le cas. Le bleuté était beaucoup plus silencieux qu'à son habitude, si c'était seulement possible. Normalement il participait aux discussions ici et là, au moins. Mais aujourd'hui il ne faisait rien et était absolument léthargique.

C'était la spécificité des introvertis, voyez-vous. Être avec des gens pendant une trop longue période de temps les fatiguait. Alois l'avait remarqué, puisqu'il observait énormément le garçon. La première fois qu'il avait remarqué ce phénomène, c'était après la pièce de théâtre lorsqu'ils étaient rentrés chez eux. Ciel s'était évanoui sur le canapé, et il avait presque donné la peur de sa vie au blond parce qu'il ne respirait plus. À l'époque, il ne savait pas encore que les démons pouvaient vivre sans oxygène. Il savait qu'ils n'avaient pas besoin de dormir, alors que le garçon s'effondre ainsi, c'était vraiment quelque chose.

- Comment tu peux en avoir marre de t'amuser ? demanda Daniel.

En tant qu'extraverti, il ne pouvait pas comprendre, de la même façon que le Phantomhive ne comprenait pas vraiment comment le fils de politicien tenait encore debout.

- C'est comme ça, dit Alois. Ne me remet pas en question, petit !

- Tu traites qui de «petit », blondinet ?

- Toi, puisque c'est évidemment le cas, p'tit merdeux !

- Pardon ! Espèce de... – Daniel dut marquer une pause pour réfléchir – …branleur !

- Comment oses-tu ?!

- Je suis désolé de vous interrompre, mesdemoiselles, mais il semblerait que nous ayons un problème, dit finalement Ciel.

- Eh ! Je ne suis pas une demoiselle ! Alois, oui, mais moi, non ! cria Daniel.

- Et quel est le problème ? demanda le blond pour reprendre le train de pensées de son compagnon bleuté, ignorant complètement toute cette histoire de « demoiselle » (puisque ce n'était pas la première fois).

- Preston doit y aller, dit Travis.

- Pourquoi n'y est-il pas allé lorsque nous sommes partis ?

- J'y suis allé, mais c'était il y a plusieurs heures ! dit le garçon avec une envie pressante.

- Oh...

- Il devrait y avoir une station-service bientôt, mais ce ne sera que dans quelques minutes, dit le conducteur, jetant un coup d'œil dans le rétroviseur.

Kristopherson était assis à sa gauche, ignorant complètement tout ce qui se passait autour de lui avec son casque. Apparemment, il était lui aussi lassé des gens.

- Avoir une chance de sortir de cette voiture quelques minutes me semble être une très bonne idée, dit le bleuté.

- Tu n'aimes pas être à côté de moi ? demanda le blond pour plaisanter, se rapprochant du garçon juste pour l'embêter, l'écrasant contre la portière.

Alois avait oublié pendant quelques instants le «problème d'introversion », à cause de son désir brûlant d'embêter le garçon.

- Si tu fais ce genre de choses, alors oui ! grogna presque le bleuté.

- Oh, Ciel ! Tu me blesses tant !

- Cette station a intérêt à ne pas être trop loin...

Ciel aimait réellement le blond, mais lorsqu'il avait passé deux semaines avec très peu de temps pour lui, tout devenait agaçant. Surtout l'homme vêtu de noir qui ricanait à la place du conducteur, en résultat il donna impulsivement un coup de pied dans son siège.

Lorsqu'ils s'arrêtèrent, ils sortirent tous et s'étirèrent, Sebastian refit le plein du véhicule, Preston alla aux petits coins, et ils dévalisèrent presque tout le stock de sucreries de la station-service. Les propriétaires de la boutique ne pouvaient pas s'en plaindre, cependant, puisque le garçon avait de quoi tout payer.

- Eh, eh, Ciel, regarde ! l'interpella son compagnon.

- Mmm ? fut tout ce que le bleuté put dire avec la bouche pleine.

Il avait actuellement la moitié d'une barre chocolaté entre les dents. Son appétit pour les douceurs était vraiment quelque chose.

Il porta son attention vers ce que le blond lui montrait et il vit les autres garçons (moins Kristopherson) poser avec des chapeaux à l'effigie du drapeau anglais et des lunettes de soleil, faisant semblant d'avoir des fusils avec leurs doigts. Alors que Ciel n'était pas sûr de savoir ce qu'ils faisaient, il était certain qu'ils ne le savaient pas eux-mêmes. Il savait également qu'ils avaient l'air ridicule.

- Aha ! Une ouverture ! cria le blond alors qu'il se lançait sur le garçon tel un félin.

Il croqua le bout de la barre qui ressortait de la bouche du garçon. Les autres lâchèrent un « ooh~ » alors que le bleuté finit le reste de la barre afin de pouvoir crier sur le blond.

- ALOIS !

- Oui ? Si tu es en colère parce que tu as perdu une petite partie d'un Mars, alors dois-je te rappeler qu'il t'en reste un bajillion ?

- Un «bajillion », ce n'est même pas un nombre !

- Comment pourrais-tu le savoir ?! As-tu déjà compté au-delà d'un trillion !? Les nombres sont infinis, Ciel !

- Ce n'est pas le problème ! dit le bleuté, montrant de la main le groupe de garçons qui ricanaient en les regardant se disputer.

- Quoi ? Ce n'est pas comme si je t'avais embrassé, ou quoi que ce soit.

- Alors toi- commença Ciel, essayant de trouver ses mots.

Finalement, il soupira, et se calma.

- Oh, à quoi bon ? J'abandonne... dit-il, surtout pour lui-même.

- Comme un vieux couple... les taquina Daniel.

- PAS UN MOT.