Écrit par HateWeasel
96. Je T'ai eu.
Fidèle à ses paroles, le Hackett se mit à tourmenter les Six Sensationnels. Il rassembla tous ceux qui avaient une dent contre l'un des garçons, et les enrôla à sa cause. Tout seul, ces délinquants n'étaient pas une menace, mais ensemble et bien organisés, ils devenaient problématique.
Ils commencèrent par Preston, celui qui avait l'air d'être le plus faible du groupe. Walter ne savait pas exactement comment le provoquer, alors il lui fit le plus de menaces possible. Dès qu'ils le voyaient seul, ils le harcelaient. Ils l'insultaient, surtout à cause de ses origines et de sa taille. Ils prenaient son sac, volaient ses affaires, et le menaçaient de le passer à tabac s'il les dénonçait. Il était dévasté.
Ils s'attaquèrent ensuite à Kristopherson d'une manière similaire à celle que ce dernier avait subi lorsqu'il s'était mis à porter ses minis-shorts. Il subit le même traitement que Preston, seulement les insultes raciales furent remplacées par des commentaires homophobes. S'ajoutait à cela le fait qu'ils le passaient réellement à tabac. Il était dans un piteux état, encore plus affligeant que celui de l'Indien.
Ce fut alors au tour de Daniel, il se fit poursuivre à travers la cour de l'école jusqu'à ce qu'il trébuche et tombe tête la première dans la boue. Il devrait d'une manière ou d'une autre nettoyer son uniforme. Le rire des autres ne fit que blesser davantage son amour propre.
Travis fut le dernier à être ciblé, étant donné sa carrure peu de voyous pensaient avoir une chance contre lui. Puisqu'ils ne pouvaient pas l'atteindre physiquement, ils lui firent du chantage. Ils avaient réussi à obtenir une photo de lui en train de frapper un autre garçon, et ils le menacèrent de l'utiliser pour le faire virer du club de jardinage pour comportement violent. Mais ce que la photo ne montrait pas, c'était que l'autre garçon était en train de donner des coups de bâton à un chat errant. Travis avait seulement essayé de sauver l'animal. Toujours était-il que, des hypothèses seraient faites.
Quatre des Six souffrirent d'horrible harcèlement, sauf Alois, dont la réputation avait été blanchie grâce à un certain garçon friand de sucres d'orges. Ils n'avaient aucune idée de qui était derrière tout cela, ou pourquoi. Tous, sauf un.
Ciel avait réfléchi à une punition adaptée pour le Hackett. Il devait assez souffrir pour tout ce qu'il avait fait. Cependant, le bleuté n'était pas vraiment du genre « créatif », alors il en vint à demander de l'aide au « Maître des Maux ».
- 'Sais pas, dit un certain blond, assis à son habituelle place dans la classe. Je serais plutôt du genre à choisir « l'humiliation publique », mais comment, j'sais pas.
- Tu m'aides beaucoup, répondit le bleuté. Cela doit être quelque chose qui le hantera pour le restant de ses jours...
Alois ouvrit la bouche pour parler, avant d'être interrompu par Ciel :
- Nous n'allons pas le « déculotter », Alois.
- Ouaip, j'ai aucune idée...
- Il doit bien y avoir quelque chose...
Apparemment, ils n'étaient pas très créatifs lorsqu'il s'agissait de trouver un moyen de punir quelqu'un sans devoir défigurer l'individu en question, le démembrer, le traumatiser, ou le tuer. Ils réfléchirent, réfléchirent, et réfléchirent.
- On pourrait juste lui botter le cul, dit le blond.
Le bleuté se gratta la tête.
- Non, nous ne pouvons pas nous abaisser à son niveau. Qu'est-ce qui est rapide, cruel, inhabituel...
- Et légal.
- Oui, « et légal », que nous pourrions lui infliger ?
Soudain, ils eurent tous deux un éclair de génie. Ils se regardèrent, et surent immédiatement qu'ils avaient la même idée.
- Est-ce que tu penses à ce que je pense ? demanda Ciel.
- On devrait mettre des belettes enragées dans son casier ?
- Non... Ça n'a rien avoir avec... Une minute, pourquoi des belettes ?
- En y repensant, dis ton idée, dit l'adolescent blond, réalisant que son plan était un peu plus que « ridicule ».
- Penses-y. Qui doit protéger les enfants, qui leur donne des cauchemars ? Qui dans cette école fait même peur à « La Menace Blonde » ?
- À part toi, je dirais... dit le blond, touchant ses boucles d'or pâles en réfléchissant, puis il comprit, ...M. Irons !
Évidemment. Monsieur Irons, le plus effrayant de tous les professeurs de l'établissement. Il penserait à une punition cruelle et légal pour le Hackett à leur place. Mais il n'était pas du genre à agir sur ce qui lui était rapporté, parce que « les enfants peuvent être de satané menteurs ». Ils devraient donc s'arranger pour que M. Irons voit l'acte d'abus.
C'était cela le problème. Les voyous s'assuraient toujours qu'il n'y ait pas de professeurs dans les parages avant d'attaquer. C'était pourquoi faire intervenir M. Irons allait être compliqué. C'était à Ciel de trouver un plan. Alors que les boulons tournaient dans sa tête, il regarda son ami avec un grand sourire, avant qu'il disparaisse aussi vite qu'il était apparu.
- Attends, tu trouves que je fais peur ? demanda-t-il.
- Effrayant, mais attirant, répondit Alois, essayant de calmer son gloussement alors qu'il regardait le garçon à côté de lui qui s'empourprait en levant l'œil au ciel.
Quelques jours plus tard, ils avaient enfin rassemblé toutes les informations dont ils avaient besoin pour mettre leur plan en marche. Ciel était à l'intérieur du bâtiment au point « A », tandis qu'Alois était en train d'attendre dehors au point « B ». Ils savaient que M. Irons avait une certaine routine quotidienne à l'heure du déjeuner, tout comme le Hackett et sa bande. Ils savaient également qu'à un moment, ces deux routines se croisaient.
Cependant, M. Irons marchait souvent plus vite que la bande du Hackett, ils ne se croisaient donc pas au même instant. Ciel devait alors retarder le professeur pour qu'il voit le Hackett.
- Tu es sûr que ça va fonctionner ? dit le blond à travers son téléphone au bleuté.
- À quatre-vingt-dix-huit pour cents, répondit le plus petit en regardant son complice à travers une fenêtre. Il reste environ dix secondes avant que Hackett tourne au coin. Es-tu prêt ?
- Tu as de la chance que je fasse mes propres cascades, dit le blond avant de raccrocher.
Il avait choisi ce rôle parce qu'il s'agissait du plus amusant. Il avait sa cible en vue. C'était l'heure.
Il ne serait pas difficile d'obtenir l'attention du garçon. Eh bien, pas si vous êtes Alois Trancy. Il avait un truc avec les gens- un truc pour les énerver. Il avança, de manière à être à seulement quelque mètres d'eux. Il siffla assez fort pour attirer l'attention de la majorité de la cour, mais il resta concentré sur sa cible.
- Eh ! Vous, là ! dit-il avant de leur présenter son majeur. Dans votre cul, les merdeux !
Bingo. C'était suffisant pour capter leur attention. Ils se précipitèrent sans attendre vers lui, courant aussi vite qu'ils le pouvaient pour attraper le garçon. Alois n'alla pas trop vite pour ne pas les perdre, mais assez pour rester hors de portée, tandis qu'il courait dans la cour entre des groupes d'élèves, sautant par-dessus des obstacles, rendant le tout ridicule.
Du côté de Ciel, il vit M. Irons sortir de la salle de classe avant de fermer la porte à clés derrière lui. Il se mit longer le couloir à vive allure en pensant à son déjeuner. Il ne fallut pas longtemps pour que Ciel sorte de son emplacement près de la fenêtre et marche à côté de lui, allant à la même allure.
- Excusez-moi, monsieur, mais j'ai une question sur le prochain contrôle, mentit-il.
- Quoi ? Vous ? Vous avez une question sur un contrôle ? Avez-vous perdu la raison, ou toutes ces révisions ne vous réussissent-elles plus ? demanda l'homme.
Il savait que le Phantomhive n'était pas du genre à demander de l'aide, ou d'avoir une question sur quelque chose d'académique.
- Peut-être, dit le garçon, simulant un ricanement. Y aura-t-il une synthèse la veille, ou devrons-nous nous débrouiller ? demanda-t-il, jetant un œil par la fenêtre pour voir le blond.
- Non, pas de récapitulatif, répondit Irons. Je ne pense pas que vous devriez vous en faire. Essayez plutôt d'aider le petit Trancy. Ça lui serait bénéfique.
- Ses notes sont-elles si mauvaises ?
- Il pensait que le Colisée Romain était en Grèce.
- Oh... fut tout ce que le bleuté put dire, étant en mesure de parfaitement se l'imaginer.
Alois devait non seulement apprendre tout ce qu'il avait manqué en étant mort, mais aussi ce qu'il ne savait pas à la base. Apparemment, Claude n'avait pas fait grand chose.
- C'est un garçon intelligent, mais quel clown ! Toujours en train de plaisanter, à vouloir jouer en classe ! dit l'homme, laissant libre court à ses pensées. Désolé de vous embêter avec tout cela, mon garçon. Je ne sais juste pas quoi faire de lui.
- À ce point, hm ? J'essaye de le remettre dans le droit chemin, parfois.
En effet. Bien qu'il trouvait la plupart des pitreries du garçon amusantes la plupart du temps, parfois il faisait comme s'il ne le connaissait pas en classe. C'était sa manière d'exprimer son embarras.
Ils étaient au premier étage désormais. Il regarda devant lui et vit le blond commencer à perdre ses assaillants. Il devait accélérer les choses.
- En parlant de la petite « Menace Blonde », je dois le rejoindre pour le déjeuner. Merci pour votre aide, monsieur, dit-il avant de partir.
M. Irons lui adressa un petit « au revoir », et il sortit du bâtiment. Maintenant il devait juste tourner au dernier angle avant d'arriver là où ils voulaient qu'il soit. Mais pas trop tôt.
Les poursuivants d'Alois s'arrêtèrent pour reprendre leur souffle. Heureusement pour le duo de démons, ils étaient têtus. Ils n'allaient pas laisser le blond s'en tirer ainsi. Walter aperçu une petite pile de cailloux, et il s'en approcha pour en prendre un avant de le jeter vers le blond...
… Et de toucher M. Irons.
Ce n'était pas un simple cailloux. Non, c'était une assez grosse pierre qui venait d'atterrir sur la figure de l'homme. M. Irons toucha l'endroit où il avait été percuté, et il fit quelques pas en arrière, essayant de regagner ses sens. Walter n'allait pas être enrôlé dans l'équipe de cricket de l'école avant un bon moment.
- TRÈS BIEN, QUI A LANCÉ ÇA ?! rugit l'homme.
Toute la cour devint silencieuse à cet instant. L'homme posa les yeux sur le Hackett, sachant qu'au vu de la trajectoire, ce devait être lui.
- VOUS, dit-il, pointant du doigt le garçon avant de se diriger vers lui. Que pensez-vous faire, à jeter des choses comme ça ?!
- Euh, en fait, je... euh, fut tout ce que le garçon put dire.
- ALORS ?
- Je, mais... T-Trancy, il...
- « Trancy ?! » Trancy n'a rien avoir avec cela ! Je vous demande à vous pourquoi vous avez fait cela, bougre d'ignare !
Le garçon n'arrivait pas à parler. Il avait trop peur. Cet homme semblait être sur le point de l'écraser dès qu'il le pourrait. Cela ébranla la patience presque inexistante de l'homme.
- Dans ce cas ! dit-il, attrapant le garçon par le col de sa chemise. Vous venez avec moi ! Nous allons avoir une petite discussion avec le proviseur !
Dès qu'ils disparurent dans le bâtiment, tous les élèves crièrent de joie. Apparemment, les Six Sensationnels n'avaient pas été les seuls à se faire harceler. Presque tous les élèves avaient été tourmentés par Walter jusqu'à maintenant. Alois sourit, et il se courba devant les applaudissements, avant de remarquer une certaine personne du coin de l'œil.
- Ciel ! dit-il, accourant vers le garçon.
Il se retint de faire un câlin au garçon en public, aussi dur que ce soit pour lui. On a réussi !
- Pas encore, dit le bleuté. Nous ne sommes pas sûrs et certains de la tournure que vont prendre les événements dans le bureau du proviseur.
- Dois-tu toujours êtres aussi cynique ?
- Évidemment, dit-il au blond, qui afficha une moue.
Ciel s'avança et déposa un baiser sur les lèvres de l'autre garçon.
- Je t'ai eu.
Alois ne réagit pas pendant quelques secondes, avant de réaliser ce que Ciel venait de faire. Il venait de battre le blond à son « jeu » préféré. Soudainement, ses joues devinrent rouges comme une tomate.
- Pourquoi as-tu fait ça ?! Et si quelqu'un nous avait vu ?! demanda-t-il.
- J'en avais envie, et ce n'est pas grave, répondit le bleuté.
- Qu'est-il arrivé à « Monsieur Pudeur » ? murmura Alois.
- Je ne sais pas vraiment... Ça n'a plus vraiment d'importance.
Si Ciel devait protéger Alois, alors autant bien le faire, « comme un vrai homme ». Pour ce faire, il était prêt à sortir de l'ombre juste cette fois. De plus, il ne pouvait pas résister à la moue d'Alois.
