Écrit par HateWeasel
108. Je N'ai Pas Confiance En Toi.
Ciel était en train d'attendre à l'extérieur de la bibliothèque à son habituel coin de lecture qu'Alois finisse ce qu'il y faisait régulièrement. Cette fois le blond avait eu des ennuis parce qu'il avait crié à une fille de « prendre une jupe plus longue, parce que personne ne voulait voir son vagin ». Vraiment, le blond pouvait être si rustre et cru parfois. Mais, il avait en soi raison, puisque la fille en question fut réprimandée parce qu'elle ne suivait pas le code vestimentaire.
Le bleuté était assis sous le même arbre que d'ordinaire lorsqu'il attendait Alois. Il n'allait pas dans la bibliothèque pour la simple et bonne raison qu'Alois ne ferait rien si Ciel était présent. Il serait trop occupé à taquiner le bleuté, alors il préférait attendre dehors. Il écoutait de la musique ou il lisait. Aujourd'hui il lisait The Hunger Games, étant donné que la majorité de sa classe le lui avait recommandé. Alors qu'il lisait, il en vint à la conclusion que vivre dans cet univers serait un jeu d'enfant pour lui. Il ne doutait pas de sa victoire aux jeux et à son renversement du Capitol.
Cependant, ses pensées furent interrompues lorsqu'une ombre l'empêcha de lire. Il n'eut même pas à lever l'oeil pour savoir de qui il s'agissait.
- Je peux faire quelque chose pour toi, Remy ? dit-il, appelant la fille par son nom de famille, reconnaissant ainsi sa présence.
- Oh, Ciel, « Remy », c'est si impersonnel. Appelle-moi « August », dit la démone, s'asseyant à côté du garçon. Après tout, ce n'est pas comme si je te cachais quoi que ce soit désormais.
- Ah bon ? remarqua le garçon.
Il ne la regarda pas, ne croyant pas non plus un traite mot de ce qu'elle disait. Il s'était résolu à ne plus se laisser avoir par la démone. La différence entre vérité et mensonge était indistincte lorsqu'elle parlait. Elle pouvait masquer la vérité en mensonges, et les mensonges en vérités. Oh, comme le bleuté souhaitait voir le blond sortir de la bibliothèque pour qu'il puisse s'échapper.
- En effet, répondit-elle. Et toi ? Que caches-tu, Ciel ?
- Je ne cache rien, ce n'est juste pas flagrant, dit le garçon.
Il pouvait sentir la fille le regarder avec ses grands yeux rouges. Ils étaient presque comme des yeux de chats. Elle se rapprocha de lui.
- Toi et moi savons bien que c'est un mensonge, Ciel, dit August avec un sourire narquois. Je n'ai pas besoin de voir tes deux yeux pour voir qu'ils recèlent quelque chose. Quelque chose de sombre. Dis-moi. Je meurs d'envie de le savoir.
- Littéralement, ou seulement au sens figuré ?
- Ouch. Quelle cruauté. Ton cœur est-il autant refermé pour Alois ?
- Alois n'a rien avoir avec cela, dit Ciel avec colère.
En entendant la fille prononcer son nom, il eut d'une certaine manière l'impression qu'elle allait le corrompre.
- Quelle agressivité ! Moi qui espérais que nous pourrions faire plus ample connaissance !
- Si c'est ainsi que tu en apprends plus sur les gens, alors tu ne dois pas avoir beaucoup d'amis.
- Il en va de même pour toi.
- Cela me va.
August bouda quelques instants.
- Eh bien, tu n'es pas drôle, dit-elle.
C'était ce qu'Alois disait généralement, et elle le savait. Elle s'adossa contre l'arbre un moment avant de s'esclaffer.
- Je viens de me souvenir de ta conversation ce matin avec Daniel et les autres.
- Écouter les discussions des autres est malpoli, tu sais, dit le garçon, son visage légèrement rose en se rappelant de la conversation des six.
- Pas si on peut vous entendre à l'autre bout du monde, fit remarquer la démone.
Ciel ne trouva pas quoi répliquer, alors il fit semblant de lire.
- Tu n'as pas tourné la page depuis un moment. Est-ce que je te distrais ?
Ciel ferma le livre et le posa au sol à côté de lui, se tournant vers la fille.
- Laissons tomber toutes ces idioties et allons droit au but, dit-il. Que veux-tu réellement ?
- Je me sens seule, parfois. Je pensais que ce serait agréable d'avoir un ami.
- Me frapper à coup de poings et de pieds ne t'a pas vraiment donné de grandes chances.
- Désolée. Tu étais en travers de mon chemin. Rien de personnel, je te l'assure, dit la fille, le regardant. Mais n'est-ce pas agréable que d'avoir quelqu'un qui connaît ton secret ? Que tu es un démon, je veux dire. Je le pense. J'ai l'impression d'enfin pouvoir être moi-même, sourit-elle.
Le garçon n'était pas sûr de savoir en quoi il n'était apparemment pas « lui-même ». Oui, qu'Alois sache son secret l'aidait beaucoup, mais il ne savait pas pour August. Elle était un réel diable. Sournoise, manipulatrice, insensible, certainement pas quelqu'un avec qui l'on voudrait être seul. Elle pourrait tuer juste pour se divertir.
Le bleuté se leva, se dépoussiéra, et il se mit en route vers la bibliothèque. Il ne regarda pas une dernière fois la fille, et ne lui dit pas non plus un seul mot d'adieu. Comme si elle n'existait pas. Elle arbora un sourire tordu alors qu'il s'éloignait d'elle.
- Tu accoures aux côtés du blondinet, hein ? dit-elle. Quel dommage.
