Écrit par HateWeasel

113. Ayez Pitié Du Pauvre Cerf.

Le bruit de pas touchant le sol pouvait être entendu alors qu'il courait. Le bruit d'une respiration saccadée pouvait être entendu alors qu'il courait. L'air se faufilait dans les cavités de sa gorge déshydratée alors qu'il courait, pourtant il ne s'arrêtait pas. S'il s'arrêtait, la créature derrière lui le rattraperait forcément.

Audrey était simplement en train de rentrer chez lui, s'occupant de ses propres affaires, lorsqu'il avait vu la démone tuer. Deux étrangers, pour être exact. Il ne les connaissait pas, et il était certain qu'elle non plus. Ils avaient simplement été victimes d'un meurtre. Elle avait relevé les yeux et l'avait aperçu, lui permettant de voir ses yeux rouges cramoisis luisirent dans l'obscurité. Il s'était mis à courir. Il n'osait pas s'arrêter. Même s'il savait qu'elle pouvait très bien l'attraper si elle le souhaitait, il n'osait pas arrêter de courir.

Finalement, le garçon au bonnet-crâne trouva refuge dans une église, avec l'espoir que cela dissuaderait la démone de le suivre. Ses jambes le lâchèrent et il s'écroula au sol, haletant en espérant calmer ses poumons ardents. Il ne s'attarda pas trop à la tâche, cependant, étant donné qu'il savait ne pas avoir beaucoup de temps.

Il sortit avec hâte et quelques difficultés son téléphone de la poche de son jeans. Il fit défiler ses contacts et enfonça son doigt contre le bouton « appeler » lorsqu'il vit le nom qu'il cherchait. Il retint son souffle en écoutant la tonalité. Comme s'il avait peur que le bruit de sa respiration la fasse fuir. Finalement, une voix put être entendue à l'autre bout du fil.

- Allô ?

- Trancy ! C'est Baines ! Vous devez venir, et vite ! Elle va me tuer ! dit avec précipitation le garçon.

- Wow, Baines, calme-toi, mon pote, dit le blond. Qui va te tuer ?

- August !

Le téléphone fut silencieux quelques instants. La seule chose qui pouvait être entendue était la respiration irrégulière d'Audrey alors qu'il attendait une réponse. Finalement, Alois répondit :

- Je vais chercher Ciel et Sebastian. Où es-tu, Audrey ? demanda-t-il.

Audrey toussa tandis qu'il tentait de parler.

- La-La Cathédrale de Southwark... dit-il.

- Reste caché. Nous serons là aussi vite que possible.

- Dépêchez-vous...

Et ainsi, l'appel se termina. Un petit « bip » retentit alors qu'il raccrocha. Il était seul dans la cathédrale. Ce n'était que lui, le divin, et le mort. Il s'agissait de la raison pour laquelle il n'était pas parti avec les Six lorsqu'il avait été invité l'année dernière pour visiter le manoir Trancy. Bien qu'il adorait le surnaturel, c'en était parfois trop pour lui. Les voir. Ses yeux l'effrayaient alors il les cachait derrière sa longue frange. Il voulait en savoir davantage sur ses yeux, mais il en était terrifié.

Désormais il ne voyait plus rien. Il gardait les yeux bien fermés. Il ne voulait plus voir. Il en avait assez. Audrey Baines, amoureux du surnaturel, en avait assez. Il avait failli mourir sous la main d'une démone une fois; deux c'en était trop. Prouver que le paranormal était un fait ne servirait à rien s'il ne pouvait pas vivre pour le dire à qui que ce soit. Ce n'était qu'un secret entre lui, et ces deux démons.

- Bonsoir, Audrey.

Cette fois ce ne fut pas ses yeux qui l'effrayèrent, mais ses oreilles. Cette ignoble et douce voix qui retentit derrière lui était la voix d'une adolescente. Il la connaissait. Cette voix le fit trembler de terreur. Instinctivement, il ouvrit les yeux, mais il ne se retourna pas. Non, il n'avait pas besoin de se retourner. Il n'osait pas se retourner.

C'était August.

Elle était dans sa forme démoniaque, ses ramures onyx se dressant vers le ciel, et sa queue fourchue remuant comme si elle était de bonne humeur. Sa silhouette était inimitable à l'entrée qui encadrait le clair de lune dehors, des mèches lisses flottant dans le vent. Ses yeux rouges luisants tentant de pénétrer l'âme du garçon.

Audrey ne faisait que se l'imaginer. Il n'avait pas besoin de se retourner pour le savoir.

- Audrey~ ! dit-elle en chantonnant. Qu'y a-t-il, Audrey~ ? Pourquoi es-tu aussi effrayé ?

Le garçon ne put que gémir. Il referma les yeux. Il était incapable de répondre, incapable de regarder. Il ne pouvait que trembler de peur alors qu'il entendait ses bottes claquer contre le sol de la cathédrale, chaque pas résonnant alors qu'elle s'approchait. Les tremblements du garçon s'arrêtèrent, ses muscles se contractant.

Des cheveux froids touchèrent son crâne alors que son couvre-chef fut gentiment retiré de sa tête.

- Ça va, Audrey ? dit-elle.

Elle passa sa main dans ses cheveux avant de poser sa paume sur sa nuque, enroulant ses serres et ses fins doigts autour de sa gorge.

- Parle.

Un coup de feu retentit, résonnant dans la bâtisse. August écarquilla les yeux, et elle relâcha le garçon. La démone porta son attention sur son épaule. De la fumée sortait de sa blessure brûlante, la chair exposée grésillant et palpitant à cause de la balle. Elle regarda là d'où venait le tir et vit deux autres démons sous l'ombre du chevron.

- Pas mal le pistolet, Ciel, dit le blond avec les cornes pointues en avant, l'abdomen exposé, ainsi qu'un mini-short.

- Merci. Je l'ai « libéré » de Sir Hellsing, dit le bleuté avec l'arme.

Ses cornes étaient rétractées vers l'arrière à l'identique de celles d'un bélier, et il était beaucoup mieux couvert que son compagnon.

Le Phantomhive était plutôt habile avec les pistolets. Lorsqu'il était plus jeune, il allait chasser et il dormait même avec un pistolet sous son oreiller. Il en portait généralement un avec lui par habitude. Son revolver, surnommé « Le Zamiel », était son jouet favori, il était un peu « rétro » comparé à « la technologie anti-monstre » que H.E.L.L.S.I.N.G. avait produit récemment, mais il était tout de même puissant, pesant plus d'un kilo, et tirant des balles d'un calibre de quatre cent et cinquante-deux. Les balles qu'il tirait étaient évidemment bénies, et il fallait avoir de bon bras en tant qu'humain pour le tenir, comme ceux travaillant à H.E.L.L.S.I.N.G., ce n'était pas un problème pour le démon qui pouvait facilement supporter le recul avec une seule main. Oui, les Hellsing faisaient de très bon jouets. Des jouets faits pour tuer des monstres et des démons. Il était souvent déçu que Phantom ne produise pas ce genre de jouets.

- Était-ce douloureux, August ? dit le bleuté, sautant du chevron avant d'atterrir sur ses pieds. Le blond en fit de même.

« August ». Le nom résonna dans l'esprit de la fille une fois de plus. Désormais il ne faisait que l'énerver. Son froncement de sourcil se changea en un rictus; un sourire tordu, et dérangé.

Lorsqu'elle parla, cela ne ressembla pas à sa voix. On aurait dit un méli-mélo de voix qui parlaient ensemble. Comme si elle s'exprimait avec les voix de toutes les vies qu'elle avait dévorées.

- Voyons, voyons, c'est assez malpoli, Ciel. Tu n'as même pas dit « bonsoir » !

- Qu'est-ce qui ne va pas avec elle ? demanda Alois, regardant le bleuté. C'est comme si... elle était brisée.

- Brisée ? Moi ?! demanda-t-elle, son sourire se tordant d'une manière inhumaine. Tu es le seul brisé ici, Trancy !

- Tu te trompes, l'interrompit le bleuté. Alois sait qui il est. Puisque tu as réalisé que toi tu ne savais pas, tu redeviens une bête.

Le sourire de la démone se transforma en grimace.

- Oh, est-ce que c'est de cela que vous parliez dans ton bureau tout à l'heure ? dit le blond, mettant ses mains sur ses hanches. C'était si dur à entendre ! Tu parles trop bas, Ciel !

- Parce que je sais que certains blonds aiment écouter derrière ma porte !

- Oui, mais suis-je toujours « celui que tu préfères » ?

Le bleuté fit en sorte d'ignorer la question en essayant de cacher son rougissement. De toutes les choses qu'Alois aurait pu entendre, il avait fallu que ce soit cela. Il tourna son attention vers l'humain qui se cachait sous l'un des bancs de l'église.

- Audrey ! Sors d'ici. Nous nous occupons d'August.

L'humain, terrifié, acquiesça, et força ses jambes à bouger afin de se diriger vers la porte.

- Ooh ! C'est l'heure de la revanche, bécasse !

Pourquoi Alois était-il aussi excité ?

August grogna. Son visage se déforma, ainsi que son corps. Son cou s'allongea et s'élargit, elle tomba à quatre pattes, ses mains prenant d'atroces formes. Sa bouche était large, sa mine renfrognée semblant s'enfoncer dans son cou, révélant des rangées de dents tranchantes comme des rasoirs. La peau de la démone s'arracha, révélant une étrange matière noire en-dessous. Ses ramures onyx grandissaient également, et elles commencèrent à ressembler à des bras capable d'attraper n'importe quoi afin de l'emmener tout droit en enfer. Des sabots fendus se trouvaient sur les horribles jambes arrières de la créature, et des talons d'oiseaux à l'avant. Si l'on regardait la chose dans son ensemble, August ressemblait à présent à un cerf; un cerf tout droit venu des bois des Enfers.

C'était ce qu'elle était devenue. Ciel avait raison. Sans identité à laquelle se rattacher, elle n'était rien de plus qu'une bête. Le duo de démons se prépara à une bataille alors que la créature se mit sur ses pattes arrières et rugit. Son cri était presque perçant, résonnant dans le lieu supposé « sacré ». Était-ce ce qu'était un démon ? Une horrible, laide, et pathétique bête sans identité ? Ils se reposaient sur les humains pour garder l'illusion, mais lorsqu'elle disparaissait, et que la vérité éclatait, les démons étaient réellement pathétiques.

Quoi qu'il en soit, cette « pathétique » créature était en colère, et elle ne voulait que détruire tout ce qu'il y avait sur son chemin. Elle se remit sur ses quatre pattes et chargea le duo. Démon contre démons.


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