Ce chapitre est le dernier pour quelques semaines, et ça tombe bien car il clôt cet arc.
Bonne lecture et bonnes vacances !
Écrit par HateWeasel
114. Ce Blond, Réparable.
- Tu vois, Ciel ? Certaines filles ont l'air jolies au premier regard, mais sous tout ce maquillage, il y a une sorte de cerf démoniaque ! dit un certain démon blond pour plaisanter, remuant la queue.
Il sauta dans les airs pour éviter d'être encorné par les ramures dudit « cerf démoniaque ».
- Je ne comprends pas les filles, renchérit le bleuté.
Il fit quelques trous dans le flanc de la bête à l'aide des balles, faisant couler un étrange liquide noir sur le sol de l'église.
- Est-ce pour cela que tu es devenu gay~ ? demanda l'autre garçon.
Il retomba au sol et donna rapidement un coup de pied au visage du cerf alors qu'il était affaibli par les balles de son compagnon.
- Ferme-là.
- Je t'aime aussi, muffin !
Alors qu'ils débattaient amicalement, la créature anciennement connue sous le nom d'August débloqua ses énormes mâchoires, montrant ses rangées de dents tranchantes. D'un coup sec, elle tenta d'avaler le blond avant d'être arrêté par ce dernier.
Alois avait un pied sur la mâchoire inférieure de la créature, et les mains sur celle du dessus, empêchant le cerf-démon de refermer sa bouche. Ses dents coupaient les paumes du pauvre garçon, mais il ne pouvait rien y faire, c'était soit cela soit être englouti.
- Ciel ! J'aurais besoin d'aide, s'il te plaît ! cria-t-il au bleuté.
Ses bras et ses jambes faiblissaient sous la force des mâchoires du cerf. Pendant ce temps, le bleuté en question rechargeait son fusil.
- Comme tu l'as si gentiment demandé, répondit-il en visant directement le visage de la créature.
Des balles effleurèrent le blond alors qu'elles s'enfoncèrent dans la gorge de la démone. La créature eut un haut-le-cœur, et elle relâcha Alois. Il tomba au sol, se faisant recouvrir de l'étrange matière noire que son adversaire avait craché.
- Eh ! Tu m'as presque touché ! cria-t-il. Beurk ! Qu'est-ce que c'est ?!
Il se releva, et essaya de se débarrasser de la substance. Mais en vain.
- En fait, ne me dis pas. Je ne veux pas savoir.
- Comme vous voudrez, majesté.
Ciel accourut vers la démone, sautant sur son dos pour l'attraper par les ramures. Il pointa son arme sur sa tête à bout portant afin de faire le maximum de dégâts.
Au moment où il fut sur le point de tirer, la longue crinière noire de la bête poussa et s'enroula autour de son poignet. Il tenta de se dégager, mais la bête le piégea davantage, les mèches de cheveux s'enroulant autour de ses jambes, sa taille, et même de son cou, le faisant lâcher son arme.
- Fais chier ! jura-t-il alors qu'il tentait de se libérer. Alois ! Aide-moi !
Le blond hésita. Il n'avait pas été d'une grande aide la dernière fois, mais maintenant, il voulait être utile. Mais comment ? Il n'avait aucune « arme anti-monstre », et il pouvait seulement se servir de son « tour de passe-passe florale ». Il fit le pour et le contre, et décida que les plantes étaient la meilleure idée. S'il tentait une attaque au corps-à-corps, il finirait juste par être lui aussi piégé, non ?
Il regarda désespérément autour de lui. Le sol était dur, ils étaient en intérieur, et il n'y avait pas de plantes en vue. Ce n'était pas comme s'il pouvait simplement en faire apparaître une de nulle part. Finalement, dans un coin de la pièce, il aperçut un arbuste en pot. Il se précipita vers l'objet, et le prit pour le jeter vers la bête avec sa force démoniaque. Au lieu de simplement frapper la créature à la tête, elle ouvrit ses mâchoires et l'avala. Bon, le plan est lancé, pensa le blond.
- Qu'est-ce que c'était que cela, imbécile ?! demanda son ami, désormais encore plus emmêlé dans la crinière qu'il y a quelques instants.
- C'est un plan qui se met en marche ! cria Alois en retour, doutant que l'autre garçon soit convaincu.
Puis, il eut une idée. La créature avait mangé la plante, n'est-ce pas ? Elle était toujours à l'intérieur, pas vrai ? Et s'il se servait de ses pouvoirs pour la déchiqueter de l'intérieur ?
Il savait qu'il devrait se rapprocher, alors avec sa vitesse, il accourut près de la créature et la frappa au flanc de toutes ses forces. Elle rugit de douleur, mais il n'y fit pas attention tandis qu'il tentait de retrouver l'arbuste.
Lorsqu'il l'eut localisé, il attrapa le flanc de la bête avec une main et en fit de même avec l'autre, concentrant toute son énergie sur cet endroit. Il serra les dents, ses yeux se mirent à luisirent, de la sueur coulant le long de son front et il fronça les sourcils pour se concentrer. Il fit de son mieux pour éviter de se faire envoyer balader par le cerf démoniaque, alors que ce dernier y mettait toute sa volonté. Il rugissait et braillait en sentant l'arbuste en son intérieur grandir. Aussitôt des branches sortirent de la bouche de la bête, et elle tomba au sol ne pouvant plus se tenir debout. Elle grogna et brailla, mais elle ne pouvait rien faire.
Sa crinière relâcha le bleuté, et le blond s'écroula au sol, épuisé après avoir utilisé son pouvoir. Il semblait s'être amélioré étant donné qu'il était encore en mesure de se relever et de se diriger vers son compagnon bleuté.
- Tout va bien, Ciel ? lui demanda-t-il.
Il se mit sur ses genoux et passa un bras autour des épaules du garçon.
- Je vais parfaitement bien, Alois, répondit Ciel. Tu devrais être plus inquiet à propos de toi. Cette capacité te demande énormément d'effort.
- Je vais bien. Je ne l'ai pas utilisé pendant longtemps. En tout cas, nous ferions mieux d'en finir.
Alois regarda la créature enragée. Elle cracha davantage de mixture noire et respirait difficilement, ses côtes s'élevant et redescendant avec chaque inspiration. Elle les fusilla du regard.
- Une minute, où est mon pistolet ? demanda le bleuté, regardant autour de lui pour tenter de voir où il l'avait laissé tomber.
Lentement, traversée de tremblements, la bête, anciennement connue comme « August », releva une de ses pattes avant, et elle tenta de se remettre debout. Elle rugit à nouveau, un rugissement perçant, enragé, douloureux, et terrifiant qui fit trembler toute la bâtisse.
Un coup de feu retentit.
August se tenait, les yeux écarquillés alors que davantage de substance noire mélangée avec du rouge cramoisi s'écoulait le long de son visage, depuis son front. Finalement, les genoux de la démone la lâchèrent et elle s'écroula au sol dans un bruit sourd, autour d'un bain de sang et de matière noire. La bête venait d'être réduite au silence, elle ne rugirait plus.
Qui avait tiré ? Ce n'était pas Ciel. Il avait fait tomber son arme. Ce n'était pas Alois. Il ne savait pas tirer. Il n'était même pas certain de savoir comment tenir un pistolet. Ils tournèrent la tête vers la source du tir, découvrant la silhouette d'Audrey qui se tenait à l'entrée.
Il était là, pistolet en mains, serrant les dents. Sa frange était écartée, dévoilant son œil droit. C'était la première fois que le duo de démons voyaient réellement ses yeux. Bien qu'il soit écarquillé de peur, il y avait tout de même une lueur de détermination qui le faisait apparaître plus âgé. Il fronçait également les sourcils. Mais ce qui était le plus choquant dans ces yeux, c'était l'iris. Il avait un anneau de pigment jaune, enveloppé par une sphère verte plus petite autour de la pupille. Le bleuté avait déjà vu ces yeux auparavant, mais jamais sur un humain. En fait, un humain n'aurait pas dû pouvoir tenir ce pistolet aussi facilement.
Le garçon soupira et s'assit sur le sol, mettant l'arme à côté de lui.
- C'est pas passé loin... dit-il en riant légèrement.
- Je pensais que tu étais parti ? Une minute, à quel moment as-tu pris mon pistolet ?! demanda le bleuté sur un ton accusateur.
- Du calme, mon pote. Je ne suis jamais parti, dit Audrey en levant les mains en l'air. J'ai pris ton pistolet quand vous étiez occupés. Relax.
- Beau tir, cow-boy, dit Alois, un pouce en l'air. Chasseur de démons John Wayne?
- Nan, je ne pense pas encore être à ce niveau.
- Comment ça, « encore » ? demanda le bleuté.
- Je me disais que... dit le Baines, s'allongeant au sol. Ce truc d'H.E.L.L.S.I.N.G. dont vous parliez ? J'aimerais bien y aller un jour.
- Vendu ! Tu nous dénoncerais !? demanda le bleuté, pas réellement contrarié, seulement surpris, et quelque peu secoué par le combat.
- Jamais, vous êtes cool. C'est juste que je veux voir ce genre de choses depuis une éternité. J'veux en savoir plus, tu sais ? sourit Audrey.
- Tente ta chance. Ne laisse pas monsieur grognon te contredire, dit le blond en poussant du doigt la joue de son compagnon bleuté.
Ciel se releva et se dépoussiéra.
- Fais ce qui te chante. Ce sont tes funérailles... dit-il.
- Hein ? dit le garçon aux yeux multicolores, se rasseyant.
- Comme tu peux le constater, le taux de décès des employés de H.E.L.L.S.I.N.G. est assez élevé. J'ai entendu dire que la paye était bonne, par contre.
- Ça me va !
Après leur combat et leur petit échange avec Audrey à l'église, le duo de démons décida de rentrer, Sebastian ramenant Audrey chez lui, puisqu'il était trop chamboulé pour rentrer tout seul. Le blond et le bleuté marchèrent le long de la rue. Ils étaient un peu fatigués, mais la nuit était agréable.
- Eh, Ciel, dit soudainement Alois, qu'arrive-t-il aux démons lorsqu'ils meurent ? (Le blond se tourna vers son compagnon), Vont-ils en Enfer, ou sont-ils juste effacés ?
- Je ne sais pas, dit le bleuté. Les deux sont possibles.
- J'espère que c'est l'Enfer, sourit Alois. Je suis sûr que nous pourrions en prendre le contrôle sans trop de problèmes.
- Continue de rêver, Trancy, dit Ciel avec un léger sourire.
Il regarda le blond avant d'immédiatement détourner le regard en rougissant.
- Faut-il vraiment que tu restes dans cette forme ?
- Pourquoi ? Ça te gêne ?
- Pas qu'un peu, alors...
- Alors oui, oui il le faut vraiment, sourit Alois alors que son compagnon fronçait les sourcils. Faut-il vraiment que tu me regardes ainsi ?
Il gloussa lorsque Ciel réalisa ce qu'il faisait et qu'il détourne le regard. Le silence s'installa un moment après cela.
Puis le blond reprit la parole :
- Eh, Ciel, commença-t-il, est-ce que les « biens endommagés » sont toujours assez bons pour toi ?
Alors ça, ça attira l'attention du bleuté. À quel point avait-il entendu cette conversation avec August ? Il s'arrêta de marcher, et le blond en fit de même, regardant son compagnon d'un air intrigué. Il sentit soudainement les lèvres du bleuté sur les siennes pendant un bref instant. Sa confusion disparut lorsqu'il rougit, et il regarda l'autre garçon d'un air surpris.
- Même si les biens de bonne qualité sont endommagés, ils sont toujours mieux que ceux bons marché, dit le bleuté avec un léger sourire. En plus, avec assez de temps et d'attention, ils peuvent être réparés, et marcher encore mieux qu'avant.
Ce fut alors au tour de l'adolescent borgne d'être surpris lorsque les bras du blond se frayèrent un chemin autour de son cou, et qu'Alois cacha son visage dans son épaule.
- Je t'aime, Ciel.
- Je t'aime aussi, Alois.
