Écrit par HateWeasel

117. Gentlemen.

- Mets ça là, dit un certain acteur alors qu'il dirigeait ses camarades de classes.

Il observait en même temps les plans dessinés par Audrey pour la maison hantée, et aimait la tournure que prenaient les choses.

- C'est parfait ! dit-il. Je suis content que tu aies fait ça, Audrey, dit Lawrence au garçon plutôt timide.

- O-Oh. Merci, répondit-il en regardant le sol.

Il n'avait pas l'habitude qu'on lui parle autant. Il avait, cependant, commencé à s'exprimer davantage avec les Sept Sensationnels.

Lui, Preston, et Ciel parlaient de leurs séries de science fiction préférées ainsi que des livres et plus encore, tandis qu'il parlait de choses surnaturelles avec Daniel et Alois. Il parlait également de certaines esthétiques avec Travis et Kristopherson, faisant des blagues de temps à autres. Il commençait à réellement y prendre goût. Peut-être que ses yeux n'étaient pas si mal après tout. Ils lui avaient permis de trouver de si bons amis !

Mais aujourd'hui, ses yeux le gênaient. Ils commençaient à lui faire un peu mal, et il les frottait. Finalement, il abandonna et sortit de son sac deux petites boîtes. Alois le regarda avec curiosité.

- Qu'est-ce que tu fais ? demanda-t-il, inclinant légèrement la tête tel un chiot.

Audrey s'assit et ouvrit l'une des boîtes en débouchant l'une d'elles.

- Mes lentilles me gênent, dit-il. Je vais les enlever et mettre mes lunettes.

- « lentilles » ? répéta l'autre garçon.

- Ouais, comme dans « lentilles de contact » ? répondit le garçon au bonnet-crâne, écartant ses mèches de son visage, révélant ses yeux fatigués. Oh, c'est vrai, désolé. Il n'y en avait pas durant l'ère Victorienne, pas vrai ? Regarde.

D'une main, le garçon garda son œil ouvert en se servant de son doigt d'honneur pour tenir sa paupière supérieure. Ce qu'il fit avec son autre mains effraya réellement le blond. Avec cette main, ainsi que son index et son pouce, il sembla essayer de pincer son globe. Était-il en train de tenter de s'arracher l'œil ?!

- Wow ! Qu'est-ce que- !? Tu es complètement fou ?! Qu'est-ce que tu fais ?! Argh ! ARRÊTE ! se mit à crier Alois.

Il détourna le regard alors que l'autre garçon touchait son œil. Il était extrêmement perturbé par cette vision.

- Quoi ? Il y a un problème, Trancy ? le taquina Audrey en continuant à essayer de retirer la lentille.

Il s'arrêta un instant pour regarder le blond avant de continuer à l'embêter.

- C'est écœurant ! Beurk ! Comment fais-tu ?! demanda le blond, protégeant ses propres yeux de la scène.

- Je l'ai eu, dit finalement Audrey, montrant la lentille à l'autre garçon. Tu vois ? Tu mets ça et ça t'aide à mieux voir.

Alois fixa l'étrange objet devant lui. Comment une chose aussi insignifiante pouvait aider à mieux voir, surtout lorsque l'on devait la mettre dans l'œil ?

- Seulement dans un œil ? demanda-t-il finalement, alors que l'autre garçon mettait la lentille dans la boîte après l'avoir remplie de solution saline.

- Nope. Il y en a aussi une dans l'autre œil.

Le garçon répéta donc le même processus sur son autre œil, agaçant davantage le blond.

- ARRÊTE !

Naturellement, les autres trouvèrent la situation plutôt amusante. Rien ne dérangeait Alois. Rien. Pourtant le « petit nouveau » était capable de l'embêter en effectuant une tâche on ne peut plus banale. Même Ciel Phantomhive, celui qui avait le moins de chance de produire un son ressemblant à un rire, était amusé. Il regarda son compagnon blond se faire narguer et être dégoûté, trouvant cela hilarant.

- Audrey, sois gentil, dit-il finalement cinq minutes plus tard.

Embêter le blond pendant cinq minutes était trop long. Il pourrait perdre ses sens, ou autre.

- D'accord, dit le garçon aux yeux étranges, retirant enfin sa lentille de contact.

Après l'avoir mise dans sa boîte, il rangea les deux boîtes dans son sac, et sortit ses lunettes. Elles n'étaient pas particulièrement extravagantes, mais elles lui donnaient une toute autre apparence.

- Il était temps ! dit le blond. Tu t'es déjà dis que si tu ne touchais pas tes yeux, tu aurais une meilleure vue ?

- Non. Je suis juste myope, répondit le Baines.

- Eh, Trancy ! Phantomhive ! Où est Bones ? demanda une voix, interpellant les trois garçons.

Il s'agissait de Daniel, et il se dirigeait vers eux.

- On a besoin qu'il nous dise à quoi ce mur doit ressembler.

- Il est juste là ? dit le Phantomhive en pointant le garçon du doigt.

- Ouaw ! dit Daniel, faisant un pas en arrière. Je t'ai même pas reconnu, mec ! Eh, eh ! Kristopherson !

- Quoi ? demanda le garçon à la cravate rose d'un ton ferme.

Il était occupé à dessiner dans son propre cahier des idées de costumes.

- Regarde ! dit le brun en tirant Audrey du bras, le traînant à l'endroit où Kristopherson était assis. Regarde Audrey quelques secondes !

Agacé, le faux-blond ferma son cahier et regarda le garçon, les sourcils froncés, une moue sur le visage. Du moins, jusqu'à ce qu'il le regarde bien. Il écarquilla les yeux alors qu'il observait mieux son visage. Les yeux du garçon ressortaient particulièrement.

- Alors ? Est-ce que c'est ton type ? demanda Daniel, souriant narquoisement.

- C'était donc ça, dit Kristopherson, reportant son attention sur ses sketchs. Non, ce n'est pas le cas.

- Oh, sérieux ! J'ai vu ton visage s'illuminer quand tu l'as vu !

- Oui, mais ce n'est pas pour ça.

Le fils de politicien et le garçon au bonnet-crâne eurent l'air confus.

- Alors pourquoi ? demanda finalement Daniel.

- L'inspiration. Vous devrez attendre pour le savoir, dit énigmatiquement le faux-blond, et ainsi, il les ignora.

De retour du côté de Phantomhive et Trancy, le duo parlaient des yeux d'Audrey. De leur particularité. Était-ce une mutation génétique ?

- Non, ce n'est pas un mutant, dit le bleuté, réfutant la proposition.

- Alors qu'est-ce que c'est, « monsieur le grand et sage cyclope » ?

Cette remarque valut un regard au blond. Pas un regard noir, ou un regard mauvais, mais plutôt un regard confus, comme si le bleuté lui demandait ce qui n'allait pas chez lui par télépathie.

Ciel ignora le surnom après s'y être attardé quelques instants, décidant que cela n'en valait pas la peine.

- Ce sont les yeux d'un Dieu de la Mort, dit-il, seulement, Bones ne semble pas s'en rendre compte.

- Peut-être que personne ne lui a dit ?

- Es-tu en train d'insinuer que ses parents lui ont menti ?

- Précisément. Oh ! Et s'il n'était pas un Dieu de la Mort à part entière ! Ce serait logique !

- Comment, je te prie de me dire, cela serait « logique » ? demanda le Phantomhive.

Le blond haussa les épaules.

- Peut-être que c'est un bâtard. Peut-être que son parent humain s'est remarié et ne lui a jamais dit ? Cela pourrait aussi expliquer pourquoi tu n'as pas pu le sentir du premier coup.

- Ton raisonnement tiré par les cheveux est impressionnant...

- J'essaye, dit Alois avec un grand sourire.

Il reporta son attention sur le décor qu'il peignait avant d'en revenir au bleuté.

- Eh, Ciel, est-ce que tu vas également te déguiser ?

- Quoi ? Non ! Pourquoi ferais-je cela ? dit instantanément l'autre garçon avec un rougissement.

Il serait hors de question qu'il porte un costume.

- Parce que ce sera amusant, dit Alois en peignant son mur sans y réfléchir davantage.

Lorsqu'il ouvrit la bouche pour parler, l'autre garçon qui peignait avec lui l'interrompit.

- Non, je ne porterai pas de robe avec toi, dit Ciel, obtenant une moue de la part de son compagnon.

- D'accord...

Il y eut alors un long silence. Il avait la même présence qu'un invité inattendu qui restait après une fête. Qui fut celui qui mit fin au silence ? Qui des deux le fit partir ? Étonnamment, ce fut Ciel.

- Eh, Alois... dit-il, attendant que le blond le regarde.

- Quoi ? demanda le blond en faisant ce que le bleuté attendait.

Instinctivement, il ferma les yeux lorsqu'il vit un objet s'approcher de lui. Lorsqu'il les rouvrit, il sentit quelque chose de mouillé sur son nez. Regardant le bleuté, il vit que le garçon tenait un petit pinceau avec de la peinture grise pour le décor du château.

- Il y a de la peinture sur ton visage, dit-il avec un sourire narquois, l'expression d'Alois le faisant quelque peu ricaner.

Le blond toucha le bout de son nez, et il comprit ce que le Phantomhive avait fait. Il fit la tête quelques instants avant d'arborer son propre sourire espiègle. Il posa son pinceau et se rapprocha de l'autre garçon, mettant ses paumes des deux côtés de la tête du bleuté.

Il se rapprocha, fermant les yeux, et en retour, le bleuté en fit de même. Cependant, il ne reçut pas ce qu'il attendait. Non, Alois lui avait simplement donné un baisé esquimau, touchant brièvement le bout du nez du bleuté avec le sien, le contaminant avec la même substance. Une fois cela fait, il reprit sa tâche, retournant de son côté du mur qu'il peigna sans dire un mot, laissant un Ciel très confus.

- Eh, Ciel... dit-il finalement en jetant un coup d'œil vers lui. Il y a de la peinture sur ton visage.

L'autre garçon fronça les sourcils après que l'on se soit payé sa tête. Il attrapa de nouveau son pinceau et se dirigea vers le blond. Alois releva les yeux pour voir le garçon, avant de les refermer instinctivement, sentant les poils humides passer sur la zone entre sa bouche et son nez.

Avec de mouvements brefs, Ciel regarda son compagnon d'un air triomphant et admira son oeuvre.

- Joli moustache, dit-il.

C'était désormais au tour d'Alois de froncer les sourcils étant donné l'affront qu'il venait de subir.

- Comment oses-tu ?! dit-il en reprenant son pinceau. En garde, Phantomhive !

Les heures passèrent, et la fin de la journée arriva, signifiant la fin du travail jusqu'au lendemain matin. Les élèves avaient fait un bon travail ce jour-là, et la « maison hantée » commençait à prendre forme avec les fondations et la peinture. Il ne restait qu'à décorer davantage, et à rajouter des pièges. Un certain garçon d'origine Indienne s'étira en se relevant après être resté accroupi pour peindre le bas des murs, s'assurant qu'ils ne soient pas oubliés.

Il regarda une certaine paire de garçons qui devaient également peindre, pour voir à quel point ils avaient avancé, avant de se rendre compte qu'ils n'avaient pas peint le mur et qu'ils s'étaient peints. Il se mit à rire.

Alois avait un bouton gris sur le nez, une moustache en guidon grise, le mot « CON »écrit sur son front, et sa chemise était méconnaissable. Heureusement pour lui, il avait enlevé sa cravate et sa veste afin d'éviter de les tâcher, comme l'avait suggéré le Phantomhive plus tôt, ce dernier n'étant certainement pas mieux servi. Ciel avait été doté d'une « petite » moustache par le blond, un style adopté par le célèbre acteur Charlie Chaplin ainsi que le dictateur Adolf Hitler. Il avait également des moustaches de chat et le mot « CHATTE » étalé sur son front, et sa chemise n'était pas dans un meilleur état que celle du blond.

- Qu'est-ce qu'il vous est arrivé ? demanda finalement Preston.

Alois prit la parole :

- On a eu un petit « accident »...

- « Accident » c'est un peu léger, d'ailleurs, ajouta Ciel.

- Vous êtes désespérants, dit l'Indien en soupirant.

- Gentlemen, on a souvent dit que j'aimais la guerre...

- Qu'est-ce que tu racontes, Alois ?