Écrit par HateWeasel
118. Quel Type De Café ?
- Non, nous ne pouvons pas enduire les visiteurs de goudrons et plumes, dit un certain acteur à un certain démon blond.
- Pourquoi pas ?! Ce serait d'enfer ! rétorqua Alois en espérant convaincre le garçon.
- Non.
Il en fallait tant pour le faire changer d'avis. Lawrence croisa les bras pour affirmer sa décision.
- Nous ne pouvons pas les blesser, les humilier, ou les traumatiser.
- Si cela suffit à les « traumatiser », alors ce sont déjà des poules mouillés, et ils n'ont qu'à ne pas venir, répliqua le blond.
Ils essayaient de trouver des idées de pièges et de surprises qu'ils pourraient cacher dans leur « château hanté » dont la construction était achevée. Jusqu'à présent, le seul à proposer des idées était Alois Trancy, et toutes ses idées étaient atroces (certaines pouvaient mettre l'école dans l'illégalité). C'était la dernière chose dont ils avaient besoin, ensuite ils n'auraient qu'à ajouter quelques décorations pour embellir le tout, cependant, ils n'avançaient absolument pas.
- Un seau rempli d'araignées sur une petite catapulte ? demanda-t-il.
- Si ce sont de fausses araignées, cela peut être envisageable, dit Lawrence.
- D'accord...
- Nous arrivons enfin à quelque chose...
- Oh ! Oh ! Et si nous prenions une personne au hasard dans un groupe à travers un passage secret dans le mur ?! Cela leur donnerait vraiment les chocottes !
- Très bien. J'en ai assez. Écoute, et si tu allais voir ce que font les autres, dit Lawrence en se frottant les tempes.
Ce blond était vraiment quelque chose. Ils n'arriveraient à rien si Alois continuait à dire n'importe quoi.
- Oh ! Est-ce que je peux emmener Ciel avec moi ? demanda le blond en question.
- Oui, vas-y, ça m'est égal. Tant qu'il te garde loin d'ici.
C'était probablement une bonne idée, en fait. Avec toute l'agitation qui animait l'école, Alois allait forcément s'embarquer dans quelque chose à un moment ou à un autre.
Le bleuté fut donc entraîné malgré lui. Tout le monde savait que ce n'était pas ce pourquoi le blond l'avait appelé. Alois voulait simplement jouer avec lui. Mais le bleuté devait admettre que cela semblait toujours plus intéressant que d'écouter une bande d'adolescents débattre. En un éclair, le bleuté fut traîné par le bras derrière le blond alors que ce dernier partait explorer les alentours.
Puisqu'ils avaient été occupés durant la préparation de leur attraction, ils n'avaient pas eu le temps de voir la progression des autres groupes. Certains avaient déjà terminé. Il y avait surtout des stands de nourriture et de jeux de fête foraine. Les attractions les plus importantes n'étaient pas encore achevées, ce qui était plutôt dommage. Les groupes locaux et l'orchestre de Warwick allaient jouer. Il y aurait également des spectacles de magies, et des pièces de théâtre, mais les garçons rateraient tout cela étant donné qu'ils seraient à la maison hantée. Il s'agissait sans nul doute d'un des désavantages de la participation.
Ils se promenèrent dans l'école, faisant le tour des attractions à venir tout en parlant avec certaines personnes. Alois ne lâcha pas le poignet de Ciel tout du long, mais le bleuté ne s'en importuna pas. En fait, pouvoir se montrer en public avec Alois était plutôt agréable.
- Eh ! Trancy ! Phantomhive ! les interpella une voix.
Se retournant pour faire face à leur interlocuteur, les garçons découvrirent qu'ils connaissaient un tant soit peu la personne. Elle portait l'uniforme de Warwick, sans la veste et la cravate, étant donné qu'elle était en train de travailler. Elle avait les yeux marrons et des cheveux blonds sans aucun douté décolorés puisque ses racines brunes étaient visibles. Son nom était Anastasia Miles; sœur de Kristopherson Miles. Elle les regardait depuis le stand de nourriture que sa classe construisait, et elle leur fit signe de venir, ce qu'ils firent à contrecœur.
Ce stand en particulier était très propre et rangé, avec des détails méticuleux sur la pancarte, et les mouchoirs sur la table pliés à la perfection. Il était très coloré – enfin, autant qu'un stand de Halloween pouvait l'être, avec du pourpre, de l'orange, du vert, ainsi qu'une touche de noir ici et là. Il se distinguait presque complètement des autres stands, mais en y regardant de plus près, on remarquait également qu'il s'agissait du seul stand où il n'y avait que des filles.
- Qu'est-ce que vous en pensez ? demanda la Miles d'un ton amical en leur souriant.
Elle ne se comportait pas comme les dernières fois qu'ils l'avaient vue. C'en était presque perturbant.
- C'est sympa, dit Alois, à moitié sincère.
Le stand était impressionnant, mais il ne savait pas vraiment quoi en dire, tout comme le Phantomhive.
- Que préparez-vous ? demanda le bleuté, curieux à propos de l'étrange atmosphère du magasin.
- C'est un peu comme un de ces maids café Japonais, expliqua Anastasia, récoltant des regards confus de la part des garçons. On a eu l'idée en voyant un café en ville, le Hellanic Restaurant, et il est génial ! Je n'ai jamais été dans un endroit qui y ressemblait ! Bref, les serveuses dans les maids café portent des tenues de bonnes à la française et vous servent, en essayant de recréer l'impression d'être servi par une authentique bonne.
- Alors c'est un commerce fétichiste ? demanda le blond, se faisant frapper aux côtes par son partenaire bleuté qui parla à son tour.
- Pourquoi voulez-vous faire cela ? La plupart des gens ici ont des bonnes chez eux.
- Oui, mais nous n'avons pas que des bonnes. Il y a aussi des sorcières et d'autres montres, dit la fille pour justifier cette étrange idée.
- Je me répète mais, un commerce fétichiste ? demanda à nouveau Alois.
- Ne sois pas stupide ! L'administration ne nous laisserait jamais faire une chose pareille !
Oui, elle était bel et bien la sœur de Kristopherson.
- Donc si je comprends bien, s'ils te laissaient, tu le ferais ?!
La fille se frotta le front, réalisant dans quoi elle s'était fourrée. Soupirant, elle regarda Ciel et dit :
- Honnêtement, je ne comprendrais jamais ce que toi ou Kris voyaient chez lui...
Le bleuté haussa les épaules.
- Parfois, je me le demande aussi.
- Mon physique ravageur et ma personnalité charmante ? suggéra le Trancy.
- Tout ce qui te fait plaisir, Trancy, dit Anastasia avant de se souvenir de quelque chose. Oh ! Tu étais très populaire au concours de talent l'année dernière, pas vrai ?
- Oui, et j'aurais gagné si le proviseur ne manquait pas autant d'humour, dit Alois en ricanant.
- Alors pourquoi ne pas travailler au café quelque temps ? Je suis sûre que tu ferais fureur.
- Garçon ou fille, je suis toujours bien ! dit Alois. Pas vrai, Ciel ?
Il lui adressa un sourire narquois, le faisant grogner et détourner le regard. Le blond gloussa et reprit :
- Si je ne suis pas trop occupé avec la Maison Hantée, j'essayerai.
- Ah oui, j'avais oublié ça, dit la fille. Kris se démène pour faire les costumes pour ça et le café.
- Peut-il réellement tout faire ? demanda le bleuté. Et que se passera-t-il lorsqu'il aura terminé de les concevoir ?
- Aucun problème. Les filles ont accepté de les faire après qu'il nous ait donné les croquis et les patrons. On est aussi censé faire les costumes de la maison hantée, dit Anastasia. Allez, Alois, je parie qu'il serait ravi de te confectionner une robe !
- Seulement s'il accepte de me couvrir, dit le blond. Mes régions vitales doivent rester protégées.
- Je n'oublierai pas de lui dire, dit la fille avec un grand sourire.
Une autre voix retentit alors.
- Eh, Anna, à qui tu parles ? demanda une autre fille, occupée à mettre en place des lumières.
- Alois et Ciel ! répondit-elle, se détournant du duo un moment.
- Nan ! Sérieux ? demanda une autre fille alors que davantage de filles accoururent pour voir les deux garçons.
Elles souriaient et gloussaient en les observant, ce qui ne faisait que les rendre confus. Ils ne savaient pas vraiment comment réagir face à toute cette attention. Ils ne savaient même pas pourquoi elles étaient venues. Tout ce qu'ils savaient, c'était que toutes ces filles s'étaient précipitées vers eux après avoir entendu leurs noms. Pourquoi donc, c'était un mystère – du moins, jusqu'à ce qu'une des filles le dise.
- Aw ! Ils sont tellement mignons ensembles !
Pardon ? Le bleuté s'empourpra. Il prit la main d'Alois, alors qu'il se préparait à fuir. Il commença à contracter les muscles de ses jambes, et resserra sa prise sur la main de l'autre garçon tandis que les filles continuaient à glousser et dirent à quel point ils étaient « mignons ». Finalement, elles le dirent une fois de trop et il tira soudainement le bras du blond pour l'emmener loin d'ici, ce qui fit glousser davantage leur public.
Le bleuté avait l'impression d'avoir le visage en feu alors qu'il guidait l'autre garçon vers une autre partie de l'école, loin de ces filles. Il ne se souvenait pas de la dernière fois où il avait été aussi embarrassé. Il était embarrassé lorsqu'Alois faisait des farces, mais il y était préparé généralement. Finalement, il s'arrêta une fois qu'ils furent assez loin des étranges créatures. Peut-être était-ce l'une des raisons pour lesquelles il avait choisi de ne pas sortir avec une fille. Il ne les comprenait pas.
- Que vient-il de se passer ? demanda-t-il finalement à voix haute.
Il posait en partie la question à Alois, à lui-même, et en fait, à personne en particulier.
- 'Sais pas, répondit le blond. Peut-être que c'était des... oh, comment on les appelle ? « Filles à pédés » ?
- « Filles à pédés » ? répéta le bleuté regardant curieusement le garçon.
- Tu sais, des filles qui « adorent les gays », ou quelque chose comme ça ? essaya d'expliquer Alois.
- Je pensais que tu n'étais pas « gay » ? plaisanta Ciel. Et ta « bisexualité » ?
- Je suis « Ciel-sexuel ».
- Je me sens honoré.
- Tu devrais l'être. Mais es-tu certain que tu ne fuyais pas juste pour pouvoir tenir ma main ? le taquina Alois, faisant remarquer le fait que le bleuté n'avait toujours pas lâcher sa main.
Ciel n'était vraiment pas du genre à initier ce type de contacts aussi nonchalamment. Il se mit alors à rougir de plus bel. Il se racla la gorge avant de prendre la parole.
- N'est-il pas normal de vouloir tenir la main de mon petit ami ? se justifia-t-il.
Alois cligna des yeux un moment avant de sourire de son habituel sourire niais. Il se tint au bras du bleuté.
- Évidemment ! Mais tu hésites tellement d'habitude.
- Eh bien, tu pourrais faire le premier pas aussi, tu sais, dit Ciel.
- Oui, mais comme tu tiens tellement à être « l'homme » dans cette relation, je me disais que je te laisserai faire, répondit le blond alors qu'ils se mirent à marcher. À moins que tu veuilles que je le fasse, bien sûr...
- Non, dit fermement le bleuté.
- Oh, allez !
- Je refuse d'être « la fille », Alois.
- Tu sais où tu peux te la mettre ta fierté ? dit le blond en faisant la moue.
Le bleuté répondit avec un sourire narquois.
- Au moins c'est la seule chose dans mon derrière.
- Je te ferai savoir que dans ce corps, je suis complètement vierge ! dit Alois sur la défensive.
Il marqua une pause, repensant à sa phrase.
- À moins, évidemment, que tu veuilles...
Alois n'eut même pas à finir sa phrase. Il gloussa en voyant le visage de l'autre garçon devenir rouge, alors que ce dernier s'étouffait presque avec sa salive. Oh, si ces filles avaient entendu cela, elles deviendraient hystériques...
