Écrit par HateWeasel
120. Une Bataille d'Honneur.
CLANG !
Le bruit de métal contre métal retentit à travers le château alors que les visiteurs s'y aventuraient. Les élèves et les visiteurs criaient dès qu'ils étaient surpris par les divers pièges qui s'y trouvaient, tel que des bras sortant de tableaux secrètement reliés aux coulisses par le décor, alors que les acteurs essayaient de les attraper sans prévenir. Des personnages sortaient de nulle part en criant et en hurlant, feignant d'attaquer afin d'effrayer les visiteurs.
Il y avait également des pièges plus élaborés, comme en remplaçant le bois dur du sol par de la moquette après un certain temps, le tout dissimulé par du brouillard. La texture étrange et non-identifiée donnait une désagréable impression. Dans les parties les plus sordides, la constitution du sol n'était pas modifiée mais une substance gluante était ajoutée afin de perturber le public, les mettant encore plus sur leur garde. D'autres « pièges élaborés » impliquaient le son, certains endroits étaient silencieux, tandis que d'autres étaient plongés dans un brouhaha. Le vacarme était particulièrement efficace lorsque les visiteurs ne pouvaient pas voir d'où il venait. Certaines pièces étaient vides, pourtant des gémissements et des grognements atroces semblaient provenir des murs, comme si les fantômes tentaient de communiquer indirectement.
CLANG !
Le bruit de métal contre métal était audible alors que les visiteurs se rapprochaient d'une certaine salle. « Clang ! Clang ! Clang ! Clang ! », le bruit n'avait de cesse de continuer tandis que les ombres de deux « fantômes » dansaient le long du mur en maniant leurs épées, piégés dans un combat sans fin.
Lorsqu'ils entrèrent enfin dans la pièce, les visiteurs qui étaient des élèves de Warwick soupirèrent de soulagement en reconnaissant les deux combattants, un garçon en bleu et un garçon en violet, Ciel Phantomhive et Alois Trancy. Ils étaient très convaincants alors qu'ils revêtaient d'authentiques vêtements de l'ère Victorienne, tâchés de sang aux endroits les plus probables, leurs visages inclus. Ce « sang » coulait le long de la bouche du blond et du cache-œil du bleuté, ils étaient également pâles, de sombres cercles sous leurs yeux. Le même faux sang qui tâchait leurs vêtements recouvrait le sol, mais il y avait une raison expliquant cela, qui sera revue en détail plus tard.
CLANG !
Le son retentit lorsqu'ils croisèrent le fer avec leurs fausses épées, essayant chacun de surpasser l'autre. Ils étaient plutôt enthousiastes, ayant choisi de voir cela comme un duel similaire aux « Batailles de Nerf À Mort » auxquelles ils s'adonnaient chez eux, à la place d'un réel affrontement comme celui que Kristopherson avait lu dans le journal du manoir Trancy.
Oui, le journal – Il appartenait apparemment à un certain Claude Faustus qui aurait autrefois été au service des Trancy à la fin du XIXème siècle. Le journal narrait le quotidien du majordome et l'atroce passé que le jeune maître avait vécu, cela incluant l'invocation d'un démon par ce dernier, menant à un duel entre le jeune maître des Trancy et le jeune maître des Phantomhive, la trahison du majordome envers le garçon, et les quelques jours qui suivirent, avant que le journal s'arrête brusquement. Le reste du petit livre était resté blanc après les pages relatant l'histoire de ces jours. Le destin de ce monsieur Faustus n'était pas indiqué, mais celui du jeune Trancy, ou plutôt, Jim Macken semblait assez clair.
Jim Macken avait été mortellement blessé par le Phantomhive, ce dernier l'achevant presque une fois cela fait. Le garçon avait rassemblé le peu de ses forces pour prendre une calèche afin de partir à la rencontre de son adversaire pour une raison inconnue, avant que le véhicule ait un accident, envoyant le garçon dans les bois où sa tête fut broyée par Claude Faustus. Oui, tout cela était dans le journal. Claude Faustus était clairement un fou qui pensait être un démon, et qui avait assassiné son maître avant d'être attrapé par la police quelques jours plus tard, et cela expliquait pourquoi le fantôme de Jim Macken hantait toujours les lieux aujourd'hui. Du moins, c'était ce en quoi Kristopherson croyait en se basant sur ce peu de connaissances des événements et le concept de la réalité.
Le pauvre garçon de l'histoire était bel et bien vivant, juste sous le nez du faux-blond alors qu'il rejouait sa descente aux Enfers. Son épée heurta celle de son adversaire lors d'une innocente querelle vaguement basée sur ce jour-là. Sauf que cette fois, « Alois Trancy » « mourrait » devant les visiteurs qui se faisaient piéger dans une fausse impression de sécurité en voyant des visages familiers.
Les garçons luttèrent pendant quelques minutes, observant l'expression des spectateurs du coin de l'œil. Lorsqu'ils eurent l'air relaxés, Alois chancela, laissant le bleuté prendre le dessus et l'empaler à l'estomac. Les témoins furent choqués en voyant son sang tacher la lame. Le Phantomhive retira l'épée de l'abdomen de son opposant et le blond s'écroula, tenant sa blessure tout en gémissant de douleur au sol. Ciel sourit en délivrant le coup final, poignardant l'autre garçon dans le dos alors qu'il se tortillait de douleur. Alois s'arrêta de bouger, et Ciel se tourna vers l'assistance, arborant un rictus empli de satisfaction. Son expression suffisait à renvoyer une sorte de malice qui semblait n'exister que dans les pires cauchemars. Il se dirigea vers eux, relevant l'épée pour se préparer à frapper, lorsqu'ils fuirent.
Il ricana légèrement lorsqu'ils partirent, avant de se retourner vers son compagnon.
- C'est bon, Alois. Ils sont partis, dit-il avec un petit sourire.
Il offrit une main à l'autre garçon au cas où il aurait besoin d'aide pour se relever.
- Enfin, dit Alois en attrapant sa main.
Il retira un petit sac en plastique couvert de rouge avant de le jeter dans une poubelle non loin. Il remplaça le sac par un nouveau qui se trouvait derrière une étagère, rempli du faux sang qui coulerait lorsqu'il serait à nouveau poignardé par la fausse épée, donnant l'impression d'être blessé. Le sol en était déjà recouvert, étant donné qu'ils n'avaient pas eu le temps de nettoyer entre les performances.
- Tu vas finir par en être recouvert lorsque l'on aura fini, dit le bleuté.
- C'est déjà le cas ! Ça va probablement devenir rose avec le temps... dit le blond en soupirant.
Il ne voulait pas être rose. Le rose était la couleur de Kristopherson. De plus, le bleuté allait être sans pitié pour le taquiner à propos de cela.
- Cela finira par partir au lavage, et puis, si tu ne portais pas ces minis-short, personne ne saurait, dit Ciel en pointant du doigt l'énorme quantité de rouge sur le vêtement du garçon.
- Ce ne sont pas des « minis-shorts » ! Ils s'arrêtent après la moitié de mes cuisses !
- Et ça n'en fait pas des « minis-shorts » ?
- Évidemment. Et ne prétend pas ne pas aimer mes jambes.
Ciel roula de l'œil à la stupidité du blond, et il rougit quant à la dernière partie de sa phrase.
- Peu importe, dit-il. À quelle heure en aurons-nous terminé ?
- Je pense que c'est à onze heures ou quelque chose comme ça.
Ils grognèrent tous les deux. Ils faisaient la même chose depuis plusieurs heures maintenant, et ils voulaient faire un tour dans le festival. C'était peut-être l'une des pires parties dans la participation du projet : rater le festival.
- C'est bien trop redondant, dit le bleuté en se frottant le front.
- Tu veux dire « ennuyeux » ? Ouais, assez, répondit Alois. Mais ces jeux de batailles sont plutôt amusants, non ?
- Un peu, j'imagine. Même si j'aime beaucoup gagner, ce n'est pas vraiment amusant lorsque tout est scripté.
- Alors tu veux une défaite ? dit Alois avec un sourire narquois.
- Non, si les choses pouvaient se corser ce ne serait pas trop demander, répondit Ciel avec son propre sourire narquois.
- D'accord ! Pas de retenu, dans ce cas ! En garde ! cria le blond en s'avançant vers son adversaire.
- Allez ! cria à son tour le bleuté, bloquant l'attaque du blond avec son épée avant de charger.
La menace blonde évita l'assaut avant de viser l'ouverture du bleuté, ratant malencontreusement. Maintenant il était celui qui laissait une ouverture. Ciel en profita pour ajuster sa position et s'élança vers le blond, ce dernier sautant pour l'éviter. Il semblerait qu'il ait à nouveau sous-estimé le garçon.
La dernière fois qu'ils avaient réellement croisés le fer, Ciel avait la connaissance et l'entraînement dans l'art du duel, alors qu'Alois ne faisait que « remuer » son arme comme il le faisait actuellement. La dernière fois, le blond avait eu une force supérieure gagnée durant ses nombreuses années passées à vivre dans la rue, ce qui lui avait permis d'infliger de puissantes attaques à son adversaire physiquement plus faible, mais à présent il n'avait même plus cet avantage. Le blond était le plus faible désormais, en tant que « plus jeune » démon. Cela, ainsi que l'entraînement de Ciel faisait de lui un adversaire redoutable.
Il maniait la fausse épée avec frénésie, espérant toucher son opposant par chance. Peut-être que s'il arrivait à garder cette cadence, il pourrait simplement épuiser le bleuté. Il chargea, attaqua, garda, le tout de manière désorganisée. Dans le passé, ce genre d'attaques imprévisibles avaient presque toujours fonctionné que ce soit dans un combat physique ou mental. Que l'on manque de l'un ou de l'autre, l'imprévisibilité pouvait mener à la victoire. L'adversaire ne pouvait pas avoir le dessus s'il n'était pas en mesure de prévoir les mouvements de son opposant, non ?
Finalement, il sembla qu'il puisse surpasser le bleuté. Le garçon s'était laissé distraire par l'arrivée de visiteurs dans la pièce et il avait involontairement baissé sa garde. Alois, cependant, ne les avait absolument pas vu et il profita de ce moment de faiblesse pour lancer une attaque directe vers le torse du garçon lorsque Ciel esquiva. Il évita l'attaque et s'élança, donnant un coup de tête contre le torse du blond et le faisant tomber avec un « ouf ».
Lorsqu'il toucha le sol, le Trancy fronça les sourcils et tenta de reprendre l'épée qu'il avait lâché quand le bleuté l'avait frappé avec sa curieuse et stupide attaque. Il s'arrêta lorsqu'il vit le public les regarder. Depuis quand étaient-ils là ?
Sa confusion prit fin alors qu'il sentit un coup familier sur son flanc tandis que Ciel profita de la distraction du blond pour perforer la poche de sang cachée dans ses vêtements. À ce moment-là, il réalisa qu'ils devaient encore finir le spectacle. Il grogna et se tortilla, attrapant la lame en jouant le mourant lorsque le bleuté la retira. Ciel alla ensuite comme les fois précédentes effrayer la foule, les chassant avec son épée ensanglantée.
Lorsqu'ils furent partis, le blond se moqua de la supposée victoire de son compagnon.
- Tu as seulement gagné parce que nous devions finir la performance, dit-il à Ciel en se relevant, remettant son costume en place.
- Oui, c'est à cause de cela, dit le bleuté. Tu aurais très bien pu attraper l'épée qui a pratiquement volée à travers la pièce, te relever, et m'empaler.
- Le sarcasme ne te va pas, dit le blond en fronçant les sourcils.
- Désolé, dit Ciel, ne se débarrassant pas de la satisfaction présente sur son visage. Alors quelle heure est-il maintenant ?
Alois sortit la montre de poche qui était précieusement gardée dans une poche de son costume et il la regarda.
- Dix heures cinquante, répondit-il, lâchant son épée.
Ciel en fit de même et se dirigea vers le blond.
- Je dirai que c'est assez proche. Et si nous allions nous changer ? demanda-t-il en sortant un mouchoir pour essuyer le maquillage de son visage.
- Je suis d'accord. D'ailleurs, c'est froid et humide, répondit le blond en parlant du faux sang qui avait imbibé ses vêtements durant les prestations. C'est glacé, bordel !
- Quel dommage. Et la seule chose que tu puisses mettre c'est ton mini-short.
- Est-ce que je dois encore t'expliquer que ce n'est pas un « mini-short » ? Mi. Cuisse.
- Tout ce qui te fait plaisir.
- Va chier.
- Je t'aime aussi, muffin, dit Ciel d'un ton railleur alors qu'il partait vers les coulisses.
Il remporta un regard embarrassé de la part du blond. Il n'avait pas seulement été battu, le bleuté se moquait également de lui ! Il accourut derrière le garçon et cria :
- VA TE FAIRE FOUTRE !
