Écrit par HateWeasel

121. Un Paquet De Jeux.

Le festival semblait commencer à fermer pour ce soir, mais les garçons avaient encore à peu près plus d'une heure pour en profiter. Ils se changèrent rapidement pour ne pas perdre davantage de temps. En se changeant, le blond fronça les sourcils en découvrant que son inquiétude s'était réalisée. La teinture rouge du faux sang l'avait rendu rose.

Rose. Le rose était la couleur de Kristopherson. Sa « blessure » avait « saigné » durant la soirée, coulant non seulement le long de son abdomen, mais également sur ses cuisses, changeant la peau qui était visible entre ses bas et son mini-short d'un pâle ivoire à une teinte rosée. Cependant, le t-shirt qu'il avait choisi de porter détournait assez l'attention de la couleur, avec son magnifique slogan.

- « Sacré Salope » ? dit le bleuté à haute voix.

Il leva un sourcil en lisant la phrase.

- Hein ? Oh, ouais. Daniel me l'a donné, répondit le blond d'une manière un peu embarrassée.
Il avait trouvé le t-shirt amusant lorsqu'il l'avait vu, mais le porter était un peu embarrassant, bien qu'il ne l'admettrait jamais.

- Ce n'est pas étonnant.

Ciel roula de l'œil. C'était bien quelque chose que le fils de politicien ferait comme farce.

- Pourquoi te l'a-t-il donné, d'ailleurs ? Son père ne le trouvait-il pas « fantastique » ?

- On parlait d'anniversaire, et je lui ai dit que le mien était le mois prochain, alors il m'a offert ça pour « ne pas oublier », dit Alois en prenant la main de l'autre garçon alors qu'ils s'éloignaient de la maison hantée, à la recherche de quelque chose de palpitant.

L'explication du blond, cependant, prit Ciel par surprise.

- C'est ton anniversaire le mois prochain ? demanda-t-il, espérant que l'autre garçon ne lui en veuille pas de ne pas savoir.

Le sujet n'était jamais venu, alors il n'avait jamais pensé à demander.

- Oui. C'est le cinq, répondit le blond.

Il n'était pas du tout vexé. En fait, cela ne semblait pas vraiment l'intéresser. Il était occupé à admirer les décors.

- Je suis un scorpiooon ! ajouta-t-il, pinçant le bras du bleuté avec sa main libre pour le « piquer » d'une manière joueuse.

- Oh... dit le bleuté. Je ne savais pas...

- Ce n'est pas grave. J'connais pas le tien non plus, alors nous sommes quittes.

Soudainement, les yeux du blond brillèrent lorsque quelque chose attira son attention.

- Ciel ! Ciel ! Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-il en tirant le bras du garçon afin d'avoir son attention tout en pointant quelque chose du doigt.

Il s'agissait d'un petit stand de jeu avec des prix à gagner. Des peluches d'animaux au thème de Halloween et d'autres choses étaient disposées sur les murs de l'intérieur du stand, sauf sur celui du fond, contre lequel était installé une table avec des bouteilles empilées les unes sur les autres. Oui, le « chamboule tout ». Un classique. Ce jeu était évidemment truqué, comme la plupart des jeux de festivals et de fêtes foraines. Les bouteilles n'étaient pas en verres, elles étaient généralement d'une sorte de résine beaucoup trop dure à renverser, mais Alois ne le savait pas, et il accourut vers le stand avant que Ciel puisse le prévenir. Soit il l'apprendrait de la manière difficile, soit il devrait être emmené loin du stand, jurant sans interruption. Le bleuté espérait que ce ne serait pas le deuxième cas.

- Bienvenue ! dit le garçon du stand.

Il semblait être plus âgé, et il s'exprimait poliment afin d'attirer des clients.

- Trois balles pour cinq livres, renversez les bouteilles et gagnez un prix. Qu'en pensez-vous ? demanda-t-il d'une manière un peu trop amicale.

Le blond regarda le bleuté, ses yeux scintillant presque alors qu'il demandait silencieusement la permission de jouer. Ciel était celui qui avait l'argent, après tout. À contrecœur, son compagnon roula de l'œil et sortit son portefeuille, payant l'arnaqueur. On pouvait dire qu'il ne préparait rien de bon juste en le regardant.

Alois reçut ses munitions et prit l'une des sphères avant de rétracter son bras en arrière et de la jeter, faisant légèrement bouger l'une des bouteilles. Il n'était pas très content de ce résultat. Il pouvait entendre le vendeur ricaner, et il sourit narquoisement.

Le bleuté connaissait ce regard. Alois avait compris. Le blond avait encore deux lancers, et il allait les utiliser à bon escient. En fait, il n'en avait réellement besoin que d'un. Ciel arbora un petit sourire espiègle à son tour, réalisant ce que le garçon allait faire. C'était un abus de pouvoir, mais ce serait amusant de voir la réaction de l'escroc.

Une fois de plus, Alois mit son bras en arrière et relâcha la balle, l'envoyant s'écraser contre les bouteilles à une vitesse phénoménale. On ne put pas apercevoir le projectile. On ne vit que les bouteilles tomber et la marque laissée dans le bois à cause de l'impact. Le sourire du blond se transforma en sourire triomphant, alors que celui condescendant du vendeur se changea en surprise.

- Tu vois, Ciel ? dit le blond à son compagnon. Je pourrais être un bon lanceur.

- Dans tes rêves ! dit l'autre garçon, prenant la dernière balle du blond pour l'envoyer contre une autre pile de bouteilles, les renversant d'une manière similaire.

Il adressa un regard satisfait au blond avant de se tourner vers le vendeur.

- « Trois balles pour cinq livres, renversez les bouteilles, gagnez un prix ! », répéta-t-il.

- Ouais, on a tous les deux renversés deux piles de bouteilles avec les trois balles, alors ne devrions-nous pas tous les deux gagner un prix ? demanda innocemment le blond.

L'aîné se frotta le front et acquiesça, laissant les deux garçons prendre un prix. Ordinairement, Alois aurait pris une peluche, mais pas cette fois. Pas après que Ciel ait pris le sien. Le bleuté avait choisi un yo-yo, et fasciné par l'objet, le blond avait également voulu en avoir un.

Alors que Ciel était en mesure de comprendre l'utilisation de l'énergie rotationnelle du jouet, hélas, ce n'était pas le cas du blond. Il n'arrivait simplement pas à comprendre comment l'invention ultramoderne des années 1920 marchait. Il tenta de copier le mouvement de poignet du bleuté, mais rata à chaque fois. Quel stupide jouet.

Quoi qu'il en soit, il avait ses chances au prochain stand, alors qu'ils gagnaient sans cesse. Ils ne trichaient pas, cependant. Non, les jeux demandaient une certaine dextérité, pas vrai ? Les garçons avaient simplement les « compétences naturelles » pour jouer aux jeux, et ils passèrent un bon moment.

Lorsque le festival ferma, pour ce jour-là, ils avaient des prix pleins les bras. Ils avaient même du mal à les porter. Bien que le bleuté ne gaspillerait normalement pas d'argent pour des divertissements aussi « ridicules » ou « inutiles », cela en valait la peine. Le blond arrivait d'une manière ou d'une autre à faire ressortir l'enfant qui était en Ciel.

Lorsqu'ils arrivèrent à la voiture, l'homme derrière le volant eut l'air surpris, mais cela changea rapidement en amusement.

- Vous êtes-vous bien amusé, jeune maître ? demanda Sebastian, souriant alors qu'il réussit d'une certaine façon à tout faire rentrer dans le véhicule.

Ciel tenta immédiatement de se reprendre en mains. Il était étrange. C'était comme s'il avait peur que l'homme se moque de lui parce qu'il se comportait de manière enfantine. Il se racla la gorge et dit simplement:

- J'imagine.

Son compagnon ne put s'empêcher de glousser. Le sens de la fierté bien présent chez le bleuté était presque drôle, parfois.

- On a effrayé des gens, mangé de la malbouffe, et joué à un paquet de jeux, je dirais que c'était plutôt amusant, dit Alois en adressant un pouce en l'air à l'homme vêtu de noir.

Sebastian regarda le blond dans le rétroviseur et demanda :

- À quoi correspond « un paquet », Alois ?

- Eh bien, je pense que ça dépend de la taille du paquet, Sebastian, répondit le blond plutôt sérieusement, ce qui fit pouffer de rire le bleuté à côté de lui alors qu'il se retenait de rire.

Sebastian ricana alors qu'il reportait son attention sur la route. Le premier jour du festival était désormais terminé, et il restait deux jours de plus...