Écrit par HateWeasel

130. Grell Aime Les Calembours.

La foule était euphorique, acclamant et encourageant leur équipe de chaque côté du stade, mais le brouhaha ne sembla pas être entendu par le bleuté. Non, Ciel Phantomhive était trop préoccupé par les deux visages familiers qu'il avait aperçus dans la foule. Grell Sutcliffe et Ronald Knox, deux Dieux de la Mort en chair et en os. Que pouvaient-ils bien faire à un match de rugby ?

Il doutait qu'ils soient là pour le match en lui-même. Non, il était impossible que Grell Sutcliffe soit surpris à un match de rugby si ce n'était pas pour le travail. Il y allait sans aucun doute avoir des morts dans ce stade, et à en juger par le fait que le Centre des Dieux de la Mort avait envoyé deux Dieux de la Mort au lieu d'un, il y allait avoir beaucoup de victimes. Le Phantomhive savait qu'il devait d'une manière ou d'une autre s'approcher du duo mortel, et le plus discrètement possible. Il devait découvrir pourquoi ils étaient ici, et ce qui allait arriver. Normalement, cela ne le concernait pas, mais si Sir Hellsing apprenait qu'il avait été présent mais qu'il n'avait rien fait pour y mettre un terme, elle insisterait pour décorer son mur avec la tête du garçon. De plus, ses amis étaient ici et il s'inquiétait pour leur sécurité. Oui, Ciel Phantomhive pouvait se faire du soucis pour la vie des autres, surtout celle du blond assis à côté de lui. Bien qu'Alois soit un démon, cela ne changeait rien au fait qu'il pouvait mourir.

Le bleuté fut tiré hors de ses pensées par la main dudit blond sur son épaule, requérant son attention. Ciel détourna le regard des Dieux de la Mort un moment pour le regarder. Le blond l'observait d'un air confus et inquiet.

- Tout va bien ? demanda-t-il.

- Non, répondit Ciel.

Tenter d'embellir la situation ne ferait qu'empirer les choses, alors il décida de tout dire à son compagnon.

- Il y a deux hommes assis derrière nous. Ce sont des Dieux de la Mort.

Alois se retourna afin d'essayer de voir les deux individus dont il parlait. Il les reconnut immédiatement, enfin, l'un d'eux. Comment pourrait-il oublier ? Il se souvenait avoir vu l'homme aux longs cheveux rouges le jour de sa mort. Il était apparu à l'intérieur de sa calèche et l'avait fait s'écraser. Alois n'avait pas été tué par ce lunatique seulement parce que Claude lui avait fait manger les pissenlits par la racine en premier. Comment pourrait-il oublier ?

À en juger par l'expression sur son visage, Ciel comprit sans trop de mal que le blond les avait déjà rencontrés. Il ne s'attarda pas plus sur les détails de cette rencontre, et lui demanda un service à la place.

- Peux-tu distraire les autres pendant que je vais leur parler ? demanda-t-il.

- Leur parler ?! Pourquoi ?! demanda le blond.

- Si deux Dieux de la Mort sont ici, cela veut dire qu'un grand nombre de personnes vont mourir ce soir. Je dois savoir pourquoi, et tenter d'y mettre un terme. S'il te plaît ?

Oh. Ciel Phantomhive venait d'utiliser le « mot magique ». Maintenant Alois savait qu'il ne plaisantait pas. Soupirant, il répondit :

- C'est d'accord. Mais devrais-je prévenir Audrey ?

- Je pense. Il pourrait t'aider à détourner l'attention des autres, dit le bleuté. Lorsque j'en aurai fini avec eux, tu devras venir me rejoindre. Ainsi, Audrey pourra les garder occupé pendant que nous trouvons la menace.

- Oui, oui, « Petit Capitaine », dit le blond avec un sourire narquois, faisant froncer les sourcils de l'autre.

Puis, le bleuté sourit à son tour de manière espiègle.

- Merci, « Jimmy », dit-il avant de se lever.

Il comptait feindre un tour aux toilettes, alors qu'il se frayait un chemin vers les Dieux de la Mort. Fronçant les sourcils, le blond rougit légèrement après avoir été appelé « Jimmy ». Personne ne l'appelait « Jimmy ». Personne. Il était trop tard pour rectifier le bleuté désormais, il était déjà bien trop loin pour l'entendre sans qu'il ait à crier de toutes ses forces pour se faire entendre par-dessus la foule.

- Où va Phantomhive ? demanda Audrey au démon blond, remarquant que le bleuté s'était levé et avait quitté le groupe.

Les autres garçons regardèrent également ledit blond, se rendant enfin compte de l'absence du garçon.

- Il est allé aux toilettes, répondit Alois.

Daniel et Travis ne remirent pas en question la véracité de cette affirmation. C'était tout à fait plausible, non ? Ils reportèrent leur attention sur le jeu. Audrey, cependant, était loin d'être convaincu. Il se rapprocha du blond afin de pouvoir lui parler sans être entendu par les autres.

- Pourquoi est-il réellement parti ? demanda-t-il.

- Justement, c'est ce dont Ciel et moi parlions un peu plus tôt... commença le blond.

Il mit le Baines au parfum sur ce qu'il savait de la situation, tandis que le Phantomhive se rapprochait des Dieux de la Mort. Nonchalamment, il s'assit à côté d'eux, attirant instantanément l'attention de celui en rouge.

- Stucliffe, dit-il en guise de salutation.

- Tiens, si ce n'est pas cet empoté de Phantomhive ! dit l'homme avec un sourire denté, faisant sautiller le sourcil du garçon. Alors qu'est-ce qui t'amène ici ? Oh ! Si tu es là, je parie que ton beau majordome est aussi dans les parages ! Où est-il ?

Grell Stucliffe n'avait pas changé d'un poil. Il continuait sa recherche d'hommes.

- Il n'est pas là, répondit le garçon, perdant automatiquement l'intérêt de l'homme aux dents de requin.

- Alors que veux-tu ? demanda Grell.

Toutes traces de politesse avaient disparu, ce qui eut pour effet d'irriter le bleuté.

- Je veux savoir pourquoi vous êtes ici, répondit Ciel en faisant semblant de regarder le match.

- Pour le travail, évidemment, répondit le Dieu de la Mort, s'étirant les épaules. Ces sièges de stades semblaient être inconfortables pour tout le monde. Tu penses que je viendrai ici pour m'amuser ? On ne me prendra pas à assister à quelque chose d'aussi stupide pour une autre raison !

C'était précisément ce que le garçon avait suspecté.

- Puisque vous êtes deux, j'imagine que c'est une grosse affaire.

Il se rappelait avoir rencontré l'autre Dieu de la Mort par le passé, mais il n'arrivait pas à se souvenir de son nom. Il savait qu'il était celui avec la tondeuse, cependant.

- Et comment ! dit l'homme. Sais-tu à quel point il nous a été difficile de faire rentrer nos Faux de la Mort ? Nous avons été obligé de les cacher dans le maudit placard du concierge ! Ah ! Je me sens si nu sans elle !

Alors ça, c'était une image dont le garçon n'avait pas besoin.

- Cela m'a l'air problématique. Qu'y a-t-il de si gros ici qui puisse nécessiter la présence de deux Dieux de la Mort ? demanda-t-il.

Grell remua son doigt devant son visage et claqua de la langue.

- Bien tenté, gamin. Révéler des informations sur la mort d'une personne est contre le règlement. Je ne veux pas que l'on me reprenne ma précieuse Faux de la Mort à nouveau ! dit-il, n'aidant pas Ciel. Mais je vais te donner un indice : la fin du jeu sera un véritable feu d'artifice !

Ciel écarquilla l'œil et le détourna du terrain pour regarder l'homme.

- Une bombe ?!

- Oh, tu n'es pas drôle. J'espérais que tu aurais plus de mal à trouver !

- Eh ! Arrêtez d'en parler ! dit le demi-roux à côté de Grell en remarquant enfin la présence du bleuté auquel il n'avait pas fait attention à cause du match. Je ne veux pas qu'on prenne ma Faux à cause de vous !

- Du calme, Ronny. Tout ira bien ! Je ne lui ai rien dit d'important ! protesta l'autre homme. Une minute, où est-il passé ?

Le garçon avait disparu, parti chercher un explosif. Il émit l'hypothèse que l'engin devait être loin des Dieux de la Mort, alors ses amis étaient plus ou moins en sécurité là où ils étaient. Il sortit son téléphone et envoya rapidement un message.

C'est une bombe. Assure-toi qu'Audrey distrait les autres,
et viens m'aider à la trouver. Les autres sont plus en sécurité là où ils sont actuellement,
alors il doit se débrouiller pour qu'ils ne bougent pas de leur place.
-CP

Alois reçut le message en sortant son propre téléphone pour le lire. Le blond envoya une réponse, confirmant qu'il avait bien reçu les instructions et il se tourna vers Audrey.

- Occupe les autres ici, dit-il en se levant.

- Attends, pourquoi ? Que se passe-t-il ? demanda Bones.

Le blond se pencha pour parler aussi bas que possible au garçon.

- C'est une bombe. Vous êtes plus en sécurité ici.

Et ainsi, il partit sans en dire davantage, laissant Bones bouché bée, incapable de croire ce qu'il venait d'entendre.

Une bombe ? À Warwick ? Dans ce stade ? Ça en faisait beaucoup. Néanmoins, il avait une mission, et la vie de ses nouveaux amis dépendaient de lui. Audrey regarda les autres garçons qui étaient en train d'acclamer leur équipe qui venait de marquer, Daniel était debout et criait de toutes ses forces, et Travis applaudissait tout en souriant sans dire un mot. Ils n'avaient pas semblé remarquer que le blond était parti, ce qui calma quelque peu son anxiété, mais cela ne suffit pas à faire disparaître son sentiment de terreur en sachant qu'il y avait une bombe. Il regarda les alentours du stade, essayant de deviner où la bombe pourrait bien être, ce qui le rendait encore plus anxieux.

Et si le duo de démons se trompait, et qu'ils n'étaient pas vraiment en sécurité ? Et s'ils n'arrivaient pas à retirer la bombe ? Et si la bombe explosait là où se trouvait Kristopherson ?

La dernière possibilité lui faisait le plus peur, étant donné qu'elle était la plus probable. Il balaya de nouveau le stade du regard, regardant derrière lui cette fois-ci pour tenter de localiser les soi-disant « Dieux de la Mort » dont lui avait parlé le blond. Son regard tomba instantanément sur une paire qui sortait de la masse, un homme avec de courts cheveux roux, et un autre aux longs cheveux rouges, portant tous deux des lunettes. Il n'arrivait pas à savoir pourquoi, mais il pensait qu'il s'agissait d'eux.

- Tu regardes quoi, Bones ? demanda Daniel, sortant le garçon au bonnet-crâne de sa transe.

- Hein ? répondit d'abord Audrey. Oh, rien... dit-il en regardant à nouveau le match.

- Où est passé Alois ? demanda Travis.

Audrey ouvrit la bouche pour répondre, mais Daniel prit la parole en premier.

- Il est sûrement parti chercher le cyclope, dit-il en croisant les bras.

- Ciel est quand même parti depuis longtemps...

- Alors Alois doit déjà l'avoir trouvé, dit le fils de politicien avec un sourire narquois. Clin d'œil-clin d'œil, coup de coude-coup de coude, n'en dis pas plus, n'en dis pas plus ! ajouta-t-il pour appuyer le côté salace de sa plaisanterie.

- Qu'est-ce qui ne va pas avec toi, Daniel ?

Audrey soupira de soulagement. Il n'avait pas à fabriquer une histoire de toute pièce, et tout cela grâce à l'esprit mal tourné de Daniel. À quoi pensait-il, d'ailleurs? Peu importe, je vous laisserai imaginer ce qu'il s'imaginait.

Pendant ce temps, alors que les garçons faisaient des suppositions, qu'Audrey les gardait occupé et que le duo de démons cherchait un explosif mortel, Kristopherson était lui dans son propre dilemme. Le garçon du café le regardait droit dans les yeux. Ce dernier savait qu'il s'agissait de lui étant donné que le garçon au hoodie rose était assez proche du terrain pour voir clairement les joueurs, et le garçon était sur le banc, attendant d'être envoyé sur le terrain. Kristopherson n'arrivait pas à savoir s'il le regardait réellement ou s'il s'agissait de quelqu'un près de lui. Pour une quelconque raison, il ne savait pas où poser les yeux.

- Eh, toi. Le hoodie rose ! l'interpella-t-il finalement, faisant sursauter l'élève de Warwick.

Kristopherson regarda autour de lui un instant, avant de regarder à nouveau le garçon, confus. Était-il en train de lui parler ?

- Oui, toi, dit le joueur de Tamworth comme s'il répondait à la question posée par l'expression de l'autre garçon. J'ai l'impression de te connaître. Je ne pense pas t'avoir vu à l'école, dit-il.

Kristopherson cligna des yeux, surpris.

- Eh bien, je... En fait, je ne vais pas à Tamworth. J'ai été séparé de mes amis et j'ai fini du mauvais côté du stade, expliqua-t-il.

- Oh, alors tu es un « Warwickien », hein ? Je suis allé à votre festival la semaine dernière, est-ce que c'est là-bas que je t'ai vu ?

- J'imagine, mentit-il. Je travaillais au café.

- Oh ! C'était toi le travesti ?! demanda le joueur de Tamworth avec excitation, et Kristopherson fronça les sourcils.

- Ouais, et alors ? demanda-t-il, croisant les bras de manière défensive.

Son visage commençait à devenir légèrement rose.

- Faut vraiment avoir des couilles pour faire ça, mec, dit le blond avec un clin d'œil.

Le radar gay de Kristopherson s'était déjà arrêté depuis un moment à présent. Le coach qui avait crié sur Kristopherson plus tôt appela soudainement le joueur.

- Gully! Viens ici ! Tout de suite ! rugit-il, changeant les joueurs.

- C'est à moi, dit le Tamworthien dont le nom de famille était apparemment « Gully ».

Il se leva et se tourna une dernière fois vers le faux-blond.

- Regarde-moi mettre une raclée aux fiches molles de Warwick ! cria-t-il en plaisantant.

- Dans tes rêves ! Tamworth va tomber de haut ! cria en retour le blond en rose, gagnant les regards méprisants des autres spectateurs.

Ça lui était égal, il souriait tout de même. Il ne savait pas vraiment pourquoi mais il souriait. « Gully »; il devrait s'en souvenir. Il ne pouvait s'empêcher de se demander quel était le prénom du garçon, alors qu'il le regardait courir sur le terrain. Ce que Kristopherson ignorait, cependant, que les démons rôdaient sous l'estrade à la recherche d'un explosif mortel. Ils avaient jusqu'à la fin du match pour le trouver. C'était ce qu'avait dit le Sutcliffe : « La fin du match sera un véritable feu d'artifice ! ». Ce dernier arborait un grand sourire, sachant que même s'ils trouvaient, des gens allaient mourir ce soir, peu importe ce qu'ils feraient. Au moins, il avait trouvé ce qui le divertirait pendant ce jeu barbant.

- Eh... Sutcliffe... Vous me faites un peu peur... dit son collègue, remarquant le sourire denté du roux.

- Ferme-là, Ronny, et regarde tes chers garçons se dandiner, répondit monsieur Sutcliffe.

- Je ne suis pas comme vous... répondit l'autre Dieu de la Mort.

- QU'EST-CE QUE C'EST CENSÉ VOULOIR DIRE ?!