Écrit par HateWeasel

131. La Bombe.

- Pas ici, dit le blond au téléphone.

- Continue à chercher. Nous devons trouver.

Ciel se trouvait sous les gradins, évitant les quelques déchets et bouts de nourriture jetés par les spectateurs. Qui aurait pu penser que les Warwickiens soient aussi grossiers. Il parlait au blond via son téléphone, alors qu'ils étaient la recherche d'une soi-disant bombe.

- Es-tu allé du côté des visiteurs ?

- Non. Je m'y rends en ce moment même, répondit Alois.

- Ne laisse rien passer. Si l'on apprend que nous étions ici et que nous n'avons rien fait contre une menace à la bombe, nous risquons d'avoir de gros ennuis.

- As-tu peur que Sir Hellsing te flingue ? le taquina le blond.

- Me faire tirer dessus est ce qui m'inquiète le moins dans ce cas là... répondit le Phantomhive.

Il ne voulait même pas essayer d'imaginer quelles genres d'atrocités la femme lui ferait subir. Elle semblait réellement avoir une dent contre lui, parfois.

Il se força à oublier cette satanée Hellsing afin de se concentrer sur sa mission. Ils ne trouvaient rien, et le match approchait de plus en plus de la fin. Où n'étaient-ils pas encore allés ? Ils avaient cherché en haut, et ils avaient cherché en bas, mais il n'y avait aucune trace de bombe. Le Dieu de la Mort roux s'était-il payé sa tête ? N'y avait-il aucun danger, finalement ? C'était peu probable, mais envisageable. Il y avait beaucoup de personnes dans la foule qui étaient censées mourir ce soir, mais aucune d'elles ne se trouvaient dans la partie où les Dieux de la Mort et les amis du duo de démons étaient, donc cette partie n'avait pas besoin d'être vérifiée. Le bleuté se pencha davantage sur la question, lorsqu'il réalisa avec horreur que cela pourrait être le cas.

Ils n'avaient pas vérifié cette zone. Et si personne ne mourrait dans cette partie là parce qu'il était censé déplacer la bombe ?

Ciel raccrocha rapidement et se mit à courir. Il se précipita là où se trouvaient les Dieux de la Mort. Là où se trouvaient ses amis. Il accourut. Le bleuté évita les poutres de soutien ainsi que divers déchets. Finalement, il la trouva. Une bombe faite main, scotchée à l'une des poutres métalliques qui supportaient la structure. Comment allait-il faire pour la retirer ? Il s'agissait de l'une de ces situations où Sebastian serait plus approprié.

Pouvait-il arracher le ruban adhésif, ou cela actionnerait-il le mécanisme ? Pouvait-il seulement la bouger sans la déclencher ? Le Phantomhive réfléchissait à mille à l'heure, lorsqu'il sentit son téléphone portable vibrer dans sa poche. Décrochant, il entendit une voix :

- Elle n'est pas non plus ici ! cria le blond.

- Je sais ! Je l'ai trouvée ! cria Ciel en retour, parlant involontairement au même volume que l'autre garçon. Je ne sais pas comment la déplacer !

- Attends-moi, je serai là dans deux secondes !

- Non, Kristopherson est là où tu es, et tu auras peut-être besoin de l'emmener s'il est dans la section censée exploser, insista le bleuté. J'ai une autre idée. Cela ne va pas plaire à Audrey, cependant.

Pendant ce temps, juste au-dessus du bleuté, le garçon au bonnet-crâne était de plus en plus anxieux avec chaque seconde qui passait. Avaient-ils déjà trouvé la bombe ? Le danger était-il passé, ou, cherchaient-ils encore ? Ne pas savoir était bien pire que de savoir. Il faillit sursauter en entendant son propre téléphone sonner.

Audrey sortit l'appareil et vit qu'il avait reçu un message du bleuté :

J'ai besoin que tu demandes à ces Dieux de la Mort où la bombe est censée exploser.
- CP

Bones fut surpris par cette demande. Ciel voulait qu'il aille voir les deux Dieux de la Mort comme si de rien n'était pour leur demander dans quelle partie du stade les décès auraient lieu ? Le bleuté avait-il perdu la tête ? Il reçut un autre message.

J'ai trouvé la bombe. Elle est sous votre zone. Dis-leur.
S'ils te disent qu'ils ne peuvent pas te donner plus d'information,
montre-leur tes yeux.
-CP

La situation passait de « mauvaise » à « horrible » pour le pauvre Audrey. Il n'était pas très épanoui socialement, et n'était donc pas très assuré pour aborder des inconnus, encore moins des Dieux de la Mort ! De plus, la bombe était juste sous ses pieds. Il sentait qu'il allait être malade. Qui plus est, pourquoi ses yeux ? Qu'est-ce que cela avait avoir là-dedans ?

Néanmoins, sa vie et celles de ses amis étaient en danger, et Audrey était le seul sur qui l'on pouvait compter dans cette situation. Bones se retourna pour regarder l'étrange paire de myope derrière lui. Il n'avait même pas la certitude qu'ils s'agisse d'eux. Il tenta de se rassurer en se disant que s'ils ne savaient pas de quoi il parlait, ils penseraient simplement qu'il était étrange, et cela n'irait pas plus loin. Ce n'était pas comme pour la maison hantée où il incarnait un personnage qui le protégeait. Il devrait les confronter en tant qu'Audrey. Il prit une profonde inspiration et se tourna vers Daniel et Travis.

- Je reviens dans deux secondes, je dois aller parler à quelqu'un, dit-il avec un sourire forcé.

Il était content que ses yeux soient cachés par sa frange, ainsi ils n'étaient pas en mesure de voir ce qu'il ressentait vraiment.

- D'accord. On te dira ce qu'il s'est passé, dit Daniel.

Il faisait vaguement attention à lui. Le fils de politicien était trop absorbé par le jeu pour lui prêter davantage d'attention. Travis ne fit que sourire et acquiescer, et il en revint au match. Quelque chose disait à Audrey que ce dernier ne le croyait pas réellement, mais il devrait s'en contenter.

Bones se força à se lever, et il se dirigea vers les escaliers qui le mèneraient aux hommes à lunettes. Plus il s'approchait, cependant, moins il sentait ses jambes. Néanmoins, il continua à monter, et eut un moment d'hésitation lorsque le roux jeta un coup d'œil vers lui.

Il se souvint alors de l'enjeu et il avança. Désormais il se tenait à côté d'eux, ayant toute leur attention. Ils le regardaient d'un air confus, ne l'ayant jamais vu auparavant. Il ouvrit la bouche pour parler, posant une simple question :

- Excusez-moi, commença-t-il, mais l'un de vous connaîtrait-il un certain « Ciel Phantomhive » ? demanda-t-il afin de ne pas avoir l'air d'un fou parlant de Dieux de la Mort et de bombes avant qu'il soit sûr et certain qu'il s'agisse bien d'eux.

- Cheveux bleuâtre, cache-œil, toujours en train de faire la tête ? demanda le demi-roux, faisant des signes tout en parlant.

- Oui. C'est lui, répondit Audrey.

- Qu'est-ce que tu veux ? Nous sommes occupés, dit impoliment l'autre homme.

Monsieur Sutcliffe ne s'intéressait pas aux enfants. Et être ici ne le réjouissait pas. Il ne faisait qu'attendre la fin de cette mission. Son ton déconcerta quelque peu le garçon, et il chercha quoi répondre. Audrey se souvint alors que le bleuté lui avait dit quelque chose par rapport à ses yeux et il mit ses mèches derrière son oreille, révélant l'un de ses étranges yeux multicolores. Les deux hommes semblèrent plutôt surpris, et ne surent pas vraiment quoi dire.

- Il m'a dit de vous demander dans quelle partie du stade les personnes de votre « liste » étaient assises, dit Audrey le plus calmement possible.

- Tu en sais beaucoup trop, petit, dit le roux. Qu'est-ce qui te fait penser que nous devrions te donner cette information ?

- Parce que la bombe est juste en-dessous de nôtre côté, et il a besoin de savoir où la mettre.

Maintenant il avait l'avantage. Les Dieux de la Mort écarquillèrent les yeux en apprenant la nouvelle. Ils ignoraient que les choses devaient se dérouler ainsi. Le destin est une chose plutôt saugrenue, non ? Ce fut lorsque les hommes arborèrent une telle expression de surprise qu'il remarqua que leurs yeux étaient exactement comme les siens. Il eut l'irrépressible envie de leur poser des questions à ce sujet, mais ils s'étaient mis à chuchoter entre eux avant de revenir à Audrey.

- C'est d'accord, dit Grell en fronçant les sourcils. Il pointa le terrain du doigt, ou plutôt en face de lui, du côté des visiteurs. Là-bas. Ça doit être là-bas. Dis à ce gamin de se dépêcher et de rapidement la bouger !

L'homme aux dents de requin et Ronald se levèrent alors pour partir, déclenchant le compte à rebours. Ils fuyaient les lieux au cas où le bleuté échouait. Audrey sortit avec hâte son téléphone et fit rapidement défiler sa liste de contact pour trouver le nom du démon, lorsqu'il le fit tomber. Il avait laissé tomber son téléphone, et il était passé sous l'estrade.

Il resta bouche bée. Il n'arriva même pas à sortir un juron. Il avait fait une énorme gaffe. Il avait besoin de l'appareil pour contacter le bleuté, leur seul espoir de survivre. Il ne bougea pas pendant un bon moment. Bien que la foule battait à son plein, il n'entendait rien. Il n'entendait pas même ses propres pensées. Audrey se mit alors à agir au lieu de réfléchir et il se glissa sous les gradins, tombant en-dessous, oubliant à quel point il était haut.

Il atterrit dans un bruit sourd, gémissant en sentant une soudaine douleur dans sa cheville. Il faisait nuit noire en-dessous, et il ne voyait décidément rien. Bones ignora sa cheville un instant, cherchant au toucher son téléphone au sol, mais il ne sentit rien d'autre que de l'herbe, de la terre, et quelques emballages de sucreries.

- Fais chier ! jura-t-il.

Il était prêt à paniquer à présent. Frénétiquement, il continua à chercher jusqu'à ce qu'il sente une main sur son épaule. Il se retourna et ne vit qu'un œil rouge luire, et il hurla.

- Audrey ! Mets la en veilleuse ! dit la créature. Ce n'était que le Phantomhive. Est-ce que tu as trouvé quelle était la section ou non ?!

- C-C-Celle des visiteurs ! répondit Bones, se remettant encore du choc.

- Merci. Je reviendrai te chercher après avoir déplacé cette chose, dit le bleuté.

La bombe était sans doute entre les mains du garçon. En effet, Ciel avait prudemment retiré le ruban adhésif, ledit ruban ayant sûrement été rapidement mis, donnant alors l'impression que la bombe ne se déclencherait pas juste en étant un peu secouée. Il n'avait pas de temps à perdre, la seule chose qu'Audrey pouvait voir disparut donc lorsque le démon s'en alla, le laissant dans l'obscurité.

Ciel se servit des ombres pour se « téléporter » à travers le stade afin d'atteindre les gradins opposés à ceux de Warwick sans être vu. Il allait au rythme des ombres, même les plus fines, voire presque inexistantes à cause de la forte luminosité du stade. Heureusement pour lui, la majorité des spectateurs étaient concentrés sur le jeu.

Il finit par arriver à sa destination, se faufilant sous les gradins et plaçant la bombe au milieu avant de se tourner vers une paire d'yeux rouges dans la pénombre.

- Emmène Kristopherson loin d'ici, et sur le champ, ordonna le bleuté.

- Oui, maître, répondit la voix masculine de la silhouette ombragée.

Les yeux se dissipèrent alors que le bleuté finissait d'attacher l'engin à la poutre de soutien. Jamais auparavant n'aurait-il pensé devoir recourir au terrorisme afin de sauver son école.

Au-dessus, le garçon au hoodie rose regardait le match- enfin, surtout le garçon du nom de « Gully ». Kristopherson était si absorbé par lui qu'il ne remarqua même pas l'autre blond débouler vers lui avant que ce dernier ne mette une main sur son épaule.

Il sursauta en sentant la main, relevant les yeux pour voir nul autre que Alois Trancy à ses côtés. Kristopherson aurait juré que ses yeux avaient semblé luire pendant un instant, et pas de manière poétique. Son expression était presque concernée. La menace blonde ouvrit la bouche pour prendre la parole :

- Nous devons partir, dit-il.

Kristopherson fut presque choqué par l'inhabituel sérieux de son ton.

- Pourquoi ? Que se passe-t-il ? demanda le faux-blond en retour, levant un sourcil et croisant les bras.

Soupirant d'exaspération, Alois attrapa son poignet pour le forcer à se lever avant de se mettre en route, traînant le garçon au hoodie rose derrière lui.

- Pas le temps de discuter. Contente-toi de me suivre, insista-t-il.

- Attends, mais je- ! commença l'autre garçon alors qu'il tentait de s'extirper de l'emprise du blond, mais en vain.

Il regarda le terrain une dernière fois, observant le Tamworthien auquel il avait parlé plus tôt. Ledit garçon était sur le terrain, en train de jouer. Kristopherson avait espéré pouvoir lui reparler.

Une fois qu'ils furent un peu plus loin des gradins, une alarme retentit, indiquant la fin du match. La foule fut en délire. Kristopherson fut sur le point de regarder le tableau des scores, lorsqu'Alois tira d'un coup sec sur son poignet afin de le placer devant lui, juste avant que les gradins des visiteurs explosent.

Les flammes montèrent haut dans le ciel et des morceaux de bois et de métal plurent. Les cris de ceux qui furent piégés retentirent; du moins, de ceux qui n'étaient pas mort instantanément dans l'explosion, et les spectateurs de l'autre côté du terrain en eurent le souffle coupé, horrifié. Kristopherson écarquilla les yeux alors qu'il observait l'Enfer, bouche bée devant ce qu'il venait d'éviter.

Alois ne se retourna pas. Il pouvait tout voir dans les yeux du faux-blond. Il pouvait entendre. Il pouvait sentir les flammes derrière lui. Il ne regarda pas. Il connaissait ces flammes, et il connaissait ces cris. Il savait que les voir ne ferait que ressasser de douloureux souvenirs, alors à la place, il regarda le terrain et les gradins de Warwick, les joueurs et les spectateurs qui étaient « sains et saufs ».

Il observa ceux de Warwick paniquer pour sortir des gradins au cas où il y aurait une autre bombe de leur côté. Il les regarda se pousser et se bousculer, prenant leurs enfants et fuyant, Daniel et Travis inclus. Il regarda les joueurs de Warwick sur le terrain fuir la scène, et les joueurs de Tamworth rester inertes et choqués devant ce qu'ils venaient de voir. Certains tombèrent à genoux, d'autres pleurèrent en réalisant que leurs parents étaient dans le public.

- Alois... entendit-il le faux-blond finir par lui dire, est-ce que... tu as fais ça ?

Il regarda Kristopherson.

- Non, dit-il. Je me suis inquiété pour toi, et j'ai décidé de te trouver, voilà tout.

- Comme si j'allais te croire, bordel ! cria l'autre garçon. La manière que tu as eu de m'emmener n'était pas naturelle. C'était comme si tu savais ! Tu savais !

Le blond eut l'air choqué pendant un moment. Puis son expression devint grave, et il se mit au niveau de l'autre garçon.

- Kristopherson...

- Éloigne-toi de moi ! cria-t-il.

Peu importe ce que le blond avait à dire, il n'allait pas l'écouter.

- Kristopherson ! Regarde ! cria Alois à son tour en pointant du doigt la scène.

Hésitant, l'humain se tourna et vit deux silhouettes surgir, souriantes. L'une d'elles avait une tronçonneuse, et l'autre une tondeuse. Il les observa un moment avant qu'elles ne chargent dans l'Enfer, leurs engins rugissant. Elles s'y précipitèrent et se mirent à découper les corps.

- Qu... Qu...

L'humain n'arrivait même pas à former une phrase. Il était beaucoup trop chamboulé parce qu'il voyait.

- Ce sont des Dieux de la Mort, Kristopherson. Je les ai déjà vu autrefois. Ils ont une liste de ceux qui doivent mourir, et ils sont là pour récupérer leurs âmes.

- Tu... T'es cinglé, putain !

- Je ne suis pas cinglé ! Tu ne connais juste pas la vérité ! La bombe était sous les gradins de Warwick au départ, Kristopherson ! Daniel, Travis, et Audrey, ils seraient tous morts ! Elle a été déplacée parce que personne du côté de Warwick ne devaient mourir ce soir !

Kristopherson était sans voix. La voix d'Alois se radoucit et il l'implora.

- Tu dois me croire, Kris... Tu ne sais juste pas... comment est le vrai monde...

L'autre garçon ne pouvait y croire. Comment pourrait-il ? Cela n'avait aucun sens. « Dieux de la Mort ? » Ce n'était que des mythes ! Ils n'existaient pas ! Il se calma quelque peu, cependant, en voyant la sincérité de son ami, mais il ne pouvait pas y croire. Il le voulait, mais tout ce qu'il avait toujours su l'en empêchait.

Mais alors il apparut. Le Diable en personne, ou du moins il en eut l'air. Derrière le blond se tenait un garçon aux yeux luisant, l'un rouge, l'autre violet, les regardant tous les deux. Ses cheveux étaient d'une étrange couleur bleuâtre, et il avait des cornes noires qui s'enroulaient comme celles d'un bélier, de longs ongles noirs, ainsi qu'une queue ressemblant à celle d'un singe de la même couleur que sa chevelure. Il était vêtu de noir, d'un manteau à l'air militaire avec différents motifs dessus et divers symboles religieux et sataniques.

Il ressemblait à Ciel- ou plutôt, Ciel ressemblait au Malin. Il s'agenouilla également au niveau des autres.

- Bonsoir, Kris, dit-il.

- Ph-Phantomhive ? demanda le faux-blond.

- Oui. C'est moi, dit le démon. Je suis, enfin, Alois et moi, nous sommes des démons.

- Impossible... C'est... C'est... Impossible ! cria Kristopherson, mettant ses mains sur la tête. Quand est-ce que je vais me réveiller ? Je dois être en train de rêver... Ça doit être ça ! Des choses comme les Dieux de la Mort... et... Et des démons ?! Ça n'existe pas !

- Mais nous existons, non ? demanda Alois. Et nous sommes des démons.

- Pourquoi... Pourquoi vous ne me l'avez pas dit ? Je pensais que nous étions amis... dit l'humain, sa voix semblant sur le point de craquer.

- Nous sommes amis, mais être « une apparition du mal incarné » n'est pas quelque chose que l'on peut sortir juste comme cela, tu sais ? Nous savions que tu réagirais ainsi, alors nous ne te l'avons pas dit, expliqua le blond.

- Alors vous êtes le « mal », hein ? Kristopherson se força à rire. Je ne suis pas sûr d'avoir envie de m'associer à ça...

- Kristopherson, nous ne sommes pas le « mal », nous sommes juste nous, expliqua Ciel. Nous sommes des démons, oui, mais nous sommes toujours « Ciel et Alois », d'accord ?

- Comment je peux savoir ça ? Tout ce que je pensais savoir n'est qu'un mensonge.

- Tu sais déjà presque tout de nous, cependant, dit finalement Alois. Tu as lu le journal de mon majordome.

L'humain marqua une pause pour réfléchir un moment. Il resta assis dans le silence au sol jusqu'à ce qu'il comprenne enfin.

- Alors vous... Vous êtes tous les deux les « Alois Trancy et Ciel Phantomhive » du journal ? demanda-t-il.

- Oui, dit Ciel. C'est nous, il y a plus de cent ans. Claude Faustus était vraiment un démon, et le journal s'arrête brutalement parce qu'il a été tué par mon majordome, Sebastian.

- Il en est un lui aussi ?! cria Kristopherson, puis il se reprit de nouveau, D'accord, d'accord. Je dois entendre toute l'histoire, et une fois cela fait, je vous laisserai peut-être m'avoir menti.

- Très bien, mais pour le moment ce n'est pas important. La police et les pompiers vont probablement arriver d'une minute à l'autre, dit le blond. Nous te dirons plus tard, promis ?

- D'accord, dit le garçon au hoodie rose, promis.

- Je jure sur ton stupide fétiche de la couleur rose que nous te dirons tout un jour, dit Alois, mettant une main sur son cœur et se relevant.

- Ce n'est pas un fétiche, et ce n'est pas comme ça que l'on promet ! cria le faux-blond.

- Ça l'est ! J'ai promis à « Rosie » ! Ciel ! Change-toi et partons d'ici !

Le bleuté se recouvrit de flammes noires et reprit sa forme ordinaire, avant que lui et le blond partent, ralentissant un peu pour permettre à Kristopherson de suivre.

Après ce qui sembla être une éternité, le groupe fut réuni sur le parking, parlant de ce qu'il venait de se passer. Daniel et Travis en faisaient des tonnes pour savoir si le faux-blond allait bien. Kristopherson leur raconta de quoi la bombe avait l'air de près, ne parlant pas des passages surnaturels, Audrey se plaignait de sa cheville, disant qu'il était tombé durant la panique, et Alois se tenait nonchalamment contre Ciel comme il le faisait toujours. Ils restèrent un long moment, parlant de cela et du match en lui-même, oubliant tous le score final.

Cela continua jusqu'à ce que Kristopherson aperçoive un visage familier se diriger vers eux. Il s'agissait du garçon avec qui il avait parlé durant le jeu. Il avait été sur le terrain durant l'explosion, et était sain et sauf, à part pour quelques blessures qu'il avait eues pendant le match. Avec un sourire, il s'approcha directement du groupe, gagnant instantanément leur attention. Il leur sourit, d'une manière quelque peu gênée.

- Salut, dit-il.

- Euh, salut, répondit le garçon en rose, ignorant complètement les ricanements de Daniel. Est-ce que ça va ? demanda-t-il.

- Ouais, je suis juste un peu fatigué après le match, répondit le Tamworthien. Je suis content que mes parents aient été trop occupés pour me voir jouer cette fois.

- Eh bien, c'est bon à entendre, j'imagine ! dit Kristopherson avec un sourire, faisant à ce que les autres le regardent.

Kristopherson ne souriait jamais ainsi.

- Oh ! Je ne me suis pas présenté ! Je suis Kristopherson. L'étrange brun c'est « Daniel », le grand c'est « Travis », l'angoissant cyclope c'est « Ciel », et le truc attaché à lui c'est « Alois ». C'était le « majordome » au café.

Le Tamworthien ne fit que rire.

- Je suis Cameron, dit-il, rougissant légèrement en voyant comment Alois se tenait si ouvertement sur Ciel. Je voulais juste vous dire que c'était un bon jeu ! Je suis désolé de ne pas avoir tenu ma promesse de vous mettre une raclée !

Ce n'est pas grave. On n'a jamais vu le score final de toute façon, dit Kristopherson. Tu aurais pu dire que tu avais gagné, et on t'aurait cru.

Le Tamworthien ria de nouveau.

- Tu es aussi drôle qu'au café ! On devrait traîner ensemble un de ces quatre.

- Ouais, c'est quoi ton numéro ?

Les autres ne pouvaient pas le croire. Kristopherson venait de draguer un mec, et il avait eu son numéro devant eux. Qui aurait cru que le garçon était capable de cela ?

Après avoir discuté un moment avec le garçon de l'autre école, il dut partir pour prendre le bus et rentrer, laissant les autres libres de taquiner le garçon en rose autant qu'ils le souhaitaient.

- Plan cul ? demanda Daniel, dès que le garçon du nom de « Cameron » fut hors de vue.

Kristopherson se mit à rougir. Il le contredit immédiatement.

- Quoi ? Non ! dit-il. Je ne suis pas aussi méprisable que toi, Daniel.

- Je ne parlais pas de lui pour toi, je parlais de toi pour lui.

- Je ne suis le « plan cul » de personne !

Tout semblait revenir à la normal. Ils taquinèrent Kristopherson un peu plus longtemps, puis ils partirent chacun de leurs côté, laissant Ciel et Alois en dehors du stade alors qu'ils attendaient leur chauffeur. Ils s'assirent sur un banc non loin du guichet, et parlèrent de tout et de rien alors qu'Alois se lovait contre le bleuté. Ciel était à présent habitué à ce comportement, il n'était donc pas trop embarrassé et mit un bras autour du blond alors qu'ils discutaient.

- Oh, j'ai failli oublier... dit finalement Ciel, se frottant le front. Je voulais te demander ce que tu voulais pour ton anniversaire... dit-il.

Il se maudissait pour avoir laissé une telle chose lui échapper. Le blond marqua une pause pour réfléchir un moment.

- Hmmmm... dit-il avant de se pencher pour chuchoter dans l'oreille de l'autre garçon. Est-ce que tu es une option ? sourit-il narquoisement.

Oh, comme le visage du bleuté s'empourpra à cette question. La rougeur qui touchait ses joues monta à ses oreilles, et le blond put le sentir grâce à leur proximité.

- Ça... Ça dépend... commença-t-il, dans quel sens demandes-tu exactement ?

- Dans le sens que tu imagines, pervers, répondit le blond en gloussant.

Il espérait que le garçon légèrement plus petit ne pouvait pas sentir à quel point son cœur s'emballait. Il doutait, mais il espérait.

- En quoi suis-je le « pervers » ? demanda le bleuté. C'est toi qui demandes...

- Parce que tu as immédiatement compris ce que je voulais, dit Alois. Alors ? Qu'en penses-tu ? Oui ? Non ?

- À une condition, dit Ciel. Je suis en haut.

- Oui, maître~ ! chantonna le blond.

Il aurait commencé une séance de pelotage, mais une certaine Rolls Royce noire arriva et se gara devant eux, détruisant totalement cette opportunité.

Oh, eh bien, son anniversaire était demain, après tout...