Écrit par HateWeasel

133. Un Appel Important, Et Une Nouvelle Découverte.

Une belle matinée au Manoir Phantomhive. Malgré la fraîcheur de l'air d'automne, le soleil faisait de son mieux pour réchauffer l'atmosphère. Cependant, cela n'était pas réellement nécessaire étant donné que les résidents étaient actuellement à l'intérieur de la demeure, le chauffage réglé à une température ambiante. Une fois encore, ce n'était pas si utile dans la chambre d'un certain bleuté, puisqu'il avait bien assez de chaleur émanant du blond dans son lit.

Ciel était allongé sur le dos, le blond blotti contre lui, se servant de son torse comme d'un oreiller. Le Phantomhive le regardait en songeant à quel point l'autre garçon pouvait être efféminé, même endormi. Ses cheveux et ceux d'Alois étaient en pagaille, et son cache-œil n'était pas à sa place. Il avait été jeté de côté, et reposait sur les vêtements qui avaient été envoyés voler dans la pièce. Oui, ils étaient nus.

La nuit dernière avait été une première pour eux, et le bleuté était en train d'y repenser. Il était extrêmement embarrassé, mais plutôt content de lui. Voir le visage embarrassé et rougi d'Alois, entendre cette magnifique voix crier et savoir qu'il en était le responsable, tout cela plaisait énormément au bleuté. Il y repensait donc pour l'instant, plutôt que de réveiller l'autre garçon.

Étrangement, Alois n'avait pas eu peur. Il avait été nerveux, évidemment, mais il n'avait pas eu la moindre peur des avances du bleuté, contrairement à ce qu'il aurait pensé. La confiance en soi dont il faisait preuve devant les autres n'était qu'un masque. Il essayait de se convaincre lui-même que tout irait bien, et ce fut le cas. Il faisait confiance à Ciel avec son cœur, et désormais avec son corps. Et, bien qu'il s'agisse d'un nouveau corps, il se souvenait encore des horribles choses qui s'étaient produites au manoir Trancy il y a des années de cela, comme si elles avaient été transférées avec l'essence et l'esprit même du blond, pourtant il semblait tout oublier avec Ciel. Alois ne s'était concentré que sur Ciel; la curieuse manière qu'il avait eu d'être passionné, de froncer les sourcils et le rouge tomate que son visage avait adopté. Chaque prudentes, douces actions du bleuté, comme s'il avait eu peur que le blond se brise d'un moment à l'autre. Après toutes ces années, Ciel Phantomhive était enfin « sien » de diverses façons du mot. Il gloussa en y pensant, faisant remarquer à l'autre garçon qu'il était réveillé.

- Bonjour, dit d'abord le bleuté.

- Bonjour~ ! répondit Alois en enlaçant son « oreiller humain ».

- J'essayais de ne pas te réveiller, et te voilà qui glousse, dit l'autre garçon, bougeant afin de pouvoir regarder le blond. Qu'y a-t-il de si drôle ?

- Tout.

- Cela ne m'aide pas vraiment...

La plaisanterie du bleuté ne reçut pas de réponse lorsque l'on frappa à la porte, les garçons s'asseyant immédiatement. Ils avaient complètement oublié le maudit majordome et sa mauvaise manie d'interrompre les gens.

- Jeune maître ? demanda l'homme depuis le couloir. Il est temps de vous lever. Le petit-déjeuner est servi. Nécessitez-vous quoi que ce soit ?

Ciel se racla la gorge et se reprit du mieux qu'il put. Il fit rapidement signe au blond de rester silencieux, pour qu'il soit sûr de rester muet avant de dire :

- Non. Ce sera tout, Sebastian. Je descends tout de suite.

- Très bien, répondit le démon plus âgé. Alois, vous devriez probablement vous lever vous aussi, ajouta-t-il avant de partir dans le couloir.

Les deux garçons étaient sans voix. On pouvait même entendre le bruit que faisaient ses chaussures à chaque pas. Le silence régna pendant ce qui sembla être une éternité et un jour. Lentement, les garçons se tournèrent pour se regarder. Ils n'arrivaient pas à se faire à l'intuition du majordome.

Soupirant, le bleuté mit les draps de côté et se leva. Il se dirigea vers son placard et se mit à choisir ce qu'il porterait pour la journée. Il était trop embarrassé pour dire quoi que ce soit.

- Comment est-ce qu'il fait ça, bon sang ?! demanda finalement le blond avant de se mettre debout.

Il se mit à ramasser ses vêtements. Il n'allait pas retourner dans sa chambre nu, n'est-ce pas ?

- Je n'en ai aucune idée... répondit l'autre garçon.

Soudain, il se raidit. Il fronça les sourcils et dit :

- Alois...

- Oui ? répondit le concerné.

- Pourrais-tu arrêter de me fixer ? dit le bleuté.

Alois savait que son visage était rouge. Ciel n'avait même pas à se retourner pour qu'il le sache.

- C'est toi qui te tiens nu devant ton armoire en prenant des vêtements, pas moi.

- Peu importe, arrête !

- Haha, non...

Une fois qu'ils furent en bas pour prendre leur petit-déjeuner, ils ne dirent pas un mot au majordome. Ils voulaient tous les deux savoir comment l'homme avait deviné, mais en même temps, ils étaient trop embarrassés pour demander, alors ils mangèrent en silence. Cependant, le téléphone sonna assez rapidement. Ciel fit signe à l'homme de répondre, et il s'exécuta. Dès qu'il fut parti, Alois posa ses couverts et prit la parole.

- Argh ! Je n'en peux plus ! Comment a-t-il su ?! s'exclama-il en mettant ses mains sur sa tête.

- Comment le saurais-je ? répondit l'autre.

Il marqua une pause avant de sourire narquoisement.

- Tu étais quand même assez bruyant la nuit dernière... ajouta-t-il.

Instantanément, le blond s'empourpra d'un rouge écarlate et il fronça les sourcils.

- Pas du tout !

Alois fut sur le point de continuer, mais le majordome revint avec le téléphone sans fil, une main sur le haut-parleur. L'adolescent blond fut si surpris qu'il s'étouffa presque avec sa propre salive.

- Kristopherson est à l'appareil, jeune maître, dit l'homme vêtu de noir. Il dit qu'il souhaiterait s'entretenir avec vous sur le champ.

Sans dire un mot, le bleuté tendit le bras, et l'homme mit l'engin dans sa paume. Ciel plaça le téléphone contre son oreille.

- Allô ? dit-il.

- Phantomhive ! C'est Kristopherson, dit le faux-blond. Je voulais vous demander certaines choses hier, mais les autres étaient là...

- Cela a-t-il un rapport avec le journal ? demanda le bleuté.

- Oui. Je voudrais savoir le reste de l'histoire, répondit Kristopherson. Ça me démange de ne pas savoir.

Le garçon n'entendit plus rien alors que le bleuté se mit à réfléchir. Finalement, il parla.

- Penses-tu pouvoir venir ici ? demanda-t-il. C'est une longue histoire et il sera difficile de la raconter au téléphone.

- Ouais, ça me va, dit Kristopherson.

Il sursauta lorsqu'il entendit la porte s'ouvrir derrière lui, et le bleuté entendit une voix en fond.

- Est-ce que tu portes ma chemise ?!

Ciel était à peu près sûr et certain qu'il s'agissait de la sœur du garçon. Il entendit à nouveau la voix de Kristopherson, mais elle semblait éloignée, comme si le téléphone n'était plus contre son oreille.

- Non ! dit-il d'un ton quelque peu neveux. C'est à moi !

- N'importe quoi ! Tu as encore fouillé mon armoire ! dit la fille dans le fond.

- Pas du tout ! cria Kristopherson. Il remit le téléphone près de lui et s'adressa au Phantomhive. J'dois y aller. Je viendrai plus tard, d'accord ?

- D'accord... À plus tard... dit Ciel.

Il raccrocha, laissant le faux-blond se disputer avec sa sœur. Il se frotta le front un instant. Il sentait déjà une migraine arriver.

- Qu'y a-t-il ? demanda Alois, se penchant un peu et Ciel le regarda.

- Kristopherson va venir. Il veut savoir « le reste de l'histoire », répondit le bleuté.

- D'accord. Il ferait mieux de rester hors de ma chambre, par contre !

Roulant de l'œil, Ciel lâcha un soupir exaspéré et se mit à taper un numéro, le téléphone toujours en main. Il mit de nouveau l'appareil contre son oreille.

- Qui appelles-tu ? demanda curieusement le blond.

- Audrey, répondit Ciel en écoutant la tonalité.

Finalement, elle s'arrêta.

- Allô ? demanda la voix de l'autre garçon. Il avait l'air de venir de se réveiller.

- Bones, peux-tu venir chez nous ? demanda le Phantomhive. Je dois te parler de quelque chose.

- Des trucs surnaturels ? demanda Audrey.

- Des trucs surnaturels, répéta le bleuté, attendant une réponse.

- Ouais, je peux venir, dit Bones. Je voulais justement te demander certaines choses.

- À plus tard, alors.

- À plus.

Ils appuyèrent tous deux sur « raccrocher », et Ciel rendit l'appareil à Sebastian.

- Dois-je faire les préparations pour les invités, jeune maître ? demanda-t-il.

- Oui, mais tu n'auras probablement pas grand-chose à faire, répondit le garçon.

- Oh, d'ailleurs, jeune maître. J'ai failli oublier... commença Sebastian. Auriez-vous besoin de nouveaux draps, jeune maître ? dit-il avec un léger sourire narquois.

- Comment as-tu seulement su ? se força le garçon à demander, tentant de dissimuler son rougissement.

- Voyons, si je n'étais pas au courant de toutes les impudences qui prennent place dans cette demeure, quel genre de majordome serais-je ? répondit l'homme. Et, Alois est assez bruyant.

- Eh ! se mit à protester le blond.

Il frappa des mains sur la table et se leva, le visage rouge. Ciel lui lança un regard qui semblait dire : « Je t'avais prévenu ».