Écrit par HateWeasel

138. Curieuse Paire.

La panique à Warwick finit par prendre fin, et le « club d'hôtes » de Lawrence fut dissout malgré ses nombreuses protestations. Il était bien gentil mais les Sept Sensationnels n'étaient, eh bien, que sept. Ils avaient tous les sept autre chose à faire après les cours. Ils avaient des priorités, et ils devaient s'y tenir. Le « club d'hôtes » s'était souvent mis en travers de leur chemin. Travis avait des corvées à effectuer pour le club de jardinage que Lawrence lui avait fait manquer afin qu'il soit un hôte, et Preston avait des cours de musique privés. Kristopherson avait prévu de voir Cameron pour un « non rendez-vous », comme il le dirait, et Daniel... Daniel voulait juste rentrer et jouer à des jeux vidéos.

Ciel et Alois avaient leurs propres problèmes à gérer. D'ailleurs, le lendemain suivant le démantèlement du club, le bleuté avait reçu un appel d'un certain détective. L'appel était d'une nature assez étrange, comme à l'accoutumée.

- Que voulez-vous dire par des « étranges disparitions » ? demanda le bleuté à travers l'appareil.

L'homme ne l'avait pas appelé pour un meurtre, mais à propos de personnes portées disparues.

- Exactement ce que cela signifie, répondit le détective Bailey. Sa voix était toujours aussi rauque et grave que la dernière fois. Il n'y a rien. Pas de corps, pas de preuves, rien. Des personnes disparaissent sans laisser de traces.

- Est-ce qu'il y a des points communs entre les victimes ? demanda le Phantomhive, se redressant légèrement sur sa chaise de bureau. Âge, profession, entourage, quoi que ce soit ?

- Non. Il n'y aucun point commun. C'est comme si elles étaient choisies au hasard. Une fois par mois, une autre personne disparaît. Je n'arrive pas à l'expliquer.

Soupirant, Ciel répondit :

- Envoyez-moi les informations que vous avez récolté sur les victimes, et je verrai ce que je peux faire.

- Très bien, dit l'homme, et je jour suivant, un dossier contenant toutes les informations qu'ils possédaient était présent sur le bureau du garçon.

Ce n'était pas grand-chose. Juste des faits basiques sur les victimes, ainsi que l'endroit où elles se rendaient lorsqu'elles avaient été enlevées. Toutes ces informations étaient utiles, seulement elles n'étaient pas assez nombreuses. Le garçon ne savait donc pas par où commencer pour cette raison. Quelle stupide mission !

Peut-être qu'il ne regardait pas cela sous le bon angle. Peut-être devait-il voir cela comme Alois le ferait. Soupirant, il mit ses idées au clair et tenta d'adopter un point de vue enfantin avant de feuilleter à nouveau les documents. Après maintes et maintes relectures, il en vint à une conclusioNN : il était incapable de penser comme cet idiot de blond.

Pouffant, il s'adossa contre le dos de son siège et fixa le plafond. Il semblait ne plus être en mesure de résoudre ce type d'enquête. Pourquoi ? Pourquoi ne pouvait-il plus trouver aussi facilement les réponses ? Depuis que Alois était revenu, il agissait de moins en moins comme son ancien lui, et bien que dans un certain sens ce soit une bonne chose, c'était comme s'il perdait petit à petit l'habilité qu'il avait à effectuer certaines tâches qu'il faisait autrefois avec facilité et précision. Il avait perdu beaucoup de temps avec des banalités, au lieu de travailler. Sa compagnie prospérait, mais son rôle de Chien de Garde en pâtissait.

Une fois de plus, il jeta un œil au papier. Il s'attarda sur une feuille où se trouvait les noms des dernières victimes, leurs adresses, ainsi que l'endroit où elles avaient dit se rendre à leur entourage. L'une des victimes, une femme, rentrait simplement chez elle après une journée de travail lorsqu'elle avait disparu. Le bleuté se pencha afin d'allumer son ordinateur, ne trouvait étonnamment pas de vulgaire photos remplaçant son fond d'écran, et il alla sur Google Map.

Il écrivit l'adresse de la femme ainsi que celle du lieu de son travail, trouvant une route du point A au point B. Le garçon survola ladite route, zoomant de plus près afin de voir tous les détours possibles qu'elle aurait pu emprunter, ou les allées sombres où elle aurait pu tomber, et il découvrit qu'il y en avait beaucoup. Ciel croisa les bras et fronça les sourcils, concentré. Peut-être serait-il plus avisé d'essayer de trouver la scène du crime, aussi peu motivé qu'il était.

Il se leva et quitta son bureau pour partir à la recherche du blond. S'il devait subir cette sortie, autant faire souffrir le blond avec lui. Il alla vers la chambre dudit garçon et s'apprêta à tourner la poignée, s'arrêtant de peu avant de le faire. Ciel frappa à la porte d'Alois à la place, plutôt que de débarquer à l'improviste.

- C'est ouvert!~ cria le blond de l'autre côté.

Le Chien de Garde ouvrit la porte et entra, sa faisant toucher au front par un avion en papier. Il releva l'œil et vit Alois dans une position indiquant qu'il venait de le lancer, un grand sourire au visage.

- J't'ai eu, dit-il.

Le bleuté roula de l'œil.

- Qu'est-ce que tu fais ? demanda-t-il.

- M'ennuie, répondit l'autre. Je n'ai plus rien à regarder sur Youtube.

- Oublie Youtube. Allons résoudre une affaire de disparitions.

- Mince ! Que des disparitions ? plaisanta le blond. Pas de meurtres ?

- Ce n'est pas un « meurtre » tant qu'un corps n'a pas été trouvé.

- Laisse-moi prendre un pantalon.

Pantalon remplaçant mini-short, les garçons s'aventurèrent dans les rues de Londres, faisant de leur mieux pour ne pas succomber à l'air froid d'automne. Dans une main, le bleuté tenait celle du blond, et dans l'autre, son téléphone sur lequel était affiché leur itinéraire. Ils étaient partis depuis l'adresse de la femme, étant donné qu'elle était plus proche de chez eux, et ils avaient retracé à l'envers le chemin qu'elle avait dû emprunter, vérifiant chaque coins et recoins, ainsi que les ruelles à la recherche d'une trace de lutte, ou d'une simple preuve, mais en vain. Ils n'avaient rien trouvé.

- Eh, Ciel, qu'est-ce que c'est ? demanda soudainement le blond.

Il lâcha la main du bleuté un moment et s'accroupit sur le trottoir, touchant le ciment. Il y avait une empreinte de patte sur le goudron maintenant sec- une grosse de surcroît. Elle était presque plus que grosse que sa main. Le Phantomhive regarda curieusement la trouvaille du blond un moment.

- Ça ? demanda Ciel. J'imagine qu'un chien a accidentellement marché dans le ciment lorsqu'il était encore frais. Je crois qu'ils ont arrangé ce trottoir récemment.

- Ciel ! C'est ça ! s'exclama le blond. Je sais qui a fait le coup !

- Quoi ?! Qui ?! demanda l'autre garçon, écarquillant l'œil de surprise.

- Un loup-garou, dit Alois avec un sourire narquois.

Il était, bien évidemment, en train de se payer la tête du bleuté. Ce dernier introduisit la paume de sa main contre son front après avoir entendu la remarque du blond. Il n'arrivait pas à croire qu'il était tombé dans le panneau.

- Continuons à chercher... dit-il, se retournant pour partir.

Il ne s'embêta pas à regarder derrière lui pour s'assurer que le blond le suive. Leur recherche s'avéra être une perte de temps, alors qu'ils arrivèrent rapidement devant la petite boutique de vêtement où travaillait la femme, sans aucun résultat. Ils n'avaient rien trouvé pouvant s'apparenter à une quelconque lutte, pas de preuve possible, rien. Il se pouvait que beaucoup trop de temps soit passé depuis le supposé enlèvement, et que ce qui aurait pu les renseigner avait disparu. Ciel était de plus en plus frustré. Toute cette sortie avait été une perte de temps.

Le garçon appréciait tout de même cette petite sortie plus ou moins normale avec Alois. Il n'y avait pas d'amis pervers pour les interrompre, pas de démons ou d'anges essayant de les tuer, ni de mauvaises blagues. Ils étaient simplement sortis et discutaient, à propos de tueurs en série, et de la manière dont la femme du dossier aurait pu être attaquée chaque fois qu'ils passaient à côté d'un endroit qui piquait leur intérêt. Bien que ce ne soit pas entièrement « normal », c'était ce qui s'en rapprochait le plus pour eux, et c'était en soit très agréable.

Mais alors il sentit quelque chose. Le bleuté sentit quelque chose. Il sentit une aura anormale. Il n'arrivait pas vraiment à mettre le doigt dessus, mais il sentait une présence qui était « inhabituelle » pour une rue de ville. Il regarda à sa droite, et ne vit qu'une rue animée ainsi que des bâtiments et des personnes de l'autre côté, il regarda ensuite à gauche, où il vit le blond l'observer d'un air confus. Alois pouvait également faiblement sentir cette aura, mais il ne savait pas ce qui le mettait si mal à l'aise. Le comportement du bleuté n'était pas d'une grande aide.

Juste à côté d'Alois, cependant, se trouvait une curieuse paire. Ciel n'arrivait pas à croire qu'il ne les ait pas remarquées plus tôt. Elles ressortaient du lot de passants, pourtant. L'une d'elles était grande et mince, avec une chemise grise, col relevé, ainsi qu'une veste noire et un pantalon noir. Ses cheveux étaient noirs, en queue de cheval, ses mèches encadrant négligemment son visage marqué de taches de rousseur, mais ses yeux rouges étaient bien visibles. Elle était assez androgyne, et le garçon avait du mal à dire s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme. Ce n'aurait pas été si étrange si ladite androgyne n'était pas armée d'un parapluie noir, bien qu'il n'y ait pas un nuage dans le ciel.

L'autre personne était une femme, malgré ses vêtements masculins, qui semblaient avoir appartenu autrefois à un grand frère ou quelque chose de cet ordre. Elle portait une casquette de baseball rouge, ainsi qu'un hoodie couleur olive semblant convenir à un adulte faisant deux fois sa taille. Elle était petite, au moins une tête de moins que sa partenaire. Ses cheveux argentés étaient longs et en bataille, s'arrêtant en-dessous de ses épaules, et ses mèches ébouriffées étaient coiffées d'une certaine manière. Elle arborait une expression ennuyée qui semblait imperturbable. Ses yeux bleus n'étaient ni clairs ni foncés, et elle s'en servaient pour regarder son associée à travers ses longs cils. Elles semblaient toutes les deux venir d'un autre monde.

Alois suivit le regard du garçon, et posa le sien sur la paire. Il pouvait les voir à présent. La source de leur mal être. Ces deux là n'étaient clairement pas « normales ».

Soudain, la fille aux cheveux argentés renifla l'air, et fit face aux garçons, son associée en faisant de même. Leur hypothèse fut confirmée par ce que la fille dit ensuite. Elle leva un bras et les pointa du doigt, ne prononçant qu'un seul mot :

- Demons.