Je ne l'aie pas précisé dans le chapitre précédent, mais l'un des nouveaux personnages apparaissant dans cet arc est français. Dans la version originale, elle parle parfois en français, seulement, ici ça n'a pas le même impact. J'ai donc décidé de mettre toutes les phrases dites en français dans la VO en anglais. Je vous préviens pour que vous ne soyez pas surpris, surtout que c'est un personnage assez récurrent dans toute l'histoire.


Écrit par HateWeasel

139. Charlotte et Amélie.

Un mystérieux duo marchait le long des rues ce jour-là. L'une habillée d'une chemise grise au col relevé, ainsi que d'une veste noire et d'un pantalon. Elle était assez androgyne en apparence, avec sa tenue masculine et sa poitrine plutôt plate. Elle avait des taches de rousseur sur les joues, des yeux rouges, des cheveux noirs en queue de cheval, et elle se servait d'un parapluie noir bien qu'il n'y ait pas un nuage dans le ciel. Son nom était Charlotte. Souvenez-vous-en.

L'autre étrange individu était un peu plus petite que sa grande et fine partenaire, avec des cheveux argentés, des yeux bleus, ainsi qu'une expression de désintérêt sur le visage. Elle portait une casquette de baseball rouge, et un hoodie couleur olive qui semblait convenir à un homme deux fois plus grand qu'elle, ainsi qu'un jeans bleu. D'une certaine manière, elle semblait être la plus « étrange » des deux. Son nom était Amélie. Souvenez-vous en.

Elles étaient en train de regarder une affiche d'embauche, se demandant si elles devaient se présenter. La plus grande était cependant contre cette idée.

- Hors de question, dit-elle. Je ne ferai pas ça.

- Pourquoi ? demanda l'autre.

- Parce que, tu vois ça ? Nous devons porter un uniforme ! Avec une jupe ! répliqua Charlotte.

- Et alors ? demanda la fille aux cheveux argentés. Tout ira bien.

- Non ! C'est facile pour toi, au moins tu es mignonne !

La grande fille était de mauvais poil. Il était trop tôt pour qu'elle soit réveillée.

- Allez, partons. Je ne peux pas faire ça. Être debout au beau milieu de la journée est beaucoup trop fatiguant. Il y a trop de soleil, je suis affamée, et je ne porterai pas de jupe.

Amélie resta silencieuse, elle n'était pas du genre bavarde. Elle reporta son attention sur la pancarte. Elles avaient tout de même besoin d'argent. Elles n'avaient presque plus de réserve. Vivre dehors n'était pas aisé, surtout lorsque vous et votre compagnon avez des « besoins spéciaux ».

Alors qu'elle était dans ses pensées, Charlotte observa ses moindres faits et gestes. Elle regarda la fille à travers ses yeux rouges qui avaient perdu leur éclat bienveillant. Elle semblait être en transe, comme un papillon de nuit attiré par la lumière. Elle tendit la main, et se la fit gifler par l'autre fille sans même que cette dernière ait à détourner les yeux de l'affiche.

- Non. C'est mal.

- Oh, je t'en prie ! se plaint la plus grande. Juste une morsure ! Tu m'as traînée jusqu'ici en plein après-midi ! Je vais mourir...

Au cas où vous ne l'auriez pas encore compris, Charlotte souffre d'une rare maladie appelée « vampirisme ». Elle est condamnée à errer la nuit à la recherche du sang des vivants afin de rester en vie. Les vampires sont en quelque sorte comme nos chers démons, le sang remplaçant les âmes, seulement ils ont plus de faiblesses. Ails, argent, eau bénite, crucifix, soleil : mortel pour leur espèce, mais pas pour les démons.

- Non. Ne fais pas l'enfant, répondit l'autre fille qui n'était pas affectée par les mêmes troubles.

Elle avait ses propres « allergies », spécifiques à son espèce. La vampire fut sur le point d'ouvrir la bouche pour prendre la parole, mais sa compagne n'écoutait pas. Amélie écarquilla soudainement les yeux, et fronça les sourcils. Elle renifla l'air un bref instant, avant de se retourner. Elle pointa quelque chose du doigt, et sa compagne le suivit, posant les yeux sur ce qu'elle montrait. Il s'agissait d'une paire de garçons habillés de manière plutôt distinguée, l'un blond et l'autre aux cheveux d'une couleur bleuâtre. Amélie pointa le duo du doigt, les faisant quelque peu sursauter, et elle dit un mot, un simple mot :

- Demons.

Et nous voilà de retour au présent.

Le temps eut l'air de passer au ralenti alors que les deux groupes se fixaient. Cela sembla durer une éternité, mais finalement, la fille baissa le bras et le remit le long de son corps, ne quittant jamais le duo de démons des yeux. Ils restèrent silencieux pendant encore un long moment.

Puis le bras de la fille sembla s'animer tout seul, et elle attrapa le poignet de sa compagne, la faisant sursauter. Les garçons se préparèrent à se battre ou à partir à leur poursuite, mais ils ne s'attendirent pas à ce qui suivit.

- Attaque ! cria-t-elle en forçant la vampire à faire un pas en avant. Charlotte, je te choisis !

La pauvre fille trébucha sur ses propres pieds et s'arrêta juste devant les garçons. Ils la regardèrent avec incrédulité. Étaient-elles une menace, ou de simples idiotes ? La fille reprit son équilibre et se tint droite. Elle surplombait presque les deux garçons.

- Désolée, dit-elle poliment.

- Aucun problème, dit le bleuté.

Il regarda derrière elle pour apercevoir l'autre fille. Il vit l'étrange fille adopter une position de défense et imiter des griffes avec ses mains. Elle montrait les dents pour une quelconque raison. Elle était sans l'ombre d'un doute très étrange; peut-être encore plus que son propre compagnon blond.

- Est-ce qu'elle va... bien ? demanda-t-il en levant un sourcil.

- Hein ? Oh, oui. Je m'en excuse. Elle est un peu dure à comprendre parfois... dit la grande fille.

Lorsqu'elle parlait, le bleuté était en mesure de voir ses canines, et il sut immédiatement ce qu'elle était. Ciel observa Alois faire une pose semblable à celle de la fille aux cheveux argentés, les yeux de ce dernier fixés sur les siens. Il grogna à son tour, essayant certainement d'être comique mais ne faisant qu'embarrasser le bleuté. Alois avait trouvé quelqu'un capable de mal se comporter en public. Génial.

Amélie s'avança légèrement, gardant la même position avant de charger le groupe. Une fois de plus, les garçons furent prêts à riposter, cependant, au lieu de les attaquer, elle s'agrippa à l'autre fille. Elle fronça les sourcils, mais son expression resta identique. La fille aux cheveux argentés sortit son pouce, se pointant avec.

- Charlotte est ma femme ! s'exclama-t-elle, faisant une scène.

Plusieurs personnes tournèrent la tête pour les regarder avant de revenir à leurs affaires.

- Ah ouais ?! Bah Ciel est mon mari ! cria en retour la menace blonde, s'agrippant au bleuté et le faisant grogner.

Il semblerait que ce soit le début d'une belle amitié. Amélie lui accorda un pouce levé.

- Bien joué, demon-boy, dit-elle.

Le duo sursauta quelque peu. C'était surprenant que la fille devant eux sache ce qu'ils étaient alors qu'ils ignoraient ce qu'elle était. Elle n'était certainement pas humaine, mais elle n'était pas une démone non plus.

- Comment as-tu... ? demanda le blond.

La fille mit son index sur le bout de son nez.

- The smell, dit-elle simplement.

Le blond inclina la tête, confus, lâchant un simple « hein » en guise de réponse.

- Je pense qu'elle essaye de dire qu'elle a un bon odorat, et peut nous détecter ainsi... suggéra le bleuté, Amélie acquiesçant.

- Vous avez compris ! dit Charlotte. Comment ?

- I can speak English, dit le bleuté, rendant la petite fille et le blond très enthousiaste.

- Wow ! Tu parles anglais ?! demanda Alois.

- Oui, probablement comme tous les gens dans ce pays.

Le bleuté regarda la fille aux cheveux argentés qui le fixait intensément. Voyant cela, le blond mis un bras autour du cou de Ciel de manière possessive, et il tira la langue à la fille qui grogna.

- Qu'est-ce que tu as ? demanda sa compagne. Tu parles parfaitement l'Anglais, alors pourquoi es-tu contrariée ?

- Ce n'est pas pareil, dit la fille aux cheveux argentés d'un ton monotone. Où dormez-vous ? leur demanda-t-elle.

- Amélie ! geint la vampire.

- Chez... nous ? répondit le blond, confus par la franchise et la question en elle-même.

Les garçons furent encore plus étonnés en voyant la surprise des deux filles.

- Vous avez votre propre maison ?! demanda Charlotte.

- C'est la mienne, en fait, dit le bleuté. Pourquoi ?

- C'est génial ! dit la vampire. Nous ne faisons que camper.

- Pas de douche, dit l'autre fille. Charlotte sent la mort.

- Pas du tout !

Tandis que ces deux là se disputaient, les démons eurent leur propre conversation muette. Le bleuté regarda le blond, et Alois comprit immédiatement. Elles étaient suspectes. Elles étaient comme par hasard sur le chemin que la dernière victime av ait emprunté, et l'une d'elle était comme par hasard une créature de la nuit suceuse de sang. Elles n'avaient pas non plus d'alibi. Pas de propriétaire pour les suspecter de cacher quelque chose, pas de voisins, juste elles. Il serait facile pour elles d'enlever et tuer des humains. Le Phantomhive prit alors une décision.

- Vous êtes les bienvenues pour passer la nuit chez nous, dit-il poliment- trop poliment pour Ciel.

Sa manière de parler avait été beaucoup trop bienveillante. Les deux filles arrêtèrent instantanément de débattre.

- Où est le piège ? demanda la plus petite.

Elle était clairement du genre à dire ce qu'elle pensait et n'hésitait pas à aller droit au but.

- Il n'y en a pas, répondit le borgne. Ce n'est pas tous les jours que l'on croise des gens comme nous, et puis, ton amie semble sur le point de fondre, dit-il en pointant du doigt la vampire qui suait, prête à s'évanouir.

Apparemment, le parapluie n'était plus assez efficace. Immédiatement, Amélie releva son large hoodie, révélant un haut blanc en-dessous.

- Entre ! ordonna-t-elle à son amie vampire.

- Je n'irai pas dans tes vêtements avec toi ! répliqua l'autre fille.

Cependant, elle lâcha un « argh ! » venant droit du cœur en se prenant un coup de tête à l'estomac administrée par sa compagne. Amélie jeta ensuite la fille sur son épaule tel un sac de farine, et se tourna vers le duo de démons.

- C'est par où ? demanda-t-elle en voulant parler du chemin jusqu'à leur résidence.

Elle arborait toujours cette même expression d'indifférence, comme s'il ne s'était rien passé. Les garçons clignèrent des yeux. Ils étaient sans voix devant le ridicule de cette paire. Même Alois Trancy, le maître des maux était impressionné. Ces deux là étaient des êtres surnaturels imprévisibles, ainsi que de potentielles tueuses, et Ciel les avait invitées chez lui. Il regrettait à présent d'avoir eu cette idée.

Avant qu'il puisse répondre, la fille partit, vampire en main. Apparemment, il avait pris trop de temps pour répondre, et elle avait décidé de deviner toute seule. Elle partit à une vitesse ridicule, qu'aucun humain ne pourrait égaler. Après être restés inerte un moment, les garçons la suivirent, courant aussi vite qu'ils le pouvaient, pourtant elle restait loin devant eux.

Charlotte et Amélie étaient d'étranges individus. Elles n'étaient pas humaines, ainsi que de potentielles assassines. Quels genre de ravages le manoir Phantomhive allait-il subir ? Il n'avait pas été détruit depuis plus d'un siècle, et Ciel souhaitait que cela reste ainsi. Avec l'arrivée de toutes ces nuisances dans sa vie, cependant, cela pourrait très bien changer dans un avenir proche...