Écrit par HateWeasel
140. Ce Blond, Déboussolé.
Tôt ce jour-là, le Manoir Phantomhive était en pagaille. L'étrange fille aux cheveux argentés, Amélie, était arrivé plus vite que le duo chez eux. Comment avait-elle su où ils habitaient, c'était un mystère, ils lui avaient demandé mais elle avait seulement répondu « The smell » et était entrée. Ils en déduisirent qu'elle avait suivi l'odeur du garçon. Cette fille était sans l'ombre d'un doute, folle.
À peine après avoir posé un pied dans la demeure, elle avait laissé tomber son amie au sol, enlevé ses chaussures avant de se promener dans la maison comme s'il s'agissait de la sienne. Ce n'était pas le plus étrange, cependant. En rencontrant le majordome de la maison, les choses avaient pris une tournure des plus étranges. Ils s'étaient fusillés du regard, et la fille lui avait grogné dessus. Elle n'avait pas prononcé un seul mot à son égard, elle avait simplement grogné tel un animal sauvage.
- Vous ne m'aviez pas prévenu que nous aurions des invités, jeune maître, dit l'homme vêtu de noir, ne quittant jamais des yeux la personne à l'air bestial.
Le jeune maître des lieux arriva enfin en haut, le démon blond derrière lui, et il répondit :
- Parce que nous l'ignorions, dit le bleuté.
Rattraper l'étrange fille avait été plus dur que prévu, malgré les avantages du garçon.
- Peux-tu préparer deux chambres d'invités ? demanda-t-il en soupirant d'exaspération, et en se dirigeant vers son bureau afin d'échapper au ridicule de la situation.
- Vos désirs sont des ordres, jeune maître. Une simple question, dit l'homme, est-il judicieux de garder un loup-garou en intérieur ?
- « Loup-garou » ?
répéta le blond. C'est un loup-garou ? Tu es un loup-garou ?! demanda-t-il à la petite fille.
Elle était encore plus petite que Ciel, et pourtant il semblerait qu'elle soit une bête assoiffée de sang. Alois n'arrivait pas vraiment à se faire à cette idée.
- Yeah, I'm a werewolf, répondit la fille.
Elle repartit ensuite en bas, probablement pour retrouver son amie, laissant les démons entre eux. Alois leva alors les mains.
- Bon ! dit-il. Ça explique pas mal de choses. Et maintenant, gentlemen ?
- Nous gardons un oeil sur ces deux là, dit Ciel. Ce sont nos seules suspectes pour l'instant, et j'aimerais que mon manoir reste intact, dit-il en partant avant d'ajouter : C'est un ordre !
Il laissa les deux autres entre eux. Il n'était pas d'humeur à discuter avec qui que ce soit actuellement, il en avait gros sur la patate.
Il songea à son travail de Chien de Garde dernièrement, et des difficultés qu'il rencontrait ces temps-ci. Il s'agissait toujours du même type d'enquêtes que d'ordinaire, alors pourquoi était-il incapable de les résoudre ? Normalement, il pouvait tout faire lui-même, regarder une feuille ou une preuve et instantanément trouver une piste, mais à présent il n'arrivait pas à réfléchir correctement. Son esprit était embrumé, comme s'il ne pouvait pas se concentrer. Il n'arrivait pas à penser à son travail de détective. Était-il en train de rouiller ? De s'affaiblir ? Ou était-ce autre chose, et si cela avait avoir avec l'enquête, qu'était-ce ? Il entra dans son bureau et ferma la porte derrière lui afin de rassembler ses pensées et de remettre ses idées en ordre pour trouver quoi faire ensuite. Il devait parler avec ces filles et leur soutirer des informations. La loup-garou ne coopérerait pas, mais la vampire... elle pourrait bien laisser filer quelque chose. Il était assis seul à son bureau et avait du mal à se concentrer sur sa tâche, laissant les autres à leurs propres affaires. Les pensées du blond, cependant, le concernaient.
- Eh, Sebastian ? commença le blond, attirant l'attention du majordome.
- Oui ? répondit l'homme en noir.
- Est-ce que... tu ne trouves pas que Ciel est un peu... différent, ces derniers temps ? demanda le garçon, un certaine inquiétude dans sa voix qui fit sourire le majordome.
- Je pense que le jeune maître rencontre simplement quelques difficultés, répondit Sebastian. Je ne m'en ferais pas trop, si j'étais vous.
Le blond fronça les sourcils et réfléchit un moment. Il n'aimait pas voir le bleuté dans cet état.
- Penses-tu que lui parler aiderait ? demanda-t-il.
Un ricanement s'échappa de la gorge du démon plus âgé.
- J'en doute, mais cela ne pourrait pas faire de mal. Le jeune maître semble s'ouvrir davantage à vous qu'aux autres, moi inclus, dit-il en souriant au Trancy. Je pense que vous l'avez changé.
- Il reste têtu comme une mule, répondit Alois en mettant ses mains sur ses hanches.
- Je ne suis pas certain d'être autorisé à me prononcer là-dessus, dit Sebastian en plaisantant, le blond gloussant.
- Tu sais, Sebastian, tu es plutôt cool, dit-il, surprenant l'homme en noir. Je pense que je n'ai jamais pris le temps de le remarquer, - le blond se mit en route pour partir à la recherche du bleuté -, Bon, je vais parler avec « Monsieur Ronchon » des sentiments. À plus, Sebastouille.
Le majordome l'observa un instant, étonné. Cela ne ressemblait pas à Alois de dire une chose pareille, surtout à un domestique. Sebastian se mit à sourire. Le blond était culotté, bruyant, odieux, et le responsable de son éternelle servitude, mais il ne le détestait pas. Il ne pouvait pas, peut-être parce que Ciel n'était pas le seul à avoir changé. Peut-être était-ce aussi le cas du blond. Ce dernier semblait avoir mûri par rapport au sale gosse qu'il était il y a cent ans, et il serait injuste d'en vouloir à un enfant.
Sebastian fut tiré hors de ses pensées par un martèlement. Il aperçut le blond frapper au hasard du poing à la porte du bureau du bleuté. Peut-être avait-il parlé un peu trop tôt.
Finalement, après ce qui avait semblé être une période de temps inappropriée, il fut accueilli par le bleuté qui ouvrit brusquement la porte en criant :
- J'ai dit « entrez » presque cinq fois !
- Pas entendu, répondit le blond, entrant dans la pièce et se laissant tomber sur le canapé. Alors, quoi de neuf, mon pote ?
Soupirant, Ciel referma la porte. Il se frotta les tempes, combattant une migraine imminente.
- Je ne sais pas, dit-il d'un ton frustré. Les interroger sur tout ce qu'elles savent sur une quelconque activité sortant de l'ordinaire, ou voir si elles sont impliquées ? dit-il et demanda-t-il à moitié.
- Ça me va, dit le blond alors qu'il s'allongea sur le canapé. Argh ! Comment peux-tu t'asseoir sur ces canapés ?
Le blond eut du mal à trouver une position confortable.
- Je ne m'y assois pas. Je m'assois sur la grande chaise rembourrée derrière mon bureau, répondit le bleuté avec un léger sourire.
Il rejoignit le blond sur le canapé de pierre, bougeant les jambes de l'autre pour s'asseoir. Il s'adossa avec un soupir, reposant sa tête contre le dos du canapé.
- Qu'est-ce qu'il y a, monsieur grosgnongnon ? demanda Alois, faisant une moue au bleuté.
- Rien, répondit l'autre garçon. Pourquoi ?
- Eh bien, commença le blond avec enthousiasme, s'asseyant pour être au niveau du garçon, tu soupires beaucoup dernièrement, et tu es instable. En plus, je sais que tu ne réponds jamais avec un simple mot. Alors, est-ce que tu voudrais réessayer et répondre honnêtement cette fois ?
Levant les sourcils, le bleuté ne put que cligner des yeux. Il était plutôt surpris de voir à quel point le blond le connaissait (ne donnait-il réellement jamais de réponse à un seul mot?). Il passa ses doigts dans ses cheveux, les écartant un moment de son visage en réfléchissant.
- J'ai du mal avec le travail de détective, ces temps-ci, dit-il, quelque peu embarrassé par sa réponse. Je n'arrive pas à me concentrer, je ne trouve plus les réponses tout seul, et c'est étrange.
Le blond acquiesça en réponse.
- Eh bien, je ne sais pas comment y remédier, mais je suis toujours prêt à t'aider si tu le souhaites, dit-il en regardant le bleuté, qui lui resta silencieux. Tu sais, l'une des choses que je préfère en vivant ici, c'est de ne pas avoir à faire les choses seul. Un certain cyclope bleu est toujours prêt à m'aider si j'en ai besoin. J'aimerais juste qu'il me laisse en faire de même.
Il mit ses bras autour du cou du Phantomhive, et ce dernier en fit de même autour de la taille du blond. Ce fut avec un sourire que le bleuté céda.
- D'accord, dit-il, j'ai compris. J'ai tellement l'habitude de faire les choses par moi-même, que lorsque je n'y arrive pas je ne sais pas comment demander de l'aide. Dernièrement, cela m'a un peu stressé.
- Eh bien... commença Alois avec un sourire espiègle, je te ferai savoir que je suis également partant pour te « déstresser » lorsque besoin il y a.
Il déposa un baiser sur la joue du bleuté, sentant la chaleur contre ses lèvres, due au rougissement du garçon.
- Hmm... est-ce que cela compte dès maintenant? demanda Ciel avec un sourire narquois.
- Et comment...
Alois lâcha un petit cri lorsqu'il fut allongé sur l'inconfortable canapé, le Phantomhive le surplombant. Il sentit ses lèvres être assaillies par l'autre garçon, et les mains de Ciel caresser ses flancs. Le blond déplaça sa main de la nuque du bleuté à l'arrière de son crâne, en profitant pour tenir le garçon en place et retirer son cache-œil, le jetant au sol. Finalement, les lèvres contre les siennes disparurent un instant, avant de revenir sur son cou, l'embrassant et le mordillant parfois.
Au moment où les mains de l'autre démon agrippèrent le bout de sa chemise, la porte fut grande ouverte, les faisant sursauter. Ils se séparèrent rapidement et regardèrent l'entrée, s'attendant à voir Sebastian, mais à la place ils virent la loup-garou. La première chose qu'ils remarquèrent fut qu'elle ne semblait pas choquée, arborant toujours la même expression d'indifférence qu'elle affichait depuis qu'ils l'avaient rencontré, ce qui les soulagea. Le deuxième chose qu'ils remarquèrent fut qu'elle ne portait qu'une serviette trempée, mouillant le tapis.
- Vêtements, dit-elle d'un ton monotone.
Sebastian avait apparemment décidé de laver les siens pendant qu'elle se douchait. Les garçons se regardèrent un moment.
- Je vais lui trouver quelque chose à mettre, dit Alois en remettant ses vêtements en ordre. Viens, Amélie, suis-moi.
Il fut sur le point de se lever, lorsque le bleuté le tira vers lui et chuchota dans son oreille.
- N'oublie pas ta promesse lorsque tu reviendras, dit-il avant de relâcher le blond.
Il remit alors ses propres vêtements en ordre et ramassa nonchalamment son cache-œil, le remettant avant de s'asseoir derrière son bureau. Le blond l'observa faire tout du long. Il se força à sortir de sa transe, et à se relever pour se diriger vers la porte. La fille le suivit à l'extérieur de la pièce, avant de fermer la porte derrière eux, laissant le Phantomhive à ses propres affaires.
Dans le couloir, Alois et la louve se rendirent dans sa chambre, où ils pourraient lui laisser emprunter quelque chose à porter. Ils marchèrent dans un silence presque étouffant. Cependant, ledit silence fut brisé lorsque le blond entendit la fille ricaner. Il tourna vivement la tête et vit la fille se couvrir la bouche, essayant de ne pas rire. Son visage devint immédiatement rouge.
- Vous allez bien ensemble, dit-elle. Ça chauffe vite.
- F-Ferme-là ! répliqua le blond.
Il était incroyablement embarrassé. Ce n'était pas le cas avant, alors pourquoi maintenant ? Il serra les poings, et reprit sa marche. La fille le suivit en silence.
Finalement, ils arrivèrent à la chambre d'Alois. Il tourna la poignée, emmenant Amélie à son armoire, où il chercha sans dire un mot des vêtements qui auraient l'air décent. Le blond se sentait observé tout du long. Elle reprit enfin la parole, pointant du doigt le cou du garçon.
- Un suçon, dit-elle, son expression restant fidèle à elle-même.
- Boucle-là !
