Écrit par HateWeasel
141. Nouvelles Informations.
- Cinquante-trois, dit Charlotte.
- Cent trente-quatre, dit Ciel nonchalamment.
- Deux cent cinq, dit Amélie.
Bien que son expression resta la même, elle sembla plutôt fière d'elle.
- Seize... dit finalement Alois.
C'était le matin au manoir Phantomhive, et le groupe parlait de leurs âges en attendant le petit-déjeuner. Il semblerait qu'Alois soit le plus jeune d'entre eux, n'ayant techniquement « vécu » que seize ans. Le blond s'enfonça un peu dans sa chaise en l'apprenant. Personne, lui inclus, ne savait vraiment pourquoi ce fait le gênait.
- On dirait bien que nous sommes les plus jeunes, hein ? dit poliment Charlotte à Alois, essayant de ménager le garçon. Je suppose que Ciel les aime jeunes, hm ?
La loup-garou assise à côté d'elle ricana en entendant sa remarque.
- Il a un ans de plus que moi. Il a juste été en vie pendant seize ans, dit Ciel en prétendant ne pas avoir entendu. Je l'ai ressuscité. C'est une longue histoire.
- Je n'en doute pas, répondit la vampire alors que Sebastian entra dans la pièce et mit les plats devant eux.
- Charlotte est ma femme ! s'exclama Amélie pour la deuxième fois depuis qu'elles connaissaient les étranges démons, se faisant ignorer par l'autre fille.
La louve fit la moue avant de porter son attention sur la nourriture devant elle. Les pancakes et le bacon semblaient délicieux, et elle fut sur le point de prendre ses couverts afin de les déguster. Cependant, lorsqu'elle prit le couteau et la fourchette, elle jappa et jeta les couverts en argent à travers la pièce, ratant de peu la tête du blond en face d'elle avant qu'ils s'enfoncent dans le mur derrière le garçon. Ce dernier regarda droit devant lui, horrifié.
- Qu'est-ce que tu fous ?! demanda-t-il finalement, fronçant les sourcils.
Il était mécontent du manque de réponse, la fille ne faisant que lécher ses mains légèrement brûlées.
- Tu aurais pu me tuer !
- J'en doute, dit Ciel, tu aurais simplement été incapable de te lever pendant quelques minutes. Toujours est-il que c'est inacceptable.
- Toutes mes excuses, jeune maître. Il semblerait que les couverts en argent soient réellement fait d'argent, dit le majordome en se courbant légèrement. Cela m'était sorti de la tête.
Amélie se leva et frappa la table des poings, fusillant l'homme du regard en grognant.
- Je vais chercher des couverts d'un autre métal, dit Sebastian en tournant sur ses talons pour partir, mais la fille se rassit et se mit à manger avec les doigts.
- Est-ce que tu peux au moins faire semblant d'avoir des manières ? demanda Charlotte, désapprouvant le comportement de son amie.
Elles étaient dans la demeure d'un riche, après tout. Elle ne voulait pas offenser les garçons, mais apparemment Amélie s'en fichait.
- Vous ne mangez pas, Charlotte ? demanda le blond en prenant un morceau. Il avait remarqué que la vampire n'avait pas de plat.
- Hm ? Oh, non. Je ne mange pas de nourriture, répondit la fille. Ça a un goût de cendres pour moi...
La fille aux cheveux argentés à côté d'elle lécha le sirop de ses mains afin de pouvoir baisser le col de son hoodie, révélant le fait que sa compagne l'avait mordu. Ces marques n'étaient pas là la dernière fois que les garçons l'avaient vue, bien que, cela aurait été l'une des dernières choses qu'ils auraient remarqué chez la fille culottée à ce moment-là. Elle regarda de côté, permettant aux autres de mieux voir les morsures.
- Elle m'a eu, dit-elle, posant comme si elle allait tomber dans les pommes ce qui eut pour effet d'agacer la vampire.
Vexée, Charlotte s'avachit légèrement dans son siège, rougissant un peu.
- Les lycanthropes sont-ils immunisés contre les morsures ? demanda le bleuté avec curiosité, ignorant les sous-entendus que la louve faisait.
- Oui, répondit la vampire, ils ne se changent pas en goules, ou en « vampire-garou ».
- « Goules » ? répéta le blond en inclinant légèrement la tête. Qu'est-ce que c'est, « goule » ?
Ciel se tourna pour faire face au garçon dont l'expression était confuse. Le blond n'était pas très renseigné au niveau surnaturel.
- Une goule est ce que l'on obtient lorsqu'un vampire bois le sang d'un être humain, commença-t-il. Ce sont des cadavres dénués de vie qui errent et dévorent la chair des vivants, en d'autres termes : des zombies.
- Sympa, répondit le blond avec un grand sourire.
Il devait l'admettre, être capable de créer une armée de zombies était tout de même plus impressionnant que ses ridicules pouvoirs florales.
- Alors comment on obtient un autre vampire ?
Cette fois-ci, Charlotte répondit. Elle posa ses coudes sur la table tout en expliquant.
- Un vampire ne peut engendrer un autre vampire que s'il suce le sang d'une personne vierge du sexe opposé au sien. Autrement, ce sera une goule, - elle jeta un œil à la louve assise à côté d'elle qui la fixait intensément -, Enfin, sauf si l'on est déjà un être surnaturel, ajouta-t-elle. Je ne me procure pas souvent du sang humain à cause de cela. C'est trop embêtant.
- Ça m'en a tout l'air, dit le bleuté. Il faudrait enlever quelqu'un, et s'occuper de la goule après.
Il prit nonchalamment une gorgée de son thé, jaugeant la réaction de la paire. À sa grande surprise, elles n'étaient pas perturbées.
- Oui ! Ne pas se faire arrêter pour meurtre semble être plus difficile ces temps-ci. Que faire du corps après ?
- Le manger, répondit Amélie.
- C'est dégoûtant...
Silencieusement, le duo de démon communiqua. Ils ne se servirent pas d'une sorte de télépathie pour ce faire, cependant. Non, ils leur suffisaient de se regarder dans les yeux. Ils sentaient que c'était évident. Ces deux-là n'étaient pas impliquées.
Elle étaient beaucoup trop à l'aise pour en parler. N'importe qui se sentant coupable n'oserait pas faire de blague sur le fait de manger un corps. Personne ne serait si nonchalant en parlant du sujet. Même un sociopathe bafouillerait en entendant la question, et hésiterait à répondre. À en juger par le comportement d'Amélie depuis qu'ils l'avaient rencontrée, elle n'aurait pas hésité à se débarrasser d'une potentielle menace, peu importe de quoi il s'agissait. Pourtant, elle était insouciante en leur compagnie. Elle avait de la bonne nourriture ainsi qu'un toit sur la tête pour l'instant, et elle s'en contentait, ne se demandant pas pourquoi elle avait été invitée dans une aussi grande demeure. Un coupable aurait tout remis en question. Ce n'était pas elles. Les deux garçons se dirent silencieusement qu'il était bientôt temps de tout dévoiler, et de mettre leurs cartes sur la table. Si elles savaient quoi que ce soit, leur franchise n'avait pas d'importance désormais.
- En parlant de cela, il y a beaucoup de personnes qui disparaissent dernièrement, dit le blond nonchalamment comme s'il faisait juste la conversation.
Ils avaient décidé de ne pas encore faire sauter leur couverture.
- Pensez-vous qu'un être surnaturel serait derrière tout ça ?
- Qu'est-ce qui te fait dire cela ? demanda Ciel, jouant le jeu et faisant de son mieux pour être convaincant.
Heureusement, elles tombèrent dans le panneau.
- Eh bien, apparemment, on ne sait pas où elles ont toutes disparues, dit Charlotte. Elles se sont juste volatilisées ! Je l'ai lu dans le journal.
- Que pensez-vous qui leur soit arrivé ? demanda le bleuté.
- Mortes, dit Amélie. Quasiment sûr.
- Oui, les gens qui disparaissent pendant une si longue période de temps sont généralement déjà morts quelque part, dit le blond. Le problème est de savoir où.
- Si quelque chose d'étrange se passe, et que des phénomènes paranormaux y jouent un rôle, je parie que Charlie en sait quelque chose, dit Charlotte.
La manière qu'elle eut de le dire sous-entendait que les garçons savaient de qui elle parlait. Ce n'était pas le cas.
- Qui est Charlie ? demanda curieusement le bleuté.
Il espérait qu'il n'aurait pas fait erreur en posant la question, mais elles n'auraient pas pu jouer la comédie plus longtemps de toute manière. La vampire eut l'air réellement surprise par sa question.
- Vous ne savez pas ? Vous venez d'arriver en ville ? demanda la fille. Charlie connaît tous les Londoniens impliqués dans tout ce qui relève du paranormal ! Il nous aide lorsque nous ne pouvons pas nous procurer ce dont nous avons besoin !
- Tch, - Amélie claqua de la langue, irritée -, Il est louche, dit-elle.
La louve plissa le nez et tira la langue de dégoût.
- Eh, il est bon avec nous ! Tu n'aurais pas pu te procurer certaines choses qu'il trouve pour nous ! Si ce n'était pas pour lui, tu n'aurais pas de steak.
- En quoi est-il « louche » ? demanda le bleuté, reposant son menton dans sa paume.
- Il sent la mort, répondit Amélie. Littéralement.
- C'est un vampire après tout, non ? demanda Charlotte.
- Ce n'est pas une raison.
La loup-garou était étrange. Elle doutait de Charlie, que les filles connaissaient apparemment bien, et faisait confiance au duo de démon, qu'elle ne connaissait que depuis quelques heures. Et cela juste par l'odeur, par-dessus tout. Peut-être était-ce quelque chose ne concernant que les loups-garous.
Quoi qu'il en soit, le duo décida que ce « Charlie » pourrait leur être utile. À travers leur habituelle communication silencieuse, la paire se mit finalement d'accord pour tout dévoiler. Elles seraient peut-être plus enclins à coopérer si elles étaient au courant de la gravité de la situation.
- J'aimerais le rencontrer, dit finalement Ciel. Je me demande s'il sait quoi que ce soit sur le Chien de Garde de La Reine ? plaisanta-il avec Alois, sourire narquois sur le visage.
En réponse, les filles inclinèrent leurs têtes, confuses.
- Le quoi ? demanda la vampire.
Pour une quelconque raison, la question agaça Ciel.
- Il s'agit de mon surnom, dit le bleuté, masquant son agacement grandissant. Je suis l'un des agents surnaturels d'Angleterre qui travaille pour le bien du peuple. Résoudre les enquêtes étranges et rendre les criminels à la justice est ce que je fais de mieux.
Charlotte faillit s'étouffer avec sa propre salive, tandis que Amélie resta impassible. Elle semblait presque soulagée en un sens, si vous pouvez y croire. Même si l'on ne pouvait pas le voir sur son visage, elle semblait un peu plus sereine qu'il y a quelques instants. Peut-être avait-elle bien doutée du duo, après tout.
- Vous êtes un quoi ?! Êtes-vous sérieux ?! demanda la vampire après s'être remise de son choc. Ça existe ?!
- Bien sûr que oui. L'Europe grouille d'activités surnaturelles. Pourquoi n'aurions-nous pas de quoi nous défendre ? répondit le Phantomhive.
- Une minute, ne me dites pas que vous nous avez amenées ici parce que vous nous suspectez !
Maintenant, elle semblait énervée.
- Vous vous trouviez sur le chemin que la dernière victime a empruntée. Nous nous sommes dits que vous sauriez quelque chose, ou que vous connaîtriez quelqu'un qui saurait. Cela n'avait rien de personnel.
- Nous essayons simplement de faire notre travail, dit Alois. Nous ne voulions pas vous vexer ou vous blesser.
- Comment pouvons-nous vous faire confiance maintenant ? demanda la vampire, se levant. On ne sait jamais, nous pourrions foncer droit dans un piè-
- La nuit, interrompit Amélie, il n'est réveillé que la nuit. On vous emmènera ce soir.
Elle regarda la vampire un moment, utilisant une communication similaire à celles des comtes. Finalement, Charlotte se calma quelque peu et se rassit.
- Désolée... dit-elle.
- Pas de problème, dit le bleuté. Devrions-nous attendre jusqu'à la tombée de la nuit ?
La loup-garou acquiesça en réponse.
- Que devrions-nous faire jusque là ? demanda le blond assis à la droite du bleuté.
Amélie sauta de l'autre côté de la table, frappant Alois au dos en criant :
- C'est toi le chat !
Puis elle s'enfuit. Rapidement, les deux autres présents dans la pièce se levèrent et partirent à leur tour, laissant le blond réaliser ce qu'il venait de se passer.
- Quoi ? Une minute... EH !
Puis, il partit lui aussi en courant dans l'une des directions que les autres avaient empruntée.
