Écrit par HateWeasel

142. L'Odeur De La Mort.

La nuit était tombée sur la capitale, et la métropole habituellement animée s'était un peu calmée étant donné que la plupart des habitants dormaient sereinement dans leurs lits. Depuis le sol, il faisait nuit noire sans une seule étoile à cause de la lumière émanant des nombreux immeubles, mais les gens marchant dans les rues la nuit étaient trop occupés pour regarder en haut. Ils parcouraient tous les nombreuses rues et trottoirs en chemin vers leur club préféré ou leur domicile.

Mais ce n'était pas dans cette partie de la ville que le groupe s'aventura. Non, la partie de la ville qu'ils arpentèrent était délabrée, avec de nombreux bâtiments condamnés ou abandonnés. Ce n'était pas la « mauvaise partie de la ville » que le bleuté connaissait. Il y avait été maintes et maintes fois pour le travail, mais cet endroit était nouveau. C'était presque désert. C'était mort. Les humains vivant encore ici semblaient avoir abandonné tout espoir d'une vie meilleure depuis bien longtemps. Cet endroit était tout ce qu'ils avaient. Personne n'essayeraient de fuir d'ici, ils en avaient perdu la capacité. !

Les quelques autres êtres habitant ici n'étaient pas mort psychologiquement, mais littéralement, pourtant ils étaient là. Les garçons pouvaient les sentir dans toutes les directions alors qu'ils passaient en voiture jusqu'à leur destination. Une partie du Phantomhive était contente d'avoir choisi d'emmener Sebastian.

Ils arrivèrent à un immeuble désolé qui ressemblait à tous les autres, mais dont le numéro était différent. Charlotte s'avança en première, montant les marches avant de s'arrêter au seuil et de sonner. Elle jeta un oeil vers les autres avant que la porte s'ouvre, un homme à l'air très étrange faisant son apparition.

Il était pâle, avec des cercles noirs autour de ses yeux rouges, et il avait une mâchoire angulaire ainsi que des oreilles légèrement pointues. Ses cheveux étaient noirs, coiffés en arrière, hors de son visage mais ils se courbaient à l'arrière. En les regardant, Alois lui trouva une forte similarité avec un hérisson. L'homme était habillé d'une manière plutôt morose, une chemise blanc cassé sous un pull gris, et un jeans bleu. L'aura qu'il émettait ne laissait pas de place au doute, c'était un vampire. Il s'agissait de Charlie, l'homme que le groupe cherchait. Il eut d'abord l'air indifférent, puis il s'attarda sur la fille qui se tenait devant lui et il fut surpris.

- Charlotte ? dit-il curieusement en levant un sourcil.

- B-Bonsoir, dit-elle avec hésitation, mais quelque peu enjouée.

La louve derrière elle fronça les sourcils et croisa les bras, lâchant un grognement presque inaudible. Si les deux démons ne se tenaient pas juste à côté d'elle, ils ne l'auraient sans doute pas entendu.

- Que fais-tu ici ? demanda-t-il, faisant signe au groupe d'entrer.

- Euh, eh bien, ces deux là voulaient te parler, dit-elle. Je leur ai juste montré le chemin.

Charlie se tourna pour regarder avec curiosité les deux garçons. Son visage se tordit en une expression indéchiffrable avant de sourire. Ils ne purent s'empêcher de remarquer que son sourire était en quelque sorte triste.

- Eh bien, je pensais ne jamais rencontrer le Chien de Garde de La Reine en personne, dit-il.

Le bleuté était désormais très confus. Comment cet homme pouvait-il le connaître et pas Charlotte ?

- Vous me connaissez ? demanda Ciel, levant un sourcil.

L'homme ricana en menant le groupe dans le séjour. Il était tout aussi maussade que les autres pièces, avec seulement quelques bougies en guise d'éclairage, renvoyant des ombres dansantes sur les murs. La pièce était oppressante, mais rien d'insupportable, sauf si l'on demandait son avis à la louve qui faillit avoir un haut-le-cœur. Elle remonta le col de son hoodie et le mit sur sa bouche et son nez pour atténuer l'odeur.

- Bien évidemment, répondit Charlie. Je sais presque tout ce qu'i savoir sur la face cachée de cette ville. De ce que j'ai ouï dire, vous êtes plutôt occupé !

Il s'assit sur un grand fauteuil dans le coin de la pièce et regarda le borgne.

- J'ai entendu dire que vous aviez tué un ange, et un démon. D'ailleurs, est-ce le petit démon dont j'ai tant entendu parler ces derniers temps ? Celui que vous avez invoqué ?

- Comment savez-vous tout cela ? demanda le bleuté, se plaçant devant le blond.

Il n'appréciait pas que l'homme en sache autant.

- Ce n'est rien d'extraordinaire, vraiment. J'ai juste un réseau. J'aide les êtres surnaturels dans le besoin, et ils me racontent leurs histoires les plus intéressantes. Vous avez une certaine réputation, « roi des démons ». Vous effrayez les gens !

- Tant qu'ils restent en dehors de mon chemin, ils sont en sécurité. Ma réputation ne m'intéresse pas vraiment dans votre monde. Je m'intéresse davantage à ce qui entre dans le mien.

- Que voulez-vous dire ?

- Je suis certain que vous savez exactement de quoi je veux parler. Dites-moi, y a -t-il eu des comportements déviants récemment ? demanda le garçon.

Il émettait une aura sombre qui écrasait celle des autres dans la pièce, sauf le blond qui était habitué à l'étrange atmosphère de l'autre garçon. Pour une créature de l'ombre, il était très impliqué dans le royaume de la lumière; le royaume des humains. Il était connu dans le folklore surnaturel de Londres comme une sorte de « croque-mitaine » qui agissait selon les oppressives règles humaines. Il était un chien dressé par les humains, mais en même temps, il était son propre maître, ayant deux démons à ses côtés pour répondre à ses besoins. Ciel Phantomhive était un humain différant des autres humains, physiquement et psychiquement, un humain pouvant mater les démons et terrasser des divinités. C'était également à cause de cela qu'il n'était pas comme ceux de l'obscurité non plus, avec ses mœurs humaines et ses actes irréalisables par ses compères. Il n'était du côté de personne si ce n'est le sien, se servant de ses propres règles pour servir ses propres intérêts. Il n'était pas un véritable humain, ni un véritable diable. Il n'était ni le jour, ni la nuit.

Cela effrayait ceux qui le connaissaient. En vérité, cela faisait plus peur à l'homme qu'il ne le montrait. Il répondit au garçon en gardant une certaine assurance.

- « Déviant » ? répéta-t-il. En quoi ? S'ils agissent comme de potentiels tueurs ? Non, je n'ai rien vu de tel.

Ses yeux n'arrêtaient pas de se poser sur Charlotte alors qu'il parlait, faisant quelque peu frissonner cette dernière. Elle n'aimait pas la manière qu'il avait de la regarder. Amélie grogna en direction de l'homme alors qu'il reprit.

- Qu'est-ce qui vous fait penser que le suspect n'est pas humain ?

- Pour être franc, ce n'est qu'une intuition, répondit le bleuté. Il serait difficile pour un humain d'effectuer un enlèvement aussi proprement.

Le raisonnement du garçon fut interrompu lorsqu'il sentit qu'on tirait légèrement sur sa manche. La louve semblait sur le point de vomir s'ils restaient plus longtemps ici, et elle espérait silencieusement qu'ils pourraient bientôt partir. Il regarda le blond qui arborait une expression concernée en observant l'homme.

Il y avait quelque chose que le blond n'aimait pas non plus chez lui. Il ne savait pas s'il s'agissait de ses cheveux, de son apparence, ou du fait qu'il soit un adulte, mais il y avait quelque chose qu'il n'aimait pas chez Charlie. Son instinct lui disait que quelque chose n'allait pas chez lui, et il ne voulait pas le côtoyer. Finalement, le bleuté dût céder. Soupirant, il dit :

- S'il n'y a rien d'autre à savoir, alors je suppose que nous allons partir. Merci beaucoup pour votre temps.

- Aucun problème, répondit l'homme avec un sourire.

Ledit sourire disparut lorsque le groupe se retourna pour aller vers la porte. Il se leva de son siège et reprit la parole.

- Un instant. Pourrais-je avoir un dernier mot avec Charlotte ?

La fille se raidit l'espace d'un instant avant de se retourner pour faire face à l'homme. Elle fut sur le point de se diriger vers lui lorsqu'elle sentit qu'on tirait sur sa manche. C'était Amélie, son expression était passée de l'indifférence à l'inquiétude; une véritable inquiétude. La plus grande fille se mit au niveau de la loup-garou.

- Tout ira bien, Lielie. Ce n'est que Charlie, lui dit-elle avant de se relever et de regarder le duo de démon. Si je ne sors pas dans quelques minutes, vous pouvez retourner au manoir et je vous rattraperai. Je connais le chemin.

Ses paroles ne firent rien pour calmer l'expression de l'autre fille, mais elle se radoucit. Bien qu'elle ne faisait pas confiance à Charlie, elle croyait en Charlotte de tout son cœur.

- D'accord. Si le soleil se lève, appelle-nous et nous viendrons te chercher, dit le bleuté.

- Ce serait dommage si tu fondais ! plaisanta Alois avant de se diriger vers la porte, suivant le bleuté.

Jetant un dernier coup d'œil à la vampire, Amélie partit, son mal être apparent. Le moteur du véhicule garé dehors rugit en revenant à la vie, et la voiture se mit en route, laissant les deux vampires seuls, en silence.

- Je pensais ne jamais te revoir, Charlotte, commença-t-il.

Ses yeux étaient doux à présent. Le tranchant qu'ils avaient auparavant était parti.

- Je pensais ne jamais revenir, répondit la fille.

Elle était agitée, regardant le sol. La gêne était insoutenable.

- Tu es aussi belle que le jour où je t'ai rencontré, dit Charlie en allant vers elle, plaçant une main sur sa joue. Tu n'avais que dix-neuf ans. Je m'en souviens bien.

- Que me veux-tu, Charlie ? demanda Charlotte en s'écartant.

- « Charlie » ? demanda l'homme. Pas « maître » ?

La vampire croisa les bras. Elle n'était plus la faible humaine qu'il avait plongé dans ce monde d'obscurité.

- Les gens changent, dit-elle.

- Pas moi. Je n'ai pas non plus oublié ce que je ressens pour toi.

Charlotte passa son poids d'un pied à l'autre.

- C'est tout ce que tu avais à dire ? Je m'en vais, dans ce cas, dit-elle en se retournant pour partir.

Elle n'avait plus besoin de Charlie. Elle savait ce qu'il se passait dans le monde. Elle n'avait plus besoin de s'appuyer sur lui.

Elle fut sur le point de tourner la poignée, lorsque du brouillard flotta vers elle, juste dessous ses yeux. C'était noir, une odeur de mort. Le brouillard resta quelque instants avant de prendre la forme d'un homme, se solidifiant dans l'air. Le brouillard était Charlie et Charlie était le brouillard. Il se tenait devant elle, lui bloquant la route.

- Ne me dis pas que tu es vraiment venu pour que ces garçons me parlent, dit-il, son ton sévère. Charlotte...

- Je ne suis certainement pas venu pour toi, rétorqua-t-elle. Écoute, je sais, tu as... des sentiments pour moi, mais... je ne peux pas y répondre.

Elle alla de nouveau vers la sortie, mais le vampire bougea également pour continuer à lui bloquer la route.

- Pourquoi pas ? demanda-t-il en s'avançant d'un pas. Y a-t-il quelqu'un d'autre ? L'un de ces garçons ?

Charlotte fit quelques pas en arrière.

- Oui, mais ce n'est pas l'un d'eux. Ce n'est qu'une petite partie du « pourquoi »,
cependant...

- Alors pourquoi !? Qui est-ce ?!

Les yeux de l'homme luisirent, et il grogna. Il n'était pas comme cela autrefois. Il ne s'était jamais énervé ainsi. Il effrayait la fille. Il pouvait le voir à son expression, pourtant cela ne fit rien pour le calmer. Charlie attrapa son col, la forçant à ne pas bouger.

- Si tu ne me dis pas, ton sang me le dira !

- Amélie ! cria-t-elle, surprenant le vampire plus âgé.

Son emprise se desserra un moment et il fixa Charlotte, choqué.

- Quoi ? demanda-t-il.

- C-C'est... Amélie... répondit-elle, effrayée et embarrassée. C'est pourquoi je ne peux pas, Charlie... Ce n'est pas toi, c'est moi...

- Tu veux dire... tout ce temps, tu étais...

Charlotte acquiesça.

Le silence prit place un moment. Qu'y avait-il de plus à dire ? Rien. Il n'y avait rien qu'ils puissent dire. Ils restèrent donc muet pendant ce qui sembla être une éternité. Finalement, Charlie craqua. Son expression choquée devint enragée, et ses doigts s'enroulèrent autour de la gorge de la fille. Il la souleva et l'envoya s'écraser au sol, faisant s'écrouler le plancher.

Ils tombèrent en bas, dans le sous-sol de la maison branlante. Ils atterrirent dans l'obscurité, seulement éclairé par la lumière des bougies dans la pièce du dessus. Ils n'avaient pas besoin de lumière pour voir. Dans l'obscurité, ils voyaient encore mieux qu'en plein jour, alors tout leur était visible. L'odeur de Mort était encore plus présente ici qu'en haut, la source se trouvant ici. Charlotte observa les alentours de la grande salle, et elle fut terrifiée. Des cadavres en décomposition qui avaient autrefois été humains, se mouvaient. Elle était entourée de goules.

- ARRÊTEZ LA VOITURE ! cria soudainement Amélie.

Elle ouvrit la fenêtre et renifla l'air, déconcertant les démons.

- Mais qu'est-ce que tu fous ?! demanda Alois en se frottant la tête après avoir heurté l'arrière du siège passager.

- Que se passe-t-il ? demanda Ciel, espérant que la louve ait trouvé quelque chose d'intéressant.

- Suivez-moi, dit-elle en détachant sa ceinture et ouvrant la portière.

Les autres durent rapidement en faire de même, avant qu'ils ne la perdent de vue. La vitesse d'un loup-garou, même en forme humaine, n'était pas à prendre à la légère.

Le long de la rue, la louve et les trois démons se précipitaient là où Amélie les menait. Elle le sentait dans l'air à présent. Elle sentait la Mort. La même puanteur qui l'avait presque fait vomir chez l'homme était désormais dans l'air. Quelque chose avait dû arriver pour relâcher l'Odeur, et cela voulait dire que quelque chose était arrivé à Charlotte, elle le sentait. Alors qu'ils se rapprochaient, l'odeur fut encore plus forte, si forte en fait, que les autres purent eux aussi la sentir.

L'odeur de la Mort.