Titre : Le masque
Auteur : Gwenetsi
Univers : Walt Disney Zorro
Résumé : Zorro est sur la trace du clan Limenes, des trafiquants d'êtres humains, lorsqu'il reçoit l'aide inattendue du capitaine Toledano. Blessés tous deux lors de l'attaque du camp, le Renard doit maintenant les sauver.
Note de l'auteur : L'idée de départ était de faire une histoire courte sur Zorro et Toledano, si possible reveal fic. C'est maintenant fait !
Bonne lecture !
Le masque
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Zorro caressa du bout des doigts le masque qui recouvrait l'intégralité de son visage. Le toucher était doux et le tissu ne le gênait pas pour respirer. Voilà plus d'un an qu'il le portait et c'était pourtant toujours aussi étrange de sentir l'étoffe là où il avait eu tant l'habitude d'exposer sa peau.
Tout était venu d'une coupure malencontreuse sur la joue treize mois plus tôt. Plus que vouloir se protéger des ronces à l'avenir, il avait réalisé qu'il jouait avec le feu depuis longtemps à présenter au monde une partie de son visage. À y réfléchir, Monastorio avait bien failli l'identifier à cause de ça. Il avait alors pensé au masque intégral, pour finalement renoncer, par vanité et par orgueil. Au début, il prenait tout à la plaisanterie. Le sérieux de sa mission était venu plus tard.
Cette ronce du ravin lui avait rappelé qu'un demi-masque ne protégeait pas son identité. La coupure au visage de Zorro pouvait révéler qui il était. Le Renard n'avait pas eu à œuvrer le temps que la coupure disparaisse, mais il avait pris conscience de la fragilité de sa situation. Choisir ce nouveau masque, c'était aussi prendre un tournant dans sa mission. Tous l'avaient compris. Un autre homme pourrait dorénavant se cacher derrière. La mission du Renard s'ancrait dans la durée.
Il était loin le temps où le jeune prodige de l'école militaire décidait d'affronter la tyrannie, défendre la justice et protéger le peuple. De simples canailles, El Zorro avait dû ensuite faire face à des bandits, puis à des ennemis de plus en plus retors. Le Nouveau Monde attirait les Européens, le meilleur comme le pire du peuple, et le Renard avait fort à faire.
Le sergent Garcia assurait le commandement de Los Angeles. Ces dernières années, ces derniers mois particulièrement, avaient vu exploser sa population. Le petit pueblo était devenu une ville et le centre névralgique d'une région de dizaines de milliers d'habitants. Avec ça était venue la hausse des crimes, mais aussi la hausse du nombre de lanciers. Une nouvelle caserne serait bientôt achevée pour accueillir l'ensemble des militaires. Des sous-sols y abriteraient des geôles bien plus difficiles d'accès que les actuelles, à l'image de la prison de Callao aux portes du désert. Cela ne dérangeait pas le Renard tant que Garcia était aux commandes.
Le bon gros sergent parvenait à gérer la région tant bien que mal. Honnête et droit, il n'arrêtait personne sans motif solide, principalement grâce à l'aide de Zorro. La taille grandissante de Los Angeles et le travail à faire était difficile pour lui, loin d'être un grand meneur. Un nouveau commandant était requis. Un gouverneur le serait également sans doute bientôt.
De retour d'Espagne, le capitaine Toledano devait prendre le poste au cuartel de Los Angeles. Un imprévu l'avait cependant contraint à y renoncer provisoirement. Garcia assurait donc encore l'intérim.
– Un imprévu, sourcilla Zorro au souvenir de cette annonce.
Il secoua la tête en pensant au réel motif qui avait contraint le capitaine à différer son arrivée. C'était la même raison qui l'obligeait à être là ce soir.
Tornado renâcla en sentant l'humeur de son cavalier se faire plus sombre. Le Renard tenta de chasser les souvenirs mais ils passaient sans cesse devant ses yeux. Il finit par capturer les bons pour rejeter, au moins temporairement, les mauvais.
Son père faisant sa comptabilité dans son bureau, les plans de la maison qu'il souhaitait agrandir si Diego se mariait enfin, leurs chevauchées ensemble dans le domaine maintenant qu'ils travaillaient de concert, les sourires et les bonheurs d'un père et d'un fils réconciliés comme si les heurts passés n'avaient jamais existé…
Mais un point noir au tableau, plusieurs même. Le secret de Zorro qu'Alejandro ne connaissait pas et qui compliquait la vie de Diego, ce même secret qu'il l'emmenait toujours plus loin et plus longtemps sur les routes de Californie depuis près d'un an, la solitude de ce rôle ces dernières semaines et le devoir de tout gérer sous peine d'effondrement…
Zorro soupira. La pression était quotidienne et il ne savait plus depuis quand il n'avait pu souffler et prendre du temps sereinement. Son regard tomba sur l'horizon nimbée de couleurs pourpre. Le soleil disparaissait enfin. Il allait pouvoir partir.
- Tenez bon, dit-il au vent. Nous serons là bientôt.
Il s'empara des rênes et lança Tornado sur les cailloux du chemin. Le cheval le conduirait plus qu'il ne le ferait encore une fois. La fatigue accumulée ces derniers temps était sa pire ennemie, mais rien ne l'empêcherait d'accomplir sa mission.
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L'hacienda Joanes se trouvait près de Capistrano. Modeste, l'exploitation n'avait jamais attiré l'attention. La famille continuait le travail de la terre et l'élevage dans l'anonymat. Il était rare de voir l'un de ses membres venir à Los Angeles et même à San Juan Capistrano, les propriétaires étaient peu connus. Les Joanes n'avaient pas mauvaise réputation, ils n'étaient pas mis au banc de la société non plus. Ils étaient seulement considéré comme des gens ordinaires et cela leur convenait bien.
La majorité de leurs terres était terriblement hostile à son exploitation. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'ils avaient choisi l'endroit. Amicaux avec les indiens depuis leur installation, les Joanes leur avaient toujours délégué une partie de leurs terres. Ce n'était pas officiel, car rien ne pouvait vraiment l'être, la faute aux espagnols et autres ignorants du même acabit qui voyaient dans les autochtones la lie de la population.
Zorro s'était toujours fait un devoir d'apprendre et de respecter chaque personne. Il avait lié des liens amicaux avec plusieurs tribus indiennes et d'autres plus fort avec certains indiens, notamment ceux des terres Joanes.
C'était par eux qu'il avait eu vent de l'information. Des trafiquants empiétaient sur les terres de plusieurs haciendas à de mauvais desseins. Parmi eux, un groupe sortait du lot. Il s'était fait très vite une solide réputation et la pire de toute. Les Limenes faisaient du trafic d'êtres humains.
Zorro exécrait ce genre de personnes qui faisait son bonheur et son argent sur le malheur et la vie d'hommes, de femmes et d'enfants. Quelle que soit leur origine, leur âge, tant qu'ils rapportaient de l'argent rien n'avait d'importance. Avec eux, l'esclavage prenait une ampleur universelle terrible.
