Écrit par HateWeasel

143. Ni Du Jour, Ni De La Nuit.

Alors qu'ils se rapprochaient, les démons sentirent ce que la loup-garou sentait; des cadavres en décomposition. Plus ils s'approchaient, plus l'odeur était forte, et ils entendirent alors les créatures grogner tandis que l'air s'échappait d'une manière ou d'une autre de leurs poumons désagrégés. Quel horrible son. Quelle horrible puanteur. Toujours était-il que, ils ne s'arrêtèrent pas, revenant au vieil immeuble abandonné où ils s'étaient rendu plus tôt.

Amélie se rua sur la poignée, la tournant, mais elle ne bougea pas. Elle poussa et tira, serrant les dents, mais l'obstacle resta.

- Amélie, c'est verrouillé ! dit le bleuté alors que lui, Alois et Sebastian rattrapèrent enfin la fille. Nous allons devoir trouver une autre entrée !

Elle n'avait pas la patience pour cela. Elle s'éloigna de la porte avant de la charger, heurtant le bois avec son crâne. Elle réussit à fissurer la porte, mais elle n'obtint pas le résultat escompté, alors elle recommença.

- Elle est complètement taré, putain ! s'écria Alois.

La regarder se frapper la tête contre cette porte suffisait à lui donner un mal de crâne.

- Sebastian, ouvre-là, ordonna le bleuté.

Le plan d'Amélie fonctionnait, mais pour l'instant, elle n'avait pas assez de force. Sans prononcer un mot, l'homme s'exécuta, enfonçant la porte de l'épaule et s'arrêtant du pied alors que la porte vola à travers la pièce. La loup-garou fut à l'intérieur avant lui, chargeant avant de se stopper de peu devant l'énorme trou au sol.

Elle mit une main sur son visage. L'odeur était nauséabonde. Elle remontait et se dispersait, remplissant la pièce de l'étouffante odeur de décomposition. Les goules étaient audibles depuis le sous-sol, leurs yeux luisant fixant le groupe. Amélie fit un effort monstre pour retrouver sa voix et la projeter, entre quelques toussotements.

- Charlotte ! appela-t-elle.

- Amélie ! cria en retour la vampire. Je suis en bas !

Charlotte était sous eux, au centre de tous les cadavres animés. Ils l'ignoraient et se concentraient sur les autres, tendant maladroitement leurs membres pourris, verdâtres, et violâtre vers eux. Ils avaient la bouche grande ouverte, révélant leurs dents jaunes, mourant d'envie de les dévorer. Alois était écœuré en pensant que quelque part son corps originel pourrissait six pieds sous terre dans un état similaire. Il se couvrit la bouche et résista à l'envie de rendre.

L'œil visible de Ciel s'écarquilla alors qu'il regardait les visages des décédés. Il les reconnaissait. Il lui fallut un moment, mais finalement, il se souvint.

- Ce sont les disparus ! cria-t-il. Ils ont été changé en goules !

- Qu'est-ce qu'on fait ? demanda le blond.

Il se força à détourner le regard de la horde pour regarder le bleuté, ce qui l'aide à se calmer un peu.

Ces personnes étaient mortes. Elles étaient déjà perdues. Même si Ciel le souhaitait, il ne serait pas en mesure de les ramener à la vie comme il l'avait fait avec Alois. La seule raison pour laquelle Alois était vivant était que Ciel avait pu se servir de la bague qui, à une époque avait contenue l'âme du blond, lui permettant ainsi d'établir un lien avec son essence et de le ramener. Les chances pour que ces personnes aient quelque chose auquel elles puissent être rattachées étaient nulles. Elles étaient parties, et elles ne reviendraient jamais. Ce fut pour cette raison que le Chien de Garde n'hésita pas en prenant une décision.

- Détruisez-les, dit-il. Vous deux ! Exterminez les goules et matez Charlie !

- Yes, my lord, dit l'homme vêtu de noir en se courbant légèrement.

- Oui, maître, dit le blond en se préparant à combattre.

- Yes, your lord.

- Depuis quand travailles-tu pour lui ?! demanda le blond.

- Je me sentais exclue.

Elle s'élança sans plus attendre dans le gouffre, sa casquette de baseball rouge tombant. Elle fut suivie par les démons, les quatre atterrissant au beau milieu des goules. Il n'y avait qu'une petite distance qui les séparaient des dents grinçantes des morts-vivants.

- J'avais bien peur que vous découvriez tout ainsi, dit Charlie, d'un côté de la pièce. Je comptais me débarrasser de vous de toute façon, Chien de Garde, alors ce n'est pas plus mal.

- Que pensiez-vous accomplir en remplissant un sous-sol de goules ? demanda le bleuté, fronçant les sourcils.

- Je suis ravi que vous posiez la question. Voyez-vous, nous qui vivons dans l'ombre avons été oppressé et réduit à se cacher de l'humanité pendant des siècles, et je pense qu'il est grand temps de reprendre le monde pour nous ! Il n'y a qu'une chose en travers de mon chemin... dit le vampire, pointant le garçon du doigt, de manière accusatrice, … Vous. Vous êtes la seule personne capable de m'arrêter, « Roi des démons ». Vous, qui abusez de vos pouvoirs de l'ombre pour protéger celui de la lumière, vous n'êtes qu'une vermine !

- Tu aimes beaucoup parler, dis dont, s'exclama une voix.

Les deux démons et les deux vampires dans la pièce se tournèrent vers Amélie. Elle fronça les sourcils avant de reprendre.

- Honnêtement, je ne comprends pas comment on peut être aussi bavard ! Tu penses sérieusement que ces sac d'os ont une chance contre lui ? Tes idées sont aussi pathétiques que toi ! Tu n'es qu'un misérable vampire qui n'a rien pour lui ! Pas de foyer, pas d'amis, pas d'être aimé, et pas de cœur; et tu penses pouvoir vaincre quelqu'un qui garde son humanité tout en marchant dans les ténèbres ? Tu ne peux pas le tuer ! Ce n'est pas un petit toutou ! Il n'est ni le jour, ni la nuit !

Tout ceux présent dans la pièce furent bouche bée devant le soudain discours de la fille. Charlotte avait dit qu'elle parlait parfaitement l'Anglais. Ils ne s'étaient pas attendu à ce qu'elle manie aussi bien les mots.

Amélie sourit d'une manière hautaine et provocatrice; le premier sourire que les garçons voient sur son visage. Elle s'accroupit au maximum, comme si elle s'apprêtait à bondir. De curieuses traînées d'énergie blanche semblèrent entourer son corps alors qu'elle se préparait à attaquer.

- J'ai toujours dit que « les gestes étaient plus efficaces que les mots», et maintenant, je vais te botter le cul.

Elle chargea, courant parmi les goules à une telle vitesse que leurs corps ne purent réagir à temps pour essayer de l'arrêter. L'énergie autour d'elle donnait l'impression qu'elle était une lumière au ralenti. Elle fonça droit sur Charlie, laissant les démons se défendre tout seul.

- Elle est cinglée, cette chienne ! cria le blond après elle.

- Alois ! dit le bleuté d'un ton sévère.

- Quoi ? C'est un chien, et c'est une fille, non ?

La paume du bleuté rencontra son front en entendant la plaisanterie absolument pas adaptée à la situation. L'heure n'était pas aux blagues; l'heure était à l'extermination de goules.

Le trio se prépara alors que les premières goules attaquèrent, grognant tandis que leurs muscles tombant protestaient, victimes de la rigidité cadavérique. Ciel s'assura de mettre une paire de gants noirs avant de se lancer dans le combat, tout comme Sebastian, les siens étant blancs. Alois devrait faire avec étant donné que le combat qui allait suivre risquait d'en mettre partout.

- Souvenez-vous : visez la tête ou le cœur. Autre part, cela ne les arrêtera pas, leur rappela Sebastian.

- Compris ! dirent simultanément les garçons.

Ciel asséna le premier coup contre l'une des créatures devant lui, la frappant de toutes ses forces à la tête. Des os volèrent en éclats avec l'impact, et la peau se déchira alors que le poing du bleuté heurta l'ignoble goule. Du sang ainsi que des tissus cérébraux collaient désormais à ses gants et ses vêtements. Une fois la première tombée, il se prépara à en frapper une autre, tandis que Sebastian en fit de même.

Alois, cependant, hésitait quelque peu. Il n'avait jamais tué à mains nus auparavant. En fait, chaque fois qu'il s'était battu, quelqu'un d'autre avait administré le coup final. Même dans les cas de Maxwell Goddard, l'ange, et August Remy, la démone, il s'était battu, mais il n'avait pas tué. Après ce qui sembla être une période inappropriée de débat intérieur pour tuer des zombies, il se résolut à le faire. Il planta ses pieds dans le sol avant de s'y atteler, envoyant des coups de poings afin de tuer ce qui était déjà mort, aux côtés de ses compagnons.

Le sous-sol était animé d'une atroce cacophonie. Le craquement des crânes et l'égouttement nauséabond de gouttelettes de sang au sol s'entendaient bien au-delà de la pièce. Parfois, ce n'était qu'un « égouttement », alors que certains coups étaient plus puissants que d'autres, faisant gicler le liquide contre les murs et le parterre, teintant le tout d'un rouge cramoisi. Le bruit répugnant de membres tombant au sol résonnait, suivit de celui d'un corps inerte.

Il s'agissait presque d'une bataille à sens unique alors que les démons se déployaient, occupant plus de place. Ils frappèrent goule après goule, leurs vêtements collant à leur peau à cause de l'eau rouge qui s'échappait d'elles. Répugnant, oui, mais nécessaire. Le Phantomhive avait son pistolet, chargé de balles anti-monstres, mais il en aurait besoin pour le boss final. Il savait qu'il faudrait plus que de simples poings, des canines, ou des serres pour tuer un vampire, et il n'allait pas gâcher d'aussi précieuses ressources sur du menu fretin. Il regarda le combat entre leur ennemi principal et la louve, observant un moment alors qu'elle gardait l'homme occupé, et l'empêchait de fuir.

Amélie, il est vrai, ratait l'homme la plupart du temps, même avec sa vitesse surhumaine. Charlie arrivait à anticiper et à se changer en brume noir avant qu'elle le touche, ses poings passant à travers lui; lorsque son bras coupait l'air la brume se formait autour, comme si elle bougeait de son propre gré et hors de sa trajectoire. Aucune des attaques de l'homme ne touchait la fille, cependant. Lorsqu'il tentait de la frapper, il ne touchait que de l'air. Il n'y avait pas de perdant, ni de gagnant dans ce combat-là.

Ce que le bleuté s'apprêtait à faire n'était pas très juste, mais Ciel Phantomhive ne l'était jamais. Il attrapa le manche du Zamiel derrière lui qu'il gardait caché, et le brandit. Il savait qu'il devait être rapide, et son tir précis afin de ne pas toucher la loup-garou par erreur. Ce serait maintenant ou jamais tant que l'homme était distrait, autrement il saurait ce qu'il préparait et se transformerait en cette vile brume noire à nouveau.

- Amélie ! Bouge ! cria-t-il avant d'appuyer sur la gâchette.

Le tir résonna à travers la bâtisse et les environs, ressemblant étrangement à un coup de tonnerre. Pendant les quelques secondes qui suivirent, tout fut silencieux. Dans le sous-sol de cette immeuble, quelqu'un mourrait.

Charlie se tenait, les yeux écarquillés. Il regardait droit devant lui le poing levé pour frapper, mais il n'y avait personne devant lui. Il regarda de côté et vit son adversaire avec son habituelle expression d'indifférence.

Il toussa, et la même substance rouge qui tachait sa chemise fut rejetée par son organisme alors qu'il tomba à genoux. Il ne ressentit pas la douleur dans ses articulations en tombant au sol, celle dans son torse la surpassant. Il regarda Charlotte une dernière fois.

- Tu sais... commença-t-il, sa voix faible, … Je t'aimais vraiment, Charlotte... Promets-moi d'être heureuse, d'accord ? toussa-t-il à nouveau, une nouvelle gerbe de sang au sol.

- Je le serai... répondit-elle, ...maître.

L'homme sourit une dernière fois avant que ce qu'il lui reste de force l'abandonne, et il tomba finalement inerte au sol. La vampire balaya la salle du regard, les piles de cadavres, et les seuls rescapés. Les goules étaient mortes, ne laissant que les démons et la loup-garou.

Nonchalamment, Ciel s'avança vers le corps de l'ancien maître, et il le fusilla à nouveau à la tête cette fois. C'était un geste froid pour s'assurer que l'homme soit mort, mais nécessaire. Le bleuté n'était pas sûr et certain d'avoir touché le cœur de Charlie, et si ce n'était pas le cas, il y avait une chance pour que ce dernier survive et répète ses crimes. Charlotte grimaça en entendant la deuxième détonation, fermant les yeux afin de ne pas voir le corps réagir à la force du tir.

- Il est mort, dit le garçon, soupirant. Rentrons. Je suis fatigué.

- J'ai besoin d'une douche, dit le blond. Et vite.

- J'imagine qu'essayer de nettoyer ses taches sera futile, dit le majordome en constatant les dégâts fait à ses vêtements et à ceux des garçons. Quel gâchis.

Charlotte fut quelque peu choquée par le manque de réaction de la part du groupe. Ils venaient de massacrer un groupe de goules ainsi que d'assassiner une figure majeur des ténèbres de Londres, et ils se comportaient comme s'il ne s'agissait que d'une simple corvée. Le blond avait affirmé que Amélie était « cinglée », mais ces démons- ils étaient les plus terrifiants ici. C'était donc le fameux « Chien de Garde de La Reine » et ses minions ? Ils étaient une force à ne pas prendre à la légère. Les pensées de Charlotte furent interrompues par une main s'entremêlant avec la sienne. Elle baissa le regard et vit la fille plus petite qui la fixait intensément. La vampire sourit.

- Tu vois ? Je t'avais dit que tout irait bien.