Écrit par HateWeasel
179. Désolé, Désolé, Désolé.
- Je ne veux pas être tout seul ! protesta un certain démon blond à bord d'un certain navire quelque part au beau milieu de l'océan Atlantique.
- Sssssh ! Parle moins fort, abruti ! ordonna un certain bleuté.
Ayant décidé de ce qu'ils allaient faire, il avait proposé de se séparer afin de recouvrir une plus grande surface.
- Il sera plus difficile de nous attraper ainsi ! Si l'un de nous trouve la chambre de Beattie, il appellera les autres, d'accord ?
- Je neveux quand même pas être tout seul ! dit Alois.
Il faisait sombre, et les lieux n'étaient pas familiers, sans parler du fait qu'il y avait des gardes armés errant dans le bateau. S'il tombait sur l'un d'entre eux, il n'était pas sûr d'être capable de riposter. Il était terrifié à l'idée de s'engager dans un combat contre eux. Il frissonna alors qu'il se mit malgré lui à imaginer le pire des scénarios. Bien qu'il fasse glacial dehors, il commençait à suer, et son imagination débordante combinée aux mouvements réguliers de l'embarcation commençaient à le rendre de nouveau malade.
- Alois, tu peux t'en sortir. Tant que tu réussis à rester discret, tout ira bien.
Le blond le regarda, son expression neutre, comme s'il ne le croyait pas.
- Écoute, tu es plus fort que dix de ces hommes réunis. Si tu es fusillé, tu réussiras à te remettre sur pieds. Tu es un démon, il serait temps d'agir comme tel.
Le blond fronça les sourcils.
- J'agis comme un démon !
Ça l'énervait. Ça l'énervait que le bleuté attende cela de lui, alors que tout cela lui était encore nouveau. Les choses qui semblaient si évidentes pour Ciel ne l'étaient pas pour Alois. Il avait encore une façon de raisonner très humaine, oubliant souvent ses propres capacités à cause du fait qu'il était autrefois humain.
Le blond savait très bien que les intentions du bleuté n'étaient pas mauvaises, mais cela l'agaçait tout de même qu'on lui parle ainsi. Il n'y pouvait rien. Il avait quelques problèmes d'estime de soi par rapport au bleuté. Il devait se l'admettre, et à lui seul, il n'aimait pas qu'on le rabaisse surtout lorsqu'il se sentait déjà inférieur aux autres. Toutes ces choses se trouvaient sous la surface du blond. Souvent, il les mettait de côté, pourtant cela revenait constamment, et le bleuté n'était d'aucune aide.
- Ssssh ! dit le bleuté, ordonnant au garçon de baisser d'un ton. Est-ce que tu essayes de nous faire attraper ?!
Alois sentit son sourcil sautiller.
- Je suis désolé ! s'exclama-t-il en chuchotant d'un ton énervé. Désolé de ne pas savoir rester silencieux ! Désolé de ne pas être futé ! Désolé de ne pas être un bon démon ! Désolé de ne pas être comme TOI !
Il poussa l'autre garçon en prononçant la dernière pseudo excuse, surprenant le bleuté qui fit quelques pas en arrière afin de reprendre son équilibre. Sebastian se contenta d'observer l'échange en levant les sourcils. Il sentait que ce n'était pas à lui d'intervenir.
- Mais qu'est-ce que tu as, bon sang ?! demanda le bleuté sur un ton semblable au blond.
Il dut repenser à ce qu'il avait dit au garçon afin de comprendre.
- Tu sais que ce n'est pas ce que je veux dire…
- C'est ce que tu dis, mais tu n'essayes même pas de changer ! dit le blond, pointant le bleuté du doigt. C'est comme si tu te fichais de ce que ça fait !
- Au contraire ! C'est juste que je-
Ciel s'interrompit alors qu'il était sur le point d'admettre qu'il avait tort. Oh, comme il détestait être en tort. Se rappelant de la mission, il se mit droit comme un I, reprenant son habituelle tenue.
- Nous n'avons pas le temps pour cela, dit-il. Nous avons une mission.
Alois fronça les sourcils, n'en croyant pas ses oreilles.
- D'accord, dit-il, se tenant droit comme le bleuté. Je vais coopérer avec ta stupide mission. Je la finirai !
Il se retourna et partit. Il ne courut pas, cependant. Il marcha fièrement, d'une allure semblable à celle du si fier Phantomhive, comme pour prouver que lui aussi pouvait être tout aussi compétent que le bleuté. C'était là son seul but. Alois avait l'impression qu'il devait faire ses preuves auprès du bleuté une bonne fois pour toutes. Il montrerait qu'il n'était pas un « idiot », ou un « démon de pacotille ». Il le montrerait au garçon, au majordome, à tout le monde, mais surtout, à lui-même. Il voulait se prouver qu'il méritait d'être aux côtés du bleuté. Il voulait rattraper le bleuté dans la mystérieuse course qui n'avait ni fin ni départ; une course qui ne pouvait être gagnée ou perdue.
Ciel tendit le bras afin de l'arrêter, l'arrêter et lui dire que son comportement était ridicule. Hélas, en voyant le dos du blond, il n'arriva pas à trouver les mots. Le cœur du bleuté vacilla à cet instant, transpercé par la culpabilité, un certain étonnement, et par la colère qu'il ressentait contre le blond et envers sa propre personne. S'il y avait bien quelqu'un qui comprenait la « fierté », c'était Ciel Phantomhive, et il savait que l'autre garçon avait l'impression que son honneur avait été bafoué. Il comprenait cela, mais en même temps, il avait l'impression que son propre honneur était en jeu. Cette main tendue se changea en poing, et revint aux côtés du bleuté, alors qu'il fronça les sourcils.
- Très bien. Fais ce qui te chante, murmura-t-il dans sa barbe.
Il se retourna dans la direction opposée et se mit en marche.
- Qu'est-ce que tu attends ? dit-il au majordome sur un ton agacé. Mets-toi en route et trouve un bon endroit pour abattre Beattie !
Le majordome observa le bleuté partir, son pas un peu moins déterminé que d'ordinaire.
- Yes, my lord… répondit Sebastian, observant le garçon un plus longtemps avant d'aller dans une autre direction.
Son maître savait qu'il ne fallait pas parler aux gens ainsi, mais c'était le caractère que le garçon avait bâti après la mort de ses parents, et il ne savait pas quoi faire d'autre. La fierté de Ciel engendrait ce taux d'entêtement pour contrer la fonte du mur de glace autour de son cœur. Le blond l'avait réchauffé, faisait fondre la glace, mais il était encore quelque peu gelé après avoir été ainsi aussi longtemps.
Il ne savait pas. Le Phantomhive ignorait comment parler normalement aux gens. Il ne savait pas comment exprimer ses pensées et ses sentiments d'une manière qui serait comprise par tous. En vérité, le garçon ne parlait ainsi qu'au blond, le traitant « d'idiot » seulement parce qu'il lui était cher, et il s'inquiétait pour lui. Il ne savait simplement pas comment s'exprimer convenablement. Son propre entêtement et sa fierté l'en empêchaient, surtout dans des moments aussi cruciaux. Ciel détestait avoir l'air ridicule ou faible, alors il s'en sortait encore moins bien lorsque nerveux.
Ce blond, ce garçon horriblement fort qui avait connu l'Enfer et qui avait l'audace de se relever et de sourire à nouveau, il était le soleil qui brillait constamment sur les barrières de gel du bleuté, essayant de dégeler son cœur et de le refaire battre. Oh, comme Ciel souhaitait l'atteindre et baigner dans ses doux rayons, mais il ne savait simplement pas comment. Peu importe ce qu'il faisait, ses paroles semblaient crues, tout le contraire de ce qu'il tentait de transmettre, et le soleil s'éloignait.
Le bleuté fronça les sourcils tout en pensant à cela, et il tenta de ne pas s'en soucier afin de se concentrer à nouveau sur la recherche des quartiers de Beattie. Hélas, il ne faisait qu'y repenser, ses efforts en vain. Il fit de son mieux pour utiliser son sixième sens, mais son esprit était beaucoup trop embrouillé pour qu'il soit efficace. Il se sentait aveugle sur ce navire. Il n'arrivait pas à savoir où il allait, ou où il était déjà allé.
Cependant, la menace blonde était étonnamment aux aguets, faisant attention à chaque détails de l'embarcation alors qu'il l'explorait. Alois était prêt à y mettre du sien, oubliant son cœur blessé un moment afin de voir clairement, comme Ciel l'aurait fait un jour quelconque. Chaque fois que le bleuté se frayait de nouveau un chemin dans ses pensées, il l'ignorait pour l'heure, s'en voulant horriblement, mais ne laissant pas cela le distraire. Cela donna naissance à un sentiment désagréable dans l'estomac du blond, comme si quelque chose n'allait pas. Il savait que c'était le cas, alors il n'y prêta pas attention, ce qui ne fit qu'amplifier la chose sans qu'il ne s'en rende compte. L'anxiété l'aidait à quelque peu se concentrer sur sa mission, croyant fermement que la compléter mettrait fin à ce sentiment.
Le long d'un couloir désert, il s'aventura, écoutant tous les sons, sentant tous les mouvements, et ajustant sa trajectoire ainsi. À l'aide de son ouï améliorée, il pouvait entendre des voix venir de certaines pièces, alors il fit attention à marcher silencieusement. Chaque fois que l'air changeait légèrement parce que quelqu'un ouvrait une porte, il le sentait et se cachait lorsqu'elle était refermée.
C'était cela « être un démon ». Son esprit était submergé par le nombre d'informations qu'il recevait d'un seul coup. Il avait ignoré tant de choses par le passé, mais désormais, il pouvait soudainement les voir en détails. Cela l'effrayait quelque peu. Être un démon l'effrayait. Il ignorait constamment toutes ces choses parce que ce n'était pas « humainement » possible. C'était dur à accepter, de perdre son humanité. Il ne s'y était toujours pas fait. Cela lui était étranger, en conséquent, il était effrayé.
Une fois de plus, il mit de côté toutes ces pensées, leur faisant prendre de force une place secondaire pour l'instant. Était-ce ainsi que le bleuté opérait ? Il ne savait pas.
Ce fut à ce moment-là, lorsqu'il se concentra une fois de plus, qu'il le sentit. Il sentit quelque chose, une présence inquiétante venant de derrière une porte du couloir. Ce n'était pas humain, ce n'était pas un démon, il s'agissait d'autre chose. Quelque chose de plus abstrait. Peu importe de quoi il s'agissait, cela disait à Alois que c'était là, l'incitant à ouvrir la porte. Hésitant, il agrippa la poignée, et la tourna lentement, avec précaution, et sans faire de bruit.
Le blond se prépara à devoir se battre, mais en ouvrant la porte, il ne vit rien. Il n'y avait rien, pas une seule âme. Pourtant, le garçon sentit qu'il devait continuer ici, entrant donc dans la pièce et fermant la porte derrière lui. Il examina la petite pièce, cherchant quoi que ce soit sortant de l'ordinaire, mais il ne vit rien lui tapant dans l'œil, alors in chercha encore.
Il passa ses doigts sur la surface d'une table en passant à côté, sentant inconsciemment la structure lisse, l'inspectant. Il y avait une photographie encadrée sur ladite table, et en la regardant, le garçon s'arrêta. Cet objet, cet objet particulièrement banal qui semblait baigner dans ce que le blond avait ressenti dans le couloir. Alois le prit prudemment et l'observa.
Il s'agissait d'une photographie d'un homme et d'un petit enfant, ou, plus précisément de Victor Beattie et son fils, Johnathan, lorsqu'ils étaient tous les deux plus jeunes. Le garçon décédé semblait avoir environ dix ans lorsque le cliché avait été pris, et ils avaient l'air si heureux. C'était étrange que l'image d'un tel bonheur puisse avoir une aura aussi mélancolique. Alois s'y pencha davantage, se demandant quelle en était la raison.
Regardant autour de la table, et examinant où le cadre était placé, il imagina Beattie le regarder souvent. La manière dont l'homme avait parlé de son fils l'autre fois avait donné l'impression qu'il cachait tant de regret et de tristesse au reste du monde. Peut-être était-ce en regardant cette photographie que l'homme craquait dans son intimité.
Alois bougea pour remettre le cadre sur la table exactement dans la position et à l'endroit où il l'avait trouvé, mais ses doigts touchèrent quelque chose derrière qui le rendit curieux. Il le retourna, observant de quoi il s'agissait et découvrit que c'était un bout de papier attaché à l'arrière. Sur le papier était écrit :
« Funérailles le 12 décembre à 13h27 »
Le blond leva les sourcils en lisant la date.
C'est demain… pensa-t-il, se souvenant de la date du jour actuel. Il s'en rappelait parce qu'il comptait le nombre de jours restant avant l'anniversaire du Phantomhive.
Il sentit une pointe de culpabilité en repensant au bleuté, sa gorge se nouant alors qu'il s'empêchait d'être triste. Alois reposa rapidement la photographie et se retourna, observant la porte un moment, s'assurant qu'il n'y avait personne. Ses yeux bleus glacés se baladèrent dans la pièce silencieuse, vers le placard sur lequel un costume noir était accroché, aucun doute sur le fait que l'homme allait le porter pour les funérailles de Johnathan. Alois eut encore plus mal au cœur en pensant qu'il devait tuer l'homme avant qu'il puisse dire au revoir à son fils. C'était comme si toutes les émotions qu'il essayait d'enfouir refaisaient surface, et il devait encore contacter le bleuté afin de le prévenir qu'il avait trouvé la chambre de leur cible. Il sortit son téléphone et le regarda un long moment, hésitant à envoyer un message. Il détestait être un tel lâche parfois.
Ce fut en se disant cela qu'il entendit un petit clic derrière lui, venant de l'entrée. Le garçon se retourna afin d'en découvrir la source. Là, se trouvait Victor, pointant un pistolet sur le garçon.
La Rubrique : Foire aux Questions
Question : « c'est pour sebastian regarde hey little sparta et réagis » de psajo
Réponse de Sebastian : « Je ne comprends vraiment pas les humains, parfois… Pauvre chat... »
