Écrit par HateWeasel
197. La Mélancolie D'un Ornithorynque Solitaire
Le dos de Ciel lui faisait souffrir le martyr. Il n'avait absolument pas été à l'aise pour faire sa nuit sur une chaise, et tout cela à cause d'un malencontreux événement impliquant l'un de ses plus grands rivaux. Bien qu'il aurait très bien pu se rendre à la réception afin de demander à ce que l'hôtel répare son erreur, sa fierté ne le laisserait pas être battu par la Hellsing, et vice versa. Perdre contre le démon Phantomhive n'était simplement pas une option pour elle.
Le bleuté se réveilla, plissant le nez avec dégoût en sentant l'odeur qui polluait l'air dans la pièce. Il se força à ouvrir les yeux, s'habituant à la lumière du jour, et s'assit correctement, se pinçant le nez à l'aide de son pouce et de son index pour essayer de bloquer la puanteur. Il gigota sur sa chaise, balayant la pièce du regard avant d'agripper sa « couverture » qui s'était d'une manière ou d'une autre matérialisée durant la nuit, un long manteau couleur olive qui était bien évidemment trop grand pour lui.
- Vous êtes en train de fumer ?! s'exclama-t-il, sachant très bien que peu importe où sa « colocataire » était, elle pourrait l'entendre.
Naturellement, Sir Hellsing était là, déjà habillée, prenant une bouffée de son cigare comme elle le faisait souvent.
- Et alors ? demanda la femme à lunettes. Ce ne sont pas des chambres anti-fumeurs.
- Ça m'est égal ! Vous allez infester toutes mes affaires ! aboya le Chien de Garde.
Il attrapa le col de la chemise de nuit dans laquelle il avait dormi et le renifla.
- Mes vêtements sentent déjà le tabac…
Ciel sursauta quelque peu lorsque le manteau sur ses cuisses fut reprit par l'autre noble avant qu'elle le mette.
- Votre majordome vous a déjà appelé, dit-elle. Il y a trente minutes.
- Quoi ?! Pourquoi ne pas m'avoir réveillé ?! demanda le bleuté, sautant presque hors de la chaise et se dépêchant de rassembler ses affaires.
- J'ai essayé. Vous ne bronchiez pas. Impressionnant, que quelqu'un qui n'a pas besoin de sommeil puisse dormir aussi bien…
La chasseuse de vampire se retourna, et se mit à marcher vers la porte.
- Je vous verrai à la fête, dans ce cas ?
- Si vous m'y voyez, ce sera trop tôt… grommela le bleuté, essayant de retrouver son cache-œil.
Finalement, il réussit tant bien que mal à se préparer, et rejoignit Sebastian à l'accueil. Le bleuté fut immédiatement agacé par le sourire sur le visage de l'homme. Il semblait ravi du malheur du garçon.
- Pas un mot, grogna presque Ciel, passant devant l'homme et en direction de la sortie.
Le majordome suivit sans dire un mot, se gardant d'exprimer son amusement.
Le temps qu'ils avaient avant la fête fut passé à visiter les lieux. Les deux démons passèrent quelques heures dans une galerie d'art locale, trouvant occasionnellement quelque chose qui piquait leur intérêt, en parlant avant de passer à autre chose. Le bleuté pouvait presque s'imaginer la menace blonde courir dans tous les sens et mettre sens dessus-dessous l'endroit. Il aurait bien envoyé quelques clichés au garçon, mais les photographies n'étaient pas autorisées dans le musée. Ce n'était pas plus mal, cependant, étant donné que la meilleure partie n'était pas en intérieur.
Ce fut simplement le paysage qui enivra le bleuté. Il y avait de nombreuses falaises qui surplombait la mer, l'eau d'un bleu verdâtre, tout en étant si clair que l'on pouvait voir le fond aux endroits les plus proches de la côte. Il y avait un nombre conséquent de collines vertes et de plaines qui semblaient si vides, et en même temps pleine de vie, que l'ensemble semblait quelque peu paradoxale. Parfois, on pouvait trouver ce qui semblait être les ruines de ce qui avait autrefois été un château, mais il s'agissait en réalité d'un moulin. Cornouailles était le sorte d'endroit qui semblait cacher une fée dans n'importe quel parterre de fleurs, ou un lutin sous un caillou. On disait même qu'il s'agirait de l'endroit d'où le légendaire Roi Arthur viendrait. Naturellement, ce furent les images que le bleuté envoya, les enregistrant dans son téléphone afin de les envoyer plus tard ce soir lorsque l'autre garçon serait réveillé.
Lorsque arriva l'heure de se rendre à la fête, le bleuté trouva un coin isolé et prit une apparence plus mâture tandis que Sebastian fit le guet. Le cercle avec le pentacle bleu qui était apparu les autres fois où il avait changé de forme aussi radicalement revint, et son aventure plus ou moins épuisante débuta.
C'était à peu près au même moment que les enfants du camp d'entraînement d'été de H.E.L.L.S.I.N.G. se réveillaient; mettant leur uniformes et se plaçant en ligne pour l'appel. Aujourd'hui était un jour spécial pour eux, étant donné qu'aujourd'hui, ils allaient apprendre à tirer. La plupart d'entre eux avaient déjà tenu une arme dans leur vie, étant donné le travail de leurs parents, mais ce ne serait pas pris en compte. Ici, ils devaient savoir comment correctement utiliser une arme à feu sans aucunes astuces que leurs pères ou mères leur avaient sans doute appris.
Alois, malheureusement, avait lui aussi une certaine expérience dans ce rayon là. Il avait appris à tirer avec nulle autre que Sebastian Michaelis après que le blond ait reçu une arme à feu de la part de Sir Hellsing pour Noël. Sebastian n'était pas du genre à prendre des raccourcis, le Trancy avait donc reçu un bon entraînement. Cependant, il s'amusait quand même sur le champ de tir avec les autres.
Il lui fallut quelques essais pour s'habituer à tirer avec un pistolet qui lui était étranger, puisqu'il était habitué au sien, le Kaspar, mais lorsqu'il finit par s'y faire, il touchait presque parfaitement la cible. Il n'était pas aussi bon que l'un de ses compatriotes démons, évidemment, mais il s'en sortait beaucoup mieux que certains de ses camarades de camp. Ces derniers étaient capable de tirer, mais appuyer sur la gâchette face à une cible immobile et inanimée était facile. Leur précision était tout bonnement affreuse, ne touchant ni la tête ni le cœur à chaque tir. Ils s'en rapprochaient, mais « s'en rapprocher » ne suffit pas à tuer une goule.
Il y avait deux garçons en particulier, qui semblaient juste viser les alentours de la cible, plutôt que la cible elle-même, ne faisant que gaspiller des balles. Ils essayaient de tenir leurs pistolets d'une main, comme les personnages dans les jeux vidéos et les films d'action le feraient, échouant pitoyablement, étant donné que leurs bras humains ne pouvaient pas supporter le recul. Alois ne connaissait pas leurs noms, mais il supposa rapidement qu'il réaliseraient vite leur erreur lorsqu'ils se tireraient dessus accidentellement. C'était comme s'ils ne savaient rien sur la procédure à adopter, même après qu'on leur ait expliqué.
Audrey et Nigel s'en sortaient bien, prenant tous les deux calmement leur temps pour viser la cible afin de la toucher avec le moins de balles possible. La précision de Bones était quelque peu inexacte puisqu'il n'avait jamais tiré avec des armes. Effectivement, il avait tiré et tué la démone, August, mais ç'avait été par pure chance. Il n'avait jamais tenu un pistolet de sa vie jusque là. Audrey faisait de son mieux pour ne pas perdre son calme et s'énerver, sachant très bien que cela ne ferait qu'empirer les choses, mais entre les nombreuses fois où il ratait sa cible, et le vacarme de coups de feu bourdonnant dans ses oreilles à cause des autres autour de lui, il commençait à être agacé. Il portait même un casque de protection sur ses oreilles pour étouffer une partie du brouhaha.
Il regarda à sa gauche, observant Nigel tirer quelques instants, essayant de comprendre ce qu'il faisait différemment. Il n'arrivait pas à le voir, peu importe de quoi il s'agissait. C'était l'affaire d'un détail d'une seconde qui était invisible à l'œil nu. Audrey regarda ensuite Alois à sa droite, qui semblait un peu trop prendre son pied. Mais d'un autre côté, il touchait les cibles sans réellement faire d'effort, étant un démon et ayant reçu un bon entraînement au préalable. Le garçon commençait à s'emporter et à tirer d'une main, étant donné qu'il possédait la force physique nécessaire pour y arriver.
Puis, ils l'entendirent. Un cri de douleur accompagnant les bruits de coups de feu. Les adolescents arrêtèrent de tirer lorsqu'ils l'entendirent et cherchèrent du regard l'origine du cri, tous sauf Alois, qui avait une petite idée de ce qui s'était produit, et qui ne s'en préoccupait pas le moins du monde. Il continua à tirer sur ses cibles tandis que les autres regardaient une fille au sol qui se tenait la jambe en hurlant d'agonie.
L'un de ces garçons imprudents lui avait accidentellement tiré dessus. Il avait essayé de faire tourner le pistolet dans sa main, ce qui n'était pas une bonne idée dès le départ, sans avoir mis en place la sécurité. Il était simplement chanceux que la balle ne l'ait pas touché lui, ou qu'il n'y ait eu aucun mort. Ce ne fut que lorsque ledit garçon se mit à se confondre en milles et une excuses que le blond se permit de détourner les yeux de sa tâche afin de l'observer. Instantanément, Alois plissa le nez avec dégoût. Il était évident aux yeux du blond que le garçon n'était absolument pas sincère.
En ayant eu un simple aperçu de son comportement et de son attitude plus tôt, Alois avait compris que le garçon se fichait éperdument de l'état dans lequel la fille se trouvait. Il avait seulement commencé à s'excuser lorsque les adultes étaient arrivés pour l'aider. Il ne s'excusait pas par empathie; il s'excusait parce qu'il ne voulait pas s'attirer d'ennuis. Et on laissait un tel sociopathe rester dans un endroit pareil.
La menace blonde baissa son arme un instant et se mit à y songer. N'était-il pas pareil, du moins à un moment dans sa vie ? Alors pourquoi se sentait-il supérieur à ce garçon maladroit de l'autre côté de la ligne ? Était-ce de l'hypocrisie, ou autre chose ? Qu'est-ce qui définissait un sociopathe, déjà ? Le blond se rappela clairement du bleuté lui parlant de cela lorsqu'ils avaient abordé le sujet de dangereux criminels.
- Un sociopathe diverge d'un psychopathe, dans le sens où les sociopathes le deviennent, et les psychopathes sont nés ainsi, avait dit l'autre démon. Les psychopathes sont simplement nés de cette manière, tandis que les sociopathes le sont devenus au travers de leur conditions de vie ou par une sorte de traumatisme. Nous en sommes d'assez bons exemples, Alois.
- Je vois… avait répondu le blond. Est-ce la seule différence ? Il doit y en avoir d'autres.
- En effet. L'une des différences les plus importantes entre les deux est que les sociopathes peuvent éprouver de l'empathie, tandis que les psychopathes en sont incapables. Les sociopathes peuvent ressentir de l'empathie et être compréhensif afin de sélectionner les personnes de leur choix. Les psychopathes ne peuvent comprendre personne. Ils tuent également de deux manières bien différentes. Le psychopathe planifiera son crime méthodiquement et jusqu'au dernier détail, alors que le sociopathe sera plutôt du genre à agir dans le feu de l'action.
- Je ne comprends pas…
- Cela signifie qu'il nous arrive de craquer. Je me rappelle avoir même failli gifler Lizzy lorsqu'elle a accidentellement brisé la bague de ma famille.
- Oh. Ouais. Je me souviens avoir fait ça plusieurs fois… avait timidement dit le blond. Mais alors, sommes-nous « fous » ?
- Légalement parlant, non. Si nous étions au tribunal, nous pourrions affirmer qu'il s'agissait d'un « crime passionnel », et être acquitté…
- Non, non. Je veux dire, sommes-nous réellement « fous » ? Je n'en ai pas l'impression. En fait, je me sens plutôt bien avec moi-même, ces derniers temps.
- Peut-être es-tu en train de te rétablir, avait dit le bleuté avec un léger sourire.
- Si c'est le cas, alors tu es à blâmer !
Alois sourit quelque peu en repensant à ce souvenir. Le Phantomhive lui manquait. Bien qu'il ait l'occasion d'être avec Audrey, et même Nigel, son cyclope bleu lui manquait tout de même.
Le bleuté éprouvait la même chose alors qu'il se mêlait aux autres nobles à la réception. Il n'appréciait pas la plupart d'entre eux, ayant l'impression qu'ils étaient plutôt inutiles ou simplement ignorants. Effectivement, Sir Hellsing était présente, mais il n'avait pas vraiment envie de lui parler non plus, surtout parce qu'elle le taquinerait forcément par rapport à sa situation délicate pour la nuit. La soirée était en grande partie faite de faux sourire et de tentatives à moitié sincère de faire la conversation.
Cependant, il parla avec un certain intérêt à une personne en particulier; un certain monsieur Rupert Midford, l'actuel chef de la famille Midford. Rupert était grand, plus grand de quelques centimètres que Ciel dans sa forme adulte, et il avait des cheveux blonds bouclés ainsi que des yeux vert émeraude. Le bleuté ne pouvait s'empêcher de remarquer à quel point l'homme ressemblait à un certain Allemand recherchant à se venger qu'il connaissait, si ce n'est avec un air un peu plus masculin, mais il garda ces impressions là pour lui. Le chef des Midford portait un uniforme militaire élégant, étant donné qu'il s'agissait d'une occasion spéciale, et il était plus habitué aux uniformes qu'aux costards, malgré le fait qu'il approche de la quarantaine. En tant que membre du Conseil des Douze, il était lui aussi au courant de l'histoire de Ciel, ainsi que du fait qu'il avait été engagé à une Midford fut un temps, et qu'il y avait un peu de sang Phantomhive dans la famille de chevaliers.
- Ciel ! cria l'homme, faisant signe au bleuté et à contrecœur, le « grand » Phantomhive s'approcha en roulant légèrement de l'œil.
- Bonsoir, Rupert, dit-il, saluant l'homme avec un degré de respect et de familiarité inhabituel. Comment vas-tu ?
- Ah, pas très bien. L'un de mes fils s'est mis en tête de vouloir aller au camp d'entraînement d'été de H.E.L.L.S.I.N.G., plutôt que d'aller dans une école militaire accréditée, répondit le Midford, croisant les bras.
- Eh bien, une fois qu'un adolescent apprend que les zombies sont réels, il veut forcément les voir, dit Ciel. Pourquoi ne pas lui avoir simplement dit « non » ?
- Il n'a pas arrêté d'insister. Je pense qu'ils devraient pouvoir vivre comme ils le souhaitent, mais en même temps…
- Je ne voudrais pas non plus que mon enfant travaille pour Hellsing, Rupert.
- Oh, alors tu comprends ? demanda le blond-doré. Je n'ai rien de personnel contre Integra, ou la famille Hellsing, je pense simplement qu'il devrait avoir plus de fierté en tant que Midford !
- Je comprends… s'estompa Ciel alors qu'il reçut un message de la part d'une certaine menace blonde.
Il sortit son téléphone et le regarda. Il s'agissait d'une image.
Une photographie pour être plus exacte, d'une cible au camp de tir. On avait tiré dessus d'une manière spécifique afin que l'impact des balles forment le mot « MERDE » en Français. À côté se trouvait Amélie dans son uniforme les cheveux en queue de cheval, posant de manière absurde. Alois avait simplement ajouté le message « skillz ». Ciel ne put s'empêcher de sourire quelque peu.
- Qu'y a-t-il de si drôle ? demanda « l'autre » homme, se penchant légèrement afin de voir l'image.
- Alois m'a envoyé une photographie de l'une de nos bonnes s'amusant, répondit le bleuté alors qu'il envoya l'un des clichés qu'il avait pris avant que le soleil se soit couché.
Ce n'était pas drôle, ou particulièrement enthousiasmant, mais quoi qu'il en soit, il ne savait pas vraiment quoi dire d'autre.
Le blond reçut la photographie, et la contempla un moment assis dans le dortoir. Il n'aurait jamais pensé que la lumière du jour lui manquerait tant, maintenant qu'il devait être réveillé durant la nuit, et dormir la journée. Bien que l'on pourrait contester et dire que le blond n'avait pas besoin de sommeil, il s'attirerait des ennuis s'il errait après le couvre-feu, surtout parce qu'il était un démon.
L'image sur le petit écran suffit à emporter le blond dans une contemplation esthétique. L'endroit où Ciel se trouvait semblait presque irréel. C'était si surréaliste, et si beau, que le blond ne pouvait en détourner les yeux. Il ne savait pas s'il voulait y être ou s'il désirait simplement l'admirer.
Ciel, d'un autre côté, avait décidé que deux heures étaient assez pour se socialiser. Bien que deux heures pouvaient sembler faire pâle figure face aux quatre heures de route et la nuit passée coincé dans une chambre avec l'une de ses plus grandes rivales, il était lassé de tous ces gens. Il n'avait eu aucune envie de venir, et il était exténué. Dès qu'il fut dans le véhicule pour partir, il revint sans le vouloir à sa forme habituelle, ce qui eut pour effet d'amuser le majordome.
Garder une autre forme pendant une longue période de temps était épuisant. C'était facile, une fois appris, mais fatiguant, à moins que le démon choisisse cette forme comme celle « par défaut », et même ainsi, ce n'était pas recommandé. D'une certaine manière, après avoir découvert que les démons n'avaient pas d'identité propre, comme il en avait miraculeusement, si ce n'est étrangement, une, il ne voulait pas la perdre. S'il devait en venir à altérer sa forme « humaine » pendant longtemps, finirait-il par perdre le peu d'humanité à laquelle il s'accrochait ? Il pensait souvent à ce genre de possibilités, et il était toujours loin d'avoir la réponse, même après toutes ces années.
Et cela l'effrayait. Ciel Phantomhive, l'humain, était un garçon fier, digne, et d'une présence qui commandait ceux autour de lui, il ne redoutait pas de mourir ou de cesser d'exister, pourtant Ciel Phantomhive, le démon, après avoir accompli son objectif initial, et avoir reçu une alternative, ne voyait pas les choses ainsi. Pendant un temps, le Chien de Garde n'avait eu que lui, son orgueil, sa dignité, sa noblesse, et désormais en plus de tout cela, il possédait le seul pouvoir qui lui manquait : la force physique. Il pouvait se battre par lui-même à présent, mais contre un certain prix : la perte de son identité.
Alors qu'il fixait l'intérieur de ses paupières sur le chemin du retour à l'hôtel, il songea à tout cela, se reposant sans dormir. Il n'avait pas besoin de sommeil. Il n'était pas humain, après tout, même s'il se sentait et agissait comme tel. Devoir faire face à ce genre de choses l'embêtait. Sa rencontre avec l'actuel chef des Midford lui avait rappelé son manque d'humanité, et qu'une partie de sa vie avait disparue. Parler avec Sir Hellsing lui avait rappelé son manque d'humanité, et qu'il ne la récupérerait jamais. Il ne serait plus jamais humain, peu importe s'il avait l'impression d'en être un. Toutes ces pensées donnaient lieu à une étrange bataille au sein de son esprit, le poussant à se demander ce qu'être « humain » signifiait réellement ? S'il avait l'impression d'en être un, n'était-ce pas suffisant ? « Cogito, ergo sum »; « Je pense, donc je suis » ? Ou était-ce autre chose ? Peut-être ne s'agissait-il absolument pas de quelque chose dont on pouvait avoir conscience ?
Était-ce psychique, psychologique, ou philosophique ? Était-ce physique, biologique, ou anatomique ? Qu'est-ce qui qualifiait un être humain, « d'être humain » ? Même les autres créatures telles que les dieux de la Mort, les vampires, et les loups-garous se comportaient comme des humains, avaient des sentiments et des identités comme les humains, pourtant ils n'étaient pas « humains ». Ciel rouvrit l'œil, cessant sa réflexion tandis que la voiture commença à ralentir.
Le majordome et lui arrivèrent à l'hôtel, et ils entrèrent. Ils se séparèrent et chacun se rendit dans sa chambre. Ciel était incroyablement soulagé d'avoir quitté la fête avant l'horrible Hellsing, ayant enfin la chambre rien que pour lui. Le bleuté s'empressa de prendre une douche et de se préparer à aller au lit, le volant avant que la chasseuse de vampire malvoyante puisse le faire.
Une bonne heure passa avant que la porte de la pièce s'ouvre et que quelqu'un entre. Ciel ne remarqua même pas. Il était lessivé. Ce ne fut que le matin qu'il s'en rendit compte, étant donné qu'il y avait quelqu'un dans le lit avec lui.
- Mais qu'est-ce que vous faites, bon sang ?! demanda-t-il, sautant hors du lit tout en fusillant du regard la femme qui faisait face au mur de son côté.
- Vous êtes trop bruyant, Phantomhive, répondit la Hellsing. Vous êtes anglais, comportez-vous mieux.
- Vous pensez que j'ai besoin de mieux me comporter ?! Vous êtes celle qui s'immisce dans le lit des autres ! répliqua le bleuté, ne détournant pas un à seul moment les yeux de l'humaine alors qu'elle s'assit et mit son propre cache-œil.
- Quoi ? Pensiez-vous que j'allais dormir sur une chaise ? Je ne vois pas où est le problème, au vue de votre forme actuelle. Je n'ai pas peur des enfants.
- Quoi ?!
- Avez-vous un quelconque problème ?
- Comment osez-vous me traiter comme un enfant ?! J'ai vécu presque quatre fois plus longtemps que vous !
La femme ne fit pas attention au garçon et commença à se préparer pour la journée.
- Est-ce que vous m'entendez ?!
- J'entends un sale gosse qui n'arrête jamais de se plaindre à propos de ses petites insécurités, répondit Sir Hellsing. Pourquoi n'arrêteriez-vous pas de faire une fixette sur ce qu'il vous manque, et ne vous concentreriez-vous pas plutôt sur votre orgueil ? Ou êtes-vous tout simplement trop embarrassé d'avoir partagé un lit avec une femme ?
- Je… vous… exècre…
- Alors j'ai raison ? Je pensais que vous étiez un homosexuel ?
- Taisez-vous !
Ce fut cet échange qui rendit le bleuté incroyablement aigri pour le restant de la journée. C'en était au point où l'air autour de lui était lourd et irrespirable. Heureusement, pour Sebastian, les démons n'avaient pas besoin d'oxygène pour respirer, surtout alors qu'il fut coincé dans un espace clôt pendant quatre heures avec le garçon le temps de rentrer à Londres. Sebastian savait que peu importe ce que Sir Hellsing avait dit, cela avait fortement touché l'ego de Ciel.
Dès qu'il arriva chez lui, il s'enferma dans sa chambre et défit ses bagages, continuant encore à quelque peu fulminer. Son ego était ce qui lui permettait de garder son humanité, mais en même temps ce même ego lui causait tant de frustration chaque fois qu'il était remis en question, ou chamboulé, surtout par une personne avec un orgueil de la même envergure. Il se sentait alors impuissant, et il n'appréciait pas ce sentiment. Pas le moins du monde.
Alors qu'il défaisait ses valises il regarda son armoire, et aperçut un visage poilu familier; celui de Steven l'Ornithorynque. Il avait oublié qu'il était ici, là où Alois l'avait laissé. Les pensées du bleuté se concentrèrent sur la menace blonde un moment.
Il avait également été humain à un certain point, non ? Alors pensait-il parfois à son humanité, lui aussi ? S'il était toujours « humain », sous certains aspects ? Les démons n'avaient pas d'identité, ils ne fonctionnaient pas comme les humains, n'éprouvaient pas de sentiments comme les humains. Ils ne ressentaient pas d'affection. Ce n'était pas le cas, alors ce que le bleuté ressentait pour le blond n'était-il pas un signe de son humanité ? Toutes ces questions et pensées lui faisaient mal à la tête, et le rendaient très mal à l'aise.
Une idée lui vint. Le bleuté prit rapidement son téléphone hors de sa poche et choisit la caméra, visant l'étrange animal en peluche qui avait été négligemment abandonné dans sa chambre. Il écrivit ensuite un message, et l'envoya.
« Tu manques à quelqu'un » avait-il écrit avec l'image de l'ornithorynque solitaire.
Il ne s'attendit pas à ce que le blond lui réponde subitement, étant donné qu'il faisait jour, et que les opérations de H.E.L.L.S.I.N.G. se déroulaient la nuit. Il fut donc assez surpris lorsqu'il sentit son téléphone vibrer dans sa poche. Lisant le message qu'il avait reçu, il sourit.
« Tu me manques aussi, Ciel.
- AT »
La Rubrique : Foire aux Questions
Question : « Pour Kris : Tu veux participer à Projet Haute Couture ? Parce que tu devrais totalement le faire. » de Emeraldpaw
Réponse de Kristopherson : « Je ne sais pas. Je ne suis pas friand de toutes ces pièces très artistiques que personne ne porte réellement. D'ailleurs, je ne sais pas vraiment si ça ferait avancer ma carrière. J'ai bien peur que les gens auxquels j'aimerais ressembler me voient comme un vendu. »
Question : « Ciel, que ferais-tu si tu découvrais que Claude était encore en vie, et que Alois te trompait avec lui? » de LeilaTheGreat
Réponse de Ciel : *spasme*
Question : « Ciel, si Alois était en danger et la seule manière de le sauver était de passer une nuit avec le reste des Sept, tu le ferais? » de Guest
Réponse de Ciel :« Vous ai-je déjà dit à quel point je hais tout le monde ? »
Question : « Sir Hellsing se dirige vers Ciel et lui dit une disquette très sale et suggestive (elle était saoul/droguée). Ciel, Alois, et sobre Hellsing, quelles sont vos réactions ? » de Emeraldpaw
Réponse de Ciel : « Qu'est-ce que- ?! Alors vous êtes toujours vierge parce que vous êtes une pédophile ?! J'appelle Scotland Yard ! »
Réponse de Alois : « Non ! Je suis le seul qui ais le droit de faire ce genre de choses à Ciel ! »
Réponse de Integra :« Je ne suis pas une pédophile, et je bois rarement. Et en ce qui te concerne, Alois, ai-je vraiment envie de savoir? »
