Écrit par HateWeasel
201. Frustration Et Embarras.
- Laisse-moi t'expliquer, maman… avait dit Bones.
Cela avait rendu la situation beaucoup plus claire.
- Il n'y a rien à expliquer ! répliqua la femme. Tu m'as dit que tes amis et toi alliez au Space Camp, au Space Camp bon sang ! Et maintenant je reçois une invitation par courrier me disant que tu étais ici depuis tout ce temps ?! Qu'est-ce qui t'es passé par la tête ?! Je t'ai dit que je ne voulais pas que tu t'intéresses au surnaturel !
- Mais maman, je suis surnaturel ! argumenta le garçon, fronçant les sourcils tout en protestant.
- Non ! Seulement à moitié ! répondit la femme, serrant les poings. Je t'ai dit « non », Audrey, point final !
- Pourquoi est-ce que je n'ai pas le droit d'en apprendre plus ?! Tu sais à quel point ce monde est incroyable, non ?! Toutes ces choses que l'humanité a oubliées sont réelles ! Je ne peux pas les oublier !
- Tu n'es qu'un enfant qui ne comprend rien !
- Comprendre quoi ?! Que tu ne supportes pas tout ça à cause de ce que mon vrai père a fait ?! demanda Audrey, perdant son calme habituel.
C'était juste si frustrant pour lui. C'était le seul moyen qu'il avait d'obtenir des réponses à ses questions; des questions qui l'empêchaient de dormir la nuit. Cette femme ne le laisserait pas passer dans ce royaume de la nuit, où il pourrait en apprendre davantage sur lui-même, et être plus en paix avec lui-même. C'était frustrant, de ne pas réellement savoir ce qu'il était. Il avait quelques morceaux, mais ce n'était pas suffisant. Il devait tout savoir, et il n'allait pas laisser les griefs passés d'une femme se mettre en travers de son chemin, même s'il s'agissait de sa propre mère.
- Si tu détestes tellement le monde surnaturel, alors pourquoi tu ne me détesterais pas aussi ?!
Le dieu de la Mort s'arrêta, attendant la réaction de la femme. La colère et la frustration qu'il éprouvait se dissipèrent instantanément, et furent remplacées par un sentiment de culpabilité encore plus fort qui lui fit un pincement au cœur. Il avait fait pleurer sa mère.
Mme Baines s'assit sur l'une des nombreuses chaises présentes dans la zone, luttant contre ses larmes, et ignorant les regards de la foule autour d'eux qui avait assisté à la scène. Elle ne fit pas attention aux multitudes de chuchotements la qualifiant d'horrible mère, mais elle n'était en mesure d'étouffer la douleur qu'elle ressentait en entendant son fils être traité de « monstre » par les autres. Elle essaya de ne pas regarder Audrey dans les yeux lorsqu'il s'approcha d'elle. Elle n'avait pas l'habitude qu'Audrey soit aussi rebelle. Son gentil fils au sang-froid n'avait jamais agi de la sorte.
- Maman… Maman… Je… Je suis désolé… Pleure pas s'il te plaît… l'implora le garçon.
Il ne voulait pas renoncer, mais il ne souhaitait pas non plus voir sa mère pleurer. Aucun enfant ne le voudrait. Aucun adulte.
- Je suis désolé…
- Audrey Gareth Baines… dit-elle, surprenant le garçon en l'enlaçant. Tu ne comprends pas… Ce monde est effrayant… Il est effrayant et sombre… Je ne veux juste pas que mon bébé se blesse… Pourquoi veux-tu tant y aller ?
- Parce que je veux en savoir plus sur ce que je suis… dit à voix basse le garçon, retournant l'étreinte de la femme. Je ne peux pas vivre ma vie dans l'ignorance… Je veux savoir… Je dois savoir…
- Pourquoi ne peux-tu pas juste vivre comme un humain ? demanda Mme Baines. Ce serait sans doute beaucoup plus simple…
- Mais je ne suis pas humain. Maintenant que je le sais, je ne peux plus redevenir « humain »…
Ciel et Alois se mirent à éloigner les spectateurs aidés de Charlotte et Amélie, laissant la famille Baines avoir un semblant de dignité. C'était un moment très dur, et les commentaires des soldats disant qu'il était étrange qu'un enfant soit à moitié surnaturel et à moitié humain n'aidaient pas. Ils n'aimaient pas non plus le fait qu'ils disent Bones être « ignoble » et plus encore, seulement parce qu'il était fidèle à lui-même. Il n'avait pas prévu de faire pleurer sa mère, et il était en train d'essayer de la réconforter, pourtant ils avaient l'audace d'affirmer qu'il était un « monstre » ? Étaient-ils aveugles, ou simplement stupides ?
- Partez, scélérats ! cria le blond. Laissez-les avoir leur moment avec dignité et toutes les conneries qui vont avec !
- Du balai ! Du balai ! chantonna Amélie, repoussant la foule.
- Respectez la vie privée des autres personnes s'il vous plaît, dit poliment Charlotte.
Ciel se contenta de soupirer en voyant la tournure des événements. Alors c'était pour cela qu'Audrey voulait se rendre jusqu'ici. Le bleuté avait lui aussi trouvé cela suspect que Bones ait « l'autorisation » de sa mère pour participer à un tel camp, qui semblait avoir une certaine rancune vis-à-vis du monde surnaturel. Il ne s'était pas attendu à ce qu'Audrey mente à ses tuteurs légaux, étant donné que ce n'était pas quelque chose qu'Audrey ferait en temps normal. Néanmoins, il pouvait comprendre les complexités des devoirs moraux que l'on devait parfois affronter, alors il ne pouvait pas vraiment se dire « énervé ».
- En a-t-on terminé ici ? demanda-t-il finalement, fatigué de toutes ces bêtises. Je veux rentrer…
- Est-ce que cet endroit te rappelle trop Sir Integra ? le taquina Alois.
- Oui, en effet- Une minute, « Sir Integra » ?! Depuis quand l'appelles-tu ainsi ? demanda le bleuté.
- Quoi ? C'est comme ça qu'elle signe ses mots.
- Ses « mots » ? Avez-vous une sorte de relation épistolaire ?
- Oh non ! Blondie est un espion ! cria Amélie avec enthousiasme.
- Du calme, mon pote. Je ne « travaille pas avec l'ennemi », insista le blond.
- Comment puis-je être certain qu'on ne t'a pas lavé le cerveau ? plaisanta le Phantomhive.
Il cligna des yeux deux ou trois fois, surpris, lorsqu'un objet lui fut présenté devant son visage. Il s'agissait d'un écusson.
- Parce que, j'ai tes armoiries, dit le blond avec un grand sourire. Elle m'a aussi envoyé les siennes, mais celles là sont plus importantes.
Une fois de plus, le bleuté fut agressé par un énorme câlin de la part du blond.
- Je ne pourrais jamais trahir mon cher petit cyclope !
- Tes surnoms sont horribles… dit Ciel en réponse, laissant l'autre garçon l'enlacer.
- Tu sais que tu les adores~ !
- Cyclope ! Attention ! s'exclama la louve, revenant dans la conversation par la force. Il a dit qu'il allait te tuer la prochaine fois qu'il te verrait !
Le duo de démons se raidit en entendant cela, leurs joues devenant roses. Alois avait complètement oublié avoir dit cela. De plus, il se demandait comment Amélie avait pu l'entendre, puisqu'il l'avait dit dans les quartiers des garçons. Il ria nerveusement, et regarda le bleuté.
- Quoi ? Pas du tout ! Je ne dirais jamais ça ! mentit-il; sans succès, de plus.
L'expression du bleuté lui montrait à quel point il avait raté.
- D'accord, je l'ai peut-être dit ! Mais je rigolais ! se corrigea Alois.
- Nous partons, dit froidement Ciel, faisant signe aux deux autres démons de le suivre.
Charlotte et Amélie seraient amenées dans leur nouvelle résidence ce soir, et Audrey rentrerait sans doute avec sa mère. Donc, le trio de démons partit de nouveau en direction du manoir Phantomhive. Ils firent leurs au revoir, promettant de contacter les deux filles de temps à autres, et Alois promit de continuer à jouer au « kung-fu » avec la louve lorsqu'il la verrait seul ou avec les autres.
Le trajet en voiture fut presque silencieux. Alois était assis tout en jouant avec ses pouces alors qu'il attendait que le bleuté le gronde, mais ça ne vint jamais. Il avait peur que le bleuté soit réellement en colère contre lui après avoir dit une chose aussi impoli sur lui. Il n'arrivait pas à lire l'expression du garçon, alors il n'avait aucune manière de ne serait-ce que deviner. La voiture commença à ralentir, s'arrêtant complètement dans l'allée.
Oh, comme cet endroit avait manqué à Alois. Bien qu'on ne soit qu'à l'aurore, la bâtisse faiblement éclairée semblait lui souhaiter la bienvenue. Il se hâta d'entrer et contempla. Qui aurait crû qu'être loin de chez soi pendant un mois puisse rendre le lieu aussi merveilleux au retour ? Cependant, ce sentiment fut écrasé par l'entrée silencieuse du bleuté qui se mit à monter les escaliers jusqu'à sa chambre. Alois le suivit, lui demandant silencieusement s'il était en colère, sa question ignorée. Finalement, il prit son courage à deux mains et posa la question.
- Ciel ? Est-ce que tu m'en veux, Ciel ? demanda le blond d'un air quelque peu inquiet. Je ne voulais pas te blesser, je ne faisais que plaisanter…
- Évidemment que tu ne faisais que plaisanter, dit enfin le Phantomhive. Toi, me tuer ? Quelle idée ridicule.
- Alors… Tu ne m'en veux pas ? demanda à nouveau Alois afin d'être sûr de la réponse du garçon.
- Non, je ne t'en veux pas pour tes remarques indécentes, répondit le bleuté.
Il se retourna pour regarder le blond avec un sourire narquois. À l'aide de son pouce et de son index, il tint le menton du blond en place afin qu'il regarde le bleuté dans les yeux tout en l'écoutant.
- Cependant, je vais devoir te punir pour une telle insolence.
Le visage d'Alois devint immédiatement rouge cramoisi.
- A-Attends, tu ne veux pas dire…
- Tu sais précisément ce que je veux dire, dit Ciel, attrapant le poignet du blond de sa main libre, et le traînant le long du couloir. Ce costard te va bien, d'ailleurs.
- Ne me dis pas que tu as un fétichisme pour les uniformes… fit remarquer le blond, essayant d'embarrasser l'autre garçon et prendre la main.
- Si tu continues à dire ce genre de choses, je vais devoir doubler ta punition.
- Q-Q-Quoi ?! Tu es vraiment plus pervers que moi, tu sais ?! Chien en chaleur, va !
- Tripler ?
- Pervers ! C'est la première chose que tu veux faire après mon retour?!
- Heureusement pour nous, les démons n'ont pas besoin de dormir...
