Écrit par HateWeasel
204. Nigel Et ?
- Roh, l'eau de mer c'est mauvais pour mes cheveux… dit Kristopherson, alors que tous les garçons étaient assis dans le salon après une longue journée de rigolade.
- Et les décolorer à tort et à travers aussi, répondit Audrey.
Il avait de nouveau son bonnet de prédilection, mais il avait toujours l'air quelque peu étrange, étant donné que sa frange n'avait pas repoussé. Actuellement, il gardait la télécommande de la télévision et ce depuis que les garçons aient passé environ une heure à se battre pour l'avoir. Par conséquent, la chaîne choisie fut Sci-Fi, et ils étaient en train de regarder Face Off. Kristopherson n'avait pas vraiment de raison de s'en plaindre, puisqu'il s'agissait d'une émission sur le maquillage de monstre à Hollywood, rendant la chose tout de même intéressante.
- Je parie que quand Kris sera plus âgé, il sera chauve, dit Preston, faisant rire les autres à l'exception du faux-blond amateur de rose.
- Je ne serai pas chauve !
- Tu peux toujours tout raser, suggéra Alois, faisant un mouvement au-dessus de sa tête comme si sa main était une tondeuse.
- Je n'arrive pas à imaginer Kris être un skinhead, dit Audrey.
- Lâchez-moi la grappe !
- Eh, Bones, est-ce que tu sais quand est-ce que Nigel est censé arriver ? demanda Preston.
L'Irons avait lui aussi été invité pour le voyage, mais il n'avait pas pu venir le premier jour à cause d'un rendez-vous chez le médecin, alors il n'arriverait que tard le deuxième jour.
- Je sais pas. Mais il devrait plus tarder, répondit le garçon au bonnet-crâne, regardant l'horloge au mur.
Elle était quelque peu dure à lire à cause de son apparence beaucoup trop « chic ». Tout dans cette maison l'était. C'en était presque déroutant, une véritable impression d'être dans le futur.
- C'est son père qui l'amène ? Ça craint, fit remarquer Alois.
Il était peut-être celui qui était le plus familier avec le professeur, étant donné que Monsieur Irons l'avait envoyé en colle et dans le bureau du proviseur maintes et maintes fois. Il, ainsi que les autres, n'était pas friand à l'idée de devoir passer du temps avec l'homme grognon, surtout lorsqu'ils étaient censés être en vacances. Heureusement pour lui, l'homme ne serait pas en mesure de lui mettre des heures de colles pour son comportement.
- Ouais. Je pense. Je crois que le plan c'était qu'il reste la nuit, et rentre le lendemain matin. Nigel rentrera avec nous en voiture après.
- Juste la nuit ? demanda le blond. Ça va, alors.
Environ une heure passa après cela, et une bataille pour la télécommande éclata une nouvelle fois, les seuls n'y prenant sagement pas part étant Travis, Ciel, et étonnamment, Alois, qui préférait apparemment se lover contre le bleuté et l'embarrasser plutôt que de se battre. Lorsqu'il sembla que quelqu'un l'avait enfin, quelqu'un d'autre la reprenait, et ces deux-là s'insultaient tandis qu'une tierce partie piquait l'objet alors que les deux premiers étaient distraits, et ainsi de suite. En effet, cela dura presque une heure. Il semblait que cela arrivait chaque fois qu'il était temps de changer de « tour » afin de choisir une émission. Les autres se contentèrent d'observer la scène, Sebastian inclus, étonnamment, qui trouvait cet acharnement très amusant. C'était comme s'il ne cesserait jamais d'être impressionné par la bêtise humaine.
L'attention du majordome fut attirée par autre chose, lorsqu'il entendit le bruit d'une voiture s'approchant de la villa. Il se leva et se remit en ordre avant de se diriger vers la porte, l'ouvrant, au moment précis où Monsieur Irons était sur le point de frapper. L'autre homme resta immobile un instant, comme s'il avait besoin de comprendre comment il avait fait cela, mais, se souvenant de la véritable identité du majordome, il ne lui fallut pas longtemps.
- Ah, Monsieur Irons ! Ravi de vous voir ici. Je vous en prie, entrez, dit Sebastian, récitant son script habituel pour accueillir les invités avec hospitalité.
- Je vous remercie, répondit le professeur, acceptant l'offre de l'autre homme, son fils derrière lui. Le trajet semblait beaucoup plus long qu'il ne l'est vraiment. Mais il devait l'être encore plus pour vous, n'est-ce pas ?
- En effet, cela peut rapidement devenir pénible avec des enfants qui crient à l'arrière.
Ce fut à cet instant que Sebastian réalisa que son travail le poussait de plus en plus à se comporter comme une figure parentale, plutôt qu'un démon. Tandis que les adultes parlaient, Nigel se dirigea sans dire un mot vers les autres garçons. Sa présence apporta un cessez-le-feu temporaire durant les batailles pour la télécommande, alors qu'ils arrêtèrent tous pour le regarder. Il leur sourit timidement, ne connaissant que trois des Sept. Les 4 autres étaient de véritables étrangers pour lui. Mais, cela pouvait être arrangé, et fut le cas, lorsque Daniel se présenta en premier.
- Salut ! Je suis Daniel. C'est moi qui suis en charge par ici, dit-il avec un sourire, marchant vers le garçon.
- Dans tes rêves ! cria Kristopherson. C'est ma maison, ducon.
- Eh, tu devrais faire attention à ce gars, mec. C'est un énorme homo, chuchota-pas-si-discrètement Daniel en direction de l'Irons.
- Ignore-le, Nigel. C'est un idiot, dit Audrey, proposant de la main une place au garçon sur le canapé. Kristopherson ne te fera pas de mal. La pire chose qu'il pourrait te faire, c'est de critiquer ton style vestimentaire.
- Oh, d'accord ? dit nerveusement Nigel, encore incertain de ce nouvel environnement et de ces nouveaux visages.
- Là-bas c'est Travis, reprit le garçon au bonnet-crâne, pointant ledit garçon du doigt. Il ne parle pas beaucoup, mais c'est un bon gars. Celui en rose c'est Kristopherson. C'est le proprio, alors ne l'énerve pas. Celui sur qui Alois est avachi c'est Ciel, et Daniel s'est déjà présenté, alors pas la peine de le mentionner…
- Eh !
- Oh. Il passe son temps à se plaindre, par contre…
Nigel se contenta de sourire en direction de chaque garçon alors qu'ils étaient présentés, ne sachant pas vraiment quoi dire. C'était étrange; il était beaucoup plus bavard d'ordinaire. Actuellement, c'était comme s'il s'agissait d'une toute autre personne. Avant que la guerre de la télécommande puisse recommencer, Alois se hâta de l'attraper et de la tendre au roux.
- Tiens, choisis quelque chose, dit-il, ne voulant pas avoir à supporter une autre heure de chamaillerie et de disputes pour obtenir le petit appareil.
Il le tendit un garçon un bon moment avant que Nigel la prenne, observant les boutons. Ce qu'il dit ensuite fut un véritable choc pour le blond.
- Yes, your higness.
Alois écarquilla les yeux en entendant cette phrase. Les mots employés, l'expression arborée par le garçon en les prononçant, son ton; tout dans la manière que Nigel eut de dire cela abasourdi le blond. Il resta inerte un instant, regardant le garçon qui ne faisait que sourire en le regardant également. Cet instant ne prit fin que lorsque l'Irons sentit une main sur son épaule. Il leva les yeux et vit son père se tenir derrière le canapé, le regardant d'un air assez sérieux.
- Est-ce que je peux te dire deux mots, « Nigel » ? demanda l'homme.
Le sourire du garçon chancela un instant, mais il accepta.
- D'accord, dit-il, sa voix semblant quelque peu nerveuse.
Il se leva et suivit son père dans la cuisine, où ils espéraient pouvoir avoir une conversation en privée. Naturellement, cela piqua la curiosité des autres.
- Qu'est-ce qu'il vient de se passer là ? demanda Daniel, étant le premier à briser le silence.
- Qui sait ? répondit Kristopherson.
Il tourna la tête afin de faire face au duo de démons.
- Eh, vous arrivez à entendre quelque chose ?
- Si vous vous taisiez tous un moment, peut-être, répliqua le bleuté.
La pièce adopta un silence de mort, à part pour les marmonnements venant de la télévision. Le duo écouta avec attention, essayant de comprendre la conversation qui se déroulait dans la cuisine.
- Pourquoi es-tu sorti ? demanda le professeur, mettant ses mains sur ses hanches tout en regardant le garçon d'un air dur.
- Je sais pas ! Je peux pas contrôler mes sorties. Ça arrive comme ça ! répondit le garçon, un peu plus énergiquement qu'à l'accoutume.
- Tu dois rendre son corps à Nigel, dit Monsieur Irons.
- Si je pouvais je le ferai !
- Qu'est-ce qu'ils racontent, bordel ? articula Alois dans le salon.
Les autres regardèrent le duo, leur demandant silencieusement ce qu'ils entendaient. Ils ne purent que hausser des épaules en réponse, étant donné qu'ils ne savaient pas du tout de quoi parlait la paire. Monsieur Irons soupira, et se frotta les tempes. Ils avaient déjà eu cette discussions beaucoup, beaucoup de fois par le passé, et c'était toujours aussi difficile. Finalement, il ouvrit la bouche pour reprendre la parole.
- Très bien, contente-toi… Contente-toi de faire de ton mieux pour agir comme Nigel lorsque tu es avec les autres, compris ?
- J'essaye ! Mais c'est super dur ! répondit le garçon. Je sais pas combien de temps je peux faire ça avant que Nigel revienne !
- Je sais. Je sais que tu fais de ton mieux, mais tu ne peux pas simplement te comporter comme un enfant de huit ans dans le corps d'un garçon de quinze ans.
- Pourquoi pas ? Mon grand frère est là, alors ça devrait aller, non ?
Monsieur Irons s'agenouilla et mit une main sur l'épaule du garçon. Il secoua la tête avec un air triste avant de parler.
- Mais Luka, il ne sait pas que c'est toi.
