Chapitre I
- Et celle-ci ?
- Aaah, ce bijou-là, Monsieur, est une pièce unique ! Le diamant qui sertie cette bague est d'une pureté rare.
Harry leva la bague au niveau de ses yeux. La pierre était magnifique, certes, mais la bague, elle, était simple, rudimentaire.
- Cependant, Monsieur Potter, si vous chercher un bijoux pour la femme qui a ravis votre cœur, j'ai ce qu'il vous faut ! S'il ne vous plait pas, je ne peux vraiment plus rien faire pour vous.
Le bijoutier se retira dans l'arrière boutique et Harry soupira. Cela faisait bien trois quart d'heure qu'il embêtait le malheureux bonhomme. Ron et Hermione devait le chercher désespérément ; il ne les avait pas prévenu qu'il était parti chercher un bijoux à offrir à Ginny pour son anniversaire.
L'homme revint, un coffret dans les mains, un air ravi sur le visage. Il déposa la boite devant Harry dont la curiosité avait été piquée à vif et l'ouvrit.
Sur le velours noir, un magnifique petit angelot d'or déployait ses ailes, les yeux clos et le visage serein. Une pierre verte taillée en forme de cœur était incrustée dans sa poitrine.
- Emeraude, annonça le bijoutier. Pierre de la fidélité et de l'entente, favorise l'unité et l'amour inconditionnel.
- Magnifique, souffla Harry.
- Il vous plait ?
- Je le prends !
- Harry ! Harry !
Harry se retourna au cris de cette voix familière. Hermione accourait vers lui, bousculant quelques élèves qui patientait dans le couloir avant leur cours. Arrivée à sa hauteur, il vit qu'elle était essoufflée et que ses joues avaient pris une teinte rosée.
- Harry, il faut que tu vois ça ! dit la jeune femme d'une voix excitée.
- Quoi ? Mais qu'est-ce que… ?
Avant qu'il n'ait le temps de formuler une question claire et cohérente, Hermione l'avait entraîné dans un passage secret dont l'entrée était cachée par le portrait d'une jeune femme brune à l'air mélancolique.
- Hermione, où est-ce qu'on est ? Cet endroit n'est pas signalé sur la carte du Maraudeur.
- Non, il ne l'est pas. J'ai vérifié ce matin.
- Vérifié ? S'étonna Harry, légèrement fâché.
Hermione rougit, et baissa la tête, honteuse.
- Oui, euh… je t'ai emprunté la carte ce matin, avoua-t-elle d'une vois timide. Je t'ai cherché pour te la demander mais je ne t'ai trouvé nulle part.
- Bon, c'est sans importance, soupira le jeune homme. Je n'étais pas au château ce matin. Alors ? Tu sais où on est ?
Il regarda autour de lui. Ils étaient dans un couloir qui paraissait sans fin. Plongé dans l'obscurité, l'endroit était froid et lugubre. Les murs de pierre nus étaient recouverts de mousse et de moisissures. De longues toiles d'araignées, pleines de poussières et abandonnées depuis longtemps par leur propriétaire, couraient le long du plafond.
- Non, je ne sais pas. Mais de toute évidence, cet endroit a été oublié depuis des années. Ce couloir mène à plusieurs salles très grandes, mais toutes abandonnées.
Hermione s'avança, et Harry la suivit. Ils débouchèrent dans une vaste salle, presque totalement vide. Sur le côté, de grandes colonnes de marbres soutenaient un plafond si haut que l'obscurité le rendait invisible. A gauche, entre les colonnes, de très hautes fenêtres laissaient à peine filtrer la lumière du jour à travers ses vitres crasseuses.
Harry se tourna pour regarder en arrière. Au-dessus de la porte que lui et Hermione venaient de franchir, se trouvait une autre porte, à laquelle on accédait par un escalier de pierre blanc. A la même hauteur que cette porte, un grand balcon faisait le tour complet de la salle, donnant accès à une douzaine d'autres pièces.
- Impressionnant, n'est-ce pas ? Fit Hermione.
- Ce n'est rien de le dire, répondit Harry, ébahit.
- Et pourtant, ce n'est pas ça que je voulais te montrer ! Viens !
Ils traversèrent la salle, leurs pas raisonnant dans un écho inquiétant. Harry vit à sa droite les boucliers et des épées rangées avec soin, bien que couverts de poussière et pris dans les toiles d'araignées. Il se demanda ce que de telles armes faisaient ici.
Hermione le mena à un autre escalier, puis à une autre salle, bien plus petite et circulaire. De grandes bibliothèques cachaient les murs. Il y avait là des centaines et des centaines de livres.
Au centre, sur une petite table de bois recouverte de poussière avait posé l'un de ces anciens grimoires à la reliure de cuire.
- Je l'ai mis de côté, celui-là, dit Hermione en s'approchant.
Elle ouvrit le livre et en tourna frénétiquement les pages de parchemin. L'écriture était manuscrite, ce qui ne pouvait signifier que deux choses : soit il était réellement très ancien, soit son auteur, à en juger par l'épaisseur de l'ouvrage, était maso. Dans un haussement de sourcils, Harry se dit qu'après tout, ce n'était pas vraiment étonnant que Melle Ma-vie-ne-serait-rien-sans-les-livres ait déniché un tel endroit.
- Voilà ! S'écria enfin Hermione après de longues minutes. C'est ce sortilège là !
Elle tourna le grimoire vers Harry qui se pencha dessus, intrigué.
Sortilège de recherche.
- De recherche ?
- D'après sa description, expliqua Hermione avec une pointe d'excitation et d'impatience, il serait suffisamment puissant pour permettre de retrouver les deux Horcruxes qu'il nous manque.
- Huum… Hermione, j'apprécie énormément le mal que tu te donnes, mais…
- Harry, on a cherché partout pendant des mois ! On a ratissé tout le pays, fouillé tous les endroits où Voldemort était susceptible de cacher ses Horcruxes… On pourrait au moins essayer, sait-on jamais, ça pourrait nous aider.
- Je ne le sens pas ce sortilège… Tu as vu comme il est étrange ? Un cercle magique – qu'est-ce que c'est encore que ça ?
- C'est de la magie ancienne. Sa pratique a été abandonnée à la Renaissance car jugée instable et dangereuse.
Harry allait répliquer mais Hermione ne lui en laissant pas le temps.
- Je t'assure qu'on devrait essayer. Au pire, il ne se passera rien.
Harry soupira, mi-las, mi-désespéré.
- Il manque le médaillon, mais le dernier, j'ignore encore totalement de quoi il peut s'agir.
- Essayons ! Insista Hermione. Je te le dis, on n'a vraiment rien à perdre !
Harry soupira. Il était vrai qu'après tout, dans le pire des cas, il ne se passerait rien, le sortilège ne fonctionnerait pas. Pourquoi ne pas tenter ?
- Bon, très bien, Hermione, tu as gagné.
Hermione laissa échapper un cri de joie qui conforta Harry dans l'idée qu'il faisait une erreur. Non qu'il doute des capacités d'Hermione qui avait toujours été effrontément douée, mais, vraiment, ce sortilège ne lui plaisait guerre.
La jeune femme l'entraîna dans une pièce voisine où un pentacle avait été tracé sur le sol avec de la farine. Cinq bougies avaient été déposées au bout des branches de l'étrange étoile.
- Ne me dis pas que tu avais déjà tout préparé !
Hermione eut un sourire rusé.
- Viens. D'après le livre, on doit se placer au centre du pentacle et réciter la formule à haute voix. Je l'ai écrit sur un bout de parchemin, on la lira ensemble.
Elle alluma les bougies et ils se placèrent ensemble au centre de la figure géométrique. Un nœud serra l'estomac de Harry. « C'est de la magie ancienne. Sa pratique a été abandonnée à la Renaissance car jugée instable et dangereuse. » Instinctivement, Harry serra sa baguette dans sa poche. L'idée de lancer un sortilège sans l'aide de ce fin bout de bois le désarçonnait complètement.
Hermione déplia le morceau de parchemin.
- Bien. Il faut penser très fort à ce que nous voulons, c'est à dire au moins au médaillon, faute d'avoir l'autre objet. On y va ?
Les deux jeunes sorciers prirent une grande inspiration et commencèrent à lire la formule d'une haute et claire tout en se concentrant sur les deux Horcruxes qu'ils recherchaient.
Puissante Nature, notre protectrice
Les chandelles vacillèrent comme sous l'effet d'un courent d'air. Harry et Hermione ne se laissèrent pas déconcentrer pour autant.
Ô toi, notre plus grande Bienfaitrice
Harry sentit sa poitrine se comprimer, comme si un étau le serrait, bloquant presque sa respiration. Peu à peu sa vision se brouilla.
Livre-nous tes secrets si convoités
Il vacilla. Il avait de plus en plus de mal à déchiffrer la formule. A ses côtés, Hermione ne semblait pas aller mieux.
Offre-nous ces objets tant recherchés.
A peine le dernier mot fut-il prononcé que tout tourna autour des deux sorciers au point de les en rendre malades. Ils se sentaient si mal qu'il en oublièrent où ils étaient. Harry sentit Hermione s'agripper désespérément à lui. Il enserra étroitement sa taille pour ne pas la perdre.
Alors, dans l'obscurité la plus complète, ils eurent la sensation de tomber dans le vide. Pris de surprise et de panique, ils hurlèrent à l'unisson.
Puis, brutalement, le sol se fit à nouveau sentir sous leurs pieds. Ils s'effondrèrent comme une masse contre cette surface dure.
Le corps parcourut de douleur, Harry mit longtemps avant de bouger. Dès qu'il remua, la douleur se fit plus vive encore. Une odeur d'herbe fraîche lui chatouillait les narines. De l'herbe ? Il ouvrit les yeux. Il était étalé dans une prairie. Tout lui revint alors en mémoire.
- Hermione ? Hermione !
Un faible gémissement se fit entendre à ses côtés. Harry s'agenouilla péniblement, luttant contre la douleur lancinante. Il posa une main sur l'épaule de son amie et la retourna sur le dos.
- Hermione ! Ca va ?
- Je crois… Je crois que je me suis cassée la cheville, dit-elle d'une voix faible, le visage crispée de douleur.
Angoissé, Harry regarda autour de lui. Tout était désert, il n'y avait pas âme qui vive. Que ce soit autour du lac ou…
- Oh non… Je crois qu'on a un sérieux problème, Mione…
- Quoi ?
La jeune femme se redressa avec peine sur les coudes, gardant ses jambes parfaitement immobiles. La douleur l'avait rendue pale, de petites gouttes commençaient à perler à son front et sa respiration était particulièrement difficile.
- Le lac est là, dit Harry avec lenteur en montrant à son amie la direction. Mais si le lac est là… alors…
- Où est Poudlard ? Acheva Hermione.
La jeune femme pâlit d'avantage encore. Le château aurait dû se dresser à l'endroit même où ils se tenaient. Mais il n'y avait à sa place qu'un vaste terrain vague parsemé de quelques arbres.
Harry inspira profondément après être resté quelques instant sous le choc.
- Bon, pas de panique. On verra ça après. Pour l'instant, occupons-nous de ta cheville.
Il sortit sa baguette – par miracle elle ne s'était pas brisée dans sa chute – et la pointa vers la jambe d'Hermione. Un éclair bleu pâle s'en échappa et sa cheville reprit une position plus rassurante. Hermione remua son pied.
- Ca va comme ça ?
- Oui, mais ça me fait toujours aussi mal…
- Si je t'aide, tu penses que tu arriveras à marcher ?
Un hennissement se fit entendre au loin. Harry tourna la tête en direction du bruit. En contrebas, trois cavaliers vêtus de longues capes avançaient au petit trot sur de grands chevaux bruns. Ils suivaient un petit chemin escarpé en direction des bois.
Harry bondit. Agitant les bras au-dessus de sa tête, il cria pour attirer leur attention.
- Hé ! Hé, s'il vous plait ! Mon amie est blessée, j'ai besoin d'aide ! Hé !
Mais les cavaliers ne semblaient pas l'entendre, poursuivant leur route. Harry sortit alors sa baguette, envoyant une gerbe d'étincelles dans le ciel.
Cette fois, la réaction des cavaliers ne se fit pas attendre. Ils changèrent brutalement de diction, quittant le chemin pour s'avancer au galop en direction de Harry et d'Hermione. En les voyant s'approcher, Harry vit qu'il s'agissait de trois femmes, une brune, une blonde et une rousse.
Il fut nettement moins enthousiaste cependant, lorsqu'elles les encerclèrent et qu'il se retrouva avec la lame d'une épée plaquée contre sa gorge.
