Écrit par HateWeasel

216. 1989.

Nous sommes en 1989, des décennies avant le début de notre histoire. Les premières propositions d'Internet ont été faites. Aux États-Unis, la Guerre Froide vient de se terminer. Au Royaume-Uni, Margaret Thatcher est devenue la première Première Ministre du XXe siècle étant restée Première Ministre pendant dix années consécutives, le premier court-métrage de Wallace et Gromit a été diffusé à la télévision, et les experts économiques parlent d'un éventuel risque de récession. Cependant, rien de tout cela ne nous intéresse. Non, en ce jour autrement ordinaire d'octobre, une rencontre importante se déroulait. Il s'agissait de la première rencontre entre le Chien de Garde de La Reine, et la plus jeune personne à avoir reçu le titre de chevalier durant l'époque contemporaine.

À cette période, Ciel Phantomhive était une personne plutôt sérieuse, comme toujours, mais légèrement moins enfantin qu'il l'est aujourd'hui. Le garçon avait été témoin d'énormément de choses dans sa longue vie, de maintes batailles, de la souffrance des autres, et bien d'autres étranges et curieuses choses, et il commençait à se demander pourquoi il se donnait la peine de continuer. Quelle solitude, que d'être un démon dans un monde d'humain, en n'ayant presque personne pouvant le comprendre. Son secret n'était connu que par une poignée d'individus, et cette année-là, l'année 1989, l'un d'eux était mort.

Sir Arthur Hellsing était l'une des nombreuses personnes appelées « Arthur » qu'il avait rencontrée, et rencontrerait, mais ce dernier était à la tête de l'organisation H.E.L.L.S.I.N.G. depuis des années, et l'avait été durant toute la Seconde Guerre mondiale, octroyant ses meilleurs soldats aux forces Alliées. Il était le genre de personne avec qui Ciel avait du mal à s'entendre. Borné, insouciant, extravagant, et quelque peu dévergondé, mais en même temps, Arthur Hellsing était patriote, fiable, et très sage. Il était quelque peu triste que l'on prenne la suite d'une personne aussi intéressante, quoique le bleuté ne l'admettrait jamais. L'homme avait aidé Ciel maintes et maintes fois durant la guerre lorsque sa loyauté avait été remise en question, alors d'une certaine manière, le garçon se sentait quelque peu honoré de respecter ses vœux-, même si ces vœux impliquait de faire d'une fille de douze ans la prochaine héritière de H.E.L.L.S.I.N.G..

Le Phantomhive ne pouvait s'empêcher de sourire narquoisement en constatant à quel point ces circonstances étaient semblables aux événements de sa propre vie. Il était quelque peu curieux de savoir comment serait cette nouvelle dirigeante de H.E.L.L.S.I.N.G.. Sera-t-elle une enfant gâtée ou sera-t-elle comme lui ? La question ne le quittait pas alors qu'il attendait dans le salon de la famille Hellsing. Finalement, la porte s'ouvrit brusquement, et enfin, une jeune fille entra, accompagnée de son propre majordome de l'époque, un humain du nom de Walter C. Dormez.

La fille se tenant devant le garçon-démon et son majordome d'une nature satanique semblable faisait à peu près la même taille que lui, à un centimètre ou deux près, avec une peau mate et de longs cheveux blonds s'arrêtant au creux de son dos. Elle portait un chemisier blanc avec une lavallière rouge, une longue jupe bleue qui s'arrêtait au-dessus des chevilles, et une grande paire de lunettes rondes qui n'empêchait pas le démon de voir les yeux bleus et à l'air sérieux de la fille. Suivant les formalités, le bleuté se leva de son siège, et tendit la main, un geste qui fut réciproqué par la Hellsing alors qu'ils se serrèrent fermement la main.

- Sir Ciel Phantomhive, chef de la maison Phantomhive, et le « Chien de Garde de La Reine », dit-il, se présentant.

Il ne s'embêta pas à essayer de faire la conversation, étant donné que ce n'était pas son fort et alla droit au but. La fille ouvrit la bouche pour parler, ayant hâte d'aller directement au fait à son tour.

- Sir Integra Hellsing, chef de la maison Hellsing, et membre des Chevaliers Protestants, dit-elle, lâchant la main du démon en finissant.

Elle n'était pas du genre à dire des banalités non plus, et était curieuse de savoir si le garçon devant elle était réellement un démon ou non. Elle hésita avant de simplement demander :

- J'ai cru comprendre que vous n'êtes, en réalité, pas humain, dit-elle, se remettant bien droite afin de ne pas avoir l'air intimidée.

Ciel fit de son mieux pour réprimer un sourire narquois, remarquant ce geste.

- En effet, dit-il, comme s'il en était presque fier. Je suis un démon, de ceux qui écartent du droit chemin les humains et dévorent leurs âmes.

Il ne put plus retenir son sourire narquois plus longtemps, alors que ses lèvres se courbaient contre sa volonté.

- Je suppose que Arthur vous l'a dit ?

- Oui. Mon père m'a dit beaucoup de choses sur vous et votre espèce, dit la fille. Il m'a raconté comment vous vous êtes battu durant la guerre, et comment vous résolvez des mystères. J'espère pour vous que je ne vous attrape pas en train de prendre des âmes, Sir Phantomhive. Votre perte serait une désolation.

- S'agit-il là d'une menace ?

- Non, c'est une promesse.

- Manifestement, vous n'êtes pas aussi insouciante qu'Arthur, n'est-ce pas, Sir Hellsing ? demanda le Phantomhive, amusé par les paroles de la fille.

Prétendre qu'elle le détruirait personnellement était si drôle, à l'époque. Maintenant, cela semblait presque possible.

- Bien sûr que non ! dit Integra avec un sourire. Si je me laisse être indulgente, je ne pourrai pas être prise au sérieux, au vue de mon âge et de mon sexe.

- Je comprends, dit le bleuté. Y a-t-il autre chose dont je dois me souvenir ?

- Oui. Si je vous prends en train d'ingurgiter une âme humaine, je vous tuerai. Si je vous prends en pleine trahison de la couronne, je vous tuerai. Si je vous prends en train d'accomplir un quelconque rituel satanique étrange, je vous tuerai. Si je vous prends en train de transgresser la loi, je vous tuerai.

- Alors vous m'avez invité ici afin de me dire que vous êtes celle qui me tuera ? demanda le Phantomhive.

- Plus ou moins, répondit simplement Integra en haussant les épaules. Il est de mon devoir de vous tuer, si vous veniez à faire l'une de ces choses, et je ne veux pas que vous pensiez que le départ de mon père vous autorise à vous déchaîner.

- Vous semblez très sûre de vous. Transgresser la loi fait partie de mon travail, alors comment dois-je faire ?

- Vous êtes plus âgé et plus sage que moi. Trouvez vous-même.

Ciel sentit son sourcil le tiquer avec un léger agacement en entendant le ton autoritaire de la voix de la fille plus jeune. Personne ne lui disait quoi faire. Personne. Surtout pas sur un tel ton.

- Vous vous rendez bien compte que je suis un démon, n'est-ce pas ? demanda-t-il. Que je pourrais vous briser en deux comme une brindille si je le souhaitais ?

Integra sourit.

- Oui, mais je sais que vous ne le ferez pas. Vous êtes trop bon pour cela, dit-elle, prenant le garçon de court.

Ciel Phantomhive ? Bon ? Quelle idée. Bien qu'il ne voulait vraiment pas le faire, le démon devait demander :

- Et qu'est-ce qui, je vous prie, vous donne cette impression ?

- Mon père m'a parlé de vous, dit la chef des Hellsing. De la manière dont vous avez aidé à protéger les civiles durant le Blitz, et du fait que vous ne consumez des âmes que lorsque cela est absolument nécessaire à votre survie. Vous êtes trop empathique pour me tuer. Vous êtes trop humain.

- « Humain » ?! répéta le garçon, fronçant gravement les sourcils. Je ne suis certainement pas un humain ! Vous feriez mieux de ne pas me sous-estimer !

- Au contraire. C'était un compliment, dit la fille en gloussant, ayant fait perdre au garçon son tempérament. Vous êtes très humain, étrangement. Père disait que c'était parce que vous avez un nom, et un cœur, contrairement à la plupart des démons. Même après avoir dévoré un nombre inconnu d'âmes, vous êtes toujours « vous ». Alors soyez fier ! Vous êtes unique.

- Je ne vois absolument pas de quoi vous voulez parler, dit le bleuté. Êtes-vous certaine que ce que vous dites a du sens ? Je ne comprends pas ce que vous essayez de dire.

La fille se tenant devant lui soupira.

- Père a également dit que vous étiez têtu, dit-elle, son sourire s'évanouissant. Il disait que vous ne « comprendriez probablement pas tout de suite » car vous avez « l'entêtement de quelqu'un faisant dix fois votre taille ».

Ciel était sur le point de répliquer, lorsqu'il sentit son épaule être secouée. Il regarda autour de lui, mais personne n'était en train de le toucher, ce qui le dérouta. La pièce et les personnes qui s'y trouvaient se mirent à disparaître dans le noir, tandis que les secousses continuaient.

- … iel… entendit-il vaguement, ses oreilles ne réussissant pas à tout assimiler. Ci…

Cela avait recommencé, légèrement différemment. Quelqu'un lui criait dessus par-delà les ténèbres. Son esprit et son corps commencèrent à être lourds, mais la sensation de secousses ne faiblissait pas. Il sentit soudainement quelque chose de doux et de chaud se mouvoir doucement contre ses lèvres. Ce fut à cet instant qu'il ouvrit brusquement l'œil.

Alors que son esprit commençait à comprendre ce qu'il se passait, il remarqua qu'il était maintenant dans son bureau, assis sur son siège. Il se rendit compte que ce n'était pas l'année 1989, mais plutôt, le présent. Il s'était assoupi, réalisa-t-il, mais ce qu'il remarqua surtout était le fait qu'Alois était en train de l'embrasser et sachant que le bleuté avait reprit ses esprits, le blond s'éloigna et le regarda avec un grand sourire espiègle.

- Enfin! Pourquoi est-ce que c'est ça le meilleur moyen de te réveiller ? le taquina-t-il, s'asseyant sur le bord du bureau. Est-ce que tu faisais juste semblant pour que je t'embrasse, Ciel ?

Il gloussa en voyant le rougissement qui se forma sur le visage du bleuté.

- Non… J'étais juste au beau milieu d'un rêve… répondit Ciel, se frottant l'œil, … Non, c'était plutôt un cauchemar… ajouta-t-il, se rappelant que la Hellsing y était.

Le bleuté fronça les sourcils lorsque le blond mit avec gaieté sa tête près de son torse, et commença à caresser ses cheveux.

- Oh, pauvre, pauvre chou~ ! roucoula-t-il, son sourire narquois ne disparaissant jamais. Tu as fait un mauvais rêve et maintenant tu dois aller voir et parler avec un grand méchant policier~ !

- Tu sais, j'ai la légère impression que tu pourrais être en train de te moquer de moi, dit le bleuté, fermant l'œil tout en écoutant le faible bruit des battements de cœur de l'autre démon.

- Non, qu'est-ce qui a bien pu te donner cette idée ? demanda Alois, arrêtant ce qu'il faisait et déposant un baiser sur la joue de l'autre garçon. Allez. Charlotte est déjà là pour s'occuper de Luka. Allons-y~ !

Ainsi, ils firent leurs « au revoir » au jeune Macken et à la nounou vampire avant de rentrer dans la voiture que Sebastian avait préparée. Ils étaient en route pour le bâtiment du New Scotland Yard afin de rejoindre un certain enquêteur à propos d'une nouvelle enquête. Cependant, durant tout le trajet, Ciel ne pouvait s'empêcher de se demander : pourquoi un rêve aussi étrange ?


La Rubrique : Foire aux Questions

Question : « Pour le duo de démons : vous faites 'ça' pendant combien de temps généralement ? Pour Luka : comment t'habitues-tu au monde mortel? » de CiaranMichaelis

Réponse de Ciel : « Pourquoi ? Pourquoi voudriez-vous savoir une chose pareille ? »

Réponse de Alois : « Je sais pas. Je fais pas vraiment attention au temps quand on est 'occupés', si vous voyez ce que je veux dire. J'ai 'd'autres choses' en tête, à ce moment-là. Clin d'œil clin d'œil, coup de coude coup de coude, n'en dis pas plus n'en dis pas plus~ ! En fait, une fois, Ciel était en retard à une réunion parce qu'on était dans son bureau en train de- »

Ciel : « C'EST TOP SECRET, ALOIS. »

Réponse de Luka: « C'est super amusant ! Il y a plein de machines et de lumières partout, et c'est beaucoup plus coloré ! Mais c'est un peu dur, parce que je sais pas ce qu'elles font, et ça fait peur parfois. Une fois, j'regardais Sebastian dans la cuisine, et il a mis plein de fruits et un peu de lait et d'autres trucs dans ce machin et il a appuyé sur un bouton, et ça a commencé à faire beaucoup de bruit, 'VRRRRRRRR' comme ça ! Quand le truc s'est calmé, tout était liquide. Mais c'était bon. »