J'ai vu qu'il y a deux personnes qui sont passées sur le premier chapitre ! Je ne peux pas vraiment savoir s'ils ont lu l'intégralité du chapitre ou non, ni leur avis, mais c'est quand même chouette. Voilà le deuxième chapitre, un peu plus long. Bonne lecture !


J'entends le bruit d'un raclement de gorge.

Mon crâne me lance affreusement.

- Monsieur Rosier, des témoins – la classe entière à vrai dire – affirme vous avoir vu faire délibérément tomber votre camarade.

La voix me rappelle celle de ma directrice de maison, et je fronce les sourcils.

- La classe entière ?

Il y a un silence songeur, et je choisis ce moment pour ouvrir péniblement les yeux, et tenter de me redresser. Tentative qui échoue lamentablement puisque la main de Madame Pomfresh me plaque contre le matelas sans douceur.

- Ah, Miss Bangwalder, vous tombez bien.

- Qu'est ce qui se passe ?

J'ai vraiment, vraiment mal au crâne. J'ai l'impression que mon cerveau repose dans une mer de coton, sauf que ce n'est pas vraiment agréable.

- Vous avez fait un traumatisme crânien tombant sur le bord d'une table. Vous avez perdu connaissance. Comment vous sentez vous ?

- Euh … super.

Mme Pomfresh tord la bouche, et McGonagall fronce les sourcils.

Je ne vois pas Rosier, et ça me semble être mauvais signe.

- Bien. Monsieur Rosier ici présent semble être responsable de votre chute. Il sera donc collé durant une semaine, de 20 heures à 22 heures, et vous avec.

- P-pardon ?

Ce type vient de me détruire la cervelle et elles m'infligent un tête à tête avec lui pendant une semaine ? La nuit ?

Poudlard est vraiment une école d'inconscient. Je n'y mettrais pas mes enfants.

- Vous avez bien entendu. Vous avez déjà séché trois heures de cours, alors que l'année n'a commencé que depuis trois semaines !

Démasquée.

- Et si vous vous posez la question, complète Madame Pomfresh, monsieur Rosier est ici présent parce que votre camarade, Miss Evans, lui a lancé un sortilège cuisant afin de vous venger.

Oh !

- Elle ira en retenue ? je demande avec espoir.

- Non, étant donné son caractère irréprochable je me suis contentée de lui administrer un avertissement.

Ah.

J'entends Rosier laisser échapper un soufflement moqueur, et je me tords le cou pour tenter de l'apercevoir.

Il est assis sur son lit, droit comme un i, et il a troqué son uniforme pour un pantalon, et une chemise blanche sur laquelle passent des bretelles noires. Quand il m'aperçoit, il m'adresse un sourire froid, et je déglutis.

Même en papi, il reste flippant.

- Ne vous en faites pas, soupire McGonagall en surprenant notre échange visuel. Monsieur Black ou Monsieur Potter devraient rapidement se joindre à vous.

Super, me voilà rassurée. Ils vont s'entretuer et je prendrais sûrement un sort perdu qui me fera pousser les sourcils, ou disparaître les doigts de pieds.

Moi qui pensais à mes 11 ans que la vie de sorcier était palpitante …

[…]

Je suis de retour en histoire de la magie. Marly dort à côté de moi. Les Maraudeurs somnolent. Evans prend des notes. Et je m'ennuie.

La vie est un éternel recommencement.

- Pssst, Io.

Le seul avantage de ce cours, c'est qu'il est en commun avec les Poufsouffles, et que je peux donc communiquer avec Io Derviche.

Pour ceux qui se demanderaient, c'est la dealeuse en tout genre du château. Drogue, mais aussi sucreries, CD moldus, bijoux, potions … La plaque tournante du marché noir de Poudlard.

- Tiens tiens, souffle-t-elle en se retournant. Une revenante. Comment va ta tête de moineau ?

C'est également la fille la plus insolente de l'école, et je ne la supporte qu'à petites doses.

- Impeccablement bien. Dis, tu saurais si les Maraudeurs ont un coup de prévu cette semaine ?

- Comment tu veux que je sache ça ? C'est toi la Gryffondor.

Ah oui, c'est vrai. Ça m'étonne à chaque fois.

Je me demande toujours ce que je fais dans cette maison.

- Je sais que tu es plutôt proche de Sirius Black, ces derniers temps.

- Bien sûr que non, ricane-t-elle. C'est seulement un client fidèle.

- Oui, c'est bien ce que je dis.

- Et moi je te dis que je n'en sais rien.

Va falloir que je songe à me faire des amitiés plus utiles à l'avenir.

Peut être directement un des Maraudeurs ?

Mon regard tombe sur Pettigrew qui bave dans son sommeil, et je frissonne.

En fait non, mauvaise idée.

Je continue de parcourir la salle des yeux, et je rencontre brutalement le regard fixe de Fenwick.

Mais c'est pas vrai, il est amoureux de moi ou quoi cet abruti ?

- Ça fait au moins cinq minutes qu'il est fixé sur toi, m'informe Io en s'accoudant nonchalamment à ma table. Tu comptes sortir avec lui au fait ? Non parce que j'ai ouï dire qu'il comptait te donner des cours de soutien. Et on sait tous comment ça va finir !

- Tu sais, dans ce genre de situation, les rapprochements se font vites. Un petit frôlement par ci, une petite main sur la hanche par là … c'est ce qui m'est arrivé l'an dernier avec Rookwood !

- PARDON ?

J'ai peut-être chuchoté un peu fort, et la moitié de la salle a relevé la tête vers moi. Binns cesse même de lire quelques secondes pour m'adresser un regard réfrigérant, avant de se replonger dans son grimoire.

- Oui oui, je t'assure, soupire Io avec son sourire de renard. M'enfin y'a pas de mal, il est mignon ton cousin. Et puis un peu de flirt c'est bon pour la santé, je l'ai lu dans un magazine !

Ben voyons.

- Plus sérieusement, il ne t'a toujours pas lâchée des yeux. Tu veux que je vous arrange un coup ?

- Sûrement pas.

- Bah … il n'est pas dégueu quand même.

Nous tournons toutes les deux les yeux vers Fenwick, qui nous adresse un large sourire.

Deux filles qui le regardent, et il ne se sent plus.

- Si.

- Oh que non. En plus je l'ai déjà vu dans les vestiaires de Quidditch et je peux te dire que les pompes à Dorvy, ça paye !

- Qu'est-ce que tu fabriques dans les vestiaires des garçons de Gryffondor ?

- Livraison express. Et ne change pas de sujet Jab !

- Même si Fenwick était le dernier sur terre, je ne le toucherai pas avec une baguette, je renifle avec dédain.

- Tu mens !

- Bon, retourne-toi. Tu ne me sers à rien.

Io ricane, me tapote la joue et se retourne pour se replonger dans le dernier numéro de Sorcière Hebdo.

Me revoilà seule avec mon ennui.

Peut-être que si je demandais à Potter directement … ? Après tout, j'ai été généreuse lors de notre dernier marché.

Je déchire un petit morceau de parchemin, le roule avec application et le jette sur la tête de Potter. Il se niche dans ses cheveux, et le débile à lunettes ne réagit même pas.

Heureusement, Black s'en aperçoit, et se retourne aussitôt avec un regard menaçant, qui accentue sa ressemblance à un doberman prêt à mordre pour défendre son maître.

- Black, je chuchote, tu tombes bien !

- Qu'est-ce que tu veux ? Si c'est pour un service, c'est non. On a effectué des tests sur le slip que tu nous as donné, et il n'était pas à Rogue. On ne deal plus avec toi.

- Quoi !?

- On sait tous que tu es une Serpentard infiltrée. Tu t'es fait répartir à Gryffondor seulement pour nous nuire, sale taupe.

- Euh … Ok. Je voulais juste savoir si étiez en retenue cette semaine.

Black fronce les sourcils, son cerveau minuscule s'activant pour essayer de comprendre.

Quel crétin ce type. Quand je pense que quasiment toutes les filles de Gryffondor ont déjà eu un faible pour lui … quelle déchéance.

- Non, enfin pas encore pourquoi ?

- Et vous avez prévu quelque chose ?

- Je t'ai demandé pourquoi.

- Et moi si tu avais quelque chose de prévu.

- Répond.

- Toi d'abord.

- Non.

- Si.

- Non.

- Si.

- Dix points en moins pour Gryffondor, grince Binns depuis son estrade. Bangwalder, la prochaine fois que je vous entends c'est la retenue.

Depuis quand il colle les élèves lui ?

J'entends le rire d'Io, et Black m'adresse un sourire goguenard, avant de se retourner – en enlevant au passage la boulette des cheveux de Potter – et de caler sa tête dans ses bras pour s'endormir.

Zut.

Il ne me reste plus qu'une seule solution.

Trouver des Serpentards assez manipulables pour déclencher un conflit, et les faire coller. Le souci étant que les Serpentards sont de moins en moins faciles à manipuler, et qu'ils se méfient des coups montés. Contrairement aux Gryffondors, ils n'agissent pas sur un coup de tête, et préfèrent peser le pour et le contre avant une éventuelle riposte, qui peut mettre un certain temps à arriver.

Et oui, je les ai pas mal observés. Ainsi que les autres maisons, mais les comportements les plus insondables et intéressants se retrouvent à Serpentard. Ainsi qu'à Poufsouffle puisque c'est la maison de « ceux qui restent », et que les caractères sont donc assez différents les uns des autres.

Cependant, un Poufsouffle dangereux reste rare, d'où l'intérêt de se concentrer sur la maison des Verts.

Je farfouille dans mon sac, et en sort un parchemin. Je dois faire vite, ma retenue avec Rosier étant relativement proche.

Sauf que les Serpentards ne seront jamais motivés par des pétards et le slip de Potter.

On voit quelle maison a la supériorité intellectuelle, c'est triste à dire.

[…]

- Augustus ! AÏE !

Un petit Serpentard vient de m'écraser violemment le pied, et s'éloigne sans se retourner.

- Petit merdeux. AUGUSTUS !

Je me précipite pour atteindre l'escalier mouvant sur lequel est déjà engagé mon cousin qui, je viens de le découvrir, est atteint de surdité précoce.

Bon faut dire que l'heure de pointe n'aide pas. Je suis ballotée de partout, et même si je ne suis pas spécialement petite ou frêle, la foule m'empêche d'avancer comme je le veux. Et les sortilèges étant interdits dans les couloirs, impossible de m'aider.

Vous me direz, même autorisés ils ne me serviraient pas à grand-chose. Mais quand même.

- AU-GUS-TUS-ROOK-WOOD !

- Oh Bangwalder tu veux bien arrêter de hurler dans mon oreille ? grince White en se retournant à demi. Y'a assez de boucan comme ça !

Toujours à emmerder le monde celle-là.

Je l'écarte sans ménagement, et m'engage sur l'escalier que vient de quitter Rookwood, doublant et poussant tout le monde. Mais je ne suis pas très rapide, et il s'éloigne rapidement.

- Bordel … ROOKWOOD !

Cette fois j'ai crié suffisamment fort, la moitié du couloir se retourne, sauf mon cousin.

J'en déduis donc que cette ordure le fait exprès.

Par chance, son compagnon se retourne pour me toiser avec son dédain habituel.

- Black, j'articule, en désignant mon cousin du doigt. Appelle-le.

Regulus Black s'exécute avec son calme habituel, et j'ai le bonheur de voir Augustus se retourner avec agacement vers moi.

- Attendez, j'arrive, je marmonne en bousculant les dernières personnes entre nous.

Une fois arrivée à leur hauteur, je fais le désagréable constat qu'ils ont tous les deux bien grandi, et qu'ils sont désormais obligés de baisser les yeux pour me regarder.

- Comment vas-tu mon cousin adoré ?

- Qu'est-ce que tu veux encore ?

- Alors euh…

Je farfouille dans mon sac, et en sort les dix grammes de poudre magique que m'a refourguée Io, en échange d'un abonnement à Sorcière Hebdo à mes frais.

- Je suis collée avec Rosier toute la semaine, alors qu'il m'a ouvert le crâne lundi après-midi.

- Fascinant, rétorque Augustus, ses yeux jaunes rivés sur le sachet transparent.

- Donc je ne veux pas me retrouver seule avec lui.

- Ouais.

- Tu me comprends ?

- Mh.

- Tu peux faire quelque chose pour moi ?

Black, à côté de lui, me regarde fixement, le visage parfaitement inexpressif.

C'est vrai que je dois avoir l'air parfaitement stupide et faible à l'heure actuelle. Je lui coule donc un sourire d'excuse, auquel il ne répond pas.

- En fait, pas vraiment. Y'a une hiérarchie chez les Serpentards, et je n'ai pas envie de me mettre Rosier à dos pour tes beaux yeux.

Ok super la famille.

Je me tourne vers Black avec une expression désespérée (je n'ai pas besoin de me forcer, je le suis déjà), et l'ombre d'un sourire passe sur son visage.

- Navré, Bangwalder. Je peux essayer de t'envoyer Puck, si tu veux.

- Oula non. Ils vont s'allier contre moi.

- C'est le risque.

- Bon, Reg, on y va ? aboie mon cousin.

Je n'arrive pas à croire qu'il ait laissé passer la poudre.

Les temps changent.

- D'accord. A plus tard, Bangwalder.

- Ouais …

Et je reste seule au milieu de couloir, qui a eu le temps de se décongestionner durant notre discussion.

- Cette fois, c'est vraiment la fin, je marmonne.

- Comment se fait-il que mon frère t'apprécie ?

- OUAAAH !

Je fais un bond monstrueux en apercevant Black, le grand, sorti de nulle part.

- Qu'est-ce … Merde tu m'as fait peur !

- Très louche ce petit rendez-vous, si tu veux mon avis. Elle vient d'où cette poudre ? si Rookwood n'en veut pas, je prends.

- Sûrement pas !

Actuellement, je dois être rouge, décoiffée, et donc très peu crédible. C'est sans doute pour cela que Black se permet un ricanement, et sort sa baguette de sa poche avec tranquillité.

- Je pourrais te dénoncer, Bangwalder.

- Faire ça à une élève de ta propre maison ?

Jouer sur son honneur, ça marche à tous les coups.

- Tu es à moitié Serpentarde, je te rappelle. Je n'aurais aucun remord.

Presque à tous les coups.

Je reste plantée devant lui, le sachet toujours dans ma main, à réfléchir à un marché qui nous conviendrait tous les deux et m'éviterait une nouvelle semaine de retenues.

- Je …

… suis coupée par Black qui bondit avec souplesse, m'arrache la poudre des mains, et part en courant.

- ESPÈCE D'ENFOIRÉ ! REVIENS IMMEDIATEMENT !

Ni une ni deux, je pars à sa poursuite en croisant les doigts pour ne pas croiser MacGonagall.

Ou pire ! Qu'il la croise avant moi et qu'elle confisque la poudre.

Ou encore pire : croiser les Serpentards, qui se feront un plaisir de me faire tomber et de m'écraser les poumons avec leurs chaussures crasseuses. Et ce n'est pas Black qui lèverait le petit doigt pour défendre une élève de sa maison.

De toute façon il est court trop vite, je ne le vois même plus. Et mes poumons commencent à siffler.

- Ma ventoline, je marmonne en tâtonnant ma poche.

Mon père, né-moldu de son état, s'est toujours méfié des sorts de guérison à court terme. Et de toute façon, il n'en existe pas pour contrer l'asthme. Donc même si c'est ridicule, je vous l'accorde, j'ai toujours ma ventoline sur moi.

Enfin en théorie, parce qu'à l'instant présent elle ne se trouve plus dans ma poche.

- Merde, je chuchote. Je suis maudite ou quoi ?

- C'est ça que tu cherches ?

Je me retourne précipitamment, et distingue un Serdaigle, inconnu au bataillon, qui me tend ma ventoline avec un air suspicieux ?

- Ah … ou-ouais. Merci, je marmonne d'un ton sifflant en attrapant mon petit engin.

Mais cet abruti refuse de le lâcher.

- Dis-moi d'abord ce que c'est.

- Donne.

- Non, dis-moi d'abord.

J'ai mal aux poumons. J'ai perdu ma poudre qui m'avait coutée la peau des yeux. Je suis collée en tête à tête avec Rosier. S'il croit que c'est le moment de m'énerver je …

- Elle t'a dit de le rendre, il me semble. Dépêche-toi.

Oh non, ce n'est pas possible.

- Ah salut Fenwick !

Je n'ai même pas assez de souffle pour l'insulter.

- Salut Johnson. Tu comptes t'exécuter ou il faut que je te jette un sort ?

En bafouillant, Johnson me rend ma ventoline, et je m'empresse de me retourner afin de m'injecter une dose.

Je parle comme une junkie.

- Bon, Fenwick, ce n'est pas le tout, je déclare solennellement en me retournant, mais j'ai du travail. Bonne journée.

- Attend, Bangie, j'ai quelque chose qui pourrait t'intéresser.

Zut de zut. J'espérais me débarrasser rapidement de lui.

- Ça ne peut pas attendre ?

- Non. Tiens, viens voir.

Sûrement pas. Question d'hygiène.

Avec un soupir, Fenwick vient se poster à ma gauche, tandis que le dénommé Johnson décampe.

- C'est ton emploi du temps aménagé.

Oh non quelle horreur. Il est rempli de haut en bas, et je retiens un déglutissement d'horreur.

Quand est-ce que je vais pouvoir tricoter un pull pour Joffrey, mon chat sphinx ? Quand est-ce que je vais pouvoir aller buller derrière le lac ? Quand est-ce que je vais pouvoir apprendre à transplaner ? Quand est-ce que je vais manger ?

- Les pauses du midi sont prévues, regarde.

- Formidable, je siffle en lui arrachant le parchemin des mains. C'est quoi ça ?

- La liste de noms, là ? Les gens avec qui tu seras en soutien. Regarde, c'est moi en Métamorphose ! C'est cool non ?

J'ai envie de me noyer dans le lac.

[…]

- ROGUE EN POTIONS MARLENE ! SEVERUS ROGUE ! DEUX HEURES PAR SEMAINE ! ROGUE ! CENT VINGT MINUTES !

- Je …

- FENWICK EN MÉTAMORPHOSE ! CET ABRUTI VA ME LESSIVER LE CERVEAU ET ESSAYER DE ME ROULER UNE PELLE ENTRE DEUX SORTS !

- Ah ! tu reconnais que-

- CET ABRUTI CONGÉNITAL DE MACMILLAN EN SORTILÈGES ? sérieusement ? ALORS QU'IL NE SAIT MÊME PAS FAIRE SES LACETS ? QU'IL ME DÉTESTE ?

- Oui, mais regarde ! On est ensemble en Botanique !

- JE N'AI PAS BESOIN D'AIDE EN BOTANIQUE BON SANG !

Marlene, dépitée, laisse retomber son bras le long de son corps.

- Jab, murmure-t-elle. Tu devrais te calmer. Je suis sûre que les garçons entendent tout ce que tu dis.

- JE LES EMMERDE LES GARÇONS ! TOUS !

Je fais la maligne, mais j'ai pris soin de verrouiller et insonoriser les dortoirs avant de me mettre à hurler. Je ne suis pas impudique à ce point.

Et je n'ai pas envie que Potter me rase la tête « accidentellement » en sortilèges. On sait tous que cet enfant est plutôt susceptible.

- Écoute… c'est pour ton bien. Tu sais, maintenant sans les ASPICs on ne peut plus rien faire.

- Je préfère devenir dealeuse dans l'allée des Embrumes que de passer deux heures par semaine avec Rogue.

- Arrête …

Notre discussion est coupée par la porte des dortoirs qui s'ouvre sur Dorcas, Lily et Alice en grande discussion.

Zut. Si mon Assurdiato est aussi réussi que le sort que j'ai jeté sur la porte, toute la salle commune ET les dortoirs des garçons ont dû m'entendre.

- … tu sais bien que non ! jamais il ne t'aurait fait ça.

- Franchement, Dorcas, tu me déçois.

- Bof, de toute façon, il ne m'intéressait plus trop. Il était temps de changer.

- Mais ça ne fait que dix jours !

- Et puis de là à le tromper ? Franchement, ce n'est pas correct, même de toi.

- Pardon ?

- Tu as bien entendu !

- Fortescue …

- CA SUFFIT ! hurle soudain Lily, ses cheveux roux tellement électriques qu'on croirait qu'elle va prendre feu.

Un peu comme en quatrième année, lorsque Potter lui a enflammée une mèche pour « voir ce que ça fait ».

J'ai toujours dit qu'il était bon à enfermer, mais vu que c'est le chouchou de Dumbledore, personne ne me prend au sérieux.

- Tu as trompé Shawn ? demande Marlene d'un ton qu'elle tente de rendre désintéressé.

Bel échec, d'ailleurs.

- Ouais, gronde Dorcas en tournant le visage vers elle. Ça te pose un problème ?

Je lâche un ricanement. C'est bien le dernier des problèmes de Marlene.

- Pourquoi elle rigole, elle ?

J'arrête de rire, à la recherche d'une réplique un minimum impressionnante, et au moment où l'idée de lui jeter Hubert dans les cheveux me vient à l'esprit, Marlene reprend la parole.

- Donc Shawn est célibataire ?

- Oui. Enfin il n'est pas encore au courant, mais ce n'est qu'une question de temps, répond Meadowes en ajustant sa cravate.

Elle toise Marly de haut en bas, avant d'ajouter, un sourire au coin des lèvres.

- Enfin, je crois que Billie Serio compte lui mettre le grappin. Et ce n'est pas pour être méchante mais … je ne pense pas que tu aies le niveau, MacKinnon.

- Bah, je marmonne, s'il a pu sortir avec toi, on a toutes nos chances.

- Qu'est-ce qu'elle raconte celle-là encore, siffle Meadowes en se tournant vers moi.

- STOP ! brame Evans. VOUS ALLEZ ARRÊTER OUI ? J'EN AI MARRE DE VOS GAMINERIES !

Il y a soudain le bruit d'une chaussure contre le mur, et on entend distinctement la voix de Londubat hurler :

- FERMEZ-LA OU JE RAMEUTE MACGONAGALL !

Et on oublie toutes nos querelles pour jeter tout ce qu'on a contre le mur intermédiaire en hurlant.

Rien de plus beau que la solidarité féminine.

[…]

- Il fait beau ! piaille Marlene en prenant une grande inspiration entre deux bouchées de porridge.

Certes, mais ce jour est sombre.

D'abord parce que nous sommes lundi. Ensuite parce que j'ai soutien avec MacMillan après les cours. Et enfin parce que Black a ma poudre.

Ce débile ne doute vraiment de rien, à manger ses tartines en riant comme si je n'allais pas me venger.

Je ne sais pas encore comment, certes, mais je trouverais.

- Souris un peu Bangwalder, on n'a même pas encore commencé les cours que tu tires déjà la tronche.

- Ta gueule Fenwick.

J'attrape mon sac, enjambe le banc, et quitte la Grande Salle sous les exclamations indignées de Marly. Hors de question de laisser cet abruti me pourrir un peu plus ma journée.

Je m'élance donc dans les couloirs (quitte à être en avance en potions), rejetant ma longue chevelure, le pas déterminé, et le regard fier. Et je me prends les pieds dans une dalle qui dépasse, mais c'est un détail insignifiant.

Figurez-vous que le trajet de la Grande Salle aux sous-sols est très long. Il faut passer par un couloir désaffecté où je croise généralement Peeves, qui en profite pour me jeter des substances douteuses dans les cheveux, puis par un escalier qui monte (pour me rendre au sous-sol je le rappelle, ce château n'a aucune logique) avec des marches manquantes, et donc potentiellement mortel. Ensuite on tourne à gauche, nouveau couloir, plus large, où se trouvent généralement des tapisseries de « Trolls en parade nuptiale » (une pure horreur, j'en fais toujours des cauchemars) puis le couloir descend, débouche sur un croisement, nouveau couloir, petits escaliers et hop ! Les cachots.

J'arrive bien évidemment première, avec quelque chose comme un quart d'heure d'avance.

Comme je ne suis pas suicidaire, je me planque dans un coin afin que Slughorn, en arrivant, n'aie pas la bonne idée de me taper la discute et de refaire mon arbre généalogique sur trente-six générations.

Il l'a déjà fait avec Black. Et c'était très long.

Je suis tirée de mes pensées par des éclats de voix au loin.

Oh non, déjà ? Moi qui espérais utiliser ces quelques minutes pour méditer sur le sens de ma vie (ou plutôt sur comment échapper à mes cours de soutien) …

- Je te dis que non, Ringo ! Elle est de sang-mêlée, j'en suis certain.

- Mais non …

- Oublie là je te dis. On n'a pas de temps à perdre avec ce genre de personnes.

- Arrête de parler comme si j'étais amoureux, ça me dégoute. C'est juste une distraction, Cheleb, ça n'engage à rien.

- Une distraction ?

Le ton de Cheleb est si méprisant qu'à la place de Woodhouse, j'aurais sûrement fondu en larmes.

- Ouais, un peu comme toi pour Rosier tu vois ? Enfin ce n'est pas tout à fait pareil, vous êtes fiancés m'enfin tu as compris l'i-

Sa phrase est coupée par le bruit mat d'une gifle.

C'est quand même marrant de constater l'intensité de la méchanceté de Woodhouse. Des fois je ne peux pas m'empêcher de le prendre en pitié.

- Je ne te permets pas, reprend Selwyn avec son habituelle voix glacée. Je ne juge pas ton … penchant pour MacKinnon, je te mets simplement en garde. Mais la prochaine fois que tu me manques de respect, je risque d'avertir Evan de tes lubies, et crois-moi, il me prendra au sérieux.

Wow !

Quelle classe ! Quelle prestance !

Ce n'est pas moi qui réussirais à remettre qui que ce soit à sa place comme ça.

A sa place, j'aurais sûrement bégayé, avant de prendre la fuite. Je devrais remplacer mes cours de soutien en Botanique par des cours de charisme avec Selwyn !

J'entends Woodhouse renifler avec dédain, mais il ne répond rien.

En même temps, j'entends Marlene approcher avec les Maraudeurs. Ils sont en train de devenir meilleurs amis ceux-là, et ça ne me plaît pas plus que ça. Va falloir que j'intervienne.

Mais pas maintenant parce que je viens d'entendre la voix de Rosier et que mon instinct de survie me dicte de ne pas bouger.

Qu'est-ce que je fous à Gryffondor déjà ? En première année, être trouillarde ça peut se comprendre, mais en septième je commence à me faire pitié à moi-même.

- Sors de ton trou, Bangwalder. Je te vois d'ici.

En réalité je n'étais pas dans un trou, mais un espace légèrement reculé du mur, me permettant de me fondre dans l'ombre. Nuance.

Je décide de faire comme si je n'avais rien entendu, en faisant mine de feuilleter mon manuel de potion – dégueulasse soit dit en passant. On voit que Poudlard ne sait plus où investir, c'est déplorable.

Tiens, les chaussures de Rosier se trouvent à présent pile sous mon nez. Drôle de coïncidence !

- Je te parle.

Je lève le nez avec réticence, et tomber sur le visage de Rosier aussi près et aussi tôt n'arrange pas mon désespoir lundinal.

Ce mot n'existe pas, en effet.

- Bonjour, je marmonne en observant avec attention Black derrière lui, qui rigole avec Marlene.

- On a des comptes à régler, et je compte sur cette heure pour le faire. Donc nous allons nous mettre en binôme, j'espère que ça ne te pose pas de problème ?

Il hausse un sourcil, avec un air qui signifie que je n'ai clairement pas le choix.

J'ai échappé au harcèlement pendant sept ans, on ne m'a jamais volée mon goûter ou forcée à faire des devoirs d'histoire de la magie, même quand la bande de Malfoy et Dolohov sévissait. J'ai survécu au pire, pas question de plier le genou maintenant !

- Ben, c'est-à-dire que si. Je comptais m'asseoir à côté de Marlene.

- Oh, c'est dommage, répond Rosier qui n'a pas du tout l'air de trouver ça dommage. Tu vas devoir reporter.

Derrière, Black a passé familièrement son bras autour des épaules de Marlene, qui rit à gorge déployée.

Je serre les dents. Après ma poudre, ce sale chien a décidé de me voler ma meilleure amie. C'est quoi la prochaine étape ? Mon pyjama ?

- Non. Je comptais vraiment me mettre avec Marlene. C'est prévu depuis un mois.

- Il y a un mois tu étais en vacances.

- Et ?

- Et tu n'as pas le choix. Oh, professeur Slughorn, vous ne voyez aucune objection à ce que je m'assois auprès de Bangwalder pendant votre cours ?

Slughorn nous observe, l'œil brillant.

Cet abruti adore caser ses élèves. Surtout lorsqu'ils sont de maisons rivales.

- Oh oh oh pas de souci, mon cher Evan ! Tant que vous êtes concentrés …

Son clin d'œil de me donne envie de vomir.

Rosier lui adresse un sourire aimable, m'attrape le bras, et m'entraîne dans la salle.

Je mérite plus de respect.

- Quel est ton statut de sang, Bangwalder ? me demande-t-il tranquillement en me poussant face à une table.

- Ça ne te regarde pas.

C'est vrai quoi. Est-ce que je lui demande le métier de son arrière-grand-mère, moi ? Non.

- Elle n'a pas tort !

Oh non, pitié. Virgo Dolioro vient de s'installer devant nous avec Lupin, qui a l'air d'envisager sérieusement la pendaison.

Rosier lui adresse un regard d'avertissement, et elle se retourne avec une moue boudeuse.

- Tu n'es pas de Sang Pur, n'est-ce pas ?

Dommage que Rosier n'ait pas la tête d'imbécile heureux de Fenwick, ce serait facile de l'envoyer balader. Parce que là, sa taille combinée à ses yeux noirs et inexpressifs ne m'aident pas à retrouver mon courage.

- Non.

Il relève la tête vers Slughorn, qui note au tableau les paramètres de la nouvelle potion.

- Veritaserum, sourit-il. Intéressant. Tu la testeras ?

Je papillonne des yeux, choquée.

- C'était une plaisanterie. Tu es aussi bête que tu en as l'air ?

Super sympa ça.

Face à mon absence de réaction, il hausse un sourcil, et se lève pour aller chercher les ingrédients nécessaires.

Devant moi, Dolioro se retourne, son sourire de requin en place.

- Je crois qu'il t'aime bien, chuchote-t-elle.

Formidable.

J'ai la côte cette année décidément.

- Non mais c'est cool, insiste-t-elle. Dis, tu crois que MacKinnon apprécie Woodhouse ?

- Non.

- Ah…

Elle fronce les sourcils, passe la main dans ses dreadlocks. Main qui reste coincée, et elle grimace en tirant dessus.

- Ah Lupin ! Tu m'aides ?

Celui-ci la contourne, sourcils froncés, avant de commencer à étaler les ingrédients.

Il a déjà l'air dépassé par la situation, le pauvre garçon. Dire que c'est le plus intelligent des Maraudeurs… D'ailleurs il a son petit succès auprès des filles grâce à ça.

En même temps, quand on pense que même Rogue a déjà eu des admiratrices …

Long frisson.

Mon regard dérive vers la table de Marlene et Black.

Je n'arrive pas à croire que Marlene m'ait laissée pour ce bouseux cleptomane aux cheveux gras.

- Tu as commencé à regarder le protocole ?

M'a fait peur ce con.

- Non, je marmotte.

- Trop occupée à contempler Black ?

Petite moue méprisante, et vas-y que je me déplace de manière à ce que je monopolise toute la table et que ma pauvre voisine se retrouve plaquée contre le mur pour éviter tout contact.

- Bien sûr que non.

Nouvelle œillade froide et incrédule.

Comme s'il y avait qui que ce soit à contempler dans cette école de pouilleux.

Quoique. En première année il y avait un Gryffondor, Gidéon Prewett ….

Bref. J'en garde un bon souvenir.

- Je ne matais pas Black, je répète en commençant à émincer les poils de Niffleur.

- Ça ne m'intéresse pas vraiment, en fait. Je voulais te parler de notre retenue.

Super.

- En fait, j'ai mieux à faire que d'astiquer des statues en ta charmante compagnie. Donc nous allons faire un petit arrangement …

Il repousse une mèche dorée de ses yeux avec le dos de sa main, tout en continuant à piler les herbes de conifère magique dans le bol d'argile.

- … tu vas aller voir MacGonagall avec quelques-uns de tes petits camarades de botanique, et lui expliquer avec conviction que je n'ai rien fait.

- Sinon ?

Wow, quelle poussée de courage Jab !

Rosier termine calmement sa tâche, jette les herbes dans le chaudron qu'il allume d'un mouvement de poignet, et se tourne vers moi.

- Sinon je devrais faire la retenue avec toi, et rattraper mes obligations plus tard. Mais dans ce cas je suis désolé de te dire que tu devras m'aider dans ces tâches. Et je ne suis pas certain …

Je précise qu'il enfile tranquillement ses gants en peau de dragon en parlant pour manipuler l'ingrédient suivant, et que cela lui donne une allure de tortionnaire fou.

- … que cela te plaise. Maintenant, je n'aime pas forcer les gens, donc c'est à toi de voir.

Je cligne des yeux.

Il vient de me menacer, en plein cours de potions, entourés de tous et sous le nez de Slughorn ?

- Tu devrais continuer la préparation. Slughorn nous regarde, et s'il voit que je fais tout, ta note va être désastreuse.

J'ai perdu le fil de la potion moi du coup.

Rosier me tapote la ligne adéquate du doigt, et je hoche la tête comme l'idiote soumise que je suis.

En fait à l'instant présent, le problème de la poudre vient d'être relégué au second plan. Je ne peux pas convaincre Evans la fière de m'aider à mentir, et je doute que les « activités » de Rosier consistent en quelque chose de calme et légal, comme la pétanque par exemple.

Bien que je déteste la pétanque. Entre ce jeu et la retenue, j'aurais choisi la retenue.

Je tourne lentement la potion, sourcils froncés, en réfléchissant.

Peut-être que les Maraudeurs … ?

Non ils ne m'aiment pas. Et je n'ai plus de moyen de pression, ou de monnaie d'échange.

Lily et sa bande, c'est mort. Marlene est trop pure pour ces sales histoires. Augustus m'ignore. Dumbledore ne sait même pas que j'existe.

Fenwick … ?

Je grimace. Plutôt mourir.

Il ne me reste plus grand monde.

Personne en fait.

- Dans l'autre sens.

Je m'exécute mécaniquement.

- Tu ne veux pas faire ta retenue normalement ? je chuchote en relevant la tête. MacGonagall n'est pas bête, elle va forcément se douter de quelque chose. Surtout trois jours après, et vu que nous ne sommes pas amis …

- C'est à toi d'être convaincante.

- En 2ème année, j'ai eu T en expression théâtrale.

- On n'a jamais fait de théâtre à Poudlard, Bangwalder.

Certes.

En réalité c'était en CM1, et c'était un 12/20. Mais il faut savoir arranger la vérité.

- Écoute Rosier, ça ne m'arrange pas du tout ce deal. Si tu veux je te revaudrais un service plus tard mais là vraiment …

- Donc tu choisis la seconde option ?

- Je ne choisis rien du tout !

J'ai parlé un peu fort, et le prof a levé la tête vers moi avec un air interrogateur.

- Monsieur, je siffle, en me posant ma main sur mon ventre. J'ai des vertiges, puis-je aller à l'infirmerie ?

- Oh, Miss Bangwalder. Vos professeurs m'ont mis au courant de vos frasques et …

- Ça ne s'est jamais produit dans vos cours, et je ne me sens vraiment pas bien. Vous voulez tester sous Veritaserum ?

Slughorn a l'air embarrassé.

- Bon … Monsieur Lupin, vous êtes préfet ? Accompagnez-la je vous prie.

Je contourne Rosier avec soulagement, et je sors des cachots le visage crispé (après sept ans de simulation, j'acquiers des compétences en comédie qui me vaudraient un contrat sans concours chez les Aurors, ou aux cours Florent moldus), accompagnée de Lupin qui n'a pas l'air dupe.

- Tu sais, souffle-t-il une fois que nous nous sommes suffisamment éloignés de la salle de Potions. Je t'ai entendu parler avec Rosier.

- Formidable.

- Enfin je veux dire, James et Sirius peuvent …

- Ils ne m'aiment pas, et je n'ai pas besoin d'eux. Je me débrouille très bien toute seule.

Lupin s'arrête, et me regarde dans les yeux.

Les siens sont dorés d'ailleurs, le rendu est assez sympathique.

- Écoute Bangwalder, nous ne sommes peut-être pas amis, mais nous sommes dans la même maison, et c'est important de s'entraider. Ce n'est pas parce que tu as vaguement aidé ton cousin il y a quelques années que nous allons te laisser subir le chantage d'un futur Mangemort.

Wow. Je crois que c'est la première fois qu'un Maraudeur prouve l'existence de son cerveau en ma présence.

Je suis tellement choquée que je ne réponds rien, et Lupin doit prendre ça pour de l'émotion parce qu'il soupire, et reprend :

- Bon. J'en parlerai aux gars ce soir.

C'est là que je reprends brusquement mes esprits.

- Hein ? je eh non c'est-

Je trébuche bien évidemment sur une marche, et me raccroche à son bras, ce qui le déséquilibre, et je peux presque voir notre chute au ralenti, mon bras gauche tendu, et le poids de Lupin qui m'écrase brutalement.

Outch, fait mon dos qui se tord.

Crac, fait mon poignet en rencontrant le sol.

- Merde ! fait Lupin, avec un air catastrophé.

Vive les lundis, je songe avec ennui.

[…]

- Personnellement, j'ai toujours regretté d'être fille unique. Pas de grand frère pour me taper dessus et m'endurcir ! Et regardez le résultat aujourd'hui : je suis dernière en sport. J'ai du mal à monter à la tour d'astronomie sans être essoufflée. Je suis intimidée par la présence virile de Rusard en retenues. Je cumule les handicaps ! Alors vous voyez Madame, si je ne peux pas faire ces pompes, ce n'est pas de la mauvaise volonté, c'est simplement le hasard de la vie qui veut que ma mère ait préféré se contenter de ma personne plutôt que de me donner un grand frère, ou au moins une éducation sportive digne de ce nom. Et ce n'est pas à dix sept ans que je pourrais pallier à cette tragédie !

- Taisez-vous, Dolioro. Allez sur le terrain ou je lui écris une lettre, à votre mère.

J'ai un petit élan de pitié.

Petit bien sûr, parce qu'actuellement nous sommes en sport et que j'ai donc des problèmes plus importants sous les yeux.

Comme essayer de convaincre Madame Dorvy que mon poignet fraîchement réparé ne pourra pas supporter une séance de rugby inter-maisons, ou tâcher d'éviter que ce sale rat de Rosier ne me voie.

- Mais madame, je reprends donc. Vous voyez bien que c'est encore vulnérable ! Madame Pomfresh a dit …

- QUARANTE POMPES POUR BANGWALDER, LE PROCHAIN QUI ESSAIE DE SÉCHER LA REJOINT !

Diviser pour mieux régner, je vois. Vraiment une méthode de fourbe.

- Vous étiez à Serpentard madame ?

- SOIXANTE POMPES, J'EN RAJOUTE DIX A CHAQUE MOT DE PLUS !

On est à l'école de magie ou à l'armée là ?

Vivement une petite inspection du ministère.

Je me penche donc avec agacement pour commencer mes pompes, et j'ai la joie de voir Potter et Avery me rejoindre rapidement. Puis Dolioro, deux Serdaigles, et Diggory.

- Eh … Bang … wal … der ?

- Grmpf ?

Je tourne péniblement la tête vers Potter.

- Ré … mus … dit … que …

- Non.

- Hein ?

- C'est … f-

Mes épaules de frêle jeune fille lâchent et je m'écroule sur le ventre.

Avery ricane.

- BANGWALDER RELEVEZ-VOUS OU …

- … Dix de plus, ouais ouais.

- DIX DE PLUS POUR INSOLENCE !

- Il faut la pendre, chuchote Dolioro.

- Et … Rosier …

- TagueulePotter.

- Ok, tu te déhmphmmerderas.

- Parfait.

- BON LES POMPES VOUS VOUS RELEVEZ ON VA CONSTITUER LES ÉQUIPES ! QUATRE ÉQUIPES ALLEZ HOP HOP HOP ! AUJOURD'HUI C'EST RUGBY !

Je rejoins Marlene en traînant des pieds. Par chance, nous nous retrouvons ensemble dans l'équipe de White.

Je ne vous raconterai pas les deux heures de carnage qui ont suivi, durant lesquelles Woodhouse a essayé de m'étouffer avec la boue du stade, soutenu par la totalité de son équipe de pittbulls, et les encouragements de Madame Dorvy.

Ni l'heure de soutien aux potions avec Rogue qui a suivi, où j'ai bien cru que j'allais me noyer dans sa potion tue-loup.

Ni la mémorable dispute entre Evans et Marlene aux dortoirs quant au destin de Hubert.

Bref, un lundi des plus qualiteux.