Bien le bonjour ! Voici le chapitre 3, rendez-vous en bas pour mon petit blabla!


- Je peux avoir ce que vous faites ?

Marlene et Billie Serio relèvent la tête de leur lourd grimoire, posé à plat sur la table de la bibliothèque.

Ça pue le moisi d'ailleurs.

- Ça se voit, non ? chuchote Marlene. On duplique un livre interdit sur mon grimoire vierge.

- Quel livre interdit ? je demande avec intérêt.

- Tu ne veux pas le dire plus fort ? siffle Serio avec agacement. Je crois que Pince a mal entendu.

Oh, ça va. Il n'y a personne dans ce coin, à part deux Poufsouffles de premières ou deuxièmes années, qui ont levé timidement la tête.

- C'est de la magie vaudou. Billie est d'origine béninoise, elle a accepté de m'aider …

- Vous comptez faire quoi au juste ?

Marlene regarde autour d'elle avec suspicion, et se penche vers moi, en tirant sur ma cravate.

- C'est pour Woodhouse, chuchote-t-elle. Il a été voir Shawn pour le dégouter de moi, et ça a marché.

Etonnamment, je ne vois pas la moindre de trace de tristesse dans ses yeux. Seulement de la haine, et un éclat de joie, sans doute lié à la vengeance qu'elle fomente.

- Il lui a dit que nous avions couché ensemble – avec Woodhouse – et a raconté plein d'horreurs. Shawn ne me regarde même plus. Mais le pire, c'est que Shawn était toujours avec Meadowes, en fait, et qu'il ne s'est pas gêné pour tout raconter. Or Skeeter a entendu et … bon je ne te fais pas de dessin, tu connais la suite.

Oui, je vois.

- Et donc, poursuis Marly avec son regard fou, on va faire une poupée. Et s'en servir, pas pour faire des choses dangereuses ou le tuer, précise-t-elle en me voyant plisser les yeux, seulement pour le faire chanter. Qu'en penses-tu ?

- C'est la pire idée de ta vie.

- N'est-ce pas, ricane Serio. Bon, on continue ?

Je tire une chaise, et m'assois, sourcils froncés.

Je n'ai pas un très bon sentiment considérant cette vengeance. Woodhouse est malin, et il trouvera rapidement un moyen de faire pire, et ainsi de suite. M'enfin, Marlene est une grande fille je suppose.

- Quelle heure est-il ?

- Sais pas, marmonne Serio.

Je me relève.

Je ne serais pas restée assise longtemps certes mais je viens de me rappeler l'existence de mon cours de soutien de DFCM, avec Madame Poufanovitch, dite Madame Pouffe. Mieux vaut ne pas être en retard avec cette folle.

La dernière fois que Black est arrivé en retard, elle lui a roulé une pelle. Et plutôt mourir que de me faire baver dans la bouche par une sorcière d'âge mûr (surtout si ses lèvres sont déjà rentrées en contact avec celles de Black. J'aurais peur d'être contaminée par sa cleptomanie).

Je ramasse mon sac, et part à grand pas vers la salle de DFCM – le trajet est bien trop rapide à mon goût – où m'attend la prof.

- Bonsoir Bangwalder, baille celle-ci en m'ouvrant sa porte. Dépêchez-vous, j'ai un rendez-vous juste après et je ne voudrais pas être en retard.

Comme si c'était moi qui avais demandé à être là.

- Bien, marmonne-t-elle en s'appliquant une épaisse couche de mascara sur ses cils interminables. Nous allons commencer par le Patronus … j'ai cru que comprendre que vous aviez du mal.

« Avoir du mal » est un euphémisme. Je ne suis même pas capable de produire le moindre filament.

- Vous connaissez la formule ?

- Oui.

- Alors allez-y, je vous regarde.

En fait elle ne me regarde pas du tout, trop occupée à s'appliquer son trait d'eyeliner, tout en retenant sa baguette dans la bouche.

- Euhm … Spero patronum !

Rien ne se produit.

- Vous avez pensé à un souvenir heureux ?

Ah oui, merde ! Je me disais bien que j'oubliais quelque chose.

Alors, euh, voyons.

- Alors, s'impatiente la prof.

- Ce n'est pas facile, je marmonne en resserrant machinalement ma queue de cheval.

- Faites un effort Jab, je n'ai pas toute la soirée.

Euh …

Mon dernier Noël était cool. Mon père avait fait une bûche sensationnelle et ma sœur m'avait offert une jolie montre magique.

Spero Patronum !

Quelques filaments, mais toujours rien de sensationnel.

- C'est mieux, m'encourage Madame Pouffe. Recommencez.

Ma mère sentait un parfum moldu assez sophistiqué. Joffrey, mon chat, portait son petit pull tricoté par Grand-mère.

J'ai un petit sourire. Ce Noël était plutôt sympa.

Spero Patronum.

- Bien ! s'exclame Madame Pouffe en suivant des yeux la forme floue qui s'étire de ma baguette. Vous en êtes capable, il vous suffit seulement un peu d'entraînement. Faites cela chaque jour et je suis sûre que la semaine prochaine nous connaîtrons votre Patronus !

Hein ?

- Bien, c'est pas mal pour ce soir ! Bonne soirée miss.

Pardon ?

- Déjà ?

- Oui, oui, vous avez bien entendu. Allez, filez !

Mes difficultés scolaires sont le cadet de ses soucis, ça fait plaisir à voir.

- Oh, attendez, se ravise-t-elle brutalement. Tous vos soirs de semaine sont pris ?

- Oui, je grince.

Pas la peine de me le rappeler.

- Bon …Parce que les cours le vendredi soir ne m'arrangent pas vraiment. Peut-être un élève pourrait vous aider, jusqu'à ce que vous recouvriez un certain niveau ?

Morte de rire.

Le meilleur élève de DFCM de notre promotion est Rosier (assez ironique venant d'un futur Mangemort), et je préfère passer la fin de l'année en retenue pour séchage plutôt que de me retrouver seule avec lui un vendredi soir.

- Bon ! s'exclame Madame Pouffe, qui se rappelle soudain de son rendez-vous. Je ne vous retiens pas, ma chérie. On se voit lundi !

Et elle me pousse quasiment dehors.

Je suis offensée.

Je rebrousse donc chemin en traînant des pieds, mon sac en travers des épaules. Sans vraiment réfléchir, je me dirige vers la salle commune des Poufsouffles, qui se situe au sous-sol, à la place stratégiquement stratégique du couloir menant aux cuisines.

Le Saint Graal.

Hélas je ne m'y rends plus depuis que les Serpentards l'ont découverte. Outre toutes les fois où Dolioro est déjà occupée à s'y empiffrer, j'ai également assisté à une bagarre mortelle entre Puck et Sabrina Grimm, qui a failli me faire perdre mon œil. Depuis j'évite donc soigneusement les cuisines.

C'est triste, certes, mais j'ai perdu 2 kilos depuis !

Tout ça pour dire que je me présente gaiement à la salle commune des Poufsouffles, le sourire aux lèvres et les cheveux au vent, en sachant pertinemment que personne n'osera me virer.

- Io est aux dortoirs, m'indique d'ailleurs directement une fille de 4ème année, habituée à mes visites.

- Merci !

Je m'engage sur les petits escaliers de pierre menant au dortoir des filles de septième année, et ouvre brutalement la porte.

A l'intérieur, Io, Marlene et Billie Serio sursautent.

- FERME LA PORTE ! braille immédiatement cette dernière.

- Oui, oui. Encore avec votre magie noire ?

- La magie vaudou n'est pas noire, gronde Serio. C'est de la magie rouge.

Je referme la porte, et vais m'asseoir aux côtés d'Io.

Celle-ci observe avec attention les manœuvres mesurées et précautionneuses de Marlene pour constituer la poupée, une fine mèche de cheveux noirs à la main.

- Ce sont les cheveux de Woodhouse ?

- Oui, marmonne Billie.

- Vous les avez eus comment ?

- Ça ne te regarde pas.

Super ambiance.

- Io, je chuchote.

- Laisse-moi deviner. Tu as perdu la poudre ?

J'ouvre grand la bouche.

Attendez pardon ?

- Comment tu sais ?

- Black me l'a dit.

- Vous couchez ensemble, j'aboie en croisant les doigts. Tu es une traîtresse.

- Bien sûr que non, soupire Io. Je ne mélange jamais vie professionnelle et vie privée. Je l'ai simplement vu jouer avec le sachet, et je lui ai demandé s'il te l'avait racheté et … Attention !

La poupée s'est mise à s'agiter bizarrement tandis que Marlene y fait entrer fermement la mèche de Woodhouse.

J'ai un vraiment mauvais pressentiment.

- Et donc, poursuit Io sans quitter la poupée des yeux, il m'a dit qu'il te l'avait chipée.

Ça doit être la dernière en 1977 à prononcer le mot « chiper ».

Au moins Black est honnête. Peut-être Io va-t-elle me prendre en pitié … ?

Au pire je l'amadouerais en lui casant un rendez-vous avec Augustus.

En dernier, dernier recours.

- Tu ne veux pas m'aider à la récupérer ?

- J'ai une meilleure idée, déclare Io, en se tournant vers moi. J'ai besoin d'informations sur Rosier. Récupère et rends-moi la poudre, et en échange je prends ton apparence, et je fais la retenue à ta place.

- Mais non ! Je m'étrangle. Si je … ou tu fais la retenue comme prévu, Rosier m'entraînera dans ses sales combines de nazi pour me le faire payer.

- Oui, oui, souffle Io en observant la petite poupée prendre l'apparence de Woodhouse. C'est aussi ce que je veux. Crois-tu vraiment que j'obtiendrais ce qui m'intéresse seulement en une retenue ?

- C'est pour qui ces infos ?

- Secret professionnel, désolée, sourit-elle en étendant ses longues jambes. Tiens, Bonnie !

Une fille de septième année, petite et frêle, au regard craintif vient de sortir de la salle de bain.

Et elle n'a franchement pas l'air ravie de nous voir dans son dortoir.

- Je te présente Jab Bangwalder, s'exclame Io, qui n'en a vraisemblablement rien à cirer. Jab, Bonnie Young, tu sais la sœur de Mitch et Lupus ?

- Euh, oui, sûrement.

- Toujours aussi associable cette Jab. Elle ne connaît personne ici à part Marlene, poursuit Io avec un regard navré pour Bonnie.

Celle-ci me regarde par en dessous, sans rien dire.

Tout ce qu'il faut pour me mettre à l'aise.

- Salut, je lâche donc avec un sourire tordu.

Ma voix déraille. Pitoyable.

- Bonnie, Jab se fait aussi menacer par Rosier, reprend Io sur un ton jovial, comme si on ne parlait pas d'un déséquilibré mental harceleur aux chaussettes repassées.

Je le sais parce qu'il l'a dit à Dolioro la dernière fois, après qu'elle lui ait marché sur le pied. Il l'a à moitié étranglée.

- Ah.

Quelle éloquence !

- Mais ne vous inquiétez pas les filles, grâce à mon enquête ça sera bientôt fini !

Je cligne des yeux.

- C'EST BON, hurle Marlene au même moment. Jab, on rentre, vite !

Euh … ?

Marlene se relève sans ménagement, m'empoigne le poignet (seraient-ce des mots étymologiquement liés ?) et se précipite hors des dortoirs, sa poupée en main.

[…]

Il y a quelque chose qui cloche.

Outre le fait qu'il y ait Rabastan Lestrange dans le lit de Dorcas, et que de la lumière provienne toujours du lit de Marly, malgré l'heure tardive.

Comme une sorte de malaise, dans ma tête.

Je me retourne sur le flanc gauche, sourcils froncés, en serrant mon doudou lapin.

Personne ne connaît son existence, pas même Marlene. Mais ce n'est pas ce qui me tracasse.

Je crois que c'est lié à ce que m'a dit Io. Cette histoire de « je m'occupe de tout pendant que vous, les victimes, vous pleurez en silence ». Vraiment pas très glorieux.

Pas que je le sois d'habitude, mais là ça me contrarie vraiment.

J'ai vraiment l'air si faible que ça ?

La lumière du lit de Marlene vient de s'éteindre.

Je suis quasiment sûre que demain, Ringo Woodhouse aura une jambe en moins.

Je me tourne sur le flanc droit avec la grâce d'une baleine à bosse, écrasant impitoyablement ma peluche au passage.

Mes milligrammes de fierté Gryffondor sont en train de refaire surface, en fait. Je commençais à douter de leur existence, mais il semblerait qu'ils apparaissent enfin !

Pas au meilleur moment cela dit.

Peut-être que je devrais faire cette satanée retenue. A la limite je laisse Io faire les trucs de Mangemort, mais je fais au moins une partie du taf'. Comme ça je culpabilise, mais un peu moins !

Purée mais ce n'est pas possible, Lestrange ronfle comme une moissonneuse batteuse.

Comment Dorcas peut-elle fricoter avec un gars aux cheveux rouges, et qui ronfle ?

Je veux dire, il y a des ronflements un peu virils. Ceux qui sont assez graves là, qui partent des tréfonds du corps humains. Comme ceux d'Evans en fait.

Mais ceux de Lestrange, comment dire. On dirait un reniflement de cochon. Non, de porcelet. Aucune classe, aucun flow. C'est juste agaçant.

Et puis si j'entends ses ronflements, ça veut dire qu'ils n'ont pas jeté d'Assurdiato sur le lit ? Et que tout le dortoir les a entendus … faire ce qu'ils faisaient sûrement auparavant ?

Franchement, Meadowes abuse. Demain j'irais voir Evans pour qu'elle la colle en retenue.

Je ricane en imaginant Meadowes draguer Rosier.

De toute façon, Evans ne collera jamais sa meilleure amie. Je ferais ma retenue seule, tant pis.

[…]

Je resserre ma queue de cheval, et ajuste mon short rouge en baillant.

N'allez surtout pas croire que je suis une petite allumeuse. Les shorts de Poudlard sont larges, longs, informes, et surtout : moches. La plupart des filles les raccourcissent, de manière à ce qu'ils soient plus près du corps, mais je n'en ai jamais vu l'utilité.

Pas comme s'il y avait quelque chose à regarder de toutes façons.

Baillant de nouveau, je m'engage dans les escaliers qui mènent à la sortie vers les jardins. Il est actuellement 7 heures du matin, et j'ai décidé d'aller courir dans le parc, avant que tout le monde ne se réveille.

J'ai appelé ce plan « devenir Gryffondor ». Il consiste à faire un maximum pour développer un instinct de courage en situation de crise, ce qui passe donc par un minimum de sport. Pas pour être capable de fuir, non non non !

Pour mieux poursuivre mes ennemis !

Et ne vous moquez pas. Je suis très sérieuse.

- Tiens tiens.

Je me retourne avec agacement.

Même à 7 heures, le long du stade, il faut que je croise des personnes ?

Cheleb Selwyn et Caesaria MacGrant me toisent de toute leur hauteur, leurs cheveux à peine décoiffés, et leur teint impeccable, mis à part une légère pellicule de transpiration le long des tempes.

- Bonjour, je soupire. Vous courez au stade ?

- Nous venons de terminer.

- Oh. Parfait.

Elles se jettent un regard de connivence, duquel je suis donc totalement exclue, et se tournent de nouveau vers moi.

- Il paraît qu'Evan t'a proposée un marché.

Je fronce les sourcils.

C'est qui, Evan ?

- Evan Rosier, précise MacGrant en voyant mon air perdu.

- Ah. Oui, j'ajoute devant leur regard insistant.

- Que te voulait-il ?

Je précise qu'elles sont vraiment intimidantes.

Surtout Cheleb, parce qu'elle ne dit rien, et qu'elle est fiancée à Rosier.

- Eviter la retenue de cette semaine.

- Oh je vois, souffle Cheleb d'un ton léger. Sous menace. Et que comptes-tu faire ?

Haha ! C'est le moment où je leur montre mon courage et mon insolence typiquement Gryffondor !

Je relève donc le menton, et croise mes bras.

- Je vais y aller quand même.

Elles me fixent en silence, pas impressionnées pour un sou.

Ce qui est légèrement offensant, soit dit en passant.

- D'accord, lâche finalement Selwyn. S'il tente de t'entraîner dans des missions douteuses, préviens-moi.

- Euh … oui.

Elle m'adresse un sourire froid, et elles reprennent le chemin du château, sans m'adresser un mot de plus.

Y'a pas à dire, autant les Serpentards sont stupides et pénibles, autant les Serpentardes sont la classe incarnée.

[…]

Le samedi, c'est quartier libre.

Enfin, j'ai soutien avec Fenwick à 20 heures, mais je préfère ne pas y penser.

Je suis actuellement assise dans les gradins du stade, en compagnie de Marlene, et de Joffrey.

Mon chat sphinx, si vous n'avez pas suivi. Comme le fond de l'air commence à se rafraîchir, je lui ai mis son petit manteau, et il est actuellement très vexé.

- Ne m'en veux pas Joffrey, je répète en lui caressant la tête. C'est ce satané vent du Nord, quand on tourne au coin du château … Je n'y peux rien, moi. Grand-mère t'en fera un plus beau, de manteau. Et quand je saurais jeter les sors de chaleurs, ce qui est pour bientôt, tu n'en auras même plus besoin.

- C'est fou ce qu'il est moche, déclare Black sur le ton de la conversation en s'installant près de Marlene. Même mon vieil elfe de maison est plus agréable à regarder.

Objectivement, c'est vrai que Joffrey n'est pas le tombeur des minettes.

Mais il faut savoir cultiver la différence. Et moi, je le trouve très beau.

- Tais-toi, Black, je réponds cordialement. Je pourrais en dire autant de ta tête.

Il ricane, parce qu'il sait parfaitement que dire qu'il est laid, c'est de la mauvaise foi.

Black fait partie des individus qui sont beaux. C'est comme ça, on ne peut rien y faire, et même le nez cassé par cette folle de Lancaster, il reste charmant.

La seule façon de lutter contre l'excessive confiance en lui qui découle de ce fait, c'est donc la mauvaise foi, que je pratique à plein temps.

Sur le terrain, Alice s'égosille contre Fenwick, parce qu'il lance les Souaffles sans aucune énergie.

- C'EST BEAUCOUP TROP FACILE ! TU ME PRENDS POUR QUI ? METS-Y UN PEU DU TIEN BON SANG !

Pour le moment il ne m'a pas encore vue, et j'en profite donc pour me moquer de lui.

Dans ma tête bien sûr, sinon Marlene se mettrait à croire que j'éprouve de l'intérêt pour ce singe.

- Eh, Bangwalder, fait Black en se penchant vers moi. Benjy voudrait t'inviter à Pré au Lard.

- T'es pas censé être sur le terrain, toi ? je grommelle.

- Ben si. Mais j'ai des priorités. Tu iras avec lui ?

- Sûrement pas.

Black hausse les sourcils avec étonnement.

- Pourquoi ? Il est sincère tu sais.

Bien sûr. Comme si j'allais tomber dans le panneau.

- BLACK ! hurle soudain une voix stridente. REPRENDS L'ENTRAINEMENT AU LIEU DE DRAGUER TES CAMARADES !

- J'arrange un coup pour Bangwalder ! s'insurge immédiatement Black.

- RIEN A FOUTRE, aboie White. SUR LE TERRAIN, MAINTENANT !

Le rire cristallin de Lancaster résonne aussitôt dans le stade, et Black lui accorde un geste grossier.

Marlene, à côté, soupire.

- Ça va Marly ?

- Oui … enfin si tu sors avec Fenwick, je me vais me retrouver toute seule …

Pas de risque.

En bas, Shawn virevolte avec facilité entre les Cognards, et échange un check avec Potter.

- Excellent ça, Shawn ! Fais ça au match et la partie est assurée !

Gros soupir de Marlene.

Pour être honnête, ça m'arrange qu'elle ne se mette pas avec ce bellâtre.

- Tu ne perds rien, je lui dis gentiment. Il paraît qu'il a des verrues plantaires.

- Ah …

- Et il a mauvaise haleine tu ne trouves pas ?

- Non …

Bon.

Les peines de cœur, c'est pas mon truc.

- Tu veux qu'on se venge de lui aussi ?

Elle se tourne vers moi, la mort dans l'âme.

- Tu sais, Jab, je crois au karma. Si on se venge trop, on finira par le regretter.

Je fronce les sourcils.

- Tu as vu Trelawney ce matin ?

Elle soupire de nouveau, et j'en déduis qu'elle s'est confiée à cette vieille folle, qui lui a raconté des sornettes.

- Non mais celle-là, elle a un pète au casque. Il ne faut pas l'écouter, la vengeance a toujours été le remède à tous nos problèmes, depuis la première année.

- Pas très Gryffondor, commente une Serdaigle assise un peu plus haut avec un sourire tordu.

De quoi elle se mêle cette idiote ?

Je lui adresse un regard noir qu'elle ne relève pas, et reporte mon attention sur Marly.

- Tu sais, je chuchote en me penchant vers elle, je n'ai jamais pu piffrer Shawn. Je l'ai toujours trouvé hypocrite et avide de ragots.

- Mais non, il n'est pas vraiment comme ça.

- Réfléchis-y, je lui déclare en lui tapotant le dos, tout en retenant Joffrey qui essaie de filer en douce. Tu verras que tu ne perds pas grand-chose.

- …

- Et puis des verrues plantaires franchement mais quel tue l'amour.

Marlene sourit, comme chaque fois que je lui parle français.

C'est le résultat d'une enfance et adolescence passées à lire des romans à l'eau de rose, où les Français sont glorifiés alors que ce n'est qu'une bande de râleurs.

- Oh regarde, souffle Marlene. Les Serpentards …

En effet, ces puants ont investi le stade.

Je serre les dents.

Potter et White, capitaines de l'équipe, s'approchent de Rosier et Lestrange, dirigeants des Serpentards.

C'est le choc des titans ! Que va-t-il se passer ?

Pour le moment, rien en fait. Ils discutent avec civilité, et c'est assez ennuyant.

- D'ailleurs tu étais passé où Joffrey ces derniers jours ? T'as passé au moins trois nuits de suite hors des dortoirs – ne mens pas, je le sais.

Joffrey tourne sa tête grincheuse vers moi.

C'est ça qui est marrant avec les sphinx, même quand ils sont heureux, ils ont l'air d'un vieux pépé agacé.

En plus il fait flipper ma mère, ce qui est assez avantageux. Quand elle veut entrer dans ma chambre à des moments inopportuns, hop j'envoie Joffrey et je suis tranquille pour un bon moment !

Bon après c'est vrai qu'il ne transporte pas le courrier.

Et que j'ai déjà entendu Slughorn échanger avec MacGonagall sur « un horrible chat sans poil qui errait dans les cachots ».

J'ai serré le poing. Et je le serre toujours en y repensant.

- Ce n'est pas grave, tu es le plus beau.

Il plisse les yeux, ce qui lui donne l'air réellement énervé, puis s'appuie contre mon ventre, et ferme les yeux, prêt à dormir.

Je l'aime.

Alors que je l'observe avec l'attendrissement d'une jeune mère, le ton commence à monter plus bas. Lancaster et Young sont descendues sur le terrain pour prêter main forte dans le débat qui oppose les deux maisons.

De ce que j'ai compris, nous nous sommes trompés d'horaires. Mais comme Black et Potter ont trop de fierté pour s'incliner, nous sommes partis pour une nouvelle dispute sans issue.

Enfin, ils. Parce que moi, je ne bouge pas. Mon patriotisme a ses limites, et cette limite, c'est Joffrey.

Sur le terrain, Woodhouse et Black junior viennent de se joindre au petit groupe, et je sens Marlene se tendre à mes côtés. Encore plus lorsque Woodhouse lui adresse un signe de main joyeux.

- Ignore, je chuchote en posant ma main sur son bras.

- Oui.

- Et arrête de tripoter cette saleté.

- Billie a dit qu'elle était prête.

- Marlene, tu ne devrais pas t'en servir. C'est digne des Serpentards.

- Je m'en fiche.

- Je suis sérieuse, j'insiste. C'est malsain. Défends-toi autrement.

Marlene soupire lourdement, et se lève avec raideur.

- Je suis grande, Jab. Je gère.

Et elle descend sur le terrain, prêter main forte, à la bagarre qui a éclaté entre les deux camps.

C'était à prévoir.

Une demi-heure plus tard, je redescends en serrant Joffrey endormi dans mes bras, et croise malencontreusement Fenwick, qui sort des vestiaires, les cheveux mouillés.

- Salut Bangwalder, s'exclame-t-il d'un ton guilleret, en passant la main dans ses boucles cuivrées. Tu vas bien ?

Je le regarde avec méfiance.

Il va sûrement me demander de sortir avec lui à Pré au Lard … ?

- Oh, c'est un Sphinx ? Il est beau, ça a l'air d'être un jeune, non ?

- Oui, je réponds prudemment.

- C'est chouette, on n'en voit pas souvent de cette race.

Je lui adresse un sourire forcé, sans savoir quelle attitude adopter.

- Tu voulais quelque chose, Fenwick ?

- Ah, oui. C'est à propos de ce soir.

Toujours ce besoin de rappeler les sujets qui fâchent.

- Je ne vais pas pouvoir, fait-il en tordant légèrement la bouche. J'ai eu un … imprévu familial, et je pars là. Enfin dans quelques minutes.

- Oh. Euh bah, désolée, enfin je ne veux pas te retenir, je bafouille.

Quand quelqu'un parle d'imprévu familial, c'est souvent transparent qu'il a perdu un proche à cause de Voldemort. Surtout que les Fenwick sont connus pour être une des premières familles sorcières à avoir tourné le dos au mage noir.

Bien qu'ils ne fassent pas partie des Vingt-Huit sacrés, leur décision a eu un poids considérable, et il ne faisait aucun doute qu'elle ne resterait pas sans conséquence.

Je suis gênée, et ma rancœur pour Fenwick me paraît puérile, et stupide.

- Pas de souci, sourit-il. Ça m'a fait plaisir de te parler !

- Euh …

- On se voit lundi. Bon week-end Bangie !

Je le regarde s'éloigner, indécise.

Je vais essayer d'être moins brutale à l'avenir.

Dans mes bras, Joffrey s'agite, et je relève les yeux, pour tomber sur la bande des Serpentards, qui se dirige droit vers moi.

M'est avis que mon plan Gryffondor n'est pas encore tout à fait au point.

Je vais donc opter pour la fuite.

[…]

- BIEN ! A PRESENT FORMEZ DES GROUPES DE DEUX !

Je trouve Lancaster un peu trop dynamique pour ce dimanche matin.

D'ailleurs j'ai déjà mal à la tête. Nous sommes actuellement dans un cours « bonus » de self-défense, et je ne sais pas qui m'y a inscrite, mais je lui souhaite beaucoup de malheur.

Marlene étant à son cours supplémentaire de Botanique, j'observe autour de moi avec désespoir. Potter est avec Lupin, Pettigrow avec Londubat, Fortescue avec Evans, Meadowes avec Lestrange, Derviche avec Rookwood (je les ai à l'œil ces deux-là), et Fenwick n'est pas là.

En d'autres termes, je suis seule.

- Qu'est-ce que tu attends, Bangwalder. Il doit bien y avoir quelqu'un qui veut de toi dans toute cette foule !

Elle a un peu trop pris la confiance depuis qu'elle préside le club de self-défense, cette pimbêche.

Je lui décoche un regard mauvais, qui ne l'impressionne absolument pas. Avisant Rogue, qui semble aussi désœuvré que moi, elle m'adresse un sourire plein de dents.

Je commence à transpirer.

- Sûrement pas, je chuchote frénétiquement, en lui attrapant le bras. Non Lancaster, je ferais tes devoirs, je laverais tes chaussettes, j'éplucherais tes carottes, je soufflerais sur ta soupe, je …

- ROGUE ! Tu vas te mettre avec Bangwalder.

Nooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooon !

Je me vengerai.

Je me vengerai et ma vengeance sera TERRIBLE.

Je regarde Rogue approcher en traînant des pieds, et me fait la remarque qu'il semble aussi enchanté que moi.

Ce qui est légèrement vexant, soit dit au passage. Mes cheveux sont quand même plus propres, et mon visage, plus chaleureux et agréable à regarder.

- Bon ! s'exclame Lancaster, ravie que son problème soit réglé. On va pouvoir commencer !

Elle rejoint l'estrade d'un pas vif, et vient se planter aux côtés de Black.

- Bonjour à tous ! claironne-t-elle en rejetant une mèche blonde en arrière. Bienvenue au premier cours de self défense inter-maison des septièmes années. Comme vous le savez, c'est un cours pour les septièmes années, qui deviendra un tournoi à partir du moins de janvier ! Les meilleurs gagneront une attestation officielle, qui est utile pour un CV d'un aspirant Auror.

Elle reprend son souffle, envoie un coup de poing dans le ventre de Black qui somnole, et se racle la gorge.

- Black et moi sommes présidents de ce club, et pour aujourd'hui, nous allons nous contenter des bases. Nous vous ferons des démonstrations, puis nous passerons parmi vous, voir comment vous vous débrouillez. Bien, vous avez compris ?

Silence dans l'assemblée.

- Parfait, alors c'est parti. NUMERO UN !

Elle attrape Black par le poignet, s'enroule contre lui, et se penche brutalement en avant. Il lâche un hoquet, visiblement pris au dépourvu, et passe par-dessus le corps de Lancaster pour aller s'écraser en bas de l'estrade.

Celle-ci, visiblement ravie, époussette sa chemise, et plante ses mains sur ses hanches.

- Vous avez compris ? Alors c'est parti.

Black se redresse en grimaçant, et remonte sur l'estrade en se tenant le dos.

Quant à moi, je me tourne vers Rogue, qui a l'air horrifié.

- Hors de question qu'on fasse ça, grince-t-il.

Pour le coup, je suis bien d'accord.

Rien que l'idée de lui toucher le bras me paraît insurmontable.

- Il n'y a pas moyen de partir ?

- Je ne crois pas, je marmonne en jetant un coup d'œil à la salle. Il y a MacGonagall qui surveille. Et je suis déjà collée toute la semaine, j'aimerais autant ne pas …

- Ouais, coupe-t-il. Au pire on la joue discret, et quand elle arrive, on se débrouille pour qu'elle soit appelée ailleurs.

- Euh, oui.

- Il n'y a pas d'autre solution, aboie-t-il.

Ça va, pas la peine de me parler comme ça.

Sale bonhomme.

Comme si ça me faisait plaisir d'être là, avec sa face graisseuse et grincheuse, et en prime les hurlements de Black et Lancaster, qui accentuent mon début de migraine.

Je m'assois sur le sol, et contemple les binômes autour de nous. A l'autre bout de la salle, Lupin envoie facilement Potter au tapis, retenant un baillement. Woodhouse et Selwyn ont tous deux l'air embarrassé de s'être mis ensemble, et semblent adopter la même technique que Rogue et moi. Quant à Io et Rookwood, comment dire …

Ils sont BEAUCOUP trop proches, et ils ont plus l'air de roucouler que de se battre.

Je peux presque sentir ma veine battre sur ma tempe.

Je serre le poing très fort, en réfléchissant à un moyen discret et efficace de les séparer.

Peut-être qu'en leur lançant Rogue dessus … ? Il ne doit pas être bien lourd, si je m'y prends bien …

- Bangwalder ! claironne soudain une voix exceptionnellement désagréable.

Je me tourne au ralenti, prête à envoyer mon poing dans la tronche de la nouvelle venue.

Helmuta Brodbeck, chieuse internationale, batteuse de l'équipe de Quidditch des Serdaigles, et ex de Benjy Fenwick.

Je me demande bien comment il a pu sortir avec une telle abrutie. Je veux dire, qu'il me drague en sachant que Brodbeck fait partie de ses critères, c'est insultant.

- Quoi, j'assène méchamment. Ton partenaire n'en peut plus de ta sale tronche, et t'as décidé de venir pourrir la journée de quelqu'un d'autre ?

Sa bouche se tord en une moue faussement blessée.

- Tu n'es pas très gentille. Je venais te proposer d'échanger avec moi, que je me batte contre Rogue et toi contre Patil, mais si tu ne veux pas …

Mon regard croise celui, noir, de Dinash Patil, et je sens mon cœur fondre comme Häagen-Dazs au soleil.

C'est un sang-pur d'origine indienne, grand, mince, et de type très beau.

Et c'est rare que cet adjectif traverse ma bouche, pour désigner un spécimen masculin.

Mais si tu ne veux pas, poursuis Brodbeck avec un sourire désolé, tant pis … Ça ne fait rien.

- Nooooon, attends Brodbeck, je m'exclame, tandis qu'elle fait demi-tour pour se diriger vers Patil. Il y a un malentendu ! Je parlais à Rogue !

- Pardon, grogne celui-ci en sortant sa baguette.

- Brodbeck ! Ne me laisse pas avec ce malade !

Je tente désespérément de la retenir en attrapant son bras, mais elle se dégage d'un coup sec, et je trébuche, pour m'avachir aux pieds de Pettigrow.

- BANGWALDER ! ENCORE EN TRAIN DE FAIRE LE BRONX !

Qu'est-ce que ça veut dire ça encore.

- Oh Lancaster, je grommelle en rentrant ma tête dans le tapis en mousse. Tais-toi un peu, j'ai une migraine grosse comme un camion.

- Pardon, siffle-t-elle en m'attrapant le col. Je t'ai vu, tu n'as RIEN foutu ! Donc maintenant, AU BOULOT !

C'est du harcèlement.

Et le professeur MacGonagall, jamais là quand on a besoin d'elle !

- Black, aboie-t-elle. Rend toi utile, apprend la première leçon à Bangwalder.

Celui-ci approche en traînant des pieds, couvert de bleus.

-Oh et puis non, souffle-t-elle soudain avec un sourire démoniaque. Tu vas apprendre à Rogue, je me charge de Bangwalder.

- PARDON ?

- Oui oui.

Black bombe le torse, échevelé et furieux.

- Y'en a marre que tu fasses ta loi, Lancaster. T'es CO-présidente je te rappelle, si je décide de m'occuper de Bangwalder, t'as pas ton mot à dire. Dégage maintenant.

- JE me charge de Bangwalder. Ecarte-toi de mon chemin ou je te casse le bras.

- Essaie toujours.

Je vous passe la sanglante bagarre qui a eu lieu ensuite, et qui a eu le mérite de mettre fin à ce cours stupide.

Ma migraine, elle, a doublé de volume. Je n'ai donc malencontreusement pas pu assister au cours de potion qui a suivi.


Bon voilà, il faut savoir qu'initialement, Honey Lancaster a sa fic dédiée, qui est croisée avec celle-ci. Ce n'est pas moi qui écrivait cette fic sur Honey donc le self-défense n'est pas mon idée initiale, ainsi que d'autres évènements à venir.

Donc aux quelques lecteurs qui pourraient passer par là, n'hésitez pas à laisser une review pour me dire si vous préféreriez une suite plutôt sérieuse, ou si ça ne vous dérange pas que ça parte un peu en cacahuète, avec des évènements pas forcément (voir pas du tout) canon mais qui ont le mérite d'être marrants.

Voili voilou, portez vous bien et à bientôt!