Salut les amis !

Ce chapitre a mis un petit peu plus de temps que prévu à sortir, parce que j'ai du le réécrire en entier, à deux scène près. Seulement voilà, pendant la période de révision des partiels (où j'ai bien sûr tout fait sauf réviser), je me suis dit "tiens, et si je re-regardais Fargo ?"

Donc j'ai re-regardé ce film incroyablement génial (regardez-le.), et dont l'ambiance ne correspond pas du tout au Pays des merveilles. Résultat, pendant presque un mois, impossible d'écrire autre chose que des bouts de textes de la vibe de Fargo ! Mais bon, le temps a fait son œuvre, et me revoici avec ce petit chapitre transitoire. J'espère qu'il vous plaira !

Merci beaucoup à Aselye, Worz, Ly-Lyra et feufollet pour leurs reviews. Vos retours sont mon salaire !


Tous les vendredis, c'est la même routine.

A minuit, Meadowes se lève pour aller suivre son cours d'astronomie, et ne se prive pas de pester contre cette option d'insomniaque, les fringues qui traînent, Joffrey qui dort dans le lavabo de la salle de bain, nous qui restons couchées, le froid en hiver, la chaleur en été, et tout un tas d'autres choses que je ne peux plus vous citer depuis que Marlene a insonorisé mon lit.

Seulement voilà, le soir où elle l'a fait, Mary MacDonald s'est sentie obliger de ramener sa fraise, arguant qu'en cas d'explosion ou de danger de mort, nous n'entendrions rien. Donc Marlene, qui est une jeune fille fort ingénieuse, a posé un sortilège de surdité minime, permettant qu'à partir d'un certain décibel, nous nous réveillions.

Et visiblement, une Mathilde en colère de se faire réveiller par une Meadowes tout aussi en colère atteint ce fameux niveau de décibel.

- Qu'est-ce qu'elle me veut, la Française ? gronde Meadowes en agitant un soutien-gorge sous le nez de Mathilde, qui est descendue de son lit pour mieux crier sa colère.

- Ce qu'elle te veut ? CE QU'ELLE TE VEUT ? MON POING DANS TA …

- On se calme, on se calme, marmonne Evans, qui sort de son lit en se frottant les yeux. Mathilde, Dorcas a cours.

- A minuit ?

- Oui.

- Ah bon.

La tête passée entre les rideaux de mon lit, mon œil droit trop ankylosé par le sommeil pour daigner s'ouvrir, j'observe la scène avec irritation.

- Bon, grommelle la voix de Marly, derrière ses rideaux fermés. On peut se rendormir ? Il y a une soirée demain, et j'aimerais bien ne pas ressembler au Baron Sanglant.

Dorcas bombe le torse et baisse les paupières dans une attitude de vainqueur qui me donne envie de lui rappeler que c'est elle qui va devoir aller se geler les miches en haut d'une tour de trois-cent trente-sept marches, pendant que nous allons sagement nous rendormir. Mathilde montre les dents, shoote dans une pile de vêtements en boule au sol, et finit par se terrer dans son baldaquin, dont elle claque rageusement les rideaux.

Et c'est le retour au calme.

[…]

Les Français repartent lundi matin, donc il a été décidé par le Conseil des Gryffondors (c'est-à-dire la dictature des Maraudeurs) d'organiser une soirée le samedi soir, afin de les remercier de leur venue (et, encore et toujours, leur prouver que nous les British, on sait s'amuser).

Donc nous sommes actuellement samedi soir, je suis affalée dans un fauteuil, verre à la main, en train de contempler le vent de panique qui souffle dans la Salle Commune à l'annonce d'un Poufsouffle infiltré de l'arrivée de MacGonagall. Les membres des autres maisons partent au compte-goutte, filtrés par Lupin qui leur indique à chacun timings et directions différentes pour leur éviter de se faire attraper par Rusard. Potter et Evans sont en train de nettoyer et ordonner la Salle à grands coups de Recurvite. Black crie des insultes par la fenêtre, trop bourré pour se rendre compte qu'il parle à une gargouille. Pettigrew et Pedrioski essaient de dégriser les plus pompettes. Et je ricane, enfoncée dans ma bergère.

Finalement, tout le monde finit par déguerpir, Potter balance un jeu de petits chevaux sur la table, et nous nous figeons dans une attitude d'enfants de cœur devant notre plateau, en attendant l'arrivée de notre directrice de maison.

Les minutes s'écoulent, ponctuées par le charabia de Black et le battement de pied nerveux de Potter.

Je termine mon verre, m'en verse un nouveau, de jus d'orange cette fois.

Evans tripote les dés. Lancaster joue avec son chat. Lupin contemple le feu avec une expression hagarde. Mary MacDonald et Mitch Young fument près de la cheminée, prêtes à jeter leurs cigarettes dans le feu à la moindre alerte.

Pendant presqu'un quart d'heure rien ne se passe, et le battement de pied de Potter se transforme en tambourinement de la main, puis torture des petits pions entre ses doigts, et j'en suis à me demander s'il va se mettre à ronger son pull lorsque Meadowes coupe le silence de sa voix tranchante.

- Bon. Si on faisait un strip poker ?

[…]

- Les règles sont les suivantes, aboie Potter. Je pose deux cartes …

Il joint le geste à les paroles, et je plisse les yeux, mon cerveau embrumé par la fatigue peinant à suivre.

- Et vous misez, ce que vous voulez.

- Hein ? marmonne Evans en se frottant les yeux.

- Vous misez un vêtement quoi !

Un signal d'alarme s'allume dans ma tête et je redresse la tête d'un coup.

- Un quoi ?

- Un vêtement. C'est un strip poker bon sang, arrêtez de jouer les minettes effarouchées !

- Hors de question, grince aussitôt Evans en se relevant, outrée.

Aussitôt, Potter change de ton, et tente de la convaincre des bienfaits de son jeu de dépravé d'une voix doucereuse.

- Non, répète sa bien-aimée d'un ton catégorique en croisant les bras. Je vous regarde, mais je refuse de participer.

- Tu veux te rincer l'œil ? ricane Black avec un mouvement de sourcils suggestif. Je peux comprendre, cela dit.

- Prend pas tes rêves pour la réalité, rétorque aussitôt Lancaster. Personne ne veut voir un millimètre de plus de ta peau, tu es bien assez repoussant habillé.

Black ouvre la bouche, vexé, mais est coupé par un Fenwick ravi de l'idée – on se demande pourquoi.

- Non mais on garde le caleçon ou les sous-vêtements ne vous en faites pas ! Personne n'a envie de voir les fesses de Pettigrow.

Ce n'était pas très gentil, comme remarque.

Cela dit, ce n'était pas faux non plus.

- Je déteste les brocolis, déclare soudainement Lancaster.

- Moi aussi, mais quel était le but de cette remarque ?

- Aucun. Décidez-vous, que je sache si je reste ou si je pars dormir maintenant.

- Personne ne te retient, grommelle Black.

- Je vais donc rester, s'exclame Lancaster d'un ton triomphant, faisant voleter ses courtes mèches blondes. Passez-moi les cartes, je distribue.

Finalement, tout le monde reste assis, tandis que Potter commence à expliquer les règles et que Lancaster bat les cartes d'une main d'experte des casinos.

- Les trois premiers tours se feront sans mise, brame Potter, qui se prend lui pour un croupier. À partir du quatrième, on commence les vêtements ! Le dernier habillé gagne la partie.

Le concept me paraît terriblement foireux, mais les verres de whisky qui se promènent dans mon sang m'empêchent de protester.

Je sens que je vais regretter cette soirée.

- Retournez vos cartes maintenant, ordonne Lancaster.

Dame de trèfle, cinq de pique. Pas terrible comme jeu.

Les premières cartes sont retournées. Aucune ne me permet de faire de faire de combinaison intéressante.

- Je me couche, marmonne Pettigrow en retournant ses cartes, avant de s'allonger et s'endormir presque aussitôt.

Le pauvre. Sept de trèfle et deux de pique. Mauvais jeu.

- Parole, aboie Lancaster dans l'oreille de Potter, qui détient les cartes.

Il retourne deux nouvelles cartes, et malgré la brume qui plane dans mes neurones, j'aperçois immédiatement la combinaison qui s'offre à moi. Une suite à cinq cartes !

- Parole, je m'exclame donc aussitôt.

Mes camarades m'adressent un regard surpris. Ils avaient probablement oublié que je participais.

Potter retourne la dernière carte, et nous retournons tous nos jeux.

- Double paire, s'exclame Potter d'un ton triomphant.

- Suite, mon pote ! rétorque Fenwick et j'ai une soudaine envie de lui faire mordre le tapis.

- Moi aussi, je siffle donc en abattant mon jeu sur sa main.

Il la retire aussitôt, me jetant un regard noir.

- Bangwalder remporte. Vous avez tous compris le concept ?

- Oui, ânonnons-nous.

- Alors on mise.

- Eh ! Je croyais que c'était au bout de trois tours, proteste Evans.

- On va se faire suer, si on continue sans mise, râle Black en avalant une rasade de Bieraubeurre.

- Tu vas faire un coma éthylique, je déclare d'un ton docte.

- Possible.

- ON MISE !

Réflexion.

- Ma chaussette gauche.

- Oh non, hurle aussitôt Potter en abattant sa bouteille au sol. C'est pire que tout !

Je secoue la tête. Je serai intransigeante. Hors de question que je montre mon ventre arrondi par la boisson et le repas de fête que nous ont concocté les elfes de maison.

- Ma chaussette droite, déclare Sirius en m'adressant un clin d'œil.

- Ma chemise, grommelle Potter.

- Mon collant.

- Personne ne veut voir tes jambes, Lancaster.

- Personne ne veut voir tes pieds, et pourtant on ne dit rien.

- Elle n'a pas tort, fredonne Fenwick qui mise son nœud papillon.

Le tour s'achève sur la défaite de Londubat, qui ôte sa veste avec un rictus triomphant – ce qui est stupide étant donné qu'il vient de perdre. A-t-il seulement compris le concept de ce jeu ?

- Second tour ! Même mise ?

- Non ! s'exclame Fenwick qui observe ses cartes avec amour. Je mise ma chemise.

- Si vous ne vous couchez pas au prochain tour, vous devrez suivre sa mise, récapitule Lancaster en baillant.

Je hoche la tête. Peut-être que si Fenwick voit mon ventre de femme enceinte il va arrêter de me courir après ?

J'observe mon jeu d'un œil vide. Sept de trèfle, reine de pique.

A côté de moi, Marlene ronfle un peu plus fort et je relève le plaid sur sa poitrine.

Mais Fenwick, mauvais joueur, boude. Pas besoin de miser mon t-shirt si ?

- Je me couche, je cris aussitôt en abattant mes cartes.

Potter hausse les sourcils, et tous renchérissent la mise. Quatrième carte, puis cinquième carte abattues … Et c'est Black qui doit enlever son t-shirt.

Et là mes amis, quelle vision d'horreur !

- Je suis allergique aux abdominaux apparents, je marmonne. Rhabille-toi.

- Comment ça allergique ?

- Ça me pique les yeux, et j'ai des nausées.

- Bon, dans ce cas …

- Tu ne vois pas qu'elle se fout de ta gueule ? grince Lancaster en jetant sa carte sur sa tête.

- Tu insistes pour voir mon corps de rêve ?

Lancaster récupère sa carte en marmonnant, et le tour suivant démarre. Cette fois ci, ma combinaison est démentielle : j'ai deux rois.

- Je mise ma chemise, je clame donc.

- Je me couche, soupire Londubat.

- Parole !

Les cartes suivantes sont retournées, et j'ai un rictus. Il y a un roi : je vais pouvoir faire un brelan et exploser cette bande de nazes.

- Je mise ma chaussette ET ma chemise !

- T'es malade ! braille aussitôt Lancaster. Je me couche !

- Trouillarde, fredonne Black qui a misé son pantalon.

- Répète ?

- Trouillarde !

Elle se jette aussitôt sur lui, visiblement dans le but de lui faire avaler sa chemise. Black étant torse nu, les soupçons du groupe sur leur relation haine-amour-qui-se-transforme-en-amour-tout-court se renforcent.

- Je suis ! s'exclame Mitch Young.

- Je me couche, soupirent Fenwick et Londubat.

- Parole !

La dernière carte est un as.

- Brelan d'as ! triomphe Young.

Il y a un instant de flottement, et un de mes neurones encore fonctionnel m'informe que l'as est supérieur au roi.

- T'as perdu, déclare poliment Black, qui enlève son pantalon sans complexe. Il ne lui reste que son caleçon, ses chaussettes et sa cravate, et il a l'air d'un strip-teaser raté.

- J'avais compris, je grommelle en déboutonnant ma chemise.

Je me couvre d'un plaid, et personne ne proteste tandis que la mise suivante commence.

Cette fois, j'ai un as. La meilleure carte. On va voir si je ne vais pas prendre ma revanche !

- Je mise ma chaussette restante.

- Mon pantalon.

- Chemise.

- Cravate.

- Je me couche.

- Parole !

Quatre cartes sont abattues. Un as parmi elles. Si je peux faire ma paire, je les éclate tous.

- Je me couche, soupire Black.

- Parole, déclare le reste du groupe.

La dernière carte est posée … c'est un as.

- J'ai gagné ! je braille. Allez tous à poil, j'ai un brelan d'as !

Potter, Lancaster, Young, Londubat et Fenwick s'exécutent en grommelant et tirent à eux des plaids semblables au mien.

Nous nous apprêtons à recommencer un énième tour lorsque le grincement caractéristique du tableau suspend nos mouvements. Comme dans un film d'horreur, nous observons ce dernier coulisser avec lenteur pour laisser apparaître…

- Professeur MacGonagall ! glapit Potter. White n'est pas avec nous ! Ne lui enlevez pas son poste de Quidditch par pitié !

Et ce grand crétin se couche au sol pour implorer le pardon de notre directrice de maison, qui semble – au contraire de ce que pronostiquait les Maraudeurs en début de soirée – extrêmement sobre.

Ainsi la légende qui raconte que les Ecossais ont du whisky qui coule dans leurs veines était vraie !

Je ne vous cache pas mon choc.

- Miss Bangwalder, je vous serais reconnaissante de fermer votre bouche.

Je ne savais même pas qu'elle était ouverte.

Je ne sais pas non plus combien de verres j'ai bu, mais c'était sûrement excessif.

- Puis-je savoir ce que vous faites ? reprend MacGonagall, polaire.

- Euh …

Elle nous toise un par un, avant de soupirer avec agacement.

- Il est quatre heures du matin. Filez dans vos dortoirs.

- Mais madame c'est le dernier week-end des Français ! ose protester Black.

- C'est pour cela que je ne comptais pas vous punir, mais si vous insistez …

- Bonne nuit, clame aussitôt Lancaster en détalant vers nos dortoirs.

Je me lève maladroitement, trébuche sur mon plaid et retombe sur le tapis. Marlene, qui dort toujours, laisse échapper un ronflement plus fort que les autres, et notre directrice de maison se pince l'arête du nez, désespérée.

- Vous avez une minute pour regagner vos dortoirs ou je vous conduis à l'infirmerie, et vous commencerez votre première journée de l'année en retenue à aider madame Pomfresh.

Cette fois ci je parviens à me relever, réveille Marlene d'un coup de plaid dans la tête et nous filons aux dortoirs, trébuchant à chaque pas.

[…]

- J'ai un mauvais pressentiment, chuchote Dolioro qui court presque contre ma hanche depuis déjà dix minutes.

Je ne réponds pas, concentrée sur ma respiration pour ne pas faire une crise d'asthme.

- Tu ne me demandes pas pourquoi ?

C'est fou ce que les Serpentards peuvent être agaçants.

- Bon alors je te dis. White a réintégré l'équipe de Quidditch, et Rosier aussi.

Parce qu'il l'a déjà quittée ?

- Tu me diras, il n'en est jamais parti. Mais je pense que l'affrontement va être abominable.

Je pense aussi. Mais est-ce que cela valait la peine de me déranger ? Pas sûre.

- Les pauvres premières années, se lamente Dolioro en épongeant sa sueur du col de son pull. Ils vont être traumatisés.

Au même moment, Black nous dépasse de sa foulée longue et souple, sourire narquois aux lèvres. Curieux lien de cause à effet, mais mon agacement s'en trouve démultiplié.

- Rosier est comme un lion en cage en ce moment, murmure-t-elle sur le ton de la confidence. Même Cheleb ne sait pas pourquoi. Mais Lestrange pense que …

- Je m'en tamponne le coquillard de la vie de Rosier, je parviens à lâcher entre deux expirations. Et j'aimerais me concentrer sur ma course.

Ces deux phrases m'ont épuisée au-delà du possible, et je me plie en deux pour chasser le poing de côté qui me dévore le ventre.

- Oui oui bien sûr ! Tout ce que je dis c'est que … Qu'est-ce qu'il fout là lui ?

Je fronce les sourcils, avisant Regulus Black qui nous dépasse de la même façon que son frère, le sourire en moins. Le visage de Dolioro se referme, et elle crache un jet de salive quelques instants après son passage.

- Quel abruti. Bon je disais …

Mais je n'entends pas la suite, épuisant mes dernières forces pour rejoindre Marly, quelques mètres devant. Celle-ci, aux proies avec un Puck déchaîné montant des plans pour faire tomber Sabrina Grimm, m'adresse un sourire soulagé.

- Tiens, Bang-machin ! Tu tombes bien, j'ai besoin de renforts pour faire tomber cette grosse vache dans la flaque au bout du terrain.

Devant nous, Sabrina Grimm se retourne pour nous adresser un regard agressif.

- Non, je refuse tout net. Elle me fait peur.

- C'est de moi dont tu devrais avoir peur, fanfaronne Puck en bombant le torse. Elle ce n'est qu'une façade, elle ne ferait pas de mal à une mouche !

- Je n'en ai rien à cirer, je grommelle. Laissez-moi en dehors de vos affaires pour une fois.

- Je ne te laissais pas le choix !

Je fais le choix de ne pas répondre, mes poumons étant au bord de l'implosion, et me concentre sur ma respiration sifflante.

- Jab, tu as ta ventoline ?

Je réponds d'un signe de main qui se veut rassurant, et qui tire un ricanement moqueur à Puck.

- Bon, je reprends. Donc au prochain tournant, tu te décales d'un coup à gauche en la doublant, et toi, MacKinnon, tu passes à droite. Moi j'arrive en sprintant tel un léopard silencieux et majestueux et je la pousse. Vous avez des questions ?

Même si j'en avais, je ne serais pas en état de les exprimer.

- Allez, s'exclame-t-il en posant ses mains sur nos épaules. Prêtes ?

J'en ai ras le bol que les Serpentards prennent les décisions à ma place. Je me décale donc à gauche afin de me soustraire de son emprise, et il fonce tête baissée vers Grimm, Marlene entraînée malgré elle dans son élan.

Je continue de trottiner en le regardant s'éloigner, et Fenwick me double accompagné de Potter dans ce qui doit être son troisième tour d'avance.

Je suis un échec.

- Bah alors Bangie ! On traîne ?

Saleté de Woodhouse.

Je ressens une pointe de jalousie en regardant Cheleb qui court à ses côtés, impeccable, sans la moindre rougeur ou trace de sueur. Pour ma part, je dois à présent ressembler à une tomate écrasée.

Ils me doublent tranquillement, et Dolioro me rejoint, accompagnée d'Augustus qui nous dépasse sans problème.

- Bah alors ! Je t'avais perdue !

- Sacrée coïncidence, je siffle.

Mes côtes me font un mal de chien, sans compter mes jambes qui pèsent au moins trois tonnes chacune. Autant vous dire que les trois tours de terrain qu'il nous reste à faire sur les dix prévus me démoralisent au plus haut point.

- Tout va bien ? Tu n'as pas l'air en forme !

Au moment même où ces mots quittent la bouche de Dolioro, trois choses ont lieu simultanément et de façon assez brutale :

Tout d'abord, Puck parvient à faire tomber Sabrina, qui l'entraîne dans sa chute, ainsi que Marlene par effet domino. Woodhouse, qui arrive à leur hauteur, éclate de rire, et un combat sans merci s'engage entre les trois protagonistes.

En même temps, Rosier arrive dans ce qui doit être son deuxième tour d'avance sur moi, et ralentit légèrement en voyant le carambolage devant nous.

Et bien sûr, mes jambes, mes poumons ainsi que mon cerveau me lâchent brutalement, et je vais m'écraser dans la terre humide (en d'autres termes : la boue) avec un « hrmpf » très peu féminin que Selwyn n'aurait jamais prononcé à ma place.

Mais Selwyn ne serait pas tombée non plus, après réflexion.

- Tu déshonores quand même vachement ta maison, remarque Dolioro en trottinant sur place.

Si j'avais assez de souffle, je lui dirais que c'est culotté de sa part. Seulement voilà, je suis en état de mort cérébrale et le moindre mot risquerait de m'achever.

- Qu'est-ce qui s'est passé ?! aboie aussitôt la voix honnie de madame Dorvy.

- J'ai tout vu professeur ! piaille aussitôt une voix tout aussi détestable, que j'identifie comme celle de Brodbeck. C'est Rosier qui l'a faite tomber !

Si je n'avais pas le visage dans la boue, je serais actuellement bouche bée.

Cette fille n'a décidément pas peur de la mort.

- Pardon ? grince aussitôt la voix du suspect, dont les chaussures s'arrêtent à quelques centimètres de ma tête.

Laissez-moi vous dire qu'il a les mollets poilus.

- Ce n'est pas la première fois, décrète Helmuta d'un ton décidé, et je ne suis pas la seule à l'avoir vu non ?

Je me redresse en prenant appui sur mes coudes, chancelante, et Rosier m'attrape d'un geste brutal sous le bras pour me remettre debout.

- Dis-leur que je n'ai rien fait, siffle-t-il.

Ou tu vas souffrir, disent ses yeux.

Je les crois sur parole.

- Il n'a rien fait, je répète mécaniquement en tâtant mes poches, à la recherche de ma ventoline.

- C'est vrai, intervient calmement Selwyn en me toisant de haut en bas.

Madame Dorvy nous regarde en plissant les yeux, et décide finalement de ne pas relever.

- Allez courir, grommelle-t-elle d'un geste de la main. Sauf vous !

Son index planté dans mon épaule est assez explicite, et je suis hors d'état de fuir.

Mes camarades reprennent leur course en râlant, et Rosier m'adresse un regard de nouveau inexpressif, mais assez glaçant pour que je déglutisse.

- Vous savez, j'ai horreur du harcèlement, déclare finalement Madame Dorvy.

Où est ce que cette vieille chouette veut exactement en venir ?

- Moi aussi, je réponds prudemment.

- Si qui que ce soit tente de vous nuire, faites-m'en part. Je le ferai remonter auprès du directeur, bien qu'il garde déjà un œil sur vous.

Voilà qui est rassurant.

- Oui madame.

Elle m'observe avec insistance, et comprenant que je ne compte pas pleurer sur son épaule, me désigne les bancs du doigt.

- Allez-vous asseoir. Vous nous rejoindrez à l'exercice suivant.

Je m'exécute avec soulagement, et retrouve une Grimm punie et vexée comme un pou. L'ambiance promet d'être festive.

- Je n'ai jamais vu une telle hargne entre maisons depuis le début de ma carrière, grommelle la prof en s'éloignant. Et Merlin sait si j'en ai vu, des bagarres !

[…]

- Miss Bangwalder, avez-vous lu le journal, comme je vous l'avais conseillé ?

Je relève la tête du papier de Suçacides que j'observais avec attention, et scrute le directeur avec attention.

- Pas vraiment, non.

Ses yeux pétillent un peu moins, et je me demande avec espoir s'il va enfin me laisser partir.

- C'est dommage, soupire-t-il. Certaines choses pourraient vous intéresser.

- Comme quoi ?

- Je vous laisserai les découvrir par vous-même.

Cette satanée manière de parler comme un devin, en énigmes tarabiscotées que mon faible quotient intellectuel ne me permet pas de comprendre.

- Dites-moi, Miss Bangwalder, avez-vous des ennuis avec certains de vos camarades ?

Il ne va pas s'y mettre lui aussi ?!

- Non, aucun, je réponds donc mécaniquement.

Il me toise, clairement pas dupe du mensonge, et je baisse les yeux.

- C'était une question rhétorique. Cela dit, Madame Dorvy m'a rapportée un incident récemment…

- Ce n'était pas Rosier, je le coupe. Pour une fois ce n'était pas lui, et je n'aurais aucun intérêt à vous mentir là-dessus.

- Mis à part s'il vous menace, rectifie calmement Dumbledore.

- Ce n'est pas le cas.

- Qu'est ce qui me le prouve ?

- Vous êtes Legilimens, non ? Vous n'avez qu'à vérifier.

Mais il secoue légèrement la tête, se renfonçant dans son fauteuil.

- C'est contraire à mes principes, et même si je le voulais, je n'en aurais pas le droit.

Je hausse les épaules, croisant les bras dans une attitude défensive.

- Ce n'était pas lui. Il ne me menace pas. Et je ne me fais pas embêter par mes camarades. D'ailleurs, j'ai progressé dans mes cours.

Ce dernier élément est totalement fictif, vous l'aurez compris.

- Vous m'en voyez ravi, miss Bangwalder. Les Aspics approchent, et tout progrès est le bienvenu.

Je hoche la tête, pressée de quitter les lieux. Mais le directeur n'a pas l'air décidé à me laisser partir.

- Comment se porte votre famille ?

- Le mieux du monde, je rétorque sèchement.

- Tant mieux. Prendre soin de ses proches est essentiel.

J'ai comme l'impression que ce vieux fou veut me faire passer un message.

- Puis-je partir monsieur ? J'ai potions.

- Oui, bien sûr. Oh, juste une dernière chose !

Je m'immobilise dans mon geste pour me lever, clairement agacée.

- Si vous avez le moindre souci avec vos jeunes camarades de Serpentards, faites-m'en part immédiatement. Je vous parle sérieusement, et il ne s'agit pas d'une suggestion mais d'un ordre.

Ses yeux ne pétillent plus, et je hoche prudemment la tête. Il se détend aussitôt, et m'adresse un sourire affable.

- Passez une agréable journée, Miss Bangwalder.

Je quitte le bureau, perplexe.

[…]

Elections ministérielles : le ministre compte bien atteindre le septennat ! Harold Minchum, interrogé récemment par nos journalistes, a déclaré « ne pas s'inquiéter de rumeurs amplifiées par le vent d'inquiétude volontairement distillé par l'opposition ». Rien d'alarmant selon le sorcier de soixante-dix ans, en poste depuis deux ans.

- … es sûre ? J'ai entendu dire qu'il embrassait comme un encornet.

Je jette un coup d'œil à Marlene par-dessus mon journal, sourcils froncés. Celle-ci attend visiblement une réponse de Fortescue, qui semble dubitative.

Il faut dire que les comparaisons de Marlene sont parfois assez inopinées.

Mais je m'égare.

Rappelons que parmi ses prédécesseurs, rares sont ceux qui ont atteint le septennat : si Eugenia Jenkins parvint à rester sept années au poste de ministre, elle fut néanmoins destituée par le Magenmagot pour une incompétence jugée par certains très subjective. En 1968, c'était le regretté Nobby Leach qui se faisait empoisonner après six ans de mandat, tandis que son prédécesseur, le très controversé Ignatius Tuft fut forcé de démissionner après trois ans de mandat. Rappelons que la cause de son départ était liée aux polémiques concernant son programme de reproduction des Détraqueurs – proche de la politique d'intensification de surveillance d'Azkaban pratiquée par M. Minchum.

- Un quoi ?

- Un encornet. C'est un petit poulpe.

- Pourquoi tu ne dis pas poulpe, comme tout le monde ?

Par ailleurs, les déclarations claironnantes de Millicent Bagnold ne sont pas pour renforcer sa popularité : elle est déclarée pour être favorite aux prochaines élections, et prend ouvertement parti contre les actions de Harold Minchum à l'égard des attentats. « Ce qu'il nous faut, c'est de l'action, et surtout de la réaction », martelait-elle mardi dernier en conférence de presse au Ministère. Une faille au programme de M. Minchum dans laquelle s'empressent également de s'engouffrer les familles progressistes.

- Parce que « encornet », c'est plus élégant.

- Ah bon.

- Quoi « ah bon » ? Je te dis que c'est plus élégant !

- Ça va, pas la peine de t'exciter comme ça MacKinnon ! On n'a pas tous autant de vocabulaire que toi !

Celles-ci accusent le Ministre de ne pas suffisamment défendre leurs intérêts – sentiment ironiquement partagé par les grandes familles, qui reprochent au Ministre de ne pas voir leur patrimoine valorisé dans les actions de Gringott's (et, plus officieusement, lors de la distribution des positions au très disputé département de la justice).

Il n'a peur de rien, ce journaliste.

Vous me direz, l'article n'est pas signé. Mais tout de même, quelle verve !

- Donc Black embrasse mal ?

- Oui, apparemment.

- Mais vraiment très mal ? Ou juste mal ?

- MacKinnon, je n'en sais rien. Va lui demander.

Bref, au bout de deux ans seulement de fonction, Harold Minchum semble bloqué dans une position délicate, pris en étau entre intérêts contraires, incapable de faire le consensus, et encore moins de satisfaire les intérêts d'une quelconque majorité. Le climat de peur instauré par les attentats accentue les attentes à son égard : il est souhaitable pour sa carrière qu'il parvienne à apaiser notre société, qui traverse des temps que l'on peut sans conteste qualifier de difficiles …

Sans conteste, en effet.

- T'es bête ou quoi ? Je ne vais pas aller le voir et lui demander s'il embrasse bien !

- Mais moi je ne l'ai jamais embrassé ! Alors ne me pose pas la question !

- Bon, bon.

- Et d'abord, pourquoi tu me demandes ça ? Tu n'étais pas sur Shawn ?

- CHHHHHT !

Marlene a les yeux exorbités, et regarde autour d'elle avec affolement. Heureusement pour elle, Shawn n'est pas dans les parages, et elle se contente de fusiller Fortescue du regard.

C'est le moment que choisit Io pour venir se couler sur notre banc, sourire aux lèvres et billets aux mains.

- Qu'est-ce que c'est que ces bouts de papier ? demande Marlene, en fronçant les sourcils.

- Rien, répond distraitement Io en les fourrant dans sa poche. Des tickets de cinéma Moldu.

- Des … ?

- Io, je commence en repliant mon journal, tu n'en as pas marre de venir squatter notre table ? Tu gâches l'unité de notre maison.

Io prend le temps de se verser un grand bol de café, et croise les mains devant elle à la manière de notre cher ministre, se composant une mine outragée.

- Tu dis ça parce que tu ne veux pas me voir, ou parce que tu es intimidée par ces cruches de quatrième année ?

Du menton, elle désigne un groupe d'adolescentes qui nous fixent méchamment, et je me renfrogne.

- Parce que je ne veux pas te voir.

Elle ricane, et plonge dans son bol, tandis que je rouvre bruyamment mon journal.

La recette de la tarte tatin, revisitée à la mode sorcière par Mary Tasseur !
Votre cher et tendre n'en peut plus de vos babas au Whisky pur feu ? Vous êtes en panne d'inspiration ? Voici une recette simple et efficace, qui fera souffler dans votre cuisine un véritable vent de félicité !

… Bon.

Assez de lecture pour aujourd'hui. Je ne sais pas ce que Dumbledore voulait que je trouve dans ce journal, mais je n'y lis pour le moment pas grand-chose d'intéressant.

- Ça fait vide, sans les Français, se morfond Marlene.

- On les revoit dans quelques mois, rétorque Io que rien n'émeut.

- Oui mais tout de même. Les cours sont ennuyeux maintenant qu'ils sont partis.

- Si tu veux de l'ambiance, tu n'as qu'à nous demander ma petite Marlene ! s'exclame Potter en s'asseyant en face de nous.

Il porte son équipement de Quidditch, il a de la terre dans les cheveux, mais il semble d'assez bonne humeur (ce qui est plutôt suspect).

- Salut Derviche, salut Bangwalder.

- Salut Potter, répond Io d'un ton distrait.

Un léger silence s'étire, et Potter nous regarde succinctement, étonné.

- Sinon, j'ai lu dans le journal que le conducteur du Poudlard Express était mort, je lâche sur le ton de la discussion.

Marlene s'arrête aussitôt de mastiquer, les yeux exorbités.

- QUOI ?!

- Tu le connaissais ? demande Potter, l'air intéressé.

Marlene prend le temps d'avaler ce qu'elle mangeait et de s'essuyer dignement la bouche, ignorant les regards qui se sont tournés vers elle, avant de répondre :

- Non. Je ne savais pas qu'on avait un conducteur.

- Hein ?

- Je pensais que le train était entièrement magique !

- Tu n'as jamais vu qu'il crachait de la vapeur ? Qu'il roulait sur des rails ?

- …

Ah, les Sangs-Purs.

Ils sont mignons parfois.

- Mort de quoi ? me demande Potter en croquant dans un toast.

- Sais pas.

- Ce n'était pas écrit ?

- Non.

- Ah.

Quelques secondes de silence s'écoulent, ponctuées par le tintement de nos cuillers dans les bols et les pots de confiture.

- Il paraît qu'on a une interro en Potions, vous auriez vos fiches ? reprend soudain Potter.

Oui, mais plutôt mourir que de les lui passer.

- Non, je mens donc avec superbe.

- Et sous ton assiette, là, c'est quoi ?

- Ma liste de courses.

- Tiens donc. Tu me laisserais la lire ?

Je le fusille du regard, et fourre mes parchemins dans mon sac, avant de me lever.

- Sûrement pas. On se voit plus tard, Derviche.

Malheureusement pour moi, Marlene ne me suit pas, et je quitte donc seule la Grande Salle, sans trop savoir où aller.

C'est vrai que l'absence de Tito et Pedrioski se fait ressentir. Les Français sont partis il y a un peu plus d'une semaine, dans un grand tapage de cris, d'accusations de vol pour les plus étourdis (Mathilde comprise), et de pleurs pour les plus émotifs (Mathilde toujours comprise). Même nos professeurs semblent déstabilisés par le retour au calme qui a suivi, et les Maraudeurs sont tellement frustrés d'être associés au mot « tranquillité » qu'ils préparent, selon leurs mots, le coup de l'année.

Autant dire que je ne suis pas tout à fait sereine. Pour peu qu'ils soient toujours sur leur vieille rancœur envers Augustus, et je risque d'en faire les frais.

Je monte donc les escaliers vers la salle de français sans entrain, mes pensées dirigées vers ce sale rat de Potter, lorsqu'un évènement vient troubler ma paisible traversée du château.

Des éclats de voix s'élèvent depuis derrière les alcôves du deuxième étage, et je tends l'oreille.

C'est une dispute, mes amis, une dispute !

Une dispute, c'est un ragot. Et un ragot, à Poudlard, ce n'est pas seulement la satisfaction personnelle de connaître la vie des gens. C'est aussi – et surtout – une source de profit financier : des gens comme Derviche et Skeeter achètent plutôt cher ces informations lorsqu'elles sont prouvées.

Or je suis à la paille en ce moment. Et la période des fêtes approche !

Je m'approche donc le plus discrètement possible des alcôves, maudissant Joffrey d'avoir mangé mes dernières oreilles à rallonge.

- … m'as quittée pour cette pouffe ? couine une voix féminine, ma foi plutôt désagréable.

- Parle mieux d'Ashley. Tu ne la connais pas.

- C'ETAIT MA MEILLEURE AMIE, AURELIUS !

Ce sont des Serdaigles de quatrième année, inconnus au bataillon. Je ne connais même pas leurs noms.

Quelle déception. Rien à tirer de ce règlement de compte.

Je fais donc demi-tour, la mort dans l'âme, à la recherche d'une possible occupation qui me permettrait de faire passer le temps jusqu'au prochain cours, et qui n'implique ni lecture ni rencontre fortuite avec des Serpentards. Autant dire que j'en demande beaucoup, puisqu'il n'y a vraisemblablement que des dissertations d'un mètre de parchemin, ou des serpents vicieux pour venir troubler ma routine de septuagénaire.

Ah, que je m'ennuie dans ce château, c'est désespérant !

C'est bien simple, à part la pétanque et le Quidditch, il n'y a rien à faire en dehors des cours.

Rien d'étonnant à ce que la poudre que fait circuler Augustus ait autant de succès, et rien d'étonnant non plus à ce que le discours de prévention annuel contre les drogues récité par Pomfresh n'ait aucun effet sur qui que ce soit. Cela dit, je n'ai encore jamais pris de poudre, donc c'est que ses photos animées de l'état du cerveau après consommation ont dû avoir un minimum d'impact sur moi. Je vais réviser mon jugement sur cette brave infirmière.

Je continue à traîner des pieds dans les étages, ignorant les quolibets des tableaux et les tentatives de meurtre des escaliers, lorsqu'un second évènement vient troubler mon errance, et qui se trouve être le professeur MacGonagall.

Je me fige, me demandant comment me fondre dans le mur le plus discrètement possible. Malheureusement, elle m'a repérée, et fond sur moi comme un oiseau de proie dans un grand bruissement de capes, le visage fermé.

- Ah, Miss Bangwalder, je vous cherchais justement. Vous n'êtes pas en cours ?

- J'ai français dans vingt minutes, je réponds avec dignité.

Elle vient littéralement de me trouver en train de déambuler seule dans les couloirs, comme un touriste grognon en mal du pays. A tous les coups, elle va m'envoyer chez un Psychomage, ou écrire un courrier à ma mère sur mon comportement anormal – ce qui serait totalement justifié.

- Ah, très bien, répond MacGonagall en haussant les sourcils. Je voulais vous avertir que le professeur Chourave et moi-même avons pris la décision de suspendre vos cours de soutien.

C'est à mon tour d'hausser les sourcils, étonnée.

- Déjà ?

- Eh bien, cela fait bientôt trois mois maintenant, et peu – si ce n'est aucun – résultat n'a été observé. Donc nous avons décidé de rendre leur temps aux élèves à qui ce soutien avait été imposé, afin qu'ils puissent consacrer plus de temps à leurs propres révisions.

- Ah.

Ma directrice de maison me contemple, entre désolation et résignation, et je passe mon poids d'une jambe à l'autre, un peu gênée.

- Bien sûr, nous professeurs restons à votre … disposition, si je puis dire. N'hésitez pas à nous solliciter en fin de cours si vous rencontrez la moindre difficulté. Je crois également savoir que Monsieur Fenwick et Miss Evans se sont portés volontaires pour vous aider en cas de problèmes particuliers.

Tiens, c'est nouveau ça.

- Si vous travaillez sérieusement, il n'y a pas de raison pour que vos difficultés perdurent, conclut MacGonagall qui a l'air dubitative de ses propres paroles.

- Merci, professeure.

Elle me salut d'un signe de tête aussi raide qu'à l'accoutumée, et nous reprenons nos routes respectives. Cette fois, je me dirige vers la salle de français sans détours, réfléchissant vaguement aux propos de MacGo.

C'est vrai qu'on arrive en décembre, et qu'absolument aucune évolution due au soutien n'a été observée. C'est peut-être aussi bien d'arrêter, vue comment Rogue frôlait l'apoplexie à chaque cours. En plus, je le voyais me surveiller du coin de l'œil pendant les travaux pratiques avec Slughorn, pendant que Rosier faisait absolument l'intégralité de la potion et que je me tournais les pouces en comptant les minutes.

Et puis, comme ça, je me dispense de la présence encombrante de Fenwick, et ça, ça n'a pas de prix.

[…]

Sourcils froncés, pieds sur la table basse, un plaid sur les épaules, je déchire comme je peux l'enveloppe que le hibou de mon père vient d'apporter.

Saroumane a la particularité d'avoir exactement le même tempérament que mon paternel, c'est-à-dire d'être un peu à la ramasse. Il arrive toujours en retard, toque à la fenêtre de la Salle Commune, et en période d'hiver et de froid comme ce soir, je me fais détester de ma maison parce que je dois lui ouvrir, détacher la lettre, le convaincre de repartir et de ne pas venir se chauffer les fesses dans nos dortoirs, et qu'entre temps, un petit vent à -35° vient glacer tous mes camarades, qui ne se privent pas de me le faire savoir.

Comme si j'en avais quelque chose à siroter. Ils n'ont qu'à mettre leur paletot, comme tout le monde.

Mais bref, revenons à nos moutons. La lettre a l'écriture de ma mère, ce qui me fait penser que quelque chose de mauvais augure se prépare.

Jabberwocky,

J'aimerais que tu rentres pour Noël. Nous le fêterons chez ta grand-mère, donc il serait préférable que tu prévoies des vêtements convenables, et que tu n'amènes pas n'importe qui. Pour les cadeaux, je lui ai déjà pris quelque chose, tu participeras si tu le souhaites.

Il se peut que des relations de Leta soient présentes pour les fêtes. Il serait judicieux que tu sois présente au Nouvel An, afin d'en rencontrer certaines. Ci-joint un bon pour Scribenpenne, afin que tu te procures des manuels de soutien scolaire, et que tu remontes un peu tes moyennes.

Ton père et ta sœur t'embrassent,

Affectueusement

Chimène Lestrange

C'est quoi cette mère qui se prend pour MacGonagall ?

Il y a vraiment un bon pour Scripenbenne, en plus.

Et Noël, non mais Noël, qu'est-ce que je vais me mettre moi ?

Merlin, quelle angoisse.


Pour le poker, j'ai fait selon mes souvenirs de lycée, où on jouait le midi en misant des Dragibus. Il se peut que les règles ne soient pas tout à fait les bonnes, mais pour le coup, je l'assume.

Par ailleurs, j'ai dit lors du précédent chapitre que Jab avait 16 ans, car née en toute fin d'année. Worz m'a fait remarquer que le déroulement de l'année et l'âge des élèves à Poudlard ne fonctionnaient pas de la même façon qu'en France, mais du coup, flemme de rectifier. Je fais un petit hors-canon, en imposant dans cette fic que le recrutement par classe se fasse année par année ! Donc Jab aura 17 ans avant janvier, et Benjy, né en début d'année, en aura 18. D'où la différence d'âge de presque un an ! Enfin, vous n'êtes pas à une incohérence près pas vraie ?

Sinon, l'article sur les ministres a pour source principale Pottermore, donc j'ose espérer qu'il ne contient pas d'erreur. Pour le chauffeur du Poudlard Express, en revanche, je ne garantis rien.

Merci d'avoir lu, on se retrouve bientôt (j'espère) pour le prochain chapitre !