Re !
Je suis navrée pour ces deux mois de silence, mais bon, j'ai pas mal remis en question la direction de cette fic, et j'avais du mal à trouver où je voulais en venir. Mais après avoir intégralement réécrit ce chapitre je crois que ça va mieux de ce côté là !
Je vous laisse sans plus tarder avec ce quatorzième chapitre. Rendez-vous en bas pour le blabla !
Il est minuit, lorsqu'il se glisse souplement hors de la Salle Commune. Les eaux froides du lac scintillent une dernière fois à la lueur des braises, et le mur de pierre se referme, soustrayant les fauteuils de velours à sa vue.
Devant lui, le couloir est empli d'ombres, et quelques tableaux murmurent sur son passage. Son visage est étiré vers l'avant, hume l'obscurité, et sa baguette tourne entre ses doigts, entre nervosité et anticipation. Ses pas dans les escaliers de pierre produisent un bruit feutré, et l'étoffe de sa robe frôle le mur par intermittence. Alors qu'il s'extrait enfin du froid des sous-sols, des pas qui ne sont pas les siens l'arrêtent. Il se dissimule derrière une alcôve, et attend. Les pas s'éloignent. Il reprend son chemin, s'engage dans les escaliers mouvants, et alors qu'il arrive au premier étage, il aperçoit les yeux de chat de la Poufsouffle qui luisent dans le noir.
Elle l'attend à l'ombre d'une meurtrière, et la pâle lumière de la lune éclaire ses prunelles. Ils ne disent rien, et elle empoche les quelques gallions qu'il glisse dans sa main sans le remercier. En échange, elle dépose un sachet de graines qui crépitent faiblement sur sa paume ouverte, et il la regarde s'éloigner en rasant les murs. Au bout de quelques instants, elle disparaît : sa cape d'invisibilité bon marché doit cependant arriver à son terme, car il distingue vaguement les contours de sa silhouette qui suivent l'angle du mur, avant de se soustraire à sa vue.
Il poursuit à son tour son chemin, gagne le cloître des Serdaigles. A la lueur de la lune, presque pleine, ses colonnes à demi effondrées et ses herbes sauvages prennent un aspect féérique, et il se sent observé dans ces lieux imprégnés de magie et de souvenirs. Sans pénétrer au centre de l'espace, il glisse ses graines dopantes entre les strates du muret de pierres, et ensorcèle légèrement la cachette. En espérant que le Serdaigle soit assez doué pour lever le sortilège de dissimulation, il se redresse, se détourne, et s'apprête à quitter le jardin lorsqu'un éclat de lumière attire son regard.
Le ciel vient de s'illuminer d'une gerbe d'étincelles, qui s'arrête brutalement, comme stoppée par un écran invisible. Deux nouvelles salves rejoignent aussitôt la première, et il distingue vaguement les silhouettes à leur origine, rassemblées autour du cromlech. La cabane du garde-chasse est éclairée par intermittences, et les éclairs viennent de nouveau s'écraser contre l'écran, qu'il devine soudain être la protection qui entoure Poudlard.
Qui ose s'y attaquer ?
Les silhouettes se sont sans doute insonorisées, parce qu'il n'entend ni leurs voix, ni l'écho des sortilèges qui se heurtent à l'armure du château. Il y a soudain un répit, durant lequel il demeure figé, la respiration bloquée d'anticipation, et il remarque que les herbes s'agitent doucement, comme animées par l'expectation de ce qui va se produire.
Les silhouettes ont rassemblé leur magie, et un unique sortilège jaillit de leurs corps regroupés entre les dolmens. Le rayon d'or file au-dessus des arbres, au-dessus des tours du château, et lorsqu'il s'écrase sur la protection de Poudlard, il y a comme un lourd tremblement mutique qui secoue le ciel.
Jusque-là invisible, une forme noire, énorme et gigantesque s'en détache, déploie ses ailes déchiquetées pour s'éjecter de l'écran invisible, et s'éloigne, se confondant avec les étoiles.
[…]
En face de moi, les épaules de Rosier se crispent et un frisson lui vrille le dos.
Il se redresse légèrement sur sa chaise, s'éloigne de sa copie, et serre sa plume dans son poing. Sa cage thoracique s'ouvre au fur et à mesure que l'air entre dans ses poumons, sa tête recule légèrement en arrière, il inspire une goulée d'oxygène par la bouche et …
Il éternue pour la quatrième fois en deux minutes.
Il a le rhume des foins, ce con !
Comme quoi, personne n'est épargné par cette saloperie. Et je sais de quoi je parle, étant moi-même touchée par ce phénomène des plus désagréables ! Cela dit, je ne rechigne jamais à aller voir Madame Pomfresh. Ça ne coûte rien de bouger ses fesses jusqu'à l'infirmerie pour dire gentiment « Madame Pomfresh, je suis allergique au pollen et j'ai besoin de votre aide ! ». Elle me concocte généralement une petite potion très efficace, et je suis tranquille pour la semaine.
Mais bon, certains préfèrent visiblement faire passer leur ego devant la tranquillité d'une classe en contrôle, et ne se gênent pas pour éternuer à tout va en déconcentrant les autres.
La première fois, Madame Pouffe lui a dit « à vos souhaits ». La deuxième fois, elle lui a adressé un sourire compatissant. Mais au bout de la quatrième fois – et la cinquième est imminente, si j'en crois sa posture – je la soupçonne de commencer à perdre patience.
Les Maraudeurs se payeraient bien sa tronche s'ils n'étaient pas tournés vers Potter avec compassion ledit Potter se frottant furieusement les yeux sous ses lunettes, en proie à une crise d'allergie toute aussi désagréable.
Dolioro ricane, et Rosier envoie un coup de pied dans sa chaise avant de se lever et de quitter la classe d'un pas rageur. On entend un énième éternuement dans le couloir, et Potter ne tarde pas à prendre sa suite, les yeux injectés de sang et gonflés de s'être trop gratté.
Madame Pouffe se contente de souffler sur sa lime à ongle, et nous fait signe de poursuivre.
[…]
- Les Aspics approchent, nous informe le professeur MacGonagall avec hauteur, en dardant sur moi un regard aussi bref qu'éloquent. J'ose espérer que vous avez commencé vos révisions, et que vous maîtrisez globalement toutes les sessions vues au cours de l'année dans toutes vos matières. Dans le cas contraire, je vous invite à vous poser des questions.
Black, affalé sur la table devant moi, redresse brièvement son coude pour m'adresser un regard moqueur sous son bras. Je lui réponds par un bras d'honneur discret, et reporte mon attention sur notre directrice de maison qui, fort heureusement, avait les yeux tournés vers Londubat à ce moment-là.
- Vos travaux d'intérêt général risquent de vous prendre un certain temps, et j'ai cru comprendre que votre séjour en France ne vous avait pas permis la moindre assiduité. Je vous encourage donc fortement à vous reprendre en main, et accélérer votre rythme si vous souhaitez avoir vos examens avec des résultats acceptables.
Nouveau coup d'œil insistant, et je fronce les sourcils. Qu'est-ce qu'elle essaie de me dire, cette vieille peau ? Ce n'est pas moi qui aie fait exploser le couloir du bâtiment des langues, que je sache.
- Sur ce, conclut-elle, vous pouvez y aller. Oh, sauf monsieur Pettigrow et miss Bangwalder.
Marlene m'adresse un regard perplexe, et quitte la salle en crabe, sourcils froncés en ma direction. Les Maraudeurs nous adressent un regard curieux, et Fenwick plisse les yeux avec suspicion.
Classe de commère. Je suis prête à parier qu'ils resteront à nous attendre derrière la porte, oreille collée au mur.
- Bon, tranche MacGonagall lorsque les derniers quittent la salle. Si je vous aie convoqué, c'est parce que vous êtes les deux seuls à ne pas savoir vers quel domaine vous désirez vous tourner l'an prochain.
Pettigrow et moi échangeons un regard perplexe, et MacGonagall explique en lissant machinalement un petit tas de prospectus qu'elle tient entre ses mains :
- En tant que directrice de maison, je ne peux me permettre de vous laisser dans le flou le plus complet. Je vous conseille donc de lire ces prospectus sur les différents Ministères britanniques, ainsi que sur les finalités en termes de profession correspondant à chaque matière. N'hésitez pas à me solliciter si vous avez la moindre question, et dites-moi si à l'issue de cette documentation, vous ne parvenez toujours pas à vous décider. Je sais qu'il est un peu tard, mais que voulez-vous, la correspondance a quelque peu chamboulé nos plannings.
A sentir la désapprobation dans sa voix, je devine que cet échange était le premier et le dernier entre nos deux écoles. Ce qui n'est sans doute pas plus mal, vu tous les dégâts causés en France.
- Vous pouvez disposer, reprend sèchement notre directrice de maison face à nos mines faussement contrites. Bon appétit.
Nous quittons la salle après de vagues remerciements, et nous retrouvons à nous diriger vers la Grande Salle dans un silence inconfortable, les mains pleines de prospectus. Je rejoins Marlene d'un pas lourd, et laisse tomber mes papiers avec agacement – mais pas trop quand même puisque MacGo dîne en face de nous, et que globalement, rien n'échappe à ses yeux de rapace.
- Qu'est-ce que c'est ? articule Lancaster, la bouche pleine.
- Des trucs d'orientation.
- Tu ne sais pas ce que tu veux faire plus tard ?
- Si je le savais, tu crois que je perdrais mon temps à transporter ces trucs ? je rétorque avec humeur.
Pas intimidée pour un sou, elle attrape un papier, et commence à le lire à haute voix :
- Vous rêvez d'aventure ? Vous avez soif de justice ? Vos compétences scolaires sont excellentes ? Tentez le concours d'entrée au poste d'Auror ! Une profession pleine d'adrénaline et de noblesse, dont la vocation profonde est de protéger le monde sorcier des dangers tant externes qu'internes. C'est fait pour toi, ça, Bangwalder.
Je lui adresse un regard mauvais, tandis que les Maraudeurs, Pettigrow compris, ricanent.
- Fermez-la, assène Meadowes en relevant la tête de la feuille de salade qu'elle pliait avec assiduité. Y'a pas de honte à ne pas savoir ce qu'on souhaite faire.
Voilà un soutien inattendu.
Je fronce les sourcils, et la moitié de la table en fait de même.
- Moi, je n'ai su que je voulais travailler au département de la justice qu'une semaine avant le questionnaire du professeur MacGonagall, intervient Evans en s'écartant de Potter. Dorcas a raison, et je suis sûre que certains d'entre vous ont écrit une profession au hasard pour ne pas s'avouer être dans le cas de Jab et Peter. Vous feriez mieux de vos occuper de vos oignons avant de vous moquer d'eux.
Aux dernières nouvelles, personne ne s'est moqué de Pettigrow, mais je garde le silence. Notre préfète promène sur la table un regard plein d'autorité, et Lancaster me rend le prospectus en levant les yeux au ciel.
- J'espère que tu ne te moquais pas des Aurors, Lancaster, déclare soudain Black, parce que c'est ce que James et moi comptons faire.
- Comme si j'avais besoin de savoir ça pour pouvoir me moquer de toi, rétorque sèchement la concernée.
Marlene et moi échangeons un regard entendu. Depuis quelques semaines, la relation entre Black et Lancaster, déjà tumultueuse initialement, s'est considérablement dégradée, au point de ne plus pouvoir échanger normalement sans que l'un ne se jette à la gorge de l'autre.
Un silence tendu s'installe, et je remarque à cet instant que Fenwick n'est pas à la table. Une sensation de froid inexplicable m'étreint, et en promenant mes yeux sur les tables alentours, je croise le regard de Lestrange, qui m'adresse un rictus désagréable.
- Je crois que Black disait ça pour t'impressionner, lâche Meadowes en observant attentivement ses ongles.
Décontenancée par la dizaine de regard posée sur elle, Lancaster marque un temps de réaction conséquent, durant lequel Black, pas gêné pour un sou, croise les bras sur poitrine et l'observe avec intérêt.
- Il ne se cache même plus, me fait remarquer Marlene à voix basse.
- Ferme-la, lâche finalement Lancaster d'un ton moins assuré que ce qu'elle escomptait probablement. Auror est un métier comme un autre. Mais nous sommes mal barrés si ces deux fous deviennent chargés de notre protection, conclut-elle en désignant Potter et Black du doigt.
Potter ouvre la bouche, outré, mais Black se contente d'un sourire vainqueur, les derniers mots de Lancaster pouvant s'apparenter à un radoucissement.
- Qui a des travaux d'intérêt général ce soir ? demande Lupin en posant sa serviette dans son assiette.
Marlene, Alice, Potter, Pettigrow et Londubat lèvent la main avec un air sombre, et j'aurais probablement ricané si je ne subissais pas le même sort dès le lendemain.
- Sous la surveillance de Madame Pouffe, grommelle Pettigrow. Elle va sûrement en profiter pour essayer de nous sauter dessus.
- Avec toi pas de risque, lâche Meadowes d'un air ennuyé. Bon, j'ai un rencard. A plus les nazes, à plus Lily.
- Elle ne chôme pas, commente Shawn en la regardant s'éloigner.
Vous l'aviez oublié ? Moi aussi.
- On ferait mieux d'y aller, soupire Marlene en jetant un coup d'œil à sa montre. A toute, Jab.
Je hoche la tête, et me concentre sur ma panna cotta, tandis qu'un nouveau silence s'installe à la table, la plupart des groupes ayant été brisés. Il est cependant rapidement rompu par la présence de Fenwick, qui se laisse bruyamment tomber à côté de moi.
- Où étais-tu ? l'agresse aussitôt Lancaster.
- Avec Helmuta, répond-il en se servant généreusement en dessert, les plats ayant disparu.
Cinq paires d'yeux inquisiteurs se braquent sur lui, et il lève les yeux au ciel.
- Elle avait besoin de moi pour son plan d'attaque de Patil.
- Oh, acquiesce aussitôt Lancaster. Ça a marché ?
- Pas vraiment. Patil tient à épouser une indienne.
- Merde.
- Ouaip.
- Comment elle l'a pris ?
Cette fois, c'est vers moi que les yeux se tournent.
- Quoi ? je me défends en levant les mains. Ce n'est pas parce qu'elle me gonfle que je n'ai pas de compassion pour elle !
- Pas très bien, répond Fenwick avec légèreté. Elle pleure dans son lit, je crois.
- Et tu ne la réconfortes pas ?! s'indigne White en jetant si violemment sa cuiller dans son yaourt que des gouttes en jaillissent. Quel incapable !
Décidemment, ce soir, les gens sont étranges. Je n'aurais jamais pensé que cette brute s'intéresserait à de tels sujets.
- Je suis peut-être en bons termes avec elle, mais je suis son ex, signale Fenwick en agitant sa petite cuiller face au nez de White. Faut pas pousser non plus.
- Il n'a pas tort, observe Lancaster en sortant de sa bouche le cure dent qu'elle martyrise depuis quelques minutes. Bangwalder risquerait de ne plus comprendre.
- Si tu pouvais arrêter de te préoccuper autant de ma vie sentimentale, je réponds sèchement. Il me semble que tu as suffisamment de mal à gérer la tienne.
- Etant donné qu'elle est inexistante, je m'en sors plutôt bien, merci de t'en soucier, assène Lancaster en se levant brusquement.
Elle quitte la Grande Salle à grands pas, et Black se lève nonchalamment pour la suivre, sous le regard attentif de toute la maison Gryffondor. Plus quelques commères bien informées de Poufsouffle, c'est-à-dire Io et sa clique de cas sociaux.
- C'est quoi ça ? demande Fenwick sans s'émouvoir, en pointant du doigt les prospectus.
- Pour mon orientation, je réponds en le regardant du coin de l'œil se pencher pour lire, un morceau de brownie en équilibre au-dessus des papiers. Si tu les taches …
- T'inquiète. Tu as commencé à lire ?
Je secoue la tête, et il m'adresse un regard enthousiaste.
- Ça te dit qu'on fasse ça ensemble ? Je pourrais peut-être t'aider !
- Si ça peut te faire plaisir, je réponds à contre cœur.
A vrai dire, je comptais les laisser moisir sous mon lit jusqu'aux vacances. Mais vu l'enthousiasme de Fenwick, je commence à trier les papiers selon les domaines, et mon camarade sort de son sac un parchemin et sa plume, qu'il pose entre les assiettes.
- Avant de regarder les professions, faut savoir ce que tu aimes, déclare-t-il d'un ton docte. Je t'écoute.
Mal à l'aise, je lève la tête pour parcourir la salle des yeux, avant de les rabaisser aussitôt en croisant le regard inquisiteur de MacGonagall.
- Tu ne veux pas qu'on fasse ça dans la Salle Commune, plutôt ? je demande en rassemblant les papiers.
Fenwick me toise quelques instants, avant de s'exclamer, son brownie quittant définitivement sa cuiller pour s'écraser sur la table :
- Si tu cherches du calme, on peut aller à la Tour d'Astronomie.
N'y ayant jamais mis les pieds en dehors des cours en sept années de scolarité, je fronce les sourcils. A tous les coups on va y déloger un couple en train de procréer, et je tiens à m'épargner cette vision.
- T'inquiètes, je connais un moyen de savoir s'il y a déjà des gens.
- Arrête de lire dans ma tête.
- Ça veut dire que tu es d'accord ?
Je hausse les épaules, et il se lève avec entrain, rassemblant les papiers par grands gestes, et je le suis avec réticence. Par un malheureux hasard, la tour se trouve être déserte, et je me retrouve à devoir grimper plusieurs centaines de marches, mon dîner me pesant dans l'estomac et les prospectus menaçant de me tomber des mains. Finalement, Fenwick soulève la trappe qui mène au sommet de la tour, et nous nous retrouvons face à l'immensité du parc, sous la voute étoilée. On n'entend que le bruissement des feuilles, et l'air est suffisamment doux pour ne pas avoir froid.
Mais n'allez pas croire que cette scène romantique à souhait suffira à me faire baisser ma garde.
- C'est beau, non ?
Je hoche la tête, et nous nous asseyons face à face sur les dalles froides, les prospectus de nouveau étalés entre nous. Fenwick ressort son parchemin, et m'observe d'un air interrogateur.
- Je t'écoute, qu'est-ce que tu aimes ? Ou que tu n'aimes pas, ça aide aussi à éliminer des choix.
Je réfléchis quelques secondes en triturant ma queue de cheval, avant que l'inspiration ne me vienne.
- Les potions, je déclare. La métamorphose. L'histoire de la magie. L'astronomie.
- Tu pratiques tout ce qui est Runes, divination, arithmancie … ?
Je secoue la tête, et il prend en note. J'ai l'impression d'être chez un psychiatre.
- J'aime bien les sortilèges, même si je suis nulle. Et les soins aux créatures magiques, et occasionnellement la botanique.
- Okay. Et est-ce que tu es à l'aise au contact des autres ?
Je hausse un sourcil dubitatif, et il ricane.
- Question rhétorique, t'as raison. Tu es plutôt grand air ou bureau ?
- Ça m'est égal.
- Ça ne m'étonne pas. Tu as eu une enfance plutôt sévère, non ?
- Fenwick, je rétorque avec agacement, concentre-toi.
- Au temps pour moi, j'adore la psychanalyse. Tu te vois travailler à ton compte, ou plutôt sous une direction ? et auprès du Ministère ou pas du tout ?
- Ça m'est égal aussi.
- Etudes courtes ou longues ?
- Plutôt courtes, vues mes capacités.
- Ne te dénigre pas. Travailler pour une cause ou pour un salaire ?
- C'est quoi cette question encore ?
- Répond.
- Eh bien euh … Les deux dans l'idéal ?
- Okay, je pense avoir ce qu'il nous faut. On peut déjà enlever certains métiers, comme Médicomage, Auror ou potionniste, qui sont pourtant des métiers qui recrutent. Tiens, jette un coup d'œil à ce déplié du Ministère et raye ce qui ne t'intéresse pas du tout.
Je saisis le papier qu'il me tend, et le regarde avec méfiance. Les noms de départements s'alignent et je raye sans même réfléchir le département des mystères, et le bureau des Aurors et de la brigade magique. Les ministères des transports magiques, des sports et des relations internationales sont également écartés de la liste.
- Il ne reste plus que les départements des accidents et catastrophes magiques, et celui de contrôle et régulation des créatures magiques, lit Fenwick par-dessus mon épaule. Pourquoi celui des accidents ?
- Le nom est marrant.
- Ça te suffit à déterminer tes choix d'avenir ?
- Au point où j'en suis, oui.
- Tu sais ce qu'on y fait au moins ?
- On s'occupe des catastrophes causées par la magie.
- Tu te verrais devenir Oubliator, par exemple ?
Je n'avais pas pensé à ce point.
- Et réparer quotidiennement des conneries causées par des sorciers stupides ? Ou travailler à rédiger des excuses bâteaux pour les Moldus touchés par les accidents ?
- On dirait que tu n'as pas très envie que j'y travaille, je rétorque en croisant les bras. Je suis sûre que c'est un département plein de qualités.
- Non, je pense juste que ta patience minuscule n'y tiendra pas une semaine.
En dépit du fait qu'il ait tout à fait raison, je me contente d'un silence buté, et il m'agite le prospectus pour le département des créatures magiques sous le nez.
- Et ça, ça ne t'intéresse déjà plus ? Je connais quelqu'un qui pourrait t'aider à entrer au bureau de liaison des Gobelins.
En voyant mon absence totale d'enthousiasme face à cette information, Fenwick soupire, et repose le papier pour me fixer droit dans les yeux. Je me tends aussitôt, prête à l'intrusion mentale qui va suivre.
- Tu te débrouilles bien en Soin aux créatures magiques, Bangie, et tu as des notes tout à fait honorables en Histoire de la magie. Quant à tes capacités en sortilèges, elles ne sont peut-être pas excellentes, mais elles sont en hausse, et si tu persistes tu auras les Aspics qu'il te faut. Renseigne-toi sur les métiers de ce département, je pense que tu y aurais ta place. En plus, ça te permettrait un salaire et une situation plutôt sympas.
Je hoche la tête, et glisse le papier en question dans mon sac.
- Merci pour ton aide, je déclare sobrement en me relevant.
- Tu pars déjà ?
Je m'immobilise, et lui adresse un regard méfiant.
- La vue est plutôt jolie, explique Fenwick en reportant son attention sur le parc. Mais je ne veux te forcer à rien.
Je me rassois lentement, et nous observons le ciel en silence pendant de longues minutes. De temps en temps, un hibou passe, et quelques grenouilles croassent, provenant du Lac qui se trouve face à la tour. La température fraîchit, mais il règne dans l'air une douceur caractéristique des soirs d'été. Fenwick ne fait aucun bruit, à tel point que j'en oublie sa présence pour me laisser absorber par la contemplation des étoiles.
- Et toi, je demande sans réfléchir, que veux-tu faire l'an prochain ?
- Médicomagie.
Je me redresse légèrement, étonnée. Je l'aurais plutôt imaginé Auror, avec Potter et Black.
- Tu t'embarques dans de longues années d'études, alors ?
- Ouaip. Mais ne t'en fais pas, je trouverai bien du temps pour prendre de tes nouvelles !
Il m'adresse un clin d'œil qui passe presque inaperçu dans le noir, et je lève les yeux au ciel.
- Je vais passer voir si Helmuta est toujours vivante, déclare-t-il soudain en se relevant, et me tendant la main.
Je l'observe un instant avec méfiance, et saisit sa main. Il me redresse avec tant de vigueur que je manque de lui rentrer dedans, et corrige au dernier moment la trajectoire destinée à me faire finir dans ses bras pour lui écraser le pied.
- T'abuses Bangie, geint Fenwick en se dirigeant vers les escaliers en boitant exagérément.
- Et toi donc. Tu as le mot de passe des Serdaigles ?
- Pas besoin de mot de passe, tu entres avec une énigme. Tu n'étais pas au courant ? Tu es toujours fourrée chez les Poufsouffles.
- Tout comme Brodbeck est toujours fourrée chez … Eh mais attend c'est toi qui lui files nos mots de passe ?
- Quoi ? Mais non !
- Tu mens mal, Fenwick, très mal. La prochaine fois que MacGo m'accuse, je te dénonce.
Pas traumatisé pour un sou, il saute les quatre dernières marches d'un coup, et se tourne vers moi avec un grand sourire.
- Bonne nuit Bangie. Réfléchis bien à ce qu'on a vu ce soir.
J'acquiesce, et reprends le chemin vers la tour des Gryffondors d'un pas rapide. A cette heure, les couloirs sont faiblement éclairés voir plongés dans l'obscurité, et à tout moment je peux tomber nez à nez avec Rusard ou cette folle dingue de Dolioro, tous deux à la recherche de victime pour assouvir leurs pulsions sociopathes. Rien qu'à la pensée de ces deux malades, j'accélère le pas, tout en rasant les murs. Un craquement me fait sursauter, et je manque de rentrer dans le mur.
- Joffrey ! je murmure en apercevant les yeux mauvais de mon chat luire dans l'obscurité. Tu rentres avec moi ?
Il m'emboîte le pas, et bien qu'il soit aussi dangereux qu'une limace, je me sens davantage rassurée.
[…]
- Jab ?
Je relève ma tête de mon traditionnel porridge du matin, hagarde, et repère Marlene en face qui agite sa cuiller pour capter mon attention.
- Je te demandais si tu comptais te rendre à la dernière soirée de Slughorn avant les Aspics.
- Hein ?
D'ordinaire les soirées de notre professeur de potion ont lieu lors d'évènements bien précis, tels que le nouvel an, ou la nomination d'un ancien élève à la tête d'un Ministère ou que sais-je. Mais là ? A quelques mois des Aspics ? Très étrange.
- Je ne suis pas invitée, je reprends finalement en enfonçant ma cuiller dans le porridge.
- Si, tu as reçu une enveloppe.
- Excuse-moi, mais si je recevais du courrier je le saurais, je rétorque d'un ton acide.
- Et ça c'est quoi ?
Marly secoue une enveloppe atterrie sans même que je ne m'en aperçoive dans mon assiette de toasts, identique à celle qui se trouve à côté de son verre. En tournant la tête, je note que Potter, Black et Evans ont les mêmes devant eux, et je devine que la plupart des Serpentards les ont reçus également.
- C'est la première fois que je suis invitée, je remarque à haute voix.
- Oui, c'est vrai, réponds distraitement Marlene. Je crois que ce ne sera pas un dîner mais une vraie soirée, avec invités extérieurs et orchestre. Tu comptes inviter qui, comme cavalier ?
- … Personne ?
- Tu n'as pas le choix, ricane ma meilleure amie en remuant le carton d'invitation sous mon nez. Je pense inviter Diggory.
- Hein ? je m'étrangle, interloquée. Ce minable ?
- Je n'ai pas vraiment d'autres prétendants, contrairement à certaines.
Captant le sous-entendu, je fronce les sourcils.
- Pardon ? Je ne compte inviter personne, tu le sais au moins ? Je ne suis même pas sûre d'y aller.
- Tu n'as pas intérêt à me laisser seule, grince Marly, ses yeux se faisant menaçants.
- Marlene, Slughorn ne m'a invitée que parce qu'il a compris que ma mère s'appelait Lestrange. Je ne compte pas perdre mon temps à me montrer en robe de soirée au bras de je ne sais quel abruti chez ce gros hypocrite.
Pas convaincue pour un sou, Marlene conserve sa moue boudeuse, et tous mes arguments sur le chemin vers le cours de potion ne suffisent pas à la dérider.
- Au pire on y va ensemble ? je lance en désespoir de cause en marchant à pas le plus lent possible pour éviter mon retour à la paillasse que je partage avec Rosier.
- Un peu, oui, qu'on va y aller ensemble, rétorque Marlene.
- Non mais, je veux dire, comme cavalières.
Elle se tourne vers moi, les yeux exorbités, et Augustus qui marchait derrière nous aussi peu réveillé que moi manque de lui rentrer dedans.
- Sérieusement ?
- Oui, je réponds en commençant à regretter mon idée.
- C'est génial ! On fait ça. Je te préviens, je vais jouer le jeu jusqu'au bout !
Je ne sais pas ce qu'elle entend par là, mais je sens que cette soirée ne va pas être une partie de plaisir. Marlene et moi nous séparons, et elle rejoint Woodhouse à l'autre bout de la salle, tandis que je me dirige vers Rosier en traînant des pieds. Il m'ignore superbement, et je passe la séance à rêvasser tandis qu'il gère la potion seul, ce qui me convient tout à fait. A la fin des deux heures, Slughorn vient m'avertir qu'il a remarqué que je n'avais rien fait et que ma note sera sans doute bien inférieure à celle de Rosier, et je hoche mollement la tête.
Pour ce que j'en ai à faire.
[…]
- Vous attendez vos cavaliers ?
Marlene et moi relevons nos yeux de ma robe qu'elle s'évertue à vouloir raccourcir pour croiser le regard perplexe de Black. Il est en train d'ajuster ses boutons de manchette du haut des escaliers qui mènent au hall, et à ses côtés, Lancaster nous adresse un regard suspicieux.
- Absolument pas, répond Marlene en donnant un coup sec sur sa baguette pour la tirer de mes mains.
Derrière Black, Potter hausse un sourcil circonspect.
- Ne me dites pas que vous y allez toutes les deux ? Il y a des limites à la tolérance du vieux Slugh. Il va vous faire mettre dehors.
- Mêle-toi un peu de tes affaires, je rétorque en me redressant.
- Qu'une vieille chouette comme Bangwalder ne trouve pas de cavalier je peux le comprendre, mais toi MacKinnon ?
Marlene fusille Black du regard, et attrape mon bras pour m'entraîner vers les cachots. Des bruits de pas nous informent que nos camarades nous ont suivies, et à l'approche du repère des Serpentards, nous ralentissons pour reconstituer un groupe. La musique perce faiblement dans le silence des couloirs, et je sens mon ventre se nouer.
- Ne stresse pas, chuchote Marlene en réajustant sa coiffure. On va bien s'amuser, tu vas voir, ça va passer vite.
Bien que j'ai du mal à y croire, je hoche la tête et nous entrons dans l'antre de Slughorn sans enthousiasme. Black, Lancaster, Potter et Evans nous quittent aussitôt pour se mêler aux invités, tandis que je reste figée face aux inconnus qui nous font face. J'ai soudainement envie de me carapater jusque dans mon lit, et de ne plus en sortir jusqu'au matin.
Malheureusement, notre inertie doit se faire remarquer, puisque Slughorn nous rejoint quelques instants après notre arrivée.
- Miss Bangwalder ! Je vois que vous avez fait l'honneur de de votre présence ! Comment se porte votre mère ?
J'adresse un sourire plein de dents à Slughorn, et raffermit ma prise sur le bras de Marlene.
- Très bien, je vous remercie. Et la vôtre ?
Il fronce les sourcils un instant, déstabilisé, avant de répondre :
- Eh bien, comme un charme même si elle n'est plus toute jeune. Enfin, je ne devrais pas parler d'elle ainsi, si elle m'entendait elle me jetterait un sort !
La petite assemblée qui l'entoure éclate de rire, et Slughorn se tourne vers Marlene avec le même intérêt factice que pour moi.
- Et vous, Miss MacKinnon ? Toujours aussi excellente en Botanique ? Cette enfant est un prodige, déclare-t-il à son assistance.
- Oh vraiment ? demande un sorcier en s'avançant d'un pas. Je travaille justement à …
Marlene l'écoute avec intérêt, et sentant sa prise sur mon bras s'alléger, je m'écarte et me fond dans la foule jusqu'à retrouver Io, qui écoute un groupe non loin d'elle en sirotant sa flûte de champagne avec nonchalance. Elle me salue d'un regard, et désigne le groupe du menton. Ce sont des sorciers d'âge mûr, qui discutent avec animation, mais sans élever la voix, de Voldemort. Malheureusement, mon arrivée ne passe pas inaperçue et ils s'éloignent, en changeant de sujet.
- Désolée, je murmure à Io en raflant deux coupes à un serveur qui passait. Eh mais !
J'attrape le serveur par le bras, manquant de le faire renverser son plateau, et laisse échapper un éclat de rire moqueur.
- Mais Brodbeck, si tu voulais que je te fasse entrer t'avais qu'à demander !
- Tiens, Bangwalder, grommelle Brodbeck en ajustant son nœud papillon d'une main. Je ne suis pas là par plaisir, figure-toi, mais pour mes travaux d'intérêt général.
Je laisse échapper un nouveau ricanement face à son pantalon de serveur trop ajusté et sa mine renfrognée, et jette un coup d'œil à Io. Celle-ci n'a même pas souri, désormais concentrée sur une silhouette dans la foule. Il s'agit évidemment de celle, haute et maigre, d'Augustus qui sourit de son habituel sourire de goupil – exactement le même que celui de Io – aux plaisanteries d'une jeune femme, qui possède sûrement un poste bien placé au Ministère.
- Département des mystères, m'indique Io à mi-voix tandis que Brodbeck s'éloigne. Elle a vingt-cinq ans et sûrement les moyens de lui pourvoir un poste intéressant.
- Tu es jalouse ?
Elle hausse les épaules, et mes yeux se posent sur Lancaster et Fenwick qui dansent en riant sur la piste. Ce dernier croise mon regard, et m'adresse un clin d'œil.
- J'en connais qui va courir ici une fois la musique finie, commente Io.
Elle aussi m'adresse un clin d'œil, avant de se perdre dans la foule. Ses propos se vérifient effectivement dès la fin du rock qui était joué, et j'accepte la main tendue de Fenwick avec un demi-sourire gêné. Ce dernier se révèle bon danseur, et je me laisse légèrement aller, tandis que ses passes se font de plus en plus audacieuses, mes petits talons quittant le sol plusieurs fois. Il finit en me faisant tourner sur moi-même jusqu'à me réceptionner sur son torse, et au lieu de m'en offusquer, j'accepte la seconde danse qu'il me propose. Il s'agit cette fois d'un boogie woogie, et je bénis mon père de m'avoir appris cette danse un peu ringarde mais plutôt amusante.
- Je ne savais pas que Slughorn aimait les danses Moldues, je lâche entre deux passes.
- Tu as trop de préjugés sur les gens, Bangie.
Lancaster a retrouvé Black, et ils virevoltent à nos côtés en échangeant des paroles peu amènes. Marlene discute sur le côté avec un vieux sorcier que je ne connais pas, et je finis par cesser de surveiller ce qu'il se passe autour de moi pour me concentrer sur mon cavalier. Comme je ne sais pas vraiment quoi dire, je garde le silence, et laisse le mouvement de la danse ralentir jusqu'à devenir une sorte de valse sorcière, adaptée au rythme de la nouvelle musique jouée par l'orchestre.
- Trois danses ! Si on me l'avait dit, je ne l'aurais pas cru, ricane Fenwick en me rapprochant légèrement de lui.
- Ne t'emballe pas trop non plus. Tu n'es même pas mon cavalier officiel.
- Une prochaine fois, peut-être ?
- Peut-être.
Il hausse les sourcils, exagérément surpris, et je laisse échapper un sourire, avant de me détacher de lui tandis que la musique change de nouveau.
Marlene venant de se faire inviter, je me retranche avec un verre dans un coin de la pièce, et j'observe les mouvements de la salle en me détendant légèrement. Je ne peux pas dire que j'apprécie ce genre de mondanités, mais je dois reconnaitre que depuis mon retrait, la valse des cavaliers richement vêtus auxquels se mêlent les serveurs impeccables, orchestrés par la musique et les évolutions de la foule, a quelque chose d'apaisant.
- Il paraît que tu danses, Bangwalder ?
Je sursaute, et jette un regard noir à Rosier qui vient de se matérialiser sans crier gare à ma droite.
- Non. Entorse à la cheville. Je souffre beaucoup.
Sa baguette apparaît dans sa main, sans bruit, et il incline légèrement la tête vers moi.
- Ça tombe bien, je connais d'excellents sortilèges de guérison.
Il me fixe sans sourciller, la baguette pointée vers ma cheville, et je sens le malaise réinvestir mon corps à toute vitesse.
- Je devrais pouvoir faire un effort, je lâche en écartant sa baguette de ma direction.
- Merveilleux.
Le regard de mes camarades sur la piste se fait ouvertement suspicieux à notre approche, et j'évolue désormais avec la raideur d'un morceau de bois. Fenwick, qui discute avec Meadowes, hausse les sourcils en croisant mon regard, et je lui adresse un rictus gêné.
- Concentre-toi, siffle soudain Rosier avec agacement.
Il faut dire que ça fait deux fois que je lui écrase le pied.
- Tu ne mènes pas du tout, je réponds sèchement. C'est le rôle du cavalier, non ?
Il m'adresse un regard mauvais, mais consent à s'impliquer de façon un peu plus marquée dans la danse. Je garde mes yeux rivés par-dessus son épaule, en espérant de toutes mes forces ne pas croiser le regard glacé de Cheleb quelque part dans la salle, et il me semble que le temps ralentit atrocement, chaque mouvement se détachant l'un de l'autre pour se graver dans les esprits.
- Est-ce que tu lis le journal, Bangwalder ?
Je reporte mon attention sur Rosier.
- Oui, comme tout le monde.
J'attends la suite avec méfiance. Le marché basé sur la menace n'est jamais loin, avec ces énergumènes.
- Régulièrement ?
- Quand les titres m'intéressent, je rétorque d'un ton sec.
Par exemple, « Surprenante remise de peine pour Alistair Rosier », je trouve que c'est assez intéressant. Surtout quand c'est suivi peu de temps après par « Mise à sac des locaux de la Gazette ».
- Donc la bête des Highlands, ça te dit quelque chose ?
- Oui.
Il lève nos mains liées, et je tourne sur moi-même sans enthousiasme avant de me rétablir face à lui, perplexe.
- Tu n'es pas un peu curieuse de savoir ce qu'elle est ?
Je lui adresse un regard incrédule, et il évite de justesse mon pied droit.
- Euh, non, pas particulièrement.
Un sourire narquois apparaît sur son visage, et je cligne des yeux, déstabilisée. Ce genre d'expression, purement Serpentarde, ne peut qu'annoncer un piège qui se referme.
- Peut-être que tu devrais t'y intéresser.
Imaginez la clarté et la simplicité de mon existence si Rosier s'exprimait explicitement.
- Qu'est-ce que tu veux dire ? je rétorque avec agacement.
- Tu n'es pas très maligne, mais tu ne vis pas dans une grotte. Tu dois savoir qu'il y a des gens au-dessus de nous pour qui ce genre d'animal représente un intérêt stratégique, non ?
Non, je n'y avais pas pensé. C'est juste un gros truc noir qui se balade en Ecosse, pas une bombe nucléaire.
- Ouais.
- Donc n'importe qui ayant un lien avec cette bête est importante pour eux, tu me suis ?
- Ouais.
Il me regarde fixement, attendant une réaction de ma part qui ne vient pas. Je me contente de le fixer en retour, sourcils haussés, et quelque chose qui pourrait s'apparenter à du dépit apparaît sur son visage.
- Tu es encore plus stupide que ce que je pensais, lâche-t-il avec un mélange de surprise et d'agacement, et malgré moi, un éclat de rire m'échappe.
On dirait que mes compétences théâtrales s'améliorent.
- J'ai compris ce que tu sous-entends, rassure-toi. Mais arrête un peu de faire une fixette sur moi et ma famille, ça devient embarrassant.
Son regard se fait dédaigneux, mais je poursuis :
- Nous n'avons rien à voir avec le dragon mutant, et tu devrais aller faire tes enquêtes auprès de quelqu'un d'autre. Je ne sais rien à ce sujet, et même si tu me fouillais le crâne tu n'apprendrais rien.
- Comme si je t'avais attendue pour le faire.
Je me fige, la bouche ouverte prête à vomir un flot d'insanités, et il me lâche pour me faire face.
- C'est étonnant que tu ne l'aies pas remarqué. On dit pourtant que même les Moldus peuvent le sentir.
- Tu es un grand malade.
- Et toi, une pauvre imbécile. Toute ta famille complote sur ton dos, et tu n'es même pas capable de te poser des questions. Je t'ai toujours trouvée irritante, mais plus j'en apprends, plus je vois à quel point tu es pitoyable.
Son masque d'impassibilité s'est fissuré, et ses paroles se fichent directement dans mon ego. Ses yeux brillent de méchanceté, et il me semble que mes jambes sont devenues des chapes de plomb, incapables de bouger.
- Tout ça parce que je ne passe pas mes nuits à réfléchir à l'intérêt géostratégique d'un dragon ? C'est peut-être toi, qui a un problème.
- Parce qu'avec tout ce que je te dis, tu n'as toujours pas compris que cette bête n'était pas un dragon ?
- Et quand bien même ? J'en ai rien à foutre de tes histoires. Va trouver quelqu'un d'autre à emmerder.
Il secoue la tête, l'air de ne pas y croire, et du coin de l'œil, j'aperçois Potter et Marlene se rapprocher. Suivant mon regard, il s'éloigne d'un pas, et lâche, la voix redevenue atone :
- Je reviendrai.
- Nous sommes dans la même école, je rétorque avec acidité. Bien sûr que tu reviendras.
Il ne répond pas, et s'éloigne, contournant les invités jusqu'à se soustraire à ma vue.
... Bon. On rentre dans le vif du sujet de l'intrigue, donc autant vous dire que j'attends vos retours avec beaucoup d'impatience. J'ai récemment écouté une interview d'Alexandre Astier dans laquelle il disait qu'une intrigue ne devait pas se dévoiler par les dialogues : je ne peux pas vraiment dire que j'applique ce précepte, mais j'ai essayé de le garder à l'esprit en écrivant ce chapitre, et je suis désolée si les choses paraissent encore moins claires.
Comme je le disais en haut, j'ai rectifié la direction de la fic, et je suis plutôt contente du résultat. J'ai publié récemment une autre petite fic UA, les molosses, et j'ai eu du mal à me remettre ensuite dans le bain du pays des merveilles, d'où le délai de publication. J'espère que ce chapitre vous aura quand même plu !
Sinon merci encore à mes revieweuses de choc, Worz, feufollet, et Aselye, dont les retours détaillés me remplissent toujours de joie haha !
Portez-vous bien, prenez soin de vous, et bel été à vous :)
