Hello ! Me revoici avec la suite, corrigée avec en fond une petite playlist de jazz des années quarante, que je ne peux que vous conseiller. Bonne lecture !
Evan tire sur le nœud de sa cravate avec fébrilité. Il se sent étouffer, il a l'impression qu'il va partir d'une minute à l'autre, et les silhouettes colorées se floutent et dansent comme des feux follets devant ses yeux fiévreux. Il n'a pourtant pas bu grand-chose, à peine deux coupes de Champagne, et rien fumé.
Le mariage de sa sœur aînée, Maline Rosier, promet d'être grandiose. Il y a près de deux cents invités, de Grande-Bretagne et d'ailleurs, et le manoir Rosier paraît plus luxueux que jamais avec tous ces sorciers vêtus de robes coûteuses et variées qui déambulent en attendant la cérémonie. Pour un peu, et on se croirait au siècle précédent, lorsque les Sangs-Purs tenaient encore les rênes de la société et que leur or éclaboussait indécemment la Grande-Bretagne. Mais tous les sorciers présents savent que les Rosier sont à genoux, étranglés par leurs dettes, et qu'eux même ne tarderont pas à suivre cette déchéance, annoncée par les retournements des familles Weasley, Prewett et Abott, dont les opinions progressistes défraient la chronique. Le mariage de Maline n'est qu'une manière de retarder l'effondrement de la famille, tout riche que soit son promis. Cet abruti se pavane justement aux côtés de son père, le vieux Nott, et Evan sent son propre mépris rayonner dans tout le parc. Il déteste les Nott, avec leur air de chiens faméliques, leur empressement plein de soumission auprès du Maître, leur maîtrise trop importante de la Magie noire. Il s'en méfie, et de voir Théodore Nott, fils de Théodore Nott, avaler un membre de la famille Rosier avec cet air vainqueur lui donne des pulsions de violence qui lui brouille la vision.
Sa mère, Amaryllis Rosier, née Greengrass, sourit aux invités, rit aimablement aux plaisanteries, complimente les robes et les chapeaux, mais son regard est sinistre. Elle aime Maline comme la prunelle de ses yeux, bien plus qu'elle n'a jamais aimé Evan, et elle a conscience de vendre sa fille pour la survie de son nom. Arcius est là aussi, ses yeux de rapace surveillant la foule tout en distribuant des sourires aimables et en acceptant les félicitations hypocrites. Sa robe est splendide, luxueuse même, mais personne ne s'y trompe : il la portait déjà l'été dernier, au mariage de Lucius et Narcissa. Les invités ne sont venus que pour contempler sa défaite, et il leur a fourni une faiblesse. Si c'est volontaire, alors c'est pathétique, et si ça ne l'est pas, c'est pire encore.
La plupart des jeunes gens présents sont d'anciens camarades d'Evan. Il y a les frères Lestrange, tous deux très bruns et très malveillants. Il y a le trio des parvenus, Rogue le rat de bibliothèque, Dolohov et ses expériences tordues, et cette brute de Mulciber qui ressemble à un boucher en robe de soirée. Il y a le quatuor des plus puissants, Lucius Malfoy, Regulus Black, et ses cousines, les sœurs Black. Il y a aussi les parents Shafiq, qui portent le deuil de leur fils, tué de la main d'un Auror. Tous ces gens, Evan les regarde évoluer, parler avec distinction, boire du vin des Elfes et manger des petits fours, comme il les a regardés tuer, torturer, et se prosterner. Il aimerait les mépriser, s'élever au dessus d'eux sans remords, mais il sait que lui aussi a cette double facette, et que lui aussi, n'a pas d'emprise sur ses choix. Ils sont nés trop tard, dans une société qui se transforme sous leurs doigts et sont tenus de se sacrifier pour retrouver un passé qu'ils n'ont jamais connu. Ils sont une génération perdue. Cette pensée pourrait tuer Evan, et l'ambition le ronge sans jamais pouvoir sortir, empêchée par le carcan social et ses propres barrières mentales.
Un elfe vient le sortir de ses pensées, lui propose un verre d'alcool. Il le prend, et au même moment, un nouveau groupe d'invités, retardataires remarqués, entre sous la gigantesque pergola couverte de roses où se déroule la réception. Un demi sourire vient se frayer sur ses lèvres, facilité par l'alcool, et il se félicite que sa suggestion, prononcée l'air de rien à sa mère, ait porté ses fruits. La branche française des Lestrange a accepté leur invitation, et en voyant Jabberwocky entrer dans le parc, une sensation de satisfaction bienfaisante se répand dans tout son être.
Elle est plus élégante qu'il ne l'a jamais vue à Poudlard. Sa chevelure corbeau a été tressée depuis la base de sa tête, et la longue natte noire coule le long de son épaule gauche pour reposer sous sa poitrine, ornementée de fils d'argent. Ses yeux sombres paraissent agrandis par un maquillage expert dont Evan n'a aucune idée, et elle porte une longue robe d'un vert si sombre qu'il semble d'abord noir. La robe a des bretelles droites, et le bustier est coupé en une fente au milieu de sa poitrine, où coule une rivière en argent. Ses chevilles sont dévoilées, et elle porte une paire de petits talons, qui la font paraître plus grande qu'elle ne l'est déjà. Mais peu importe à Evan puisqu'elle est là, avec l'air de vouloir étrangler tous les invités, et qu'elle porte les couleurs de Serpentard. Le sentiment de victoire en lui évince les pensées morbides qui l'étouffaient quelques instants plus tôt, et il se délecte de la scène sans retenue.
- Elle est jolie.
La voix neutre de Cheleb le rappelle à la réalité, et il se tourne vers elle pour la contempler.
- Je ne te voyais pas arriver, répond-il d'un ton égal. Je me suis permis de commencer à boire.
Elle porte ce soir une robe blanche, dont la préciosité ne fait aucun doute malgré sa simplicité apparente : une coupe longue et droite, avec une fente du milieu de la cuisse jusqu'à sa cheville, et une paire d'escarpins immaculés. Ses cheveux pâles sont lâchés, et reposent sur ses épaules sans la moindre mèche de travers, et elle porte d'épaisses boucles d'oreilles en or, qui soulignent la délicatesse de son visage. Elle ressemble à une nymphe, et la plupart des convives semblent l'avoir remarqué, songe Evan en regardant Ornella Bulstrode se pencher sur son amie Rhéa Fawley, et murmurer à son oreille sans quitter Cheleb des yeux.
- Je ne pensais pas qu'Amaryllis inviterait les Lestrange, poursuit Cheleb, ignorant sa réponse. Je ne savais même pas qu'elle les connaissait.
Il reporte son attention sur le groupe. À côté de Jabberwocky se trouvent sa sœur, sa mère, et très probablement sa grand-mère. Toutes trois ont les mêmes traits droits et la même chevelure corbeau, mais la ressemblance s'arrête là avec Jelena, dont les yeux vert clair et l'air mutin dénotent avec le regard noir et dur de ses parentes. La grand-mère – Leta Lestrange, si ses souvenirs sont bons – ressemble même de façon troublante à Camélia Rosier, la mère d'Arcius, avec son air pincé et méprisant, et sa canne dans laquelle se trouve sans aucun doute sa baguette. Quant à Chimène Lestrange, elle est très probablement un aperçu fiable de l'adulte que sera Jabberwocky dans quelques années.
Amaryllis fend soudain la foule, un sourire faux vissé aux lèvres, et s'approche du quatuor, les bras tendus.
- Mes amies ! s'exclame-t-elle en français. Je suis si heureuse de voir que vous avez fait le déplacement ! Venez, je vais vous introduire.
Et les voici qui font le tour des groupes, et Evan se demande ce que peut bien faire Maline pour que la cérémonie tarde à ce point. Si le vieux Nott ne se trouvait pas en face de lui, il aurait pu espérer que le marié soit mort, mais il est bien là, ridicule et impatient dans son costume crème.
- Tu étais avec Maline ?
- Oui.
- Elle est prête ?
- Visiblement non.
- Père va être furieux.
Cheleb lui répond par un regard qui signifie qu'elle s'en moque bien, de ce que peut penser Arcius Rosier alors qu'il vient de marier sa fille à un vieux Mangemort qui en est à sa troisième épouse et qui est plus âgé que le Seigneur des Ténèbres même. Maline à bien le droit de pleurer un peu, et de profiter de ses derniers instants de liberté, lui assènent ses yeux froids.
Amaryllis a réussi sa mission à merveille, et les quatre Lestrange sont maintenant dispersées entre les groupes, discutant posément avec les invités, et Evan est surpris de découvrir qu'elles ne semblent pas si empruntées dans ce décor inconnu. Même Jabberwocky discute poliment, quoique très tendue – il peut le voir à la tension dans ses omoplates, et au mouvement circulaire, lent mais régulier, que décrit son talon droit dans la pelouse – avec le couple Shafiq. Ceux-ci, originaires des déserts d'Arabie, ont fait fortune dans l'élevage de dragons des sables, et leur implantation en Grande-Bretagne a beau dater de plusieurs siècles, ils conservent les traits hâlés et le regard sombre et singulier des hommes du désert. Ils contemplent Jabberwocky sans chaleur particulière, mais sans condescendance affichée non plus, et Evan comprend que comme tous les invités, ils jaugent le groupe introduit par Amaryllis.
La musique cesse soudain, et les groupes se tournent vers l'entrée de la pergola, tandis que des roses s'élèvent un son d'une douceur incomparable, et Maline fait son apparition.
Evan n'a jamais vu sa sœur si belle. Ses cheveux dorés sont remontés en un chignon délicat d'où s'échappent des mèches fines, et ses yeux bleus marines, les yeux des Greengrass, sont surlignés d'un trait noir qui accentue son regard de chat. Le haut de ses joues est rosé, et elle porte une longue robe blanche dont la traîne est tenue par les petites Fawley. La robe est composée d'une superposition complexe de dentelle, de satin et de tulle, et le rendu est d'une délicatesse incomparable. À son cou brille le collier, celui de leurs ancêtres, les créateurs de ces roses magiques : une fine chaîne d'or, à laquelle brille une rose d'une finesse remarquable, et derrière laquelle est gravée la devise des Rosier : Potestus eget spinas. Le pouvoir requiert des épines.
Le silence s'est fait, et les convives se sont assis, tandis que Nott remonte l'allée pour rejoindre sa promise, et Evan ressent un agacement profond à cet outrage à la tradition, même s'il n'aurait pas supporté de voir sa sœur rejoindre le vieux fossile comme si cela avait été de son choix. Il ne s'assoit pas, et Cheleb en fait de même, et ignorant les regards, il observe sans cligner des yeux le sacrifice de sa sœur. Il veut graver dans sa mémoire son expression neutre, son regard sans éclat, sa beauté ternie par son malheur, comme une rose fanée. Il veut aussi graver l'expression d'Arcius, qui a l'air de manquer d'air, à songer aux profits qu'apporteront les Nott pour ne pas vomir à la pensée de cet homme posant ses mains sales sur sa fille. Il ne veut surtout pas oublier non plus le visage d'Amaryllis, secoué d'un tic nerveux, parce qu'elle non plus ne pensait pas qu'en 1978 on faisait encore des mariages aussi répugnants, et surtout, que cela pouvait arriver à sa fille.
Il observe tout cela avec avidité, se forçant à décortiquer les moindres détails de la scène pour ne pas se concentrer sur la plaie béante en lui qui réclame son attention. Cheleb sent cela, parce que Cheleb sent tout, et elle glisse sa main sous son bras, et lorsque le vieux Nott ose embrasser Maline, son verre éclate dans sa main. Le bruit est couvert par les applaudissements, mais c'est trop tard, sa main saigne et Maline est vendue, avalée par les Nott.
[…]
- Bangwalder, déclare Evan avec amabilité.
La concernée se retourne, un regard mauvais tout prêt pour lui, et ne répond pas.
- Je ne m'attendais pas à te voir ici. Tu apprécies les lieux ?
- Splendide, rétorque-t-elle sèchement. À partir de quelle heure les invités sont-ils autorisés à partir ?
Il a envie de sourire, mais rien ne vient malgré les multiples coupes de Champagne qu'il a ingéré.
- Tu t'ennuies ? demande-t-il en haussant la voix, et quelques regards se tournent vers eux.
- Tu penses bien que non.
- Je peux te présenter quelques amis, si tu veux.
- Non, merci. Tu me connais, je suis un petit peu timide.
- Comme tu veux.
Il vide son verre, et adresse un signe du menton à Regulus et Dolohov, qui s'approchent à pas lents, comme s'ils ne répondaient pas à un ordre.
- Tu connais Regulus, il me semble ?
Elle le fusille du regard, salue les arrivants d'un signe de tête, et regarde autour d'elle, à la recherche d'une échappatoire.
- Mais tu n'as pas connu Antonin à Poudlard. Il a l'âge de Lucius Malfoy, tu te souviens ?
Il lui parle gentiment, lentement, comme à une arriérée, à moins que ce ne soit l'alcool. Elle est furieuse, ses yeux brillent de colère.
- Bien sûr que je me souviens. La bande à Malfoy, comment oublier ? C'est bien vous, qui rackettiez les premières années ?
Antonin ne relève pas, sourit avec une fausse indulgence, Evan l'imite. Seul Regulus demeure impassible.
- Antonin travaille au ministère, maintenant.
- Au bureau des Oubliators, précise Antonin de sa voix rauque.
Bangwalder se contente de hocher la tête. La voix de Dolohov l'a mise mal à l'aise, et Evan se sent une fois de plus triompher. Tout ce qui peut blesser cette teigne est bon à prendre.
Sous leurs robes à eux trois s'enroule la Marque, dansant sur leur bras gauche. Elle en a parfaitement conscience, il le sait, et il se demande comment en jouer. Il veut l'intimider, lui faire comprendre qu'elle n'est pas à sa place, que c'est eux qui mènent la danse. Mais avant qu'il n'ait pu reprendre la parole, c'est Regulus qui s'exprime.
- Je ne savais pas que ta mère avait été à Poudlard, Bangwalder. Quelle était sa maison ?
- Serpentard, répond-elle.
Une moue appréciatrice déforme un instant le masque de Regulus, avant qu'il ne redevienne impassible.
- Jelena aurait sans doute appartenu à cette maison, ajoute Rosier, et sa voix coule comme un miel onctueux dans la conversation.
Il la regarde blêmir, se demander pourquoi elle blêmit, se souvenir que c'est de sa faute à lui, et le fusiller du regard à nouveau. Il passe sa langue sur ses dents. Il est à l'aise.
- Que fais-tu après à la rentrée ? s'enquiert aimablement Antonin, qui réfléchit probablement à la meilleure façon de la mettre dans son lit.
Evan ne l'a jamais vu agir de façon désintéressée de sa vie, et il se doute que ce n'est pas devant le décolleté de Bangwalder qu'il va commencer.
- Je ne sais pas encore, répond-elle, méfiante – et à juste titre. Peut-être quelque chose en rapport avec les créatures magiques.
- Tiens donc. Les animaux te passionnent ?
Elle hausse les épaules, mal à l'aise, et c'est le moment que choisit Jelena pour s'immiscer dans leur petit groupe. Elle les salue tour à tour, sourire aux lèvres, glisse son bras sous celui de sa cadette, et fixe Evan sans aménité.
- Bonjour Evan. Regulus, Antonin.
Il se demande comment elle peut bien connaître Antonin, qui n'était déjà plus à Poudlard lorsqu'elle y est venue.
- Bonjour Jelena. Je suis ravi de voir que tu as pu venir.
Elle ne s'y trompe pas, elle a bien vu leurs regards sur sa petite sœur, elle sait pourquoi elles sont là.
- Moi de même. Maline est superbe, j'irais la féliciter une fois que ses proches l'auront fait. Jab, grand-mère nous attend.
Elles échangent un regard. Plus loin, Leta est en train de discuter avec Abraxas Malfoy, et ne semble pas les attendre le moins du monde. Ils font mine d'être dupes.
- Nous nous reverrons au dîner, répond Evan. Amusez-vous bien.
Un rictus déforme un instant la bouche de Jabberwocky, et elles s'éloignent. Au même moment, la présence d'Amaryllis glisse dans sa tête, et il quitte ses camarades pour se diriger vers elle avec automatisme.
Elle parle avec les Carrow d'une voix onctueuse, et lorsqu'Evan la rejoint, elle plante ses ongles dans son épaule pour l'attirer dans le groupe.
- Les Carrow voulaient te remercier d'avoir facilité le recrutement d'Alecto, sussure-t-elle, et il comprend qu'avant ces remerciements, elle n'en savait rien et n'apprécie pas ce fait.
- Je vous en prie, répond Evan. Le maître a toujours besoin de bons éléments, quels qu'ils soient.
Aussitôt, il regrette ces derniers mots. Il voulait souligner le fait qu'Alecto est la deuxième femme seulement à rejoindre le cercle, mais ses paroles peuvent être interprétées différemment. Heureusement, le couple ne réagit pas, se contentant de sourire béatement à Amaryllis.
- Vous devez être si fière, commence Callisto Carrow, du poste qu'occupe votre fils. Amycus n'en est qu'à l'exécution des besognes du maître, mais une promotion ne saurait tarder, n'est-ce pas ?
- Seul le maître sait quelle promotion il réserve à ses Mangemorts. Amycus vous le dira le moment venu.
Sa réponse sibylline plaît à Amaryllis, qui sourit.
- Transmettez nos félicitations à votre fille, murmure-t-elle.
- Vous de même, répondent les Carrow.
Le groupe se sépare, et Evan décide que c'est le bon moment pour rejoindre sa sœur, que le couple Fawley vient de quitter. Lorsqu'il pose la main sur son épaule nue, elle sursaute, et pose la main sur son cœur.
- Je ne te trouvais plus, siffle-t-elle aussitôt. Tu aurais pu m'aider à répondre à tous ces gens, avec ton art de la formule. J'ai dû prononcer au moins quatre cents fois le mot « merci ». Tu me diras, on ne me demandera plus d'être intelligente, désormais.
Maline a toujours été un moulin à parole, qu'Arcius avait le plus grand mal à faire taire. Chez les Serpentards, elle avait conservé une réputation d'oratrice hors pair, et elle était connue pour ne pas se laisser marcher sur les pieds. La voir à présent engoncée dans sa robe de mariée au bras de Nott doit faire la joie de ses ennemis.
- Tu es très belle, répond Evan avec sincérité.
- Toi aussi. Père est passé me faire un dernier débriefing de la bonne tenue que doit avoir une épouse. J'ai dû me retenir de ne pas le jeter dans la pièce montée.
Il sourit légèrement, et sa pression sur son épaule s'accentue.
- Tu viendras me voir, murmure-t-il. Au manoir, avec Cheleb. Nott crèvera avant toi.
Elle hoche la tête, les dents serrées.
- Je ferais tout pour, murmure-t-elle encore plus bas.
[...]
Maline mourut avant Nott.
Elle lui donna un enfant dans l'année 1980, puis fut atteinte d'une maladie étrange que personne ne connaissait, et décéda en quelques jours, trois mois après la naissance du petit Théodore Nott.
Evan n'en su rien. Il était déjà mort.
[…]
J'observe Rosier quitter sa sœur, et le voyant fouiller la foule des yeux, je tente de me fondre dans le pilier de bois sur lequel je me suis appuyée. Fort heureusement, une silhouette vient à ce moment me soustraire à sa vue, et je soupire de soulagement, avant de découvrir l'identité de mon sauveur.
- Bangwalder.
- Selwyn.
- Ta robe est très élégante.
Je souris poliment, coupant court aux amabilités fielleuses sur le point de s'engager.
- Je peux t'aider ?
Elle hausse un sourcil, et je mesure la stupidité de ma remarque. Elle est ici chez elle ou presque, tandis que je ne suis qu'une Sang-Impure mal fagotée, invitée pour Merlin sait quelle raison.
- Je venais simplement te demander comment se passait ta soirée.
- Formidablement bien, je réponds d'un ton aigre. Je rencontre des gens exquis, c'est un vrai plaisir.
Si la mère Malfoy croit que je ne l'ai pas entendue critiquer mes épaules pointues et ma taille « titanesque ».
- Tu m'en vois ravie, répond distraitement Cheleb. Ton père n'est pas venu ?
Je produis spontanément un bruit pas très élégant, entre le hoquet et le ricanement, et mon interlocutrice hausse un sourcil.
- Ne te moque pas de moi, je reprends à voix un peu plus basse. Je ne sais même pas ce que nous faisons là.
Ma mère discute désormais avec Walburga Black, tandis que Jelena et ma grand-mère se sont assises sur une des escarpolettes enchantées pour siroter leur champagne en murmurant à propos des invités. Leur comportement pourrait sembler déplacé si des dizaines d'autres convives ne faisaient pas exactement la même chose, l'excuse des rhumatismes en moins.
- Si tu veux tout savoir, répond tranquillement Cheleb en faisant tournoyer le vin des elfes dans sa flûte de cristal, c'est Evan qui a suggéré à Amaryllis de vous inviter, afin de montrer que la famille Rosier a encore des relations en France. Il y a aussi les Delacour là-bas. C'est une vieille famille de sorciers français, mais j'ai entendu dire qu'ils avaient une sainte horreur de la magie noire, donc ils ne seront pas des soutiens aussi intéressants que ta mère.
Je regarde le couple de Français debout à côté du buffet. Lui est assez banal, tandis qu'elle resplendit de beauté, ses cheveux argentés glissant jusqu'à ses reins en vagues enchanteresses. Bien qu'ils ne soient âgés que de vingt-cinq ans tout au plus, Mrs Delacour serre entre ses bras mince un bébé assoupi, aux cheveux de la même couleur que les siens.
- Une petite Fleur, m'informe aimablement Cheleb en suivant mon regard. Il semblerait qu'elle ait hérité du sang Vélane de sa mère.
- Qui te dit que ma mère s'intéresse à la magie noire ?
- Ton aïeule respire la Magie noire, et elle semble proche de sa fille. Simple déduction logique.
- Woodhouse aime Marlene, tu es amie avec Woodhouse, et pourtant tu n'aimes pas Marlene. Votre raisonnement me paraît un peu simple.
Elle ne se donne même pas la peine de répondre, les yeux fixés sur la mariée, qui reçoit cadeaux et félicitations avec des sourires fatigués. Elle ressemble à Rosier, avec ses cheveux dorés, sa peau hâlée, et ses traits anguleux. Seuls ses yeux bleus marines et son port de tête rappellent l'élégance de sa mère.
- Maline a trois ans de plus qu'Evan. Ils étaient très proches, plus jeunes.
Je fronce les sourcils. Ce n'est pas que je m'en moque, mais à la réflexion, je ne veux pas en savoir plus.
- Lorsque nous étions petits, poursuit-elle sans voir mon air effaré, elle lui apprenait en cachette à jouer au Quidditch. Je pense qu'il n'apprécie pas ce mariage.
Bien que le rapport entre ces propos m'échappe, je hoche poliment la tête.
- Tu te rappelles ce que je t'ai dit ? Sur le bateau, entre la France et l'Angleterre ?
Le fait qu'elle passe du coq à l'âne de cette manière semble indiquer qu'elle n'en est pas à son premier verre, mais je hoche à nouveau la tête pour ne pas la contrarier.
- Mon avertissement est plus valable que jamais, poursuit-elle sur le ton de la conversation. Toutes les stratégies sont bonnes pour arriver à ses fins. Méfie-toi.
Sur ces sages paroles, elle vide son verre, et se dirige tranquillement vers Narcissa Malfoy, me laissant seule. Malheureusement, sa présence ne me dissimulant plus à qui que ce soit, Rosier, que j'avais perdu de vue, en profite pour envahir mon espace vital.
Coriace, ce garçon.
- Tu es aussi collant que Fenwick à ses heures, je l'accueille froidement.
Bien que la comparaison ne soit pas flatteuse, il ne bronche pas, et me tend son bras dans un geste équivoque.
- J'aurais adoré, mais j'ai une terrible crampe dans la jambe, je réponds donc avec un air contrit sans doute fort peu convaincant (si vous avez suivi, vous vous souviendrez que je suis nulle en théâtre, et que ce handicap me poursuivra toute ma vie).
D'ailleurs ce handicap me dessert pas plus tard que maintenant, puisque Rosier déclare d'un ton mielleux très semblable à celui que prend Rogue lorsque mon chaudron éclate lors de ses cours de soutien :
- Tu devrais accepter. J'ai entendu Crabbe et Mulciber dirent qu'ils t'inviteraient bien, dès que Cheleb t'aurait quittée.
Je jette un coup d'œil aux concernés, qui nous fixent effectivement, blêmit, et prend le bras de Rosier.
- Ma crampe est passée, finalement, je marmonne.
La danse de rigueur semble être un genre de valse à quatre mouvements, imposée par l'orchestre, que j'ai du mal à comprendre. Autour de nous les couples évoluent gracieusement, tandis que je peine à me mouvoir normalement.
Par-dessus son épaule, j'aperçois nettement ma grand-mère mimer mon propre égorgement si je continue à faire le clown. Et ma mère approuver. Et ma sœur ricaner.
- Ta mère est très agréable.
- La tienne aussi.
Amaryllis Rosier est terrifiante, mais c'est délicat à dire dans une conversation mondaine avec un Mangemort.
- C'est à se demander comment elle a pu engendrer une telle souillon, poursuit ledit Mangemort sur le ton de la conversation en m'écrasant le pied.
C'était bien la peine me forcer à être polie.
- Je vois que les vacances ne t'ont pas rendu plus aimable, je grince en regardant les traces de sa semelle sur le bout de mon escarpin.
- Tu n'es pas vraiment concernée par le concept de la galanterie.
Charmant ce garçon.
Je souhaite bien du courage à Selwyn.
- Cela dit, poursuit-il en me faisant légèrement tourner sur moi-même, je remarque un effort vestimentaire. On te confond un peu moins avec Rusard.
Cette réplique aurait tellement pu sortir de la bouche de Potter que je ne trouve rien à répondre, trop stupéfaite pour parler.
- Je te demande pardon ? je finis par prononcer, en anticipant cette fois son mouvement pour éviter son pied. Tu t'es vu, peut-être, avec tes bretelles et tes chaussettes repassées ?
- Et toi, ricane-t-il, avec tes pulls tâchés et tes cheveux de harpie ? On dirait ma vieille elfe de maison, Ruby.
Alors premièrement. Pour avoir croisé la dénommée Ruby lors de la soirée, elle n'est pas la plus moche des elfes de maison. Je veux dire, toute personne ayant connu Mildred, l'elfe de ma grand-mère, adopterait Ruby les yeux fermés.
Mildred a été mon épouvantard jusqu'à mes quatorze ans, c'est pour vous dire.
En revanche, pour revenir au sujet principal, Ruby n'a pas de cheveux, donc la comparaison ne tient pas vraiment debout.
Et puis deuxièmement, mes pulls ne sont pas tâchés. En tout cas moins que ceux de Dolioro. Cette idiote est justement en train de se bâfrer au buffet sous le regard ulcéré de sa mère, la vieille Cassiopeia.
- Eh ! je réagis soudain. La musique a changé ! Ta fiancée va être jalouse. Et Leta m'appelle !
- Leta est à l'intérieur du Manoir.
Bien vu ça.
- Et Cheleb ne risque pas d'être jalouse de toi.
Sous-entendu : tu es trop moche pour être considérée comme un être humain femelle, je ne danse avec toi que pour te le rappeler.
Je lui enverrais bien mes talons sales dans les burnes, tiens, qu'on soit deux à être hermaphrodites.
- Tu te rappelles notre marché ?
Je me gèle sur place, et son pied vient écraser mon deuxième talon, faisant craquer ma cheville.
- Oula non. J'en ai beaucoup, moi, de marchés. D'ailleurs on a déjà traité ensemble ? Pas le souvenir. Et Merlin sait que ma mémoire est … AOUTCH !
- Maintenant, siffle Rosier qui ne ricane plus du tout, tu te tais et tu arrêtes ta comédie. Le délai de réflexion est écoulé, et à ce que je vois, tu n'as fait aucune recherche. Je pense que tu te souviens de la contrepartie de ton choix ?
Un peu mon neveu.
Je rentre dans les petits papiers de Voldemort !
Il secoue la tête avec mépris, visiblement consterné de la lueur de défi qui doit briller dans mes yeux. Il ne s'attendait probablement pas à un choix aussi Gryffondor de ma part.
- Tu es encore plus bête que je ne le pensais.
Oui je m'en fais souvent la réflexion.
Sauf que quelque chose me dit qu'il n'a aucune envie de partager sa découverte et ma gracieuse personne avec son maître, qu'il ne semble servir que par opportunisme. Et qu'il va donc essayer de me faire craquer, ce qui signifie un délai supplémentaire pour moi.
Je n'ai pas trouvé ça toute seule, c'est Evans qui me l'a soufflée, vous vous doutez bien.
Nous continuons à danser sans parler, tandis qu'il active ses méninges pour trouver le plus vite possible un nouveau moyen de pression, plus convaincant encore que ma famille. Malheureusement pour lui, l'alcool semble avoir eu raison de l'aire machiavélique de son cerveau, et il ne me dit rien jusqu'à ce que la musique s'arrête. Mais il ne me lâche pas pour autant, et je fronce les sourcils.
- Trois danses, ça fait quand même beaucoup, j'avance prudemment.
Il sort de ses pensées, et s'écarte comme si j'avais été une vieille méduse accrochée à son bras, avant de s'éloigner de la piste et de se fondre dans la foule. Je rejoins ma grand-mère à pas lents, et m'assois à ses côtés sur l'escarpolette.
- Mignon le cavalier de Jelena, commence-t-elle immédiatement en me désignant Dolohov. Mais pas autant que le tien, je dois dire.
Je ne réponds pas, et attrape un petit four à un elfe qui passait devant nous.
- Comment t'es-tu débrouillée pour le dégoter, avec tes airs d'ours mal léchés ?
- On est obligées de parler de ça, grand-mère ?
- Oui.
Je lève les yeux au ciel, et regarde autour de moi, à la recherche d'une serviette. Ce petit feuilleté aux œufs de Niffleurs était plus gras que ce que je ne pensais.
- C'est un Mangemort.
- J'ai cru comprendre. La vieille Amaryllis nous a expliqué à demi-mots ce que nous faisions là. Complétement désespérés, les Rosier.
- Bon bah voilà. Il essaie de se trouver des portes de sortie.
- Avec toi ? ricane ma grand-mère qui est, vous l'aurez compris, un modèle de délicatesse et un vrai boost pour l'égo.
- Faut croire.
Elle continue à ricaner toute seule, et décoche un coup de pied à un elfe qui passait par là.
- Une serviette pour ma petite-fille, ordonne-t-elle. Tu as des miettes au coin de la bouche, c'est répugnant, poursuit-elle à mon adresse.
Heureusement que je ne la vois que trois ou quatre fois par an. Je crois que je l'aurais étouffée avec un oreiller si j'avais dû vivre avec elle à l'année.
- Enfin bon, heureusement qu'il est fiancé. Il t'aurait sûrement demandé ta main, on aurait dû refuser de te marier à ces gueux, et ça aurait créé un incident diplomatique.
- Grand-mère, parle moins fort.
- Les Selwyn doivent être désespérés, eux aussi. Surtout vu le physique de leur gamine, ils auraient pu trouver mieux.
- Ils ont peut-être été fiancés enfants.
- La ruine, ma fille, ça s'étend sur des générations, pas sur dix ans.
Sur ces sages paroles, elle vide d'un trait son verre de vin, et celui se remplit magiquement à nouveau.
- Enfin bon. Chimène s'en est rendu compte, c'est bien. Elle a toujours été douée en affaires, pas comme son père d'ailleurs. Je me demande d'où elle tient ça.
Entendre ma grand-mère évoquer feu son époux est suffisamment rare pour que je tende l'oreille. Malheureusement, elle choisit d'ignorer mon regain d'intérêt, et embraye sur un autre sujet.
- Tiens d'ailleurs j'ai revu ton père il y a quelques mois, c'est fou ce qu'il a perdu comme cheveux, poursuit ma grand-mère qui a décidé de régler ses comptes avec la famille. Il a pris du ventre aussi. Il faut qu'il fasse un peu attention à lui. Tu me diras, il n'a jamais été sportif, mais ce n'est pas une raison pour se laisser aller comme ça. Ta mère mérite mieux, elle qui prend tant soin d'elle. Parfois un peu trop d'ailleurs, je lui ai toujours dit que ses chignons étaient trop stricts. On dirait votre professeure écossaise là, celle qui se transforme en chien.
- En chat.
- Oui voilà. Je peux vous aider jeune homme ?
Je blêmis en regardant Dolohov adresser un sourire plein de dents à ma grand-mère.
- Puis-je vous emprunter votre fille un moment ?
- Vous venez de danser avec sa sœur, rétorque Leta avec hauteur. Ce n'est pas vraiment une attitude correcte.
- Je souhaite simplement faire sa connaissance.
On dirait deux marchands qui commercent pour vendre leur vache.
La vache étant moi, vous l'aurez compris, je ne suis pas spécialement emballée.
- Je vous ai à l'œil, aboie ma grand-mère en me poussant vers lui. Et que je ne vous surprenne pas à la demander en mariage !
- Leta, je grince.
Je ne l'appelle par son prénom que lorsque je suis énervée ou qu'elle m'effraie, et la situation combine les deux.
Dolohov répond par un simple sourire, et je me retrouve à nouveau sur la piste, raide comme un piquet dans les bras d'un type qui a sûrement racketté mon goûter lorsque je sortais tout juste des jupes de ma mère. J'avoue ne pas être dans mon élément.
- Il paraît, commence-t-il d'entrée de jeu, que tu travailles avec Derviche.
Qu'est-ce qu'elle a encore été raconter cette folle ?
- Et donc ? je demande avec méfiance, tâchant de ne pas montrer que je l'apprends en même temps que lui.
- J'aurais besoin d'un service.
- De quel ordre ? Parce que je ne suis pas la plus compétente de nous deux.
- J'ai un objet que j'ai besoin de réparer, et elle m'a dit qu'elle pourrait s'en charger mais que c'était son associée – toi – qui ferait l'intermédiaire.
Tiens donc.
- Pourquoi tu ne t'adresses pas à Barjow et Beurk ?
- Parce qu'ils ne sont pas assez discrets, et que tout le monde transite par eux. Derviche n'a pas de lieu de travail officiel, et elle n'est pas connue pour la rénovation.
…
Ça ne fait qu'un mois que nous avons quitté Poudlard et elle se débrouille déjà pour monter son business. Cette fille m'épatera toujours.
- Donc tu es d'accord ? me demande Dolohov d'un ton insistant.
- Oui. Tu me passes ça quand ?
Je suppose que je toucherai un petit pourcentage. Ne jamais négliger ses finances en temps de guerre.
- Demain soir ?
Ah oui alors non.
- Pourquoi pas maintenant ?
- Tu es idiote ? Tu as vu le monde ?
- Justement, c'est plus compliqué de surveiller lorsqu'il y a de la foule.
- Pas ici, je te dis.
L'idée de devoir revoir ce type en dehors d'un cadre « officiel » ne me dit rien qui vaille mais je m'incline. J'obligerai Io à venir avec moi.
- Okay. Où et quand ?
- Demain soir, vingt-deux heures, à la Taverne du Sanglier.
Ah oui mais ça fait une trotte ça quand même.
Enfin je ne vais lui dire que je ne sais pas transplaner, ça risque de nuire à ma crédibilité d'intermédiaire.
- D'accord.
Il hoche la tête, puis me lâche au beau milieu de la musique avant de repartir.
- Le courant n'est pas passé, j'explique à Leta en revenant m'assoir près d'elle, coupant court à ses malédictions sur trois générations de la famille Dolohov.
[…]
- Tu ne te rends visiblement pas compte d'à quel point tu me POMPES l'air Derviche. J'en ai marre de tes combines à la con, je ne t'ai rien demandé tu le sais au moins ?
- A gauche.
- Je sais merci. Je connais encore Pré au Lard.
- Tu allais prendre à droite.
- ABSOLUMENT PAS.
Je la fusille du regard et elle lève les yeux au ciel.
- J'espère que je serais bien payée au moins.
- Ben voyons. Pour avoir dansé avec Dolohov et t'être accrochée à mon bras peut-être ? Tu auras un gallion pour la participation, pas plus.
Je vais l'étrangler.
- Tu te fous de moi ?
- Non. Et arrête de gueuler, on arrive dans la rue principale et tu vas nous faire remarquer.
Il va sérieusement falloir que vous arrêtiez de tous croire que je suis à votre disposition pour toutes vos magouilles. Surtout si c'est du bénévolat.
- Ecoute, murmure Io en m'attrapant le coude. Tu connais les Mangemorts. Et moi j'ai besoin d'eux pour mes affaires. Si tu veux travailler avec moi, à temps plein je veux dire, je te paye.
- Quelles affaires ? je demande avec méfiance.
- Je voudrais mettre en place un système de rachat, retouche, et revente en tous genres.
- Ça ne va jamais marcher. Il y a déjà Barjow et Beurk.
- Ce sont des antiquaires, tout le monde les connait, et surtout, ils sont spécialisés en magie noire. Moi, je suis spécialiste en tout, tu comprends ? Mes clients sont autant des membres de l'Ordre que des Mangemorts.
- Comment connais-tu l'Ordre ? Tu ne vas pas me dire que tu en fais partie, avec ces idées d'opportuniste.
- Dumbledore m'a proposée de les rejoindre. J'ai refusé. Je refuse d'appartenir à un camp.
Je secoue la tête, atterrée. Je ne comprendrais jamais ce qu'elle faisait à Poufsouffle.
- Bon, et toi ? murmure-t-elle, Dolohov relégué dans un coin de sa tête. Tu veux être mon associée ?
- Non. Tu vas me traiter comme ton elfe de maison.
- Puisque je te dis que tu seras payée. Et puis, sois réaliste. Tes résultats aux Aspics ont été particulièrement minables à ce qu'on m'a dit.
- J'ai eu une bonne note en soin aux Créatures magiques.
- Ce n'est pas suffisant pour entrer au Ministère, alors que chez moi, c'est suffisant pour que tu sois responsable de la branche « créatures magiques » de mon commerce.
- N'importe quoi.
- Réfléchis-y.
Nous nous engouffrons dans la Taverne, qui est aussi lugubre qu'à son habitude. Elle est remplie à moitié environ, et nous allons nous assoir à une table au fond de la salle, et Io commande un verre de Whisky pour elle, et une Bièraubeurre pour moi.
Je détaille rapidement la faune locale. Ce ne sont pas les ivrognes du bar PMU de Bourgogne, mais des sorciers plus ou moins louches, visiblement de passage. La plupart ont leur capuchon rabattu sur le visage, et l'endroit est plutôt calme, ce qui n'est pas pour nous arranger.
- Va jouer avec eux, m'ordonne soudain Io à voix basse en me désignant deux colosses qui boivent leur pinte en jetant des regards suspicieux autour d'eux.
- Pardon ?
- Dolohov va arriver. Il faut une diversion.
- Je …
La porte s'ouvre à ce moment et la silhouette de Dolohov se découpe en contrejour.
- Magne-toi !
Je me lève de mauvaise grâce, et vais m'asseoir aux côtés des deux géants, qui me regardent comme si j'étais une mouche venue baver dans leur pinte.
- Un président, ça vous dit ? je bredouille en brandissant un jeu de cartes qu'Io a glissé dans ma poche.
- Un quoi ?
- Vous allez voir, c'est facile.
- Qui a dit qu'on voulait jouer ?
- …
Personne, en effet.
Dolohov vient de s'assoir à côté d'Io, et me jette un regard suspicieux.
- On parie ? je demande d'une voix forte. Vingt gallions que je vous écrase à la première manche.
- Evidemment, puisqu'on ne sait pas jouer, grogne l'un des deux.
- Et la chance du débutant, vous en faites quoi ?
- Distribue et explique.
Haha la tête qu'ils vont faire quand ils vont voir que je n'ai pas vingt gallions !
[…]
- J'ai gagné vingt gallions !
- Tu as un œil au beurre noir.
- Oui, mais ce n'était pas cher payé. Vingt gallions !
Io m'adresse un regard blasé, son paquet sous le bras. Elle ne m'a pas laissée voir ce que c'était, et j'avoue que j'en suis très vexée.
Mais je suis sûre que Dolohov ne l'a pas payée vingt gallions, donc ça me redonne le sourire !
L'argent fait le bonheur, sachez-le.
- Tu peux me déposer à Gringott ?
- Il est bientôt minuit, Jab.
- Oui mais je ne me sens pas en sécurité avec cet argent sur moi. Les rues ne sont pas sûres.
- Et comment tu vas rentrer après ça ?
…
Je suppose que les bancs du chemin de traverse sont confortables.
- Allez, je te dépose chez toi.
- Non ! à Gringott je te dis.
- Tu as trop bu.
Peut-être, en effet.
- Je ne veux pas rentrer chez Leta, je grommelle en croisant les bras.
- Et ton père ?
- Non.
- Non ?
- Non.
- Bon, tu as gagné. Je te dépose à Gringott pour que tu te rendes bien compte que c'est fermé à cette heure-là, et je te dépose chez toi.
J'ai envie de me balader … Il est encore tôt …
Crac, nous apparaissons devant Gringott.
- Fermée, grince Io. On s'en va maintenant ?
Crac, la maison de Leta.
- Oh non, je grogne en tentant de faire demi-tour.
Malheureusement, je m'emberlificote les jambes en trébuchant contre mon propre pied, et me vautre dans l'herbe dans un tintement de pièces.
- Bonne nuit, soupire Io en transplanant.
[…]
Vous vous demandez sûrement comment se sont passés les Aspics ?
Eh bien comme vous avez pu vous en douter, ce fut désastreux.
J'ai obtenu Désolant dans toutes les matières qui nécessitaient une baguette. Ainsi qu'un Piètre en potion. Fort heureusement, j'ai obtenu un Acceptable en histoire de la magie et Effort Exceptionnel en soins aux créatures magiques, qui m'ont évitée le redoublement exceptionnel accordé aux plus gros cancres.
Ma mère m'a punie d'une semaine privée de sortie, qui m'a fait rater la fête des Maraudeurs chez Potter, à laquelle Marlene s'était débrouillée pour m'introduire.
Je suis sûre que je n'ai rien raté de toute façon, c'était sûrement nul.
J'ai manqué aussi la fête de Io, qui était apparemment la soirée de l'année, mais une fois encore, peu m'importe. Aucun regret. Je le vis bien. Ma semaine à l'appartement était très divertissante.
…
Même Joffrey avait l'air de se foutre de moi, mais passons.
Fenwick est passé à Edimbourg, soit disant pour se racheter des chaussettes magiques, et il en a profité pour me payer un café. Marlene est venue aussi, et j'ai même reçu une lettre d'Evans. Quant à Dumbledore, il m'a envoyé une lettre m'intimant de ne pas faire de folies, et de me concentrer sur le Jaseroque.
J'ai donc fait des recherches, sans avoir pu apprendre quoi que ce soit de plus que ce qu'Evans m'avait dit à son sujet. Je me suis même rendue à Oxford, sur les traces de Caroll, mais ce vieux pervers n'avait rien laissé derrière lui. Quant au concerné, il semblerait qu'il se terre toujours quelque part dans le Nord.
Tadam !
Merci à feufollet et Mamie Croupton pour leurs reviews, ça me fait super plaisir. J'espère que la suite vous aura plue !
Je reviens dès que possible avec la suite corrigée, prenez soin de vous et bon courage pour la fin de l'année !
