Écrit par HateWeasel
263. Les Enfants Sont Faibles.
- Sebastian ! appela le bleuté alors qu'il trotta jusqu'à l'homme en noir, finissant par s'arrêter devant lui. Que se passe-t-il ? Pourquoi vous êtes-vous arrêtés ?
Le majordome ne répondit pas, il se contenta de regarder Dafydd qui était assis au sol, un bout de papier écrasée dans sa main.
Le sorcier n'avait pas l'air dans son assiette. En fait, il avait vraiment mauvaise mine. Il était assis là, au beau milieu du sol, ne faisant que fixer ses mains d'un air absent, comme s'il était dans une sorte de transe. Il ne bougea pas. Dafydd ne donna aucunement l'impression d'avoir remarqué la présence des autres. Il semblait presque vide, comme s'il était piégé dans une espèce d'état végétatif. Sebastian reporta son regard sur le bleuté, et prit la parole.
- Il est comme ça depuis que nous avons trouvés cette feuille sur le chemin, expliqua le majordome d'un air inquiet.
Il se pencha afin de chuchoter à l'oreille du Phantomhive, de manière à ce que le sorcier ne puisse pas l'entendre.
- Ce sont ses parents, reprit Sebastian. Le Docteur Bigby et le meneur de Messiah les retiennent en otage. Ils menacent de les abattre si nous continuons à les poursuivre.
- Y a-t-il d'autres demandes ? demanda Ciel d'un ton tout aussi bas.
- Non, jeune maître.
- Très bien.
Le bleuté se tourna ensuite vers le loup-garou du groupe, et chuchota à son oreille :
- Amélie, peux-tu détecter des êtres humains en vie dans le bâtiment ?
La fille aux cheveux argentés hocha la tête en réponse. Elle leva le nez en l'air, et se mit à renifler tout en marchant dans diverses directions, passant de temps à autres à quatre pattes afin de renifler plus près du sol. Finalement, elle se releva et positionna ses mains près de ses oreilles afin de mieux filtrer le bruit autour d'eux. Elle ferma les yeux et retint son souffle, et écouta avec le plus d'attention possible en se concentrant sur le moindre son. Elle rouvrit soudainement ses yeux bleus. Elle se retourna de nouveau vers le bleuté.
- Quatre, dit-elle.
Elle pointa Dafydd du doigt.
- Le garçon en fait partie.
Elle pointa la direction d'où ils venaient.
- Heinrich aussi.
Elle pointa dans la direction où ils se dirigeaient.
- Deux autres que je ne connais pas.
- Bon travail, Amélie, dit Ciel en faisant quelques pas dans le couloir. Finissons-en.
- Non ! cria soudainement Dafydd en serrant les poings.
Son exclamation inattendue attira l'attention des autres. Ils se contentèrent de rester immobiles tout en l'observant.
- Non… Sinon, ils mourront… dit-il tristement, baissant de nouveau les yeux au sol.
Il cacha ses yeux avec sa main afin que personne ne puisse voir les larmes qui s'y formaient. La simple idée de perdre ses parents lui était insupportable, comme elle le serait pour n'importe quel enfant. Il les aimait tous les deux. Peut-être n'avait-il pas réalisé à quel point il les aimait jusqu'à maintenant, alors qu'on le menaçait de lui les prendre. Si le bleuté venait à désobéir aux ordres de leur ravisseurs, ceux qui les avaient attachés et bâillonnés pour les empêcher d'utiliser leur magie, ceux qui menaçaient à présent leurs vies, Dafydd n'aurait jamais l'occasion de leur dire ce qu'ils étaient pour lui. Il ne pourrait plus jamais leur parler, les rendre fiers, les voir être heureux, ou tout simplement les voir. Aucun enfants ne se rendaient compte que ses parents représentaient tout pour eux depuis leur naissance, parce qu'en s'ouvrant aux autres et en se faisant de nouveaux amis, ils oubliaient à quel point ils étaient aimés et soutenus ; ils vivaient insouciamment, jusqu'à ce qu'il soit trop tard.
Ciel eut un pincement au cœur en voyant Dafydd être ainsi peiné. Non pas parce qu'ils étaient amis, ni parce qu'il se souciait du garçon, mais parce qu'il pouvait compatir. Lorsqu'une personne perdait quelqu'un d'aussi important dans sa vie, même si cela arrivait de manière non conventionnelle, c'était un bouleversement. Lorsque le manoir Phantomhive a été brûlé, le précédent Comte et son épouse ayant été assassinés, Ciel s'était retrouvé tout seul. Il n'avait personne. Il n'avait rien. Il n'avait pas de foyer où rentrer, personne pour l'aider, pas de ressources pour l'aider à survivre. S'il n'avait pas été vendu en tant qu'esclave, il serait sans aucun doute mort de faim, ou d'hypothermie sous le rigoureux air froid de l'hiver.
Il n'y eut pas de « Joyeux Noël » cette année là. Il avait seulement survécu grâce à Sebastian. Sebastian était celui qui lui avait permis de s'échapper. Sebastian avait permis à Ciel de se relever. Sebastian avait fait de lui qui il était aujourd'hui. Après tout, Sebastian avait élevé le garçon. Le majordome était ce qui se rapprochait le plus d'un père pour lui.
Les démons changeaient d'apparence selon les besoins de leurs maîtres au moment où le pacte était passé, même inconsciemment. Sebastian était un majordome, et, contrairement aux autres domestiques, un majordome est intrinsèquement important pour le bien-être de son maître au niveau personnel. De ce fait, c'est au majordome ; et aucun autre serviteur, d'élever le maître des lieux si ce dernier est encore jeune, en le guidant vers le chemin qui le mènera à la réussite. C'est la forme que le démon qui porterait le nom de « Sebastian » avait pris, parce qu'il s'agissait de la forme dont Ciel avait besoin. Il avait besoin d'être guidé. Il avait besoin de soutien. Bien qu'il détestait l'admettre, il avait besoin d'une figure parental pour remplacer celles qu'il avait perdues, et si Sebastian devait un jour disparaître, le bleuté ne savait pas ce qu'il ferait.
Naturellement, il compatissait avec le sorcier pour cette raison, même s'il préférerait que ce soit autrement. Soupirant profondément, il s'accroupit à contrecœur devant le sorcier, son froncement de sourcil se détendant un instant. Quoique sa voix n'était pas vraiment réconfortante, il se fit comprendre.
- De quoi as-tu peur ? demanda-t-il et l'autre garçon le regarda d'un air confus. Nous continuons, et ils meurent, nous arrêtons, et ils meurent aussi, mais il existe une chance qu'ils survivent, si nous avançons quand même.
Il se releva et regarda Dafydd de haut.
- Allons donc, pourquoi es-tu encore assis là ? Comptes-tu les laisser mourir ?
- Je ne peux pas lire tes pensées… dit Dafydd d'une voix basse. Comment est-ce que je peux savoir si tu comptes vraiment les sauver ?
Il regarda le bleuté, sa voix commençant à craquer.
- Comment est-ce que je peux être sûr que tu ne vas pas juste les sacrifier pour ta mission ?
- Je ne t'ai pas encore menti, si ? demanda Ciel.
Il se retourna et se mit en marche, faisant signe aux autres de le suivre.
- Tu peux rester assis là à te morfondre, si tu veux. N'oublie juste pas que tu ne peux sauver personne ainsi.
Il regarda une dernière fois le sorcier par-dessus son épaule.
- Abandonner, voilà ce qui tue les gens. En restant assis là tu les tues.
Une fois ceci dit, les autres et lui se remirent en route, accélérant un peu le pas. Ils n'avaient pas beaucoup de temps. S'ils voulaient sauver Madame et Monsieur Blake, et détruire Messiah, ils devraient agir vite.
Alors, ils continuèrent à aller de l'avant, suivant le nez de la louve qui les guidaient à Mason, et aux profondeurs de l'usine ainsi qu'à toutes ses intersections. Bien qu'ils ne soient pas sûr de savoir où ils étaient, ils entendirent frapper sur du métal, et le vrombissement d'un mécanisme au loin marquant, sans aucun doute, la fin.
La Rubrique : Foire aux Questions
Question : « Sebastian, comment est-ce que tu manges tout en ayant un pacte 'éternel' avec Ciel ? » de Steisz
Réponse de Sebastian : « Passer un pacte n'est pas une obligation pour consommer une âme. C'est tout simplement plus adéquat. Je peux en passer de très faibles, si je le souhaite, mais mon pacte principal reste ma première priorité. »
Question : « J'ai une question pour William. Tu as dit avoir besoin de faire des recherches sur Audrey, est-ce que tu as trouvé quelque chose sur lui, et sur le fait qu'il ait du sang de Dieu de la Mort en lui ? » de Jman15008
Réponse de William : « Ce sont des informations strictement confidentielles qu'un civil comme vous n'a pas la permission d'avoir. Nous ne sommes pas des animaux. Nous avons des règles. »
