En formation serrée !
- Bien, j'espère que vous allez vous y mettre… C'est pas le tout de venir manger par ici… y'a des têtes que je reconnais… Faut aussi savoir comment ça se passe derrière… !
L'équipière qui parlait ainsi était affectée à la cuisine. Havoc, surprit par le regard de cette dernière, tenta de se trouver une excuse.
- Euh… en fait, je suis pas vraiment un habitué… Disons juste que j'ai eu un petit peu la main forcée…
- Je veux pas savoir. Si y'a des gens qui sont assez fous pour venir se gaver cinq fois par semaine dans ce type de resto, c'est pas mon problème…
- Mais… je… !
Breda lui glissa doucement un « Laisse tomber, gars, c'est pas le moment », tandis que Mustang souriait en coin.
La jeune femme balança négligemment une spatule a viande sur son support.
- Moi c'est Kessy. Ca fait sept ans que je taffe dans ce genre de boutique. Donc vous n'arriverez pas à me mater, malgré votre statut d'employés « spéciaux ». J'apprécie moyennement ce boulot, mais j'apprécie encore moins ceux qui croient pouvoir se la jouer parce qu'ils tiennent un rang.
Mustang se sentit particulièrement visé. Les relations entre les hommes de Mustang et l'équipe du restaurant commençaient sous les plus mauvais auspices…
- Vous allez être divisé en deux équipes, pour l'instant. Les femmes et le gosse (il fallu retenir Edward de ne pas lui sauter dessus), devant, à la caisse. Je vous laisse avec mon collègue – elle désigna le formateur. Vous trois, vous irez avec les miss.
Fuery, Bloch et Havoc se regardèrent.
- Quoi ? Vous ne pensiez pas qu'on peut être 50 en cuisine, et seulement 2 a courir comme des veaux devant les clients, non ?
Mustang sourit devant la comparaison. Cette petite avait du caractère. Il serait difficile de se la mettre dans la poche. Il appuya quand même du regard ses deux hommes et Denis, qui rejoignirent le Fullmetal, Maria et Riza.
- Ah, j'oubliais : le tutoiement est de rigueur dans le restaurant, nul n'échappe à la régle. Donc pas de « vous », ok ?
Il ne restait plus que Roy, Heymans Breda, Walter Farmann, Hughes et Armstrong.
- Bien. Vous cinq… Pas le temps d'apprendre vos noms de suite, j'ai pas une bonne mémoire des noms… On fera au plus simple.
Hughes et Mustang levèrent un sourcil. « Quelle étrange bonne femme… »
- Toi, là, Monsieur-tout-en-muscles-à-la-houpette… Tu vas te mettre aux friteuses. Tu t'occuperas de faire cuire les morceaux de viandes et de poulets panés.
- La Famille Armstrong est heureuse de se mettre au service des…
- Ouais, ouais, c'est bon, on s'en tape de ta famille, t'es pas là pour faire ton show… !
Armstrong fut stoppé net alors qu'il se préparait à exhiber sa musculature.
- Mais… je… ?
- Tu prends les viandes qui sont dans les sacs bleus, là dans le congèle qui est au dessus, tu en prends DOUZE maximum et tu les envoies là-dedans – elle désigna les panières - et en attendant que ça sonne, tu vérifies que t'as assez de viandes dans les tiroirs chauffants, et tu prépares les gobelets. C'est clair ? Y'a pas plus simple comme boulot.
Et avant qu'il puisse répondre :
- Bon, toi, le rouquin…
Breda sentit ses poils se hérisser le long de ses bras, et un frisson lui parcourir l'échine.
- Tu t'occupes de ramasser les viandes. Et de les poser sur le grill avant, ça va de soi. Les viandes sont là-dedans – elle ouvrit un petit frigo à côté du grill – tu mets le gant à viandes, tu les disposes dans cet ordre – elle passa le gant, et mima la disposition des viandes rondes sur la plaque à 215 C° - et tu rabats le clam avec ta main non gantée. C'est compris ? En attendant que ça finisse de cuire, tu ranges le gant et tu racles le carbone sur le grill d'à côté avec la raclette, et quand les viandes sont prêtes, tu utilises cette spatule pour les couper en petits morceaux et les ramasser dans l'ordre où tu les a posé précédemment. Et tu les mets dans les gobelets que ton petit… ton géant de copain aura préparé juste avant… Et c'est la même chose avec les tranches de bacon et les œufs.
Breda se demanda s'il pourrait se rappeler tout ça sans omettre un point.
- On met aussi des œufs dans les nouilles ?
- Bien sûr ! Tiens, regarde…
Kessy ouvrit un tiroir et en sortit un œuf plat et rond sous vide. A l'évidence, il était précuit : on pouvait apercevoir le jaune au milieu…
- Quand tu le poses sur la plaque et que tu rabaisses le clam (la partie chauffante située en haut, 180 C°), tu peux entendre son cri de désespoir…
Et c'était vrai. Elle ouvrit l'emballage, posa l'œuf circulaire sur le grill, baissa le clam, et tout le monde pu entendre comme un cri de douleur et de désespoir s'échapper de l'œuf…
- Bon, faut pas non plus vous apitoyer. Vous êtes pas là pour ça…
Et au bout de dix minutes, Kessy avait indiqué son poste à chacun. Roy était en garniture avec Maes : ils s'occupaient de remplir les gobelets avec les différents aliments composants les différentes sortes de nouilles. Et Farmann gérait les nouilles et leurs bouillons. Il avait devant lui plusieurs cuves de bouillons, aux goûts multiples (curry, pot-au-feu, soja…) et devait remplir de petites panières de nouilles. Quand les gobelets et leurs garnitures arrivaient devant lui, il devait mettre une poignée de nouilles dedans, à l'aide d'une louche.
- Arrange-toi pour qu'une panière fasse 12 gobelets, lui avait dit Kessy.
Et il s'acquittait miraculeusement de sa tâche.
En caisse, les filles et les garçons écoutaient attentivement le formateur, Romy. Le jeune homme était carrément l'opposé de sa collègue Kessy. Il avait une voix mielleuse et un caractère d'ange. Les deux lieutenantes étaient sous son charme, ce qui ne plu pas à Denis et Havoc, qui sentaient comme une certaine concurrence pour les clientes à venir…
- Bon alors c'est tout simple : ici vous avez les différentes recettes que nous proposons. Nous les vendons à l'unité, et aussi en menu. Pour les menus, il faut associé la touche « Menu » à celle de la recette demandée. Pour le menu, le client a le choix entre des frites ou une salade. La boisson est aussi au choix. Il y a des sodas, des eaux plates et gazeuses aussi, et des jus de fruits. Nous ne vendons pas d'alcool, ça se marie très mal avec les nouilles…
Riza et Maria acquiescèrent, le regard sévère. Havoc et Bloch n'étaient pas du même avis. Fuery, lui, s'en moquait un peu, il n'était pas un grand buveur. Un petit verre de rouge quand le repas le recommandait seulement. Quant à Ed, il était trop jeune pour boire.
Romy leur expliqua l'utilisation de la caisse, où l'on pouvait trouver les boissons et salades, et leur montra les friteuses.
- Ici c'est pour les frites. Alors une chose essentielle : si vous ne les plongez pas, elles n'iront pas le faire d'elles-mêmes, les petites chouttes…
Jean eut un sourire forcé. Alors il le prenait comme ça… Bon il allait pas se plaindre, il était pas à la cuisine à plonger des nouilles à longueur de journée… Pas comme une certaine hystérique qui aurait tout donné pour pouvoir travailler à ce poste… Le fait de repenser à Louna lui colla la chair de poule.
« T'inquiète pas, gars… Tu auras bien l'occasion de te trouver d'autres filles parmi les clientes de ce restaurant… Ca ne doit pas manquer, ici… »
- Vous avez des questions ? demanda Romy.
Havoc sauta sur l'occasion. Ca le démangeait depuis le départ. Ca lui brûlait même les lèvres de ne pas savoir.
- Je voulais savoir… C'est interdit de fumer, ici… On fait comment pour… ?
- Ah… Et bien, il y a des pauses. Il faut les respecter. Mais si les managers sont cool, on peut aussi aller s'en griller une petite avec eux, s'il n'y a pas trop de monde en salle…
Havoc était aux anges.
La journée s'acheva rapidement. Le restaurant ne rouvrirait ses portes que le lendemain midi, ils n'étaient venus que pour amorcer leur formation. Comme il n'y avait pas de clients, ils purent tous manger ce que les hommes avaient produit en test. L'ambiance était plutôt joyeuse, et il s'avéra que Kessy était une blagueuse en dehors des heures de travail. Elle s'entendait très bien avec Maes et Fuery, et s'excusa auprès d'Armstrong pour le vent qu'elle lui avait collé au sujet de sa famille.
- Je serai même heureuse de connaître tous ses hauts-faits.
- Tu vas au devant de graves ennuis, si tu lui dis ça, lui glissa doucement Hughes en se penchant vers elle.
Maria et Edward acquiescèrent gravement, l'air d'avoir beaucoup à raconter sur ce conseil. Kessy sentit comme une conspiration dans l'air entre ces trois-là et la montagne de muscle ambulante qui lui parlait présentement du jour de sa naissance…
Roy participait au festin, malgré la fatigue qui se lisait dans son regard. Il avait mal dormi la veille, angoissé de partager une telle corvée avec l'Alchimiste responsable de l'affaire. Mais au final, cela semblait plutôt simple.
Et ils ne seraient pas seuls.
Le lendemain, les employés habituels qui avaient « échappé » à l'attaque des deux alchimistes seraient sur le terrain. Ils pourront plus facilement les guider. Et ils en auront besoin… La vie d'employé de restauration rapide… Personne ne pouvait se douter de ce que cela cachait en réalité. Et ils allaient tous en faire l'unique expérience…
j'ai mis Walter, son nom dans l'anime est Wattau mais en japonais ça sonne comme Walter… Et pis comme ça personne n'est effrayé par des noms bizarres… (Sauf Heymans, mais bon, on dira que c'est allemand… lol)
