Travail d'équipe 2, le retour !

Ce jour-là, Edward était posté aux frites. Il avait la lourde tâche de préparer des sachets de frites en avance, car il y avait beaucoup de clients. Il les classait suivant les trois tailles, petit-moyen-grand, et les alignait sur la grille à cet effet, sous des lampes chauffantes. Il s'épongeait le front toutes les cinq minutes, quand Kessy vint lui apporter un verre d'eau.

- Tiens, rafraîchis-toi, c'est la fournaise ici, hein ?

- Oui, merci, ça fait du bien…

Il avala son verre d'une traite. L'eau froide le requinqua vivement. Mais plus que la chaleur des lampes, c'était surtout le métal de son bras qui lui donnait des maux de tête. Ses gants ne suffisaient pas à le protéger de la chaleur.

- Je peux aller me rafraîchir les mains, aussi ?

- Oui, pas de problèmes, mais fait vite. Je te remplace.

Kessy allait prendre la pelle pour continuer à amasser les frites dans les sachets, quand elle s'arrêta.

- Attends deux secondes…

- Oui, quoi ?

- C'est quoi ça ?

Elle désigna un sachet de frites, à moité rempli.

- Ben un sachet de frite moyen… Attends, tu dis que ça fait sept ans que tu bosses là, tu sais toujours pas à quoi ça ressemble ! Tu te fous de moi… !

La pelle à frites rencontra son nez. Kessy fulminait.

- Tu iras la nettoyer avant de revenir remplir tes frites, et ne compte plus sur moi pour t'apporter à boire, sale mioche…

- Ah ah ah…

Le sourire d'Edward se transforma en mauvais rictus, mais Roy leva la tête au-dessus de sa table à garniture, l'empêchant de riposter à l'insulte.

« Elle me le paiera… »

Client – Bonjour Mademoiselle.

Maria – Bonjour Monsieur.

Client – Je voudrais un menu "Nouilles de Luxe", avec la sauce safran…

Maria – Très bon choix… Que puis-je vous proposer en accompagnement ?

Client – Vous.

Maria – Pardon ?

Client – Vous. Vous me demander si j'ai besoin d'un accompagnement, et je vous demande votre compagnie…

Maria – Je suis désolée, mais ça ne sera pas possible, voyez-vous…

Client – Et pour quelle raison, je vous prie ?

Maria – Je suis déjà accompagnée...

Alex – Bonjour cher Monsieur, je me présente, Alex Louis Armstrong, je me permets de vous signaler que vous dérangez mon amie ici présente, la première femme qui a su conquérir le cœur (-envol de chemise-) qui se trouvait prisonnier de ses immenses muscles travaillés à la force de mon esprit, un esprit hérité des générations précédentes de la famille Armstrong, renommée…

Maria – Major… C'est bon… Il est parti… Je n'ai plus besoin de vous…

Alex – … sa qualité de vie qui a permis à sa descendance d'accomplir des miracles, tels que…

Maria – … Oh non… où est le bouton stop ?…

Le restaurant allait bientôt fermer. Il n'y avait plus de client et Roy hésitait à fermer plus tôt. Soudain, la porte du restaurant s'ouvrit. Un homme plutôt éméché entra, passa devant Alphonse et Kessy qui lavaient le sol sans un regard, et se dirigea directement à la caisse de Riza, à côté d'Edward.

- Un menu, et que ça saute ! Je crève la dalle, moi !

Riza garda toute sa contenance, comme à son habitude. Edward était impressionné par le sang-froid dont elle faisait montre. Dans un cas pareil, il y aurait déjà longtemps que son poing d'acier se serait écrasé contre le nez du soûlard.

- Avec ceci, que vous faudra-t-il d'autre ?

- De la bière !

- Désolée, mais nous n'en vendons pas, ici.

- Je m'en fous, trouves-moi z'en !

- Enfin… je vous dis qu'il n'y en a pas, je ne vais pas en fabriquer pour vous. Si vous voulez de l'alcool, trouvez-vous un bar…

- Didonc, la blondasse ! Tu me files c'que j'te demande ! De toute façon, le client est roi ici, alors démerdes-toi !

En salle, Kessy et Al ne supportèrent plus l'homme. Les yeux de la jeune femme lançaient des éclairs. Elle attrapa le petit seau qui contenait l'eau essorée de la serpillière, et s'approcha rapidement de lui. Alphonse n'eut pas le temps de réagir. Edward, qui avait repéré la formatrice, abandonna sa caisse, se retourna et frappa doucement dans ses mains.

Roy, attiré par les cris de l'homme, arrivait au comptoir juste à temps pour voir Ed poser ses mains sur le distributeur à boissons…

(Soûlard)- BON, LA GROGNASSE ? CA VIENT, OUI !

(Al)- KESSY !

(Roy)- EDWA… !

PSCHIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIT !

Un grand jet de soda gicla hors d'un tuyau d'arrivée, arrosant en pleine face le type. Riza fut un peu éclaboussée, mais beaucoup moins que le type de l'autre coté du comptoir.

- Aahh ! Je suis désolé ! fit Ed d'un air faussement innocent. Il y a une fuite dans le tuyau, mais je ne peux pas l'arrêter !

- Edward…

Riza lui souriait. Ed la regarda d'un air étonné, et lui rendit son sourire. Roy, consterné par le regard de son premier lieutenant, ravala sa réplique.

Derrière le client ivre, Kessy regardait Edward d'un air bizarre. Elle sembla comprendre qu'il venait de lui éviter des ennuis. Elle baissa les bras portant le seau d'eau sale qu'elle s'apprêtait à lui balancer, et se mit à rire. Alphonse, qui voulait l'arrêter, la rejoignit dans ses rires. Le type encore ivre se retourna soudainement, inondé de la tête aux pieds, et son regard lançait des éclairs.

- Et ça vous fait rire !

- Pourquoi ? Ca vous dérange ? fit Alphonse, qui ne rigolait plus.

Il frappa son poing dans sa main gauche, et se grandit en se tenant plus droit que d'habitude.

- Je peux vous aider à rire avec nous, si vous voulez…

L'homme, clignant des yeux, découvrit avec effroi une armure de deux mètres de haut, menaçante.

Il lança un regard de travers à Riza, observa Ed qui rebouchait le tuyau, et surprit les yeux noirs de Roy, qui avait enfilé son gant.

Puis sans un mot, le regard sombre et la rage dans l'estomac, il quitta le comptoir, et se dirigea vers la sortie, sans demander son reste.

Il n'osa même pas claquer la porte.