Écrit par HateWeasel

280. Qu'ouïs-je ?

- Eh, Ciel~ ! Tu ne vas pas vraiment appeler Sebastian, si~ ? demanda le blond tandis que Ciel l'emmenait par les poignets le long des couloirs déserts.

- Bien sûr que non, répondit le bleuté en accélérant le pas.

- Comme tu es vilain, Ciel~… sourit Alois, continuant à le suivre.

Ciel n'allait pas appeler le majordome. Il ne pouvait pas prendre le risque de laisser la menace s'humilier involontairement en draguant Sebastian ou de détruire l'image que son frère, qui viendrait sans doute aussi puisqu'il ne pouvait pas rester tout seul à la maison, avait de lui. Non, Ciel avait menti afin de dissuader les autres de les accompagner. Il devait éloigner Alois des gens. Il devait sauver leur réputation et celle d'Alois, et au-delà de ça, ne pas avoir à supporter voir Alois être trop proche de quelqu'un d'autre.

Il se pourrait que le bleuté soit considéré comme un peu « possessif », mais qui pourrait lui en vouloir ? Il s'agissait de la première personne depuis bien des années avec qui il partageait un lien émotionnel fort, la première personne pour qui il avait éprouvé des sentiments amoureux. Il allait de soi qu'il ferait tout son possible pour s'assurer que Alois reste sien, voilà tout.

Ils passèrent de carrelages en linoléum à des marches en béton, alors qu'ils montèrent de plus en plus haut dans le bâtiment. Ils montèrent deux étages avant de tomber sur des escaliers en métal au troisième, puis ils arrivèrent au dernier étage. Ils montèrent encore jusqu'à atteindre une porte en métal, un océan bleu juste au-dessus de leurs têtes se trouvant derrière. Ils se trouvaient sur le toit du bâtiment des langues.

Une fois la porte refermée, Ciel lâcha les poignets du blond et ce dernier passa ses bras autour de la taille du bleuté. Alois se blottit contre la nuque du garçon un instant avant qu'il soit à nouveau repoussé par lui. Ciel tendit la main.

- Ton téléphone, dit-il en faisant signe au blond de lui donner.

Alois fit la moue.

- Pourquoi est-ce que tu as besoin de ça ? demanda-t-il en marchant vers l'autre garçon. Je suis juste là.

- Ne pose pas de questions, dit le bleuté. Donne-le-moi, ou tu n'auras même pas l'ombre d'un baiser.

A contrecœur, le blond céda en sortant de sa poche le petit appareil qu'il mit dans la main du bleuté. Ensuite, Ciel alluma l'écran et se mit à faire défiler les contacts. Lorsqu'il trouva le nom de Dafydd, il lui envoya le message suivant :

« C'est Ciel. Nous serons sur le toit du bâtiment des langues

quand tu auras trouvé un moyen de remédier à cela.

Rejoins-nous lorsque tu auras terminé. »

Ainsi, il rendit l'appareil à Alois qui prit le téléphone d'une main pour le ranger à sa place, tout en attrapant le bras du bleuté de l'autre. Il rapprocha Ciel vers lui, se collant à lui. Il dit :

- Bon, et ce bisou ?

- Non, dit le Phantomhive. J'ai menti. Je ne ferai rien avec toi tant que tu seras dans cet état.

Alois fronça les sourcils pour appuyer son propos.

- Coquin, dit-il en regardant l'autre garçon de son regard hébété.

Il s'appuya contre le bleuté, le forçant à reculer. Puis, il le poussa, et le dos de Ciel fut contre le mur.

- On peut être deux à ce jeu là, reprit la menace, observant le sang monter au visage du garçon légèrement plus petit.

Lutter ne semblait pas être la bonne solution pour le bleuté puisqu'il ne pourrait faire une telle chose sans craindre de blesser le blond. Il ouvrit la bouche pour prendre la parole, mais Alois la recouvrit avant qu'un seul mot puisse s'en échapper, le piégeant dans un baiser presque violent. Un baiser précipité, confus, désorienté, tout comme le blond l'était à cet instant, pourtant Ciel fut tout de même incapable de l'arrêter. Il s'agissait, après tout, de Alois et le bleuté se raidit lorsque le blond se mit à doucement tracer différentes formes de haut en bas du torse et des côtés de Ciel avec son doigt.

Une fois séparés, Ciel reprit un semblant de lucidité. Et pile au bon moment d'ailleurs, alors que les lèvres de la menace avaient descendirent jusqu'à son cou, l'embrassant tout en le mordillant de temps à autres quelques secondes. Cela ne dura pas bien longtemps, cependant, alors que le Phantomhive rassembla toutes ses forces et poussa le blond qui avait, malheureusement, une bonne prise sur lui, et ainsi, Ciel tomba lui aussi sur le toit quelque peu réchauffé là où le soleil brillait.

Il se hâta d'agir, reprenant ses sens afin d'attraper les poignets du blond, les plaquant au sol avant qu'il ait l'occasion d'à nouveau s'agripper au bleuté. Alois geint, et fit la moue, incapable de trouver une meilleure solution dans cet état de stupeur. Il se débattit, tentant de se libérer, mais ses efforts étaient en vain.

- Ciel~ ! se plaint-il. Pourquoi résister autant ?

- Je te l'ai dit… répondit le bleuté en fronçant les sourcils alors qu'il rougit jusqu'aux oreilles. Je ne ferai rien avec toi tant que tu seras ainsi !

- Menteur… accusa Alois. Tu as répondu à mon baiser !

- Parce que tu m'as surpris ! protesta Ciel.

- Mais Ciel, je te veux~ !

- Pas du tout ! Tu n'es qu'un… un…

Ciel marqua une pause afin de trouver un terme.

- … Un zombie pervers ! Tu as attaqué les autres aussi, pas seulement moi !

- Ooh~ ! Ciel est jaloux~ ?

Le bleuté faillit se mordre la langue en répondant.

- N'est-ce pas normal ? demanda-t-il finalement. Je suis ton petit ami, non ? N'est-ce pas normal pour un petit ami d'être jaloux lorsque son partenaire drague d'autres personnes ?

- De quoi est-ce que tu parles ? Il n'y a que toi ici.

- Je sais que tu n'as pas toute ta tête actuellement, mais tu n'arrives vraiment pas à t'en souvenir ?

- Ciel, je ne comprends rien à ce que tu dis… répondit le blond. Pourquoi est-ce que tu ne t'approches pas pour que je puisse t'entendre~ ?

Curieux. Alois ne semblait pas du tout se souvenir d'avoir attaqué les autres, pourtant lorsque c'était arrivé, il les avait appelé par leurs noms. Il avait été conscient de qui il attaquait à ce moment-là, alors pourquoi ne s'en rappelait-il pas maintenant ?

Ciel se mit à essayer de trouver les effets précis que la potion avait, se rappelant de tout ce qui s'était passé dans la matinée, prenant également en compte le concept mythique et quelque peu « traditionnel » du fonctionnement d'un philtre d'amour. Alois ne s'en prendrait qu'à une seule personne à la fois, quiconque aurait son attention, comme dans le mythe selon lequel la personne buvant un philtre ou se faisant toucher par le flèche de Cupidon tomberait amoureuse du premier individu qu'elle verrait. Il n'avait même pas remarqué qu'il y avait d'autres personnes dans la classe. Le blond ne faisait une fixette et ne désirait que la personne la plus proche de lui ou dans son champ de vision direct.

Les pensées du bleuté cessèrent lorsque le garçon en-dessous de lui se mit à se débattre pour essayer de se dégager. Il ferma résolument les yeux tout en résistant, les rouvrant pour regarder le bleuté de ces mêmes yeux bleus glacés que ce dernier connaissait si bien, seulement, ils avaient perdu toute trace de reconnaissance. C'était comme s'il regardait, mais qu'il ne voyait pas. L'expression d'Alois était infime mais elle renvoyait une impression de panique ainsi que d'abattement, et d'une certaine manière, cela attristait le Phantomhive.

- Alois, je ne peux pas, dit le bleuté en resserrant sa prise sur les poignets du blond. Tu agis seulement ainsi à cause du philtre, pas parce que tu le fais de ton plein gré.

- Tu aimes m'embrasser, non ? demanda le blond. Tu aimes m'embrasser et tu aimes d'autres choses, non ? Alors, pourquoi… ?

- Oui, mais je ne peux pas, répondit Ciel. J'ai trop de respect pour toi pour prendre avantage de toi ainsi.

- Je ne veux pas de respect. Je veux de l'amour.

- Et pourquoi pas les deux ? demanda Ciel. As-tu vraiment oublié cela aussi ? Que je t'aime ?

- Hein ?

- J'ai dit que je t'aimais.

- Qu'est-ce que tu- ?

- Je t'aime, Jimmy.

- La ferme ! dit soudainement le blond, le visage rouge. Ne m'appelle pas « Jimmy » ! C'est embarrassant !

Ciel cligna de l'œil.

- Attends, quoi ?

- Quoi ? demanda Alois.

- Es-tu toujours… tu sais… ?

- Je sais que je suis en train d'être écrasé par un assez petit cyclope, répliqua le blond. Qu'est-ce qu'on fiche ici ? Pourquoi est-ce qu'on n'est pas en cours ?

- Tu… commença Ciel, ayant du mal à former ses mots à cet instant. Tu… Espèce de… Saligaud !

- Qu'est-ce que j'ai fait ?!

- Malotru ! Goujat ! Marionnette écervelée ! cria le bleuté, le visage rougit par l'embarras.

Il lâcha l'autre garçon, le laissant s'asseoir.

- Quoi ?!

Ciel marqua une pause, prenant une profonde inspiration afin de se calmer quelque peu avant de reprendre la parole :

- Rien. Ce n'est rien. Ce n'est pas vraiment ta faute. Désolé d'avoir crié…

- D'accord, là j'ai besoin de savoir, dit le blond en se rapprochant de l'autre garçon. Raconte-moi tout.

Il plissa les yeux lorsqu'il vit le bleuté rougir de plus bel.

- E-Eh bien, Dafydd a fait un philtre d'amour, et il comptait te le donner… commença-t-il en passant sa main dans ses cheveux, tentant de garder la face.

- Hm-hm ? répondit Alois en acquiesçant. Continue…

- Tu as trébuché, fait tomber la fiole, et elle s'est brisée sur ta tête…

- Ça explique pourquoi je ne me souviens de rien… dit le blond en frottant l'endroit où il avait été touché.

- En fait, tu ne te souviens de rien car cela t'a bel et bien affecté, clarifia Ciel.

Il marqua une pause, et se frotta le menton, songeur.

- Probablement à cause de la magie infusée dedans. D'ordinaire, les drogues n'ont pas d'effet sur les démons…

- Ouais, ouais, ouais, c'est magique, l'interrompit Alois. Plus important : J'ai. Fait. Quoi ?!

Le silence du bleuté avant de répondre ne l'aida pas à faire disparaître ses suspicions.

- Disons que tu t'es transformé en une sorte de zombie sans cervelle qui essayait constamment d'agresser sexuellement tout les gens que tu voyais, dit Ciel et le blond s'étrangla avec sa propre salive.

- Tu… Tu me fais marcher, hein ? demanda Alois, tentant de calmer sa crise de toux.

Le bleuté secoua la tête.

- Tu n'étais vraiment pas toi… dit-il.

- Mais dis-moi !

- Tu as essayé d'embrasser Dafydd et Kristopherson, et tu as enlacé Daniel et Audrey… répondit le bleuté, incapable d'esquiver la question plus longtemps.

Le visage d'Alois chauffa avant même qu'il ait le temps de le couvrir de ses mains.

- Oh, non… Je ne peux plus me montrer devant eux… dit-il en secouant la tête.

Il releva la tête lorsqu'il sentit quelque chose sur sa tête, voyant le Phantomhive passer ses doigts dans ses mèches blondes.

- Je ne pense pas qu'ils t'en voudront, dit Ciel. Ils étaient au courant, alors ne t'en fais pas.

- Ouais… répondit l'adolescent blond.

- Allons au prochain cours. Toutefois, si tu te retrouves à nouveau ici, tu sauras pourquoi, dit le bleuté en se relevant.

Il tendit la main pour l'aider à se lever, et, hésitant, la menace la prit.

- Ne me laisse pas faire quoi que ce soit de bizarre s'il te plaît, dit Alois.

- Je le promets, répondit Ciel.

Le duo de démons se dirigea vers la porte qui menait à l'intérieur du bâtiment, faisant ses adieux au ciel bleu au-dessus de leurs têtes. De retour dans le bâtiment, où ils devraient récupérer leurs affaires auprès des Sept Sensationnels, et recevoir des excuses en bonne et due forme de la part de Dafydd. Lorsque le bleuté ouvrit la porte, cependant, Alois posa une autre question :

- Ciel ?

- Oui ?

- C'est des suçons sur ton cou ?


La Rubrique : Secret d'histoire

Vous êtes-vous déjà demandé comment était Monsieur Irons au lycée ? Eh bien, l'homme sévère, coincé, et surtout stricte que nous connaissons tous était un vrai clown en classe. Il interrompait souvent le cours avec ses pitreries, et il faisait des farces aux élèves et aux professeurs. Qui était son complice ? Eh bien, son meilleur ami, Gabriel Bailey, qui voulait devenir un agent de police plus tard…