Écrit par HateWeasel
287. Le Cheval C'est Génial.
- Papa ! Je ne veux pas monter sur le cheval !
Dans un ranch du pays de Galles, lors d'un jour nuageux, un père s'apprêtait à apprendre à son fils à monter à cheval. Un seul coup d'œil vers l'homme, cependant, suffisait pour comprendre qu'il n'avait pas sa place dans un lieu pareil. Plus ils se rapprochaient du propriétaire du ranch, plus ce dernier voyait que cette histoire allait mal se terminer.
Les vêtements du père étaient trop propres, et trop élégants ; totalement inappropriés pour l'occasion. Il y avait quelque chose chez lui qui donnait l'impression qu'il était loin de chez lui. Les cheveux de l'homme étaient coupés à la perfection, des mèches marron foncé minutieusement coiffées, et ses yeux auburn regardaient son enfant déraisonnable, ledit enfant ne sachant vraisemblablement pas de quoi il parlait. L'homme était un acteur, sa femme, une styliste. Son nom était Kristopher Miles, et son fils répondait au nom de « Kristopherson ».
Le garçon, âgé de dix ans, n'aimait pas cela. Il ne voulait pas être près d'un animal aussi grand, même si son père serait à ses côtés. Il pourrait tomber, s'érafler les genoux, ou être jeté et subir des blessures plus graves. Le cheval pourrait le piétiner s'il tombait au sol, et Kristopherson savait, juste en regardant l'animal, que si cela devait arriver, sa vie pourrait très bien être en danger.
- Je veux pas monter sur le cheval ! dit-il, croisant les bras.
Son père le regarda tendrement.
- Allons, Kristopherson, c'est toi qui étais si enthousiaste à l'idée de voir les animaux cette semaine, non ? demanda-t-il.
L'homme s'accroupit au niveau du garçon, ébouriffa les cheveux alors marron de Kristopherson.
- Allez, tu vas adorer ! Papa monte tout le temps à cheval pour la télé. C'est facile !
- Et si je tombe ? demanda le garçon, relevant les yeux.
- Tu ne tomberas pas, dit l'homme. Je serai juste à côté de toi, pour mener le cheval. Je te rattraperai si tu glisses, d'accord ?
- D'accord…
Ainsi, le propriétaire choisi le cheval le plus calme de l'étable. Il tint les rênes tandis que Kristopher aida son fils à monter sur la selle de l'animal. Il était pétrifié. Il était bien loin du sol, et il pouvait ressentir tous les mouvements, du plus grand au plus infime, que l'animal faisait en-dessous de lui. Dès que son père le lâcha, Kristopherson se tint aussi fermement que possible à la corne, jusqu'à ce que ses phalanges deviennent blanches.
Le garçon regarda droit devant lui alors que son père prit les rênes, et se mit à marcher à côté du cheval. Il tremblait, mais la sensation disparut quelques instants plus tard, alors que son corps commençait à s'habituer à cette étrange impression. Kristopherson n'arrivait pas encore à savoir s'il s'amusait ou non, mais il entendait le propriétaire du ranch les appeler. Il tourna la tête, faisant face à l'étable, alors qu'il écoutait attentivement afin de comprendre ce que l'homme essayait de dire.
- Papa, dit Kristopherson, je crois que le monsieur veut qu'on revie-
BAOUM !
Le tonnerre gronda dans les cieux, faisant sursauter le garçon, mais surtout, effrayant le cheval. Avec un hennissement puissant, il se leva sur ses pattes arrières, et Kristopherson resserra sa prise sur la selle. Son père tenta désespérément de calmer le cheval tandis que le propriétaire accourait.
BAOUM !
Il était trop tard. Le cheval se mit à se ruer et à se débattre, forçant le pauvre Kristopherson à lâcher la selle et à tomber au sol dans un bruit sourd. Il releva les yeux, vit l'effroyable créature lever ses sabots du point de vue d'un insecte. Le garçon ferma les yeux tout en mettant ses bras devant lui pour se défendre…
- Kristopherson !
- ARGH ! hurla le faux-blond, ses yeux se rouvrant, et il réalisa qu'il était dans son lit, au camp, sept ans plus tard.
Il suait, et son cœur battait la chamade. Devant lui, se trouvait un blond confus, qu'il, après un moment, reconnu comme étant Alois Trancy.
- Quoi ? demanda-t-il en grimaçant et en essuyant la sueur sur son front.
- Ça va ? demanda Alois en levant un sourcil. Tu t'agitais dans ton sommeil. Sans parler de cet horrible cri à l'instant. Qu'est-ce qu'il y a ? Le croque-mitaine veut ta peau ?
Kristopherson n'était pas amusé. Il jeta les draps loin de lui, et se leva, s'étirant un instant. Lentement, il se dirigea vers sa commode.
- La ferme… dit-il.
- Eh, tout le monde fait de mauvais rêve, dit Alois en tapotant l'épaule du faux-blond. Une fois, j'ai rêvé qu'on était tous devenus des chats, et on devait vivre comme des chats jusqu'à trouver un moyen de revenir à la normale. Ensuite, c'est devenu bizarre, et cette satané grenouille parlante est arrivée, et-
- Alois, interrompit l'autre garçon. Je cherche pas à être un connard hein, mais je m'en fous, là tout de suite.
- C'était si horrible ?
- Non, dit Kristopherson en baillant. Il est juste trop tôt.
Qu'est-ce que cela signifiait, ce rêve ? Était-ce simplement un souvenir refaisant surface dans un esprit agité ? Peut-être. Ou peut-être pas. Difficile à dire, vraiment. Kristopherson avait développé nombre de questions vis-à-vis de la superstition, mais à présent, il savait que les démons et autres créatures étaient réelles, alors pourquoi pas ? Ce qui était plausible et ce qui ne l'était pas avait changé.
Les démons, les dieux de la mort, les anges, les vampires, les loups-garous, les sorciers ; l'existence de chacun lui avait été niée, et pourtant il les avait tous vu de ses propres yeux. La magie existait, alors qu'est-ce qui pouvait être considéré comme un comte de fée ou de la superstition maintenant ? Rien ne semblait impossible. Au point où il en était, la seule chose dont Kristopherson doutait était l'existence d'un petit ami correct.
La menace blonde et lui sortirent à l'extérieur, là où le reste de leur cabane, ainsi que les gentlemen de la cabane treize attendaient. Ils portaient tous un accoutrement pour nager, étant donné qu'aujourd'hui était le jour prévu pour les sports aquatiques. L'eau de fin de printemps serait froide, mais c'était bien le cadet de leurs soucis. Ce qui les inquiétait était que les élèves de Tamworth soient eux aussi présents.
- Ils vont sans doute raconter n'importe quoi, dit Audrey. Mais je doute qu'ils fassent quoi que ce soit. Au moins, pas avec Monsieur Irons dans les parages.
- Ouais, Monsieur Irons va probablement être le chaperon, comme c'est lui le plus flippant, dit un certain fils de politicien. Surtout avec toutes ces jolies filles en maillot de bain ! Faut les protéger, vous savez~ !
- Est-ce que c'est pour ça que tu es aussi enthousiaste ? demanda Kristopherson, descendant les marches pour les rejoindre. Je dois prévenir Anna ?
- Tu n'oserais pas.
- Allons-nous devoir te signaler à quelqu'un, Westley ? demanda un certain bleuté.
- Ciel, pourquoi est-ce que tu poses cette question ? demanda une certaine menace blonde, qui se colla instantanément au Phantomhive, accrochant son bras à celui du garçon. Tu sais déjà que la réponse est « oui ».
Ciel fut quelque peu gêné par ce geste. Bien que le bleuté appréciait le contact, il n'était toujours pas parfaitement confortable à l'idée d'être aussi proche en public, surtout d'une manière aussi peu subtile. Il avait sa fierté, et son ego. De plus, le fait qu'ils soient tous deux des hommes, et que les relations entre hommes comme eux n'étaient pas entièrement acceptées, n'aidait pas le bleuté à se sentir totalement à l'aise.
Son blond bien-aimé, cependant, était le contraire. Il avait en quelque sorte besoin du contact pour se sentir à l'aise, une sorte de sécurité. Et maintenant que le bleuté et lui ne logeaient pas au même endroit, cela ne faisait que s'intensifier. Ce n'était que le deuxième jour du voyage, et clairement, Alois allait avoir des problèmes.
Si Ciel n'était pas là, il aurait pu s'en sortir, comme il l'avait fait en étant au camp de H.E.L.L.S.I.N.G, l'année précédente. Cependant, comme le bleuté était présent, la menace demandait inconsciemment plus d'attention. C'était un équilibre étrange, mais d'un autre côté, le duo de démons était cocasse.
Une fois qu'ils furent tous rassemblés, le groupe s'aventura en direction du lac, s'arrêtant de temps à autres afin de regarder la carte pour le trouver. Le camp était large, mais il ne leur fallut pas longtemps. Lorsqu'ils arrivèrent, ils virent le lac, son eau bleue claire et ses arbres tout autour. Il y avait un ponton, et Monsieur Irons se tenait dessus, observant les adolescents qui étaient déjà dans l'eau.
L'homme portait un slip de bain, ainsi qu'un t-shirt bleu uni décoré de jaune. Les couleurs de Warwick. Les élèves ne l'avaient jamais vu habillé de manière aussi décontractée auparavant. Il portait des costumes ordinairement. En y regardant de plus près, cependant, les Sept Sensationnels découvrirent pourquoi.
Des tatouages. Des tatouages sur ses avant-bras, d'autres pointant le bout de leur nez depuis les manches de son t-shirt. Il ne s'agissait pas de symboles reconnaissables par un citoyen lambda. Il s'agissait de symboles repoussant le mal. Les dessins étaient fait d'une encre spéciale, conçue spécifiquement pour repousser les vampires ou les démons. La majorité des symboles, cependant, étaient destinés aux vampires, l'ennemi numéro un d'une certaine organisation ; H.E.L.L.S.I.N.G.
- Oh mon Dieu, Irons est baraqué ! dit Alois en pointant l'homme du doigt.
Heureusement, ils étaient trop loin pour être entendus.
- Alors tu aimes les muscles toi maintenant, Trancy ? plaisanta Kristopherson en ricanant.
- Nan. Les tatouages, et les vieux, c'est pas mon truc, répondit la menace. En plus, je préfère le bleu au rouge, clairement.
- Qui s'en fout ? demanda Daniel. Des demoiselles~ ! Des demoiselles, partout ! Enfin ! Un voyage où les dames sont présentes !
- Je vais tellement tout raconter à Anna, dit Kristopherson alors que les autres et lui commencèrent à partir en laissant le fils de politicien derrière. Peut-être qu'elle te larguera et trouvera un vrai mec ?
- Eh ! Ce n'est pas drôle !
- Ouais, j'espère vraiment qu'elle te largue.
