Écrit par HateWeasel

290. Recherche Nocturne.

Il faisait nuit. La forêt était plongée dans la pénombre, un voile noir bleuâtre inconsistant planant au-dessus, seuls de petits cristaux lumineux y flottaient. Le campement était silencieux. Les garçons, les filles, les hommes et les femmes dormaient dans leurs cabanes respectives, attendant l'arrivée de l'aube. Il y avait, cependant, quelques exceptions.

Le duo de démons, étant le seul à ne pas avoir besoin de sommeil, rôdait, patrouillait dans la forêt en quête de l'un des garçons disparus, ou de ce qu'il en restait, au moins. Pourquoi la forêt, et pas le lac ? Parce que, si l'un des disparus était, par chance, en vie, s'il ne se trouvait pas sur les lieux du campement, alors où d'autre ?

Poussés par une étrange panique, ils cherchaient. Ciel et Alois cherchaient tout ce qu'ils pouvaient, leurs sens démoniaques supérieurs faisant office de guide, toutefois ils ne trouvaient rien, et la panique allait de mal en pis. Cela venait, non du blond, mais du bleuté.

Oui, Ciel était celui qui était grandement agité. Non seulement il était de son devoir en tant que Chien de Garde de la Reine de protéger le peuple- les élèves, mais il devait également protéger ses semblables, et l'un des garçons qui avait disparu, se trouvait être l'un des siens. Oliver Midford, quoique éloigné, bien que dispersé, faisant parti de la lignée des Midford, avait lui aussi du sang Phantomhive. Le mariage de sa tante, la sœur de son père, en était la cause. C'était sa fierté en tant que Phantomhive qui rendait cela essentiel, mais cela allait bien au-delà.

Les Midford, les descendants vivants de sa famille, sa tante, son mari, leurs enfants, ses cousins, l'un d'eux étant son ancienne fiancée et amie d'enfance ; il les avait tous abandonné sans crier gare. Ils avaient juste reçu un mot, les informant qu'il été décédé, d'une manière ou d'une autre. Pas de « pourquoi », ni de « comment », un simple mot. « En mémoire de Ciel Phantomhive, 14 décembre 1875 – 26 août 1889, âgé de 13 ans ».

Qu'avaient-ils ressenti, en recevant ces nouvelles ? Qu'avaient-ils ressenti, en n'ayant droit à aucune explication? Qu'avaient-ils éprouvé ? Comment avaient-ils réagi ? Les questions s'accumulaient sans cesse, et il n'y aurait jamais de réponses. Le bleuté savait qu'il valait mieux faire les choses ainsi, et il savait qu'il s'était engagé à respecter cette décision, mais éprouvait-il ne serait-ce que la plus petite once de culpabilité à cause de cela ? Bien sûr. Il s'agissait de sa famille, et il les aimait.

Il savait qu'il les avait affreusement blessé avec sa supposée « mort prématuré », et qu'il ne les reverrait jamais. Il devait continuer à aller de l'avant, même s'il voulait regarder en arrière. Regarder en arrière ne lui apporterait rien de bon. Regarder en arrière ne ferait qu'empirer les choses.

Ciel devait avancer, et il le ferait. Toutefois, la culpabilité était toujours présente. Retrouver Oliver ne les ramènerait pas. S'assurer qu'il allait bien ne ferait pas disparaître leur deuil. Cela n'arrangerait pas les erreurs passé, pourtant il devait le faire ; pour eux.

Cela n'avait aucun sens, c'était irraisonné, mais pourtant c'était compréhensible. Au moins, le blond à ses côtés comprenait. Il n'avait même pas besoin de demander au bleuté pourquoi il se mouvait avec une telle frénésie, ou pourquoi son expression sortait quelque peu de l'ordinaire. Il comprenait parfaitement, et il comprenait également que le bleuté n'était pas vraiment dans le bon état d'esprit à cet instant.

Tandis qu'ils cherchaient un enfant sans doute plus mort que vivant, il y avait peut-être un changeforme prédateur, ou peut-être deux, avec un appétit pour la chaire humaine, à l'intérieur du campement. Ils étaient les mieux placés pour le protéger, et en même temps ils ne l'étaient pas. Soupirant, le blonde prit enfin la parole.

- Eh, Ciel ? Pourquoi est-ce qu'on ne se sépare pas ? On pourrait parcourir une plus grande zone, dit-il, observant l'autre garçon, attendant une réponse.

Il fut sincèrement surpris d'en avoir une.

- Non, dit simplement le bleuté.

Pourquoi ? Cela n'avait aucun sens.

- Hein ? demanda le blond, n'étant pas sûr de savoir s'il avait bien entendu ce qu'il avait entendu.

- J'ai dit « non », répéta Ciel en regardant droit devant lui, là où il marchait. J'ai besoin de toi ici.

- Pourquoi ?

- Parce que nous ne savons pas à quoi nous avons affaire, répondit Ciel. Si l'un de nous deux tombe sur cette chose, nous pourrions ne pas être capable de nous en débarrasser tout seul.

- Ciel, on est des démons, dit le blond. Tu peux te servir de la magie et contrôler les ombres, je peux maîtriser les plantes. Au cas où tu n'aurais pas remarqué, il y a beaucoup d'ombres et de plantes par ici.

Il montra de la main les alentours de la forêt afin de renforcer son argument. Il mit ensuite une main dans sa veste, sortant son pistolet Kaspar qu'il avait ramené pour ce type de situation.

- En plus, on a des armes anti-monstre. Je pense que ça ira.

- Non, c'est non, dit le bleuté, regardant enfin le Trancy. Allons-y, nous avons encore une grande zone à parcourir.

- Je viens de le dire…

- Ah bon ?

La menace blonde soupira, mettant une main sur sa hanche tout en se frottant le front avec l'autre. Il mit ensuite ses mains sur les épaules du bleuté.

- Ciel, je sais que tu es inquiet, et je comprends pourquoi, mais si Oliver a disparu, c'est comme ça, et on ne peut rien y faire, dit-il.

Ciel se contenta de froncer les sourcils.

- Je sais, dit le bleuté, dégageant les bras de l'autre garçon. Mais nous ne pouvons pas encore mettre de côté la possibilité qu'il soit encore en vie.

- Je suis d'accord. C'est pour ça qu'on doit se dépêcher, et se séparer serait plus rapide.

Alois sortit son téléphone portable pour regarder l'heure.

- Il est minuit trente. Retrouvons-nous à la cabane dans quelques heures. Quelle heure te convient ?

- Alois, je ne veux pas que l'on se sépare.

- Pourquoi ? Est-ce que tu as peur de la grande, méchante, forêt ? dit le blond, tentant de rajouter une pointe d'humour à la situation.

Son compagnon, cependant, était loin d'être amusé.

- Bien sûr que non, dit-il d'un ton quelque peu irrité.

- Ne t'énerves pas contre moi, répondit Alois. C'est toi qui ne fait aucun sens, Ciel.

- Je ne suis pas énervé.

- Alors qu'est-ce que tu as ?

Lorsque le bleuté ne répondit pas, se retournant pour se remettre en marche à la place, le blond leva les yeux au ciel.

- Écoute, on ne vas pas s'en sortir comme ça, reprit Alois en tournant dans une direction différente de celle de l'autre garçon. Je vais chercher de mon côté. Je te retrouverai à la cabane dans quelques heures.

En prononçant la dernière phrase, il entendit le craquement des branches derrière lui. Il se retourna, prêt à riposter, mais à la place il se retrouva nez à nez avec le bleuté qui passait ses bras autour de sa nuque pour l'enlacer. Alois devait l'admettre, il était surpris. Ce n'était clairement pas habituel chez le bleuté.

- Ciel ?

- Je ne veux simplement pas te perdre aussi, dit le Phantomhive, posant son front contre l'épaule du blond afin que ce dernier ne puisse pas voir son visage.

Il était manifestement embarrassé. C'était enfantin, irrationnel, et pourtant, il se faisait tout de même un sang d'encre. Il savait que les chances que le blond trépasse étaient presque nulles, toutefois il ne voulait quand même pas ne plus avoir un œil sur lui. Ciel se calma quelque peu, sentant une main doucement caresser ses cheveux, un bras autour de sa taille.

- Tu ne vas pas me perdre, dit Alois. Je ne laisserai pas ce truc, peu importe ce que c'est, me tuer. Je sais à quel point ça te mettrait en rogne ! Nous allons éliminer cette menace, comme on le fait toujours, et on rentrera ensemble, comme d'habitude.

La main qui caressait les cheveux du Phantomhive descendit jusqu'à sa joue, la tenant brièvement tout en guidant son visage vers le haut, là où le blond pourrait le voir. Il rapprocha ensuite le bleuté, là où leurs lèvres se touchaient presque. Avant qu'il soit en mesure d'aller jusqu'au bout, Ciel s'en chargea.

Le baiser dura plus longtemps que ce qu'ils avaient chacun prévu. Comme il était curieux, de voir à quel point le fait de n'avoir rien fait ces derniers jours les affectait. Ils n'avaient pas réalisé à quel point un geste devenu aussi banal leur manquerait. Leurs lèvres se mouvaient en synchronisation alors qu'ils s'enlaçaient, profitant tout simplement de la présence de l'autre. Cela, cependant, fut interrompu par un bruit très distinct et dur à ignorer.

- B-Bonjour ? Il y a quelqu'un ?

Ce fut faible, mais les deux garçons furent en mesure de l'entendre, et ils se lâchèrent. Ils marquèrent tous deux une pause, identifiant la voix. Ce fut à cet instant que Ciel reprit du poil de la bête.

- Oliver ! s'exclama-t-il. Oliver, c'est toi ?

Le duo de démons écouta alors qu'il s'aventura dans la direction d'où le son provenait au début.


La Rubrique : Foire aux Questions

Question : « Ciel, as-tu un fétiche des pieds ? Monsieur Ions, faites-vous confiance au duo de démons ? Et à Sebastian ? » de Artemis Phantomhive

Réponse de Ciel : « Non. Qu'est-ce qui vous a donné cette idée? »

Réponse de Monsieur Irons : « Oui et non… Ils ont l'air de bons garnements, ils sont gentils avec mon fils, et Sir Hellsing leur fait confiance, mais ils restent des démons... »