Écrit par HateWeasel

311. Absence De Compétences.

La journée continuait, et les Sept Sensationnels et compagnie sortirent afin de partir en quête. Une quête hasardeuse remplie de risques et de dangers, et cela sans compter la confrontation avec les affreuses créatures qui cherchaient à dévorer leurs âmes… en d'autres termes, ils allaient jouer au volleyball avec les filles de la dernière fois qui avaient torturé Audrey avec tant de cruauté et fait piquer une crise à Alois. Le sable chaud se mouvait sous les pieds des garçons alors qu'ils se rendaient au point de rendez-vous prédéterminé, où ils battraient à plate couture ces vipères une bonne fois pour toutes, sous un soleil de plomb.

Sur le terrain, qui était constitué d'un filet avec des délimitations très vagues, ce n'était pas mieux. Il faisait toujours chaud, et la vue des de ces demoiselles en bikinis était d'autant plus enflammée. Les garçons rejoignaient, cependant, leurs adversaires avec un niveau de détermination variant, certains étant prêts à venir, d'autres forcés, et le reste étant simplement indifférents. Après tout, seuls six des neuf adolescents étaient nécessaire pour jouer. Le reste se contenteraient d'y assister et de garder Luka sur le côté, étant donné que ce dernier était très enthousiaste à l'idée de regarder ce nouveau jeu et ne tenait pas vraiment en place. Ces garçons étaient Travis, Preston, et Ciel, accompagnés de Sebastian ainsi que du Macken brun. Ceux qui jouaient étaient les garçons plus sportifs du groupe, ainsi que Daniel. Audrey, Kristopherson, Nigel, Oliver, et Alois étaient dans l'équipe des garçons, et dans celle des filles il y avait, logiquement, certaines des filles qui avaient acculé Audrey auparavant, tandis que les autres restaient sur les côtés.

Daniel n'était pas vraiment ravi que Ciel ait choisi de ne pas jouer. Avec deux démons de leur côté, surtout un qui connaissait le jeu, ils ne pouvaient pas perdre. Un seul, cependant, serait parfaitement suffisant, en plus des trois garçons entraînés pour éliminer des créatures nocturnes immortelles, de celui qui faisait régulièrement du sport, et de Daniel. Le Westley était tout de même confiant en ses chances de victoires et ainsi, il salua ses adversaires de manière appropriée.

- Mesdemoiselles~ ! salua-t-il, un sourire sur son visage alors qu'il leur fit un salut.

Pour une raison ou pour une autre, Kristopherson dût se frotter les tempes comme s'il combattait une migraine.

- Enfin. On commençait à penser que vous n'alliez pas vous montrer ! répondit ce qui était sans doute la « cheffe » de l'autre groupe. Ce sont tes amis ?

- Ouaip. Voici Kristopherson, Audrey, et Alois que vous avez vus l'autre jour, et Nigel et Oliver. Je suis Daniel, et là-bas c'est Ciel, Preston, Travis, Sebastian et Luka, dit le fils de politicien tout en montrant chaque garçon qu'il nommait. Ils espèrent un peu que ces mesdames nous offriront un déjeuner quand nous gagnerons.

- Si vous en êtes capable, corrigea la fille. Je m'appelle Cassidy, et voici Sarah, Jane, Violet, Marissa, et Susan. Vous savez déjà ce qu'on veut.

- Pas de problème, dit Daniel. Juste pour que vous sachiez, par contre, trois d'entre nous sont gays, et deux autres sortent ensemble.

- Toi et le blondinet là ? dit la fille du nom de Cassidy tout en pointant du doigt Kristopherson.

Les joues des deux garçons tournèrent au rouge vif.

- Je ne suis pas gay ! dit Daniel, jetant un œil à son ami, devenant d'autant plus rouge alors que les autres filles se mirent à glousser. Commençons ce putain de jeu !

- D'accord, si tu préfères esquiver le sujet, dit Cassidy. Vous voulez servir en premier, ou… ?

- Non, non, les dames d'abord.

- Ouaaais… dit la fille. Bon, les filles, en position.

- Une minute, quoi ? demanda Daniel, confus.

- C'est du volleyball. Chaque joueur a une position, idiot, se moqua Cassidy. Une petite recherche Google t'aurait suffit pour le savoir !

- Comment j'étais censé savoir ça ?! Je pensais qu'on jetait juste la balle par-dessus l'espèce de filet et qu'on marquait des points en ratant !

- Vous pouvez tous les deux la fermer pour qu'on puisse jouer ?! interrompit un Kristopherson plutôt inhabituellement agacé.

Les sourcils froncés et un air renfrogné, il se tourna vers les lignes de touche.

- Ciel ! Dis-nous les règles !

- Dans la plupart des jeux de beach-volley, ce sont les règles, Dan, dit le bleuté. Je suppose qu'elles jouent avec les règles officielles. Ne trouves-tu pas cela étrange qu'elles aient choisis le volleyball parmi tant d'autres choses pour nous défier ? As-tu remarqué que les filles sur le côté sont un peu plus nombreuses que nous ?

Ce fut à cet instant que l'assurance collective des garçons en prit un coup alors qu'ils comprirent et les filles rirent.

- On dirait bien que nous sommes démasquées ! dit Cassidy. Nous sommes l'équipe féminine de Volleyball de Tamworth ! Il se trouve juste que nous sommes en vacances.

- L'équipe de volleyball… de Tamworth ?

Alors que Kristopherson répéta ces paroles, sa grimace sembla se renforcer. Le Westley tressaillit quelque peu lorsque le faux-blond se tourna vers lui.

- Gros con ! Comment est-ce que tu t'attendais à ce qu'on gagne contre une vraie putain d'équipe ! demanda-t-il tandis que son ami leva les mains en l'air pour se défendre.

- Comment j'étais censé savoir qu'elles étaient une foutue équipe ?! Pourquoi est-ce que tu ne l'as pas remarqué ?! répliqua Daniel sur le même ton.

- Parce que je ne voulais même pas jouer, connard !

- Ne me traite pas de connard, enfoiré ?!

- Vous êtes sûr que vous n'êtes pas ensemble ? demanda la fille de Tamworth, quelque peu amusé par cette scène.

- NON ! crièrent les deux à l'unisson.

- D'accord, d'accord ! Oh la la… répondit la fille. Écoutez, on va vous laisser quelques minutes pour chercher les règles, ensuite on jouera. Ce ne sera pas drôle si vous ne vous défendez pas de toute façon.

- D'accord ! Mais arrête de me traiter d'homo ! répondit Daniel.

- Ouais, ouais. Bref. Allez, les filles, laissons-leur un peu de temps pour régler leurs problèmes de couples, dit Cassidy en se retournant pour sortir du terrain.

Immédiatement, les garçons se ruèrent vers Ciel afin de le consulter, ce dernier étant apparemment un expert sur le sujet.

- Alors, euh, c'est quoi le plan ? demanda Nigel, s'asseyant avec les autres garçons.

- Eh bien, la chose la plus judicieuse à faire serait de déclarer forfait, répondit le bleuté, assis confortablement avec son blond bien-aimé de nouveau collé à lui, comme toujours.

Ciel n'était pas un « expert ». Il ne jouait pas au volleyball. Même si leur équipe avait une puissance supérieure, cela ne servait à rien dans un jeu dont les règles n'étaient pas connues. Les filles gagneraient, et ils devraient soit sortir avec elles, soit fuir avant qu'ils aient à remplir leur promesse. Quoi qu'il en soit, c'était une défaite honteuse.

- On s'en bat les couilles ! Dis-nous juste les règles ! dit Daniel sur un ton que Ciel n'appréciait pas trop. Elle m'a traité d'homo ! Je ne peux pas la laisser gagner !

- Elle gagnera, si tu joues, répondit le Phantomhive. Je vous ai déjà dis tout ce que je savais sur le jeu. Vous devrez trouver le reste tout seuls.

- Tch… claqua de la langue le Westley, irrité. D'accord, qui a un téléphone avec internet ici ?

Il fallut un bon moment aux garçons pour apprendre les règles du jeu, étant donné qu'aucun d'entre eux ne se rappelaient avoir un jour assisté à un match de volleyball. Ils apprirent les bonnes positions, pourquoi et à quoi elles servaient, ce qui était « légal » et « illégal », tandis que les filles qu'ils devaient affronter se moquaient de leur malheur tout du long. Elles partirent même brièvement pour aller chercher du yaourt glacé, et revinrent pour le déguster et narguer les garçons qui n'avaient pas mangé de la journée.

Cependant, les garçons n'étaient pas découragés. Non, en fait, ils étaient encore plus déterminés que jamais à montrer à ces filles de quel bois ils se chauffaient. Même ceux qui étaient réticents se sentaient à présent comme pousser des ailes. Audrey, dont l'estomac gargouillait bruyamment, et Kristopherson également, pour une raison ou pour une autre. Le faux-blond était agité depuis leur premier échange avec la capitaine de l'équipe des filles, et leur propre capitaine « auto-proclamé ». Il n'arrivait pas à dire pourquoi, mais quelque chose chez cette fille l'énervait vraiment.

Pendant ce temps, la menace blonde était anormalement déterminée elle aussi. Alois aimait les jeux, mais la victoire ou la défaite ne lui importait que peu. Il avait toujours été intéressé par le déroulement des événéments ; les moyens, plutôt que la fin. Il arrivait, bien sûr, que ce ne soit pas toujours le cas, et qu'il souhaite sincèrement gagner. Ciel le remarquait, et il attribuait cela à une envie de vengeance contre ces filles qui lui avaient rappelé de mauvais souvenir l'autre jour, et qui l'avaient fait douter. Le bleuté comprenait cela, et il n'allait pas interférer.

- Bon ! On est prêts ! s'écria spontanément le Westley en se relevant du petit cercle autour du téléphone de Kristopherson. Allons remporter notre déjeuner gratuit !

L'atmosphère semblait désormais inutilement enflammée alors que les garçons les plus athlétiques s'emballaient. Les autres, cependant, ne voyaient toujours pas ce qu'il y avait d'excitant. En fait, ils étaient quelque peu agacés. Ils avaient de l'argent. Pourquoi ne pouvaient-ils pas partir manger ? Pourquoi devaient-ils passer par cela ? Ils n'étaient pas obligés, pourtant ils étaient ici, emmenés de force dans cette mascarade.

Toutefois, la détermination des joueurs grandissante, ils appelèrent leurs adversaires et se mirent en position. Les pics envoyés par les filles étaient douloureuses, mais le grondement dans leurs estomacs étaient encore pire. Ainsi, le jeu démarra.

Cela n'eut rien de remarquable. Le match était aussi banal que n'importe quel autre match de volleyball. Le ballon passait au-dessus du filet, changeant de propriétaire sans toucher le sable. Leur plan était simple : pousser leurs adversaires à servir le ballon à Alois qui les déstabiliserait avec un coup de force brute. Un plan ridicule mais logique.

Bientôt, ce fut sa chance. Le ballon se dirigeait droit sur lui. Avec un sourire narquois, il sauta, le frappant par-dessus le filet sans aucune pitié en visant le sol. Il était plutôt fier de lui, c'était le moins qu'on puisse dire, du moins, jusqu'à ce qu'il entende trois mots :

- C'est une faute ! dit l'une des filles sur le côté.

Le ballon avait percuté le sable dans la zone hors jeu, rendant sa tentative ratée.

Le match reprit tout de même, et leur plan était toujours en place. Il n'y avait pas besoin de le changer, n'est-ce pas ? Alois recevait la balle, cependant, les résultats furent toujours les mêmes.

- C'est une faute !

Encore…

- Faute !

Et encore…

- Faute.

Une fois de plus…

- Faute…

- Mais qu'est-ce que tu fous ?! demanda un certain amoureux du rose dans l'équipe des garçons. Combien de fautes essayes-tu d'avoir ?! On n'a même pas encore marqué un seul point !

- Je n'y peux rien ! protesta le Trancy. J'ai beau la renvoyer, la balle n'arrête pas de partir de l'autre côté !

- Tu mets trop de force, Alois, dit Audrey. Ça lui donne trop d'élan. Retiens-toi un peu.

La critique vexa Alois alors que le jeu reprit. Le ballon alla à d'autres joueurs qui furent en mesure de marquer quelques points, mais dès qu'il revint entre les mains d'Alois, cela devenait une « faute ». De toute évidence, le démon commençait à être frustré, ce qui ne faisait qu'empirer le problème. Pire que cela, les filles l'avaient compris, et elles s'étaient mises à servir le pauvre garçon exprès dans l'espoir de gagner ainsi.

Soupirant, les garçons déjà septiques observaient leur équipe avec déception. Il semblerait qu'il n'y ne servait à rien d'attendre, après tout. Ils n'auraient pas de repas gratuit, alors autant abandonner cette stupide étape et partir. En effet, il s'agissait des pensées qui se bousculaient dans la tête des garçons sur les côtés qui assistaient au match. Au point où ils en étaient, ils débattaient pour savoir s'ils devaient se contenter de se lever et de partir déjeuner sans les autres.

- Je pense que nous devrions attendre, dit Travis. Ils ne seront pas contents si l'on mange sans eux.

- Ouais, mais je ne sais pas encore combien de temps je peux regarder ça. C'est sans espoir, répondit Preston. Il est évident qu'on ne va pas gagner, et que se passera-t-il quand nous aurons perdus ? On devra sortir avec ces filles.

- Pas forcément, corrigea Ciel. Il n'y a pas de pénalité si nous ne faisons que refuser.

- Mais nous avons perdus. Nous devrions prendre nos responsabilités et accepter les conséquences, non ? demanda le grand Sullivan.

- Dans un monde noir et blanc, oui, mais aucun d'entre nous n'est vraiment friand de cette idée, et ces filles ne peuvent rien faire pour nous en empêcher, alors pourquoi aller jusqu'au bout ? répondit le Phantomhive en appliquant sa propre logique à la situation.

- Ciel est un tricheur, hein ? dit Luka.

Il ne faisait qu'une simple observation sur le garçon. Il ne cherchait pas particulièrement à être méchant.

- Seulement lorsque les règles peuvent être modifiées, répondit le bleuté.

- Oh, est-ce que ça s'applique aussi à Alois, alors ? plaisanta Preston.

- Jamais, dit catégoriquement Ciel.

- Est-ce que c'est pour ça que tu veux que l'on se retire ? demanda Travis. Pour que Alois et toi n'ayez pas à voir d'autres gens temporairement ?

Le bleuté croisa les bras tout en grommelant en réponse, rendant cette dernière évidente pour les autres. Il ne savait honnêtement pas comment il survivrait en devant agir de manière sociable avec une inconnue, et cela combiné avec le fait que Alois l'extraverti serait dans la même situation ne lui plaisait décidément pas. Ils allaient perdre ce match, et il était hors de question qu'il accepte dignement leur sanction, ou qu'il laisse son bien-aimé en faire de même. Il était un menteur, un tricheur, et l'escroquerie ne lui était pas étrangère. De plus, Alois Trancy, ou Jim Macken, lui appartenait.

Ces pensées agaçantes furent heureusement interrompues, quoique pas de la meilleure façon, par le bruit soudain de gargouillements et de plaintes à proximité de lui. Il se tourna et vit le pauvre Luka qui se tenait le ventre comme s'il tentait de mettre un terme à la symphonie. Le brun était quelque peu embarrassé par ces bruits, et prétendit ne pas les remarquer en gardant les yeux rivés sur le match. Un petit sourire apparut sur le visage du Phantomhive lorsqu'il constata cela avant qu'il s'adresse au jeune garçon.

- As-tu faim, Luka ? demanda-t-il, connaissant déjà la réponse.

Le Macken regarda le bleuté d'un air déterminé en retour, un air que le démon plus âgé ne comprit pas jusqu'à ce qu'il prenne la parole.

- Oui, mais si on gagne, on aura de la nourriture gratuite ! répondit Luka, une lueur dans ses yeux.

Étant donné le passé du garçon, un repas gratuit valait bien une petite attente. Le bleuté, cependant, n'était pas de cet avis.

- Si tu as faim dès maintenant, alors pourquoi ne pas aller chercher quelque chose à manger ? demanda Ciel. Preston et Travis ont faim, eux aussi. Nous devrions aller chercher quelque chose, et revenir.

- Mais ça coûtera de l'argent ! répliqua le plus jeune garçon d'un ton concerné.

- J'ai de l'argent, Luka. Cela ne pose aucun problème. Crois-moi.

- Mais ce sera pas gratuit !

- Et ça pourrait être dans plusieurs heures, interrompit Preston. Je veux manger…

- Mais grand frère veut vraiment gagner ! dit Luka avant qu'un gargouillement particulièrement féroce ne s'échappe de son estomac.

- J'ai beau comprendre ce que tu ressens, un garçon en pleine croissance ne devrait pas se retenir de manger, répondit Travis, aussi calme et serein que d'ordinaire. Je ne veux pas manger sans les autres, mais nous devons faire passer ta santé en premier.

- J'ai déjà sauté des repas avant, dit Luka. Je peux tenir.

- Tu ne devrais pas faire cela, si tu n'y es pas obligé, dit Ciel. Jim comprendra.

- « Jim » ? répéta Preston d'un air confus.

- J'ai le droit d'appeler Alois par son vrai prénom, dit Ciel, ses joues légèrement colorées de rose alors qu'il se leva et retira le sable qui était sur lui, puis il tendit une main à Luka.

- Allons te nourrir, dit le bleuté, aidant le frère de son bien-aimé à se relever. Sebastian, dis aux autres où nous sommes allés, s'ils demandent. Nous ne tarderons pas.

- Yes, my lord, répondit un certain majordome qui observait le match qui se déroulait devant lui avec grand intérêt.

Il ricana lorsqu'une certaine pensée lui traversa l'esprit, ce qui piqua la curiosité de son maître.

- Qu'y a-t-il ? demanda Ciel en levant un sourcil.

- Oh, rien, répondit le majordome, son habituel sourire sournois présent. J'ai simplement remarqué qu'Alois n'arrête pas de lancer des regards par ici. Il semblerait qu'il cherche à obtenir votre attention, jeune maître.

Aussitôt, le bleuté suivit le regard de l'homme vers la menace, qui, effectivement, les regardait. Rapidement, cependant, le blond tourna la tête, se concentrant de toute évidence à nouveau sur le match avant de répéter l'action. De plus en plus curieux, cette fois, lorsque le ballon se dirigea vers lui, il le frappa avec beaucoup plus de force que les quelques fois précédentes, l'envoyant hors du terrain de l'autre côté ce qui agaça ses coéquipiers, avant de regarder de nouveau en direction du bleuté, comme s'il cherchait son approbation. Alors que les pièces du puzzle se mettaient en place dans son esprit, Ciel se mit à ricaner, comme l'homme vêtu de noir l'avait fait.

La menace blonde était vraiment à fond dans le match. Il était déterminé, mais d'une manière légèrement différente des autres. Pourquoi cela ? Parce qu'en y repensant, Alois n'avait jamais réellement porté son attention sur les filles depuis le début. Elles ne l'intéressaient pas, ce qui faisait complètement tomber à l'eau la théorie de revanche de l'autre jour du bleuté. Cela étant dit, quel était son véritable but ?

Il était simple : Il voulait impressionner son petit ami, ce qui amusait les deux démons plus âgés. Ciel s'attarda sur ce fait un moment, avant qu'autre chose n'attire son attention : l'autre Macken qui le regardait avec une curieuse expression.

- Qu'y a-t-il ? demanda finalement Ciel, se sentant un tant soit peu mal à l'aise à cause des grands yeux du jeune démon qui le fixaient.

- Je sais pas… répondit Luka. On dirait juste que t'as vu quelque chose de super mignon, c'est tout.

Sebastian se couvrit la bouche, réprimant un rire, tandis que les joues du bleuté virèrent au rose.

- Allons te chercher de la nourriture, allez… dit le bleuté, changeant le sujet tout en menant Luka et ses amis là où ils pourraient se sustenter.

Pendant ce temps, la menace blonde les regardait, quelque peu déçu par le départ du bleuté, mais à en juger par le fait qu'ils prenaient Luka avec eux, il partit du principe que tout cela était lié, alors il ne fut pas plus contrarié que cela. Toutefois, il était tout de même attristé, d'une certaine manière. Il n'eut pas vraiment le temps d'y songer très longtemps avant qu'on l'interpelle.

- Alois ! Attentio- !

PAF !

Le ballon le heurta en pleine face alors qu'il était distrait. Même avec toute la puissance, la grâce, et l'agilité d'un être surnaturel indestructible, il échoua tout de même à sentir et éviter le projectile en mouvement et à arrêter sa chute. Il atterrit dans le sable, quelques grains rentrant dans sa bouche, tandis que les filles et les garçons le regardaient avec incrédulité.

Il n'arrivait pas vraiment à y croire non plus. La menace blonde tituba pour se remettre sur pieds, crachant du sable tout en s'essuyant le visage. Il ne fit qu'étaler un peu de sang sur ce dernier. Apparemment, la balle l'avait frappé avec assez de force pour le faire saigner du nez. Ironique, pour un démon. A son grand désespoir, cependant, il leva les yeux et vit le bleuté rire avec une main devant la bouche. Il avait raté sa tentative pour avoir l'air « cool », et avait fini par se ridiculiser. Les joues d'Alois devinrent rouges à cause des rires provenant des filles et de ses propres coéquipiers, qui résonnaient dans ses oreilles.

Elles s'arrêtèrent seulement lorsqu'il leur lança un regard noir. Elles frissonnèrent, se rappelant à quel point il s'était énervé lors de leur dernière rencontre, et qu'il irait probablement au bout des violentes promesses qu'il avait faites. L'irritation causée par les nombreux échecs de la journée semblait commencer à l'atteindre.

Il ramassa l'arme du crime, et se mit à la servir, bien que ce ne fusse absolument pas son tour. Il la jeta dans les airs, puis il la frappa avec une force surhumaine, y mettant une nouvelle fois beaucoup trop de puissance, ce qui eut pour effet de l'envoyer en direction de l'océan à une vitesse phénoménale, ricochant sur la surface de l'eau quelques instants avant de couler dans les profondeurs des abysses. Les filles étaient en état de choc, et les garçons effrayés. Et s'il venait de révéler leur secret ? Grâce à l'exclamation de l'une des filles, cependant, ils découvrirent bien vite que ce n'était pas le cas.

- Notre ballon ! s'écria l'une d'elles, exprimant la véritable inquiétude du groupe.

La capitaine de l'équipe se tourna ensuite vers les garçons, un froncement de sourcils bien présent sur le visage.

- Eh ! Vous nous devez un nouveau ballon ! s'exclama-t-elle en faisant quelques pas en avant, lançant un regard mauvais à ses adversaires à travers le filet.

- Quoi ?! Roh ! C'était un accident ! protesta Daniel.

- Et puis quoi encore ! Cet imbécile de gorille blond l'a fait exprès ! dit la fille de Tamworth.

- T'as des preuves, pétasse ?!

- Daniel ! Ferme-la et viens ici ! dit Kristopherson alors que les garçons se mettaient à se mettre en cercle sur le côté. On va se regrouper et décider de quoi faire.

A contrecœur, le fils de politicien exécuta l'ordre du faux-blond et rejoignit leurs amis alors qu'ils discutaient. En plus de perdre et de devoir s'en tenir à leur sanction prédéterminée, ils devraient également acheter un nouveau ballon aux filles. Leurs pertes étaient plus grandes que ce qu'ils pouvaient potentiellement remporter, de toute évidence. Mais, il leur fallut quelques minutes pour en venir à une décision unanime, et ce n'en était pas une qui les réjouissait. Finalement, tous les garçons se relevèrent pour faire face aux filles.

- Alors ? demanda Cassidy en mettant ses mains sur ses hanches.

- Vous avez raison. Vous gagnez, dit Daniel, les mains bien positionnées derrière son dos. Ça ne sert plus à rien de le nier, donc… A plus !

Soudain, tous les garçons, Sebastian inclus et les autres sur le côté, se retournèrent et se mirent à courir dans la direction opposée, envoyant le sable en l'air dans le processus et tout ce qui se dressait devant eux tandis que les filles n'arrivaient pas à en croire leurs oreilles. On ne peut pas perdre si l'on ne joue pas, et l'on ne peut pas non plus faire face aux conséquences. Après s'être entretenu avec le plus âgé et le plus sage de leur troupe, les garçons avaient décidé qu'il était plus simple et plus bénéfique de se contenter de fuir les lieux.

Certaines des filles se moquèrent d'eux, tandis que d'autres leur criaient après de colère. Certaines partirent même à leur poursuite, mais il était trop tard. Ils étaient déjà trop loin pour être rattrapés.

Ils coururent jusqu'à être trop fatigués. Luka dut être porté par Sebastian pendant une partie du chemin, étant donné sa taille et son état de faim actuel. Après avoir repris leur souffle, les garçons, un par un, puis tous ensemble, éclatèrent de rire. Toute cette situation était déjà assez ridicule comme ça, mais alors il avait fallu qu'ils finissent ainsi. Bien que cela blessait fortement leurs egos d'avoir fui leurs problèmes, ils étaient drôlement ravis d'avoir entendu les réactions de ces affreuses harpies.