Écrit par HateWeasel
322. Bonjour Je M'appelle Revy.
Il fallut plusieurs heures pour retirer tous les débris et les éclats du corps du revenant, mais les chirurgiens de H.E.L.L.S.I.N.G y étaient parvenus tant bien que mal. Ciel et Sir Hellsing eurent une altercation à la suite de cela concernant la facture, mais finalement, le Phantomhive dû se résoudre à cause des preuves évidentes prouvant que la menace blonde et lui étaient en faute pour ne pas avoir gardé un œil sur le corps, et pour l'avoir rendu conscient de la situation. Du moins, c'était ce que le revenant lui-même avait rapporté.
Les revenants étaient simplement des esprits errant ne possédant pas de corps, pour une raison ou pour une autre. Soit leur âme n'avait pas été collectée, soit ils avaient fait une mauvaise rencontre avec un arracheur d'âme. Il y avait bien d'autres raisons, mais il s'agissait des deux plus plausibles. Ainsi, étant donné qu'ils n'avaient pas d'hôte, ils étaient des proies faciles pour les démons qui ne s'embêtent pas à passer de pacte lorsque leur repas leur est servi juste sous le nez. Il était tout à fait logique de prendre possession d'un corps, non ? Il était tout aussi logique de rendre service à la personne possédée, de la venger en guise de « paiement ». Voilà pourquoi ils étaient attirés par les décédés les plus troublés, et, sentant la détresse d'Alois à l'endroit même où il était enterré, une erreur s'était produite. Le duo de démons avait été beaucoup trop pris par sa mission pour chercher à sentir une quelconque âme perdue, et le revenant ignorait qu'ils étaient des démons, puisque les démons ne déplorent pas la perte d'un proche.
Voilà tout ce dont « Revy » pouvait se rappeler. Il n'arrivait pas vraiment à se souvenir de qui il était avant tout cela. En rentrant en contact avec l'âme de quelqu'un, et en partant du principe que l'on s'identifie trop longtemps à cette personne, on commence à se perdre quelque peu soi-même. Avec le temps, la mémoire du garçon pourrait très bien revenir, mais pour l'instant, il se faisait appeler « Revy Macken », ce qui n'allait pas sans le rendre confus. Le propriétaire originel de ce corps était une personne étrange, mais, elle avait dit qu'il pouvait « emprunter » son ancien corps aussi longtemps qu'il le souhaitait, alors il lui était reconnaissant.
Toutefois, savoir où il logerait restait un problème. Sir Integra refusait de le loger s'il n'était pas utile, et il ne le serait pas, puisqu'il devrait attendre jusqu'à l'été prochain pour s'entraîner avec les autres au camp de jeunesse de H.E.L.L.S.I.N.G, comme son homologue l'avait fait, le camp étant déjà terminé pour cette année. Ciel n'était pas très partant à l'idée de voir le garçon se balader dans son manoir, parce qu'il ressemblait à son petit ami, et cela le gênait. Mais il fallait s'y attendre, le Phantomhive dû à nouveau se résoudre à s'avouer vaincu, étant donné que son raisonnement était quelque peu égoïste, et parce qu'encore une fois, il était fautif, et il devait prendre ses responsabilités. C'était la chose la plus honorable à faire.
Ainsi, après une montagne d'excuses de la part de la menace blonde pour avoir embarqué le bleuté dans cette situation, et le silence gêné de Revy, ce fut décidé. Jusqu'à ce qu'il reçoive un entraînement adéquat, Revy habiterait dans la demeure Phantomhive et recevrait des cours particuliers de la part du majordome avec le frère d'Alois et apparemment également celui de Revy, Luka. Tout d'abord, cependant, il y avait certains détails à régler. Le garçon n'avait pratiquement aucun vêtement à se mettre, à part pour son t-shirt et son pantalon de survêtement qu'il portait plus tôt, qui étaient désormais troués de part en part.
H.E.L.L.S.I.N.G fut assez généreuse pour donner à la créature un autre t-shirt et un autre pantalon, ainsi que des bottes et une veste beaucoup trop grande pour lui. Il voyait bien que le bleuté était amusé par cette tenue, tandis que le blond était embarrassé. Le revenant mit ceci sur le compte de sa ressemblance avec Alois, ce qui rendait le tout moins embarrassant et quelque peu plus amusant pour lui.
En même temps, il était nerveux alors qu'il était assis entre eux dans le taxi qui les emmenait au centre commercial. Il était assis entre deux puissants démons fortunés qu'il connaissait à peine. Ils étaient ses prédateurs naturels, et il s'immisçait dans leurs vies. La « gêne » n'égratignait même pas la surface de ce qu'il ressentait à cet instant. En plus de cela, et du monde moderne à l'extérieur, qu'il avait vu, mais dans lequel il n'avait encore jamais était réellement impliqué, il était accablé.
Ils finirent par arriver au centre commercial où se trouvaient moult personnes et des choses et d'autres que le défunt n'avait jamais vu. Il devait l'admettre, il se sentait quelque peu mal à l'aise dans ses vêtements laids, alors que les deux garçons plus âgés avec lui portaient des costumes et qu'il avait l'air d'être à la rue. Mais bon, il était en quelque sorte à la rue, pour le moment, mais cela allait changer, avec un peu de chance. Les gens faisaient des messes basses sur eux, mais le duo de démons ne semblait pas s'en importer.
Après avoir été obligé de faire plusieurs boutiques ainsi, et été poussé dans de petites pièces avec un grand miroir pour essayer des vêtements qu'on lui donnait, le groupe finit par décider que le garçon avait une garde-robe assez bien garnie. Alois fit bien attention à respecter les goût de Revy, lui demandant s'il trouvait quelque chose d'intéressant ou qu'il aimait bien, et apparemment, le défunt aimait les vêtements très sobres, un fait qui consterna la menace blonde. Revy appréciait plutôt les vêtements pratiques, fait de matière épaisse, et qui semblaient durs à tacher. Dans la plupart des sacs avec lesquels ils repartaient se trouvaient des t-shirts, des jeans bleus, et quelques vestes. Ils prirent également quelques vêtements plus formels, étant donné que le garçon en aurait sans doute besoin, s'il devait se présenter devant Sir Integra ou Le Conseil des Douze.
- Eh, Eh, Revy ! dit Alois, alors qu'ils étaient sur le point de se rendre à la caisse de leur dernier magasin pour la journée.
- Oui ? demanda le revenant, se retournant vers la menace blonde, qui se tenait à côté d'une étagère avec d'étranges paires de lunettes.
- Essaye ça, dit la menace blonde en tendant à son homologue une paire de lunettes de soleil.
A contrecœur, la version plus jeune de lui-même s'exécuta, mettant les lunettes sur son visage. Il regarda le petit miroir à côté de l'étagère, et remarqua qu'il avait presque l'air « ordinaire », ce qui lui fit un tant soit peu plaisir. Ses yeux noirs étaient à présent cachés, et il ressemblait à n'importe quel autre humain fréquentant le centre commercial. Avec ces lunettes, il n'aurait pas besoin de mentir partout où il irait, comme les autres l'avaient fait, en disant à qui le demandait qu'il avait une « maladie rare des yeux » ou qu'importe quel mensonge qu'ils trouvaient sur le moment.
- T'en penses quoi ? demanda le Macken originel, connaissant déjà la réponse en voyant la tête que faisait le revenant.
- Ça va… répondit Revy.
De toute évidence, il n'était pas comme le blond, qu'il s'agisse de son sens de la mode, mais également parce qu'il ne disait pas tout haut tout ce qu'il pensait comme Alois.
- Elles ont l'air pratique… reprit-il.
Son homologue acquiesça.
- Prends celles que tu aimes le plus, alors, dit Alois. Tu devrais sans doute aussi prendre une deuxième paire, au cas où quelque chose arrive aux premières.
- Hein ? Mais ce n'est pas un « article de luxe », un truc comme ça ? demanda l'autre garçon.
- Pas si ça t'est utile, répondit le plus âgé des deux. Ne t'en fais pas, je gère, continua-t-il en sortant une carte de crédit du nom de « Jim Macken ».
Le garçon avait, apparemment, mis pas mal d'argent de côté depuis qu'il travaillait en tant qu'assistant de Ciel, alors que le bleuté s'occupait souvent des dépenses, et ne laissait Alois payer que lorsque le blond insistait vraiment.
- Tu vas acheter un bout de plastique avec un autre bout de plastique ? demanda le revenant.
- C'est aussi logique que d'acheter un bout de plastique avec un bout de papier, répondit Alois, ne s'embêtant pas vraiment à expliquer comment l'objet fonctionnait.
Toutefois, le revenant ne pouvait pas tout à fait nier cette logique, et il ne cherchait pas vraiment non plus à contredire l'autre garçon puisque cela ne semblait pas utile. Ce « Jim Macken » était un personnage haut en couleur, hein ?
Dieu sait dans quoi il s'était fait embarquer ?
Bien vite, le garçon en eut fini avec les achats de vêtements, et ainsi, il en revêtit certains dès qu'il en eu l'occasion pour se sentir plus à l'aise tandis qu'ils continuaient à faire les magasins pour les produits indispensables ; hors de question qu'on le regarde bizarrement alors qu'il achète une brosse à dents. Le blond trouvait cela étrange, puisqu'il portait des mini-short dans ce même corps autrefois, mais ce n'était plus lui. La menace blonde choisit donc une tenue, et envoya son homologue se changer, attendant patiemment avec le bleuté, qui, bien qu'il ne fût pas très enjoué à l'idée de dépenser beaucoup d'argent, était tout de même amusé.
- Qu'y a-t-il de si drôle ? demanda Alois, remarquant le sourire du bleuté, ce dernier essayant immédiatement de le dissimuler.
- Rien, répondit le Phantomhive en se remettant droit. Cela me rappelle juste l'époque où nous devions faire la même chose avec toi il y a quelques années.
- Je pense réussir à comprendre pourquoi tu étais aussi mortifié à cette époque, plaisanta le blond, se moquant de la réaction du bleuté ainsi que de ses propres choix vestimentaires, en plus de sa propre réaction à ceux du revenant.
La menace blonde préférait les vêtements vifs et élégant, tandis que « Revy » insistait pour avoir une garde-robe plus terne et pratique. Ils avaient le même visage, mais c'était plus ou moins la seule chose qu'ils avaient en commun. C'est pour cette raison que lorsque le revenant sortit de la cabine d'essayage, il ne sut pas vraiment comment se sentir vis-à-vis de lui. Ciel, cependant, était très amusé.
Le revenant avait un style curieux, une sorte de mélange grunge-rock, comme si un certain dieu de la Mort qu'ils connaissaient avait choisi sa tenue. Revy n'était pas tout à fait conquis. C'était tous les articles les plus tape-à-l'œil des sacs, étant donné que c'était la menace blonde qui avait choisi pour lui. Il ne savait pas tout à fait comment fonctionnait la mode à cette époque-ci, alors il devait se contenter de se fier à l'intuition de l'autre garçon pour l'instant. Si on lui avait laissé le choix, il aurait juste pris un des t-shirts au hasard ainsi qu'un jean. Il aimait aussi bien la veste que H.E.L.L.S.I.N.G lui avait donné, la veste étant beaucoup plus chaude que le chemisier léger qu'il portait actuellement. Cela lui fit réaliser à quel point il aimait la chaleur. Il était constamment frigorifié.
- Pas mal, dit le bleuté en parlant de la tenue du garçon.
Ce qui l'amusait le plus était le fait qu'il ressemblait parfaitement à Alois, et était habillé tout à l'opposé du garçon. Sachant cela, Revy jeta un œil vers un miroir non loin, puis vers son homologue, comparant les deux. Le fait que leurs visages soient exactement pareils était extrêmement perturbant pour eux.
- Hmmm… fit le blond, regardant le garçon de haut en bas. C'est super bizarre… Peut-être que si on faisait quelque chose à tes cheveux ?
- Oui, par pitié, répondit Revy. Sans offense, mais je préférerai ne pas être ton portrait craché, si ça te va…
- Pas de problème. Je pensais un peu la même chose… dit Alois. Avoir un « mini-moi » est un peu bizarre.
Ainsi, le groupe traversa le centre commercial jusqu'au salon de coiffure, contemplant les lieux. Aucun d'entre eux n'étaient déjà venus ici auparavant, pas même Ciel. Les démons sont en mesure de manipuler leur apparence, alors ils n'en avaient jamais eu besoin. D'une manière ou d'une autre, les coiffeurs semblèrent le remarquer, et vinrent à leur secours. Apparemment, de nombreux hommes étaient confus face à ce concept.
On les fit s'asseoir, et ils feuilletèrent des magazines avec différentes coupes pour que Revy ait une idée de ce qu'il voulait. Pendant ce temps, on demanda aux deux démons où est-ce qu'ils avaient achetés leur « vernis à ongles », et diverses questions insupportables aussi inutiles que banales. Revy finit par trouver quelque chose qu'il aimait bien, et au grand malheur d'Alois et à l'amusement continu de Ciel, il s'agissait d'une coupe courte. Le bleuté éclata de rire, surtout à cause de la réaction d'Alois. Il adorait voir le garçon être embarrassé, et il aimait voir le vent tourner, parfois.
Il n'arrêta pas de taquiner le blond sur cela jusqu'à ce qu'ils rentrent chez eux, rappelant au garçon que son fond d'écran était toujours une photographie du blond durant son entraînement militaire tout en souriant et riant alors que l'autre garçon lui ordonnait de la supprimer. Oh, comme le bleuté aimait cela. Il trouvait cela adorable, vraiment. Peut-être que si le revenant rendait le blond plus facile à embarrasser et à taquiner, alors cela valait le coup de dépenser autant. Bien qu'il mourrait d'envie d'embrasser la petite bouille du Trancy, cela devrait attendre jusqu'à ce que son double soit installé. Alors, lorsque le trio sortit du taxi et monta les marches du Manoir Phantomhive, ce fut leur prochaine mission.
Ils réussirent à peine à franchir la porte, cependant, que Luka accourut vers eux, fou de joie de voir son grand frère. C'était compréhensible, le garçon avait été mort d'inquiétude lorsque son frère avait dû partir parce qu'il était « malade ». Il était également normal qu'il fût aussi confus, lorsqu'un autre garçon qui ressemblait à son frère entra. Le brun se cacha immédiatement derrière Alois, dès qu'il croisa le regard du revenant à travers ses lunettes. Ricanant, le blond posa les sacs qu'il portait et enlaça le petit bonhomme dans le foyer.
- Luka~ ! Tu m'as manqué~ ! dit-il en chantonnant, rassurant le garçon. Tu as été sage avec Sebastian ?
- Ouaip ! répondit Luka, enlaçant son frère en retour avec un grand sourire. Toi aussi tu m'as manqué, Jim ! Je suis vraiment content que Ciel soit resté avec toi, sinon j'aurais été vraiment inquiet !
- Oh ? Alors j'ai besoin que Ciel me protège ? songea le blond, soulevant l'autre garçon.
- Ouais, mais non, j'avais peur que tu te sentes seul, répondit le plus jeune des Macken.
- Alors c'est une bonne chose que Ciel ait été là ! J'aurais pu mourir de solitude !
- Nan, on peut pas mourir de solitude !
- Ça arrive aux lapins, dit Alois.
- Mais t'es pas un lapin, répondit son frère, ce qui le fit rire.
- Eh, on sait jamais, dit le blond en jetant un œil au revenant.
Suivant son regard, Luka en fit de même, et il resserra sa prise sur son frère.
- Luka, voici Revy, dit la menace blonde, présentant son homologue. C'est un esprit qui possède mon ancien corps. Il va rester avec nous un moment.
Mais qu'est-ce que tu racontes à un enfant ? se dit le revenant, n'exprimant sa pensée que par les parties visibles de son visage.
- Il est comme un zombie, mais il ne mange pas les gens, et il n'est pas aussi cool que moi, ajouta la menace blonde pour plaisanter, et le sourcil du revenant tiqua.
- Il a pas intérêt, ou je lui ferai la misère ! dit Luka d'un air déterminé.
Essaye pour voir, pensa le revenant. Il ne savait pas vraiment comment répondre à ce nouveau garçon, et Luka ne savait pas non plus vraiment comment réagir face à lui.
- Revy, voici Luka, mon petit frère, dit Alois. Sois gentil avec lui.
- D'accord, répondit Revy, ne sachant pas quoi dire d'autre.
Il se tendit lorsque le blond reposa le brun, et que ce dernier courut vers lui comme pour l'examiner. Après lui avoir tourné autour quelques fois, il s'arrêta juste devant lui, rendant le revenant nerveux à cause de ses grands yeux marrons fixes.
- Tu ressembles pas du tout à mon frère, dit enfin le garçon, choquant franchement Revy avant de retourner vers la menace blonde.
- T'inquiète pas, Jim, je pense pas que Ciel le confondra avec toi, dit-il à son grand frère, déterminé à ce que cette personne ne sème pas la zizanie.
- Cela n'arrivera pas, parce que je trouve Jim attirant, lança le Phantomhive nonchalamment. Je ne sais pas vraiment où te mettre, Revy. Je suis sûr qu'il y a une chambre d'ami inutilisée quelque part…
- Oh, il peut utiliser mon ancienne chambre, suggéra Alois. Je ne l'utilise jamais.
- « Ancienne » chambre ? répéta le blond plus petit, levant un sourcil.
Avant qu'Alois ait le temps de répondre, Luka était déjà sur le coup.
- Jim n'y dort plus, parce qu'il dort avec Ciel, dit-il, ajoutant sans le vouloir de la tension à une ambiance déjà tendue.
Alois se tint, incertain de quoi dire à son homologue, et le bleuté lui-même était tout aussi perdu. Pendant ce temps, le pseudo-blond en question était complètement abasourdi. Non seulement ces deux-là étaient des démons, et gays, mais leur relation n'était pas juste « romantique ». Ce garçon qui portait la peau dans laquelle il se trouvait actuellement avait une relation sexuelle avec un autre garçon. Bien que Revy comprenne le passé du blond, il comprenait encore moins comment cela pouvait fonctionner. Clairement, ce garçon n'avait pas toute sa tête. Il se l'était déjà demandé plusieurs fois durant la journée, mais il se demande une nouvelle fois :
Dans quoi est-ce que je me suis embarqué ?
