Harry Potter et les Gardiens du Pouvoir.
Disclaimer : Je ne possède rien de l'Univers Harry Potter à part l'intrigue tordue, quelques personnages originaux, et un désir de partager mon étrange obsession avec d'autres.
T/N : Je ne répondrai qu'aux reviews remarquables.
Chapitre 3 : Et Dans le Feu
Rogue savait qu'il était mort. Il avait échoué dans sa mission pour Dumbledore et maintenant lui et Potter étaient morts. Mais s'il était mort, pourquoi avait-il une migraine à lui fendre le crâne et pourquoi est-ce qu'il était si foutrement dur de respirer ? Il avait l'impression qu'un poids de cinquante kilos écrasait sa poitrine. Non, une minute. Il avait un poids de cinquante kilos qui lui écrasait la poitrine ! Le corps de Potter était étalé sur lui, l'empêchant de respirer profondément. Maintenant, il était vraiment mort. Il avait survécu et Potter était mort. La seule question était de savoir quel 'maître' allait le tuer en premier !
Il sentit un souffle malaisé sur son dos, puis un deuxième. Potter n'était pas mort non plus ! Il relâcha le souffle qu'il n'était pas conscient d'avoir emmagasiné et écouta attentivement. Aucun bruit indiquant la présence de Mangemorts, pas de sorts lancés, pas de – rien à part la respiration difficile et haletante de Potter et son propre cœur battant dans sa poitrine et dans sa tête.
Il se força à ouvrir les yeux, s'attendant à être encore dans la Salle du Trône de Voldemort, pour se retrouver dans une prairie ensoleillée, tôt le matin. Il savait vaguement que lui et Potter avaient été enlevés milieu décembre et l'air sentait comme un matin de la fin juin. Il sentait de l'herbe humide sous son visage et entendait des oiseaux dans la forêt drue qui entourait la prairie. Aucun oiseau ne chanterait s'il y avait des Mangemorts battant la forêt à leur recherche.
Il pouvait trouver où ils étaient plus tard, d'abord il devait examiner le garçon et le soigner du mieux qu'il pouvait. Il avait quelques potions magiquement attachées à lui dont il ne se séparait jamais, mais pas la trousse de secours qu'il gardait dans ses robes de Mangemort. Il ne portait que ses lourdes robes de professeur en laine. Au moins il avait toujours sa baguette, les Mangemorts ne la lui avaient pas prise devant le Seigneur des Ténèbres, hm, et il n'appellerait jamais plus ce bâtard sadique ainsi ! Dumbledore et Potter l'appelaient Voldemort, ou même Tom. Hm, il aimait vraiment l'idée d'appeler cet idiot dégénéré Tom ! Merde, son esprit partait dans tous les sens et il se força à réfléchir à la situation.
La migraine lui battait le crâne et son corps entier tremblait encore à cause de ce maudit sort. Il passa doucement une main à l'arrière de sa tête. Sentant une quantité alarmante de liquide, il toucha prudemment la large bosse qu'il trouva. Aïe, il pouvait à peine l'effleurer sans souffrir deux fois plus. Il avait remarqué que sa vue était trouble et qu'il avait beaucoup de mal à se concentrer. Il ramena sa main et y trouva une grande quantité de sang. 'J'espère que c'est seulement parce que les blessures de la tête saignent beaucoup ! " pensa-t-il, maudissant de nouveau Voldemort.
Forçant son esprit à revenir au problème immédiat, il réfléchit à nouveau au garçon. Il se souleva sur ses bras en bougeant Potter le moins possible. Utilisant sa poitrine comme appui, il réussit à se tourner sur le dos tout en se tortillant pour s'asseoir sous l'enfant inerte. Il souleva doucement Potter tout en tenant sa tête et son cou aussi immobiles que possible. Il rampa de dessous Potter et l'allongea exactement de la même manière sur l'herbe humide. Bon, on ne pouvait rien faire à ça. Il ne pouvait même pas mettre un oreiller ou même une robe sous lui avant d'avoir examiné les blessures du garçon. Albus le tuerait s'il sauvait la vie du garçon uniquement pour le tuer alors qu'il essayait de le soigner. Pour être absolument exact, c'était le garçon qui l'avait sauvé, mais il ne l'admettrait jamais, sauf si sa vie en dépendait. Peut-être que l'enfant ne se souviendrait pas de ce qui s'était passé ? Merde, son esprit vagabondait à nouveau.
Il utilisa ses mains pour tâter doucement la tête et le cou du garçon. C'était réellement dommage qu'il n'en sache pas plus en sorts de diagnostic et de guérison. Ce n'était pas pour rien qu'il s'était tourné vers les potions plutôt que vers " agiter bêtement sa baguette " comme il le disait aux première année. Pour être honnête, il n'était pas très bon en sortilèges à part pour les duels et Madame Pomfresh n'apprécieraient certainement pas qu'il fasse du mal à son Elu. Son père s'était assuré qu'il sache tout ce qu'il y avait à savoir en matière de magie noire et de malédictions mais il avait découragé son fils de pratiquer quoi que ce fût d'autre. Bien sûr, il avait eu les diplômes de Maître en Métamorphose et en Sortilèges, mais ça faisait un bon moment. Après l'école, il avait rapidement oublié la plupart de ce qu'il avait appris. Après tout, à quoi lui aurait servi de savoir transformer un rat en verre à pied ? 'Putain !' pensa-t-il 'c'est pas le moment de penser à autre chose !'
Il lança un rapide sort de Déshabillage et poussa un grand soupir de soulagement quand il ne trouva pas de blessure grave à la tête et au cou du garçon. Dommage qu'on ne puisse pas en dire autant du reste. Entre l'attaque brutale de Malefoy puis l'attaque encore plus brutale de Voldemort, le corps du garçon était en sang. 'Merci Merlin, la torture avait juste commencé et Voldemort n'a pas lancé de sort de déchirure ni d'écrasement. Je ne peux pas soigner des blessures internes tout seul dans une prairie.' Se dit-il.
Les bras et jambes étaient tous cassés et il était couvert de plaies et de bleus, mais le pire, c'était les côtes. Rogue pouvait dire qu'au moins cinq côtes étaient fracturées, une perçait même la peau juste sous son épaule gauche, et il espérait qu'aucune n'avait perforé de poumon. Rogue savait qu'il n'avait rien pour traiter ce genre de blessure gravissime dans cet environnement. Il pouvait être à un kilomètre de Poudlard ou à un million, ça ne faisait aucune différence car il ne savait pas où ils étaient. Le garçon ne pouvait pas du tout être transporté à cause du risque de perforer un poumon et des probables blessures internes qu'il ne pouvait pas détecter. Et il ne pouvait pas transplaner avec sa blessure à la tête même s'il avait voulu laisser le stupide sale gosse.
Après deux longues heures stressantes, il avait pansé le garçon du mieux qu'il le pouvait. Il était soulagé pour une fois que le garçon soit inconscient. Il avait gardé un œil sur lui pendant qu'il cherchait tout ce qui pourrait l'aider en fouillant pour trouver des branches utilisables dans les sous-bois environnants. Il avait pu remettre les membres cassés en place et leur poser des attelles avec les branches qu'il avait trouvées, et des bandages qu'il avait fait apparaître avec sa baguette. Il n'avait sur lui qu'une fiole de potion pour soigner les os qu'il avait utilisée pour remettre en place la côte en passant la main sur la poitrine maigre.
Il s'arrêta un moment, plongé dans ses pensées, en réalisant, d'après les souvenirs de Potter, pourquoi la poitrine était si maigre et le garçon si petit. 'Même les Mangemorts nourrissent leurs prisonniers, et c'était leur propre neveu. Comment peut-on laisser son propre neveu sans nourriture pendant quatre jours, enfermé dans un placard ?' Cela prouvait juste que les sadiques n'étaient pas tous des Mangemorts, certains étaient Moldus !
Une fois la côte remise en place, il enveloppa soigneusement les côtes du garçon. Il roula la chemise de Potter et e fit un oreiller pour le garçon, arrangeant quelque peu sa respiration, et l'enveloppa dans sa propre lourde cape pour la chaleur. Il portait lui-même la vieille cape de garçon qui ne lui allait bien sûr pas, mais il se remuait assez pour ne pas avoir froid et il ne pensait pas être en danger de passer en état de choc comme l'enfant. Le soleil devenait plus chaud et il n'en aurait bientôt plus besoin.
Il prit deux grandes respirations pour se calmer et se concentrer avant de faire le point sur la situation. Il savait qu'il était lui-même blessé car il avait du mal à se concentrer même sur une idée simple. Même si son esprit n'était pas aussi brumeux que quand il s'était réveillé. Enfin, il espérait que ce n'était pas le cas. Il remarqua que sa vue n'était plus floue. Ça, c'était un bon point. Ça signifiait que sa blessure à la tête ne s'aggravait pas, merci à Merlin. C'était difficile de poser un diagnostic sur son propre état mental, après tout. Sa migraine avait diminué donc il ne voyait plus double, mais il la sentait encore bien s'il bougeait trop vite ou essayait de se pencher en avant.
Il continua son examen mental de la situation. Personne n'était venu pendant qu'il pansait le garçon, par conséquent il n'y avait pas de grandes chances qu'on vienne à leur secours dans le futur proche. Il avait pour environ 3 jours de différentes potions antidouleur, 4 de potions de Tonus, 2 de potions contre la fièvre, et 5 de potions de nutrition mais absolument rien pour les blessures internes ou de potion de Régénération Sanguine. Il avait seulement la fiole de potion pour soigner les os et aucune potion anti Doloris. Et il aurait volontiers utilisé ces deux-là. Au moins, Voldemort n'avait pas utilisé ce maudit sort trop longtemps avant que Potter fasse ce qu'il avait fait. Rogue ne savait pas encore exactement ce qu'il avait fait.
Maintenant que l'enfant était stable, Rogue rassembla du bois et plusieurs herbes et morceaux d'écorce qu'il avait trouvés et revint au chevet du sale gosse. Il utilisa sa baguette pour dégager un endroit et l'entourer de pierres, allumer un feu et faire apparaître un petit chaudron. Il le remplit d'eau du petit ruisseau qui traversait la prairie et fit bouillir l'eau. Il pouvait faire un thé antidouleur et légèrement calmant avec les herbes et les écorces qu'il avait trouvés, mais il n'avait pas trouvé de quoi faire quelque chose de fort. Il pouvait aussi faire une pommade pour les nombreux coups et bleus qui recouvraient le corps de l'enfant avec les ingrédients qu'il avait ramassé et plusieurs choses qu'il cachait dans ses poches. Heureusement, il avait plusieurs boites de son thé préféré qu'il avait pris dans ses quartiers pour remettre à jour le stock de son bureau. Potter n'aurait certainement pas envie de se trouver à côté de lui tant qu'il n'avait pas pris son thé le matin ! Merci à Merlin, il l'aimait pur, sans rien ajouté.
Repérant un mouvement furtif du coin de l'œil, il lança rapidement un Stupéfix sur un lapin trop lent. Très bien, il pourrait faire un bouillon pour son malade et du lapin rôti pour lui ce soir. Il pourrait y ajouter ces carottes sauvages et ces oignons qu'il avait repérés et faire un bon ragoût pour le lendemain.
Le coin lui semblait familier ; au moins, il semblait qu'ils étaient encore en Ecosse et peut-être pas trop loin du château. Il n'avait aucun moyen d'expliquer l'apparent changement de mois ou de climat. Mais personne ne penserait à les chercher ici et il ne voulait pas prendre le risque de Transplaner, le garçon était trop grièvement blessé et entre ne pas savoir à quelle distance il était de Poudlard et ignorer la gravité de sa blessure à la tête, cela serait trop dangereux pour lui aussi.
Non, il n'y aurait personne pour venir les chercher ici. Au mieux, l'Ordre chercherait à les sortir du repaire actuel de Voldemort, où qu'il soit.
Rogue prit un moment pour savourer sa toute nouvelle liberté. Il n'aurait plus jamais à se prosterner aux pieds de l'idiot dégénéré. Pour autant que l'Ordre saurait, il aurait laissé tomber sa couverture pour sauver leur Elu et il serait l'objet de leur admiration et félicitations. Puis il pourrait passer le reste de sa vie à fabriquer des potions et à terroriser les Gryffondor comme il aimait le faire. Et il n'aurait plus jamais à se taper les Malefoy et à jouer les papa-poule pour la marmaille de Mangemorts. Et s'il pouvait se débarrasser de la responsabilité du sale-gosse-qui-avait-survécu-et-qui-lui-cassait-les-pieds-continuellement sa vie serait vraiment un paradis. Oh, et se débarrasser de cette migraine !
Rogue était toujours dans cette maudite prairie trois jours plus tard. La seule chose qui avait changé était qu'il était enfin débarrassé de cette migraine, du moment qu'il pensait à ne pas essayer de gratter la cicatrice à l'arrière de son crâne.
Il retira de son séchoir en branchettes un petit bol qu'il avait fait apparaître et y versa du bouillon d'écureuil pour le garçon. Il le posa à côté du thé qui était déjà en train de refroidir dans l'abri qu'il avait fabriqué en utilisant la ceinture que le garçon utilisait pour retenir ses pantalons en loques. La ceinture et les lacets de ses chaussures accrochés ensemble avaient été assez longs pour accrocher deux arbres ensemble et draper la cape par-dessus.
Il était temps de réveiller Potter et de lui faire avaler quelque chose. Potter ne se réveillait pas vraiment, mais il était assez conscient pour avaler si Severus faisait attention à faire couler le liquide à l'intérieur de sa joue. Il avait doucement soulevé la tête et les épaules de Harry, puis glissé ses longues jambes de chaque côté du corps du garçon afin que les épaules du garçon reposent sur sa poitrine. Les bras bandés de Potter étaient soutenus par les cuisses de Rogue et ses jambes cassées maintenues par celles de Rogue. La tête du garçon était appuyée contre son bras gauche, inclinée en arrière afin qu'il puisse faire couler les potions dans la gorge du garçon sans l'étouffer. Le bol tiédi de ragoût attendait à côté de lui. Heureusement, le ruisseau attirait le petit gibier et il ne les avait jamais manqués avec ses Stupéfix, même s'il commençait à se lasser du lapin et de l'écureuil.
" Allez, Harry. Encore un peu et tu pourras te reposer. Par Merlin, quand est-ce que j'ai commencé à appeler le garçon Harry ? Et à le tutoyer ? " Bien sûr, trois jours à s'occuper d'un enfant à peine conscient lui avait donné largement le temps de digérer tous les souvenirs affreux que le garçon avait projeté dans sa mémoire. " Comment est-il passé par-dessus mes barrières ? " Il ne pensait pas que même Albus pût faire ça et il savait que Tom ne pouvait pas. Tout aussi diabolique qu'il fût, il n'était pas doué en Occlumencie ni en Légilimencie.
Avec tout ce temps pour réfléchir, il avait réalisé qu'il ne savait rien sur le garçon. " Je pensais que mon père était cruel mais ce n'est rien par rapport à la famille de Harry. Et j'avais ma mère et ma grand-mère pour m'aimer. Père était un maître terrible et il ne tolérait aucune désobéissance, mais il ne m'a pas brisé d'os ni m'a brûlé ; les elfes de maison s'assuraient que je mangeais à ma faim et faisaient toutes les corvées. Pour autant que je haïsse ce sale gosse, je ne l'aurais jamais enfermé dans un placard pendant des années, l'en sortir juste pour travailler comme un elfe de maison ! Comment cet enfant a pu rester aussi doux et compatissant ? Avec un parcours pareil, il aurait pu devenir le nouveau Seigneur des Ténèbres. "
" Pas étonnant qu'il ne s'adresse jamais à un adulte s'il a un problème ! Je ne leurs ferais pas confiance, à sa place. Et il ne sait sûrement pas exprimer ses émotions. Chaque fois qu'il exprimait quelque chose, son oncle ou sa tante lui tapaient dessus. Ais-je été aussi cruel que ses souvenirs l'indiquent ? Pour être honnête avec moi-même, oui. Je dois changer ma manière de me comporter avec lui si je veux pouvoir l'aider... Est-ce que je veux l'aider... ? " se demanda Severus, parlant tout seul tout en faisant couler le bouillon et le thé aux herbes dans la bouche du garçon qu'il tenait doucement entre ses bras. Severus ne vit pas les yeux verts, brouillés par la douleur, s'ouvrir et le regarder.
Sa tâche achevée, Severus garda l'enfant contre sa poitrine en réfléchissant. Il ne réalisa même pas qu'il passait doucement sa main droite dans les cheveux en bataille de Harry en murmurant des mots sans queue ni tête pour rassurer l'enfant. Il continua à voix haute. " Oui, je veux l'aider. Je l'ai repoussé toutes ces années parce que j'avais peur de me confronter à lui. Il avait l'air si petit et perdu à la cérémonie de Répartition. Je n'arrive pas à croire que Hagrid ait dû lui expliquer qu'il était sorcier et comment ses parents sont morts ! Mais après avoir vu ses souvenirs, je crois que la vérité est pire que ce que tout le monde a pu imaginer. "
" Je ne peux pas laisser Albus le renvoyer chez ces brutes moldues ! Et maintenant que je ne suis plus un espion, je peux renforcer les protections sur le manoir Rogue afin que personne n'entre sans mon accord, Albus pourra sûrement être mon Gardien du Secret. Je n'y suis pas allé depuis dix ans, donc je pense qu'aucun des idiots de Voldemort ne pensera à me chercher là-bas. Je suis sûr que les elfes de maison ont tout laissé en état de marche. Je ne pense pas que Fudge me laissera obtenir sa garde, comment est-ce que je vais me débrouiller ? Eh bien, peut-être que je peux demander à Albus de ne pas informer le Ministère que Harry habite chez moi. Ce n'est pas obligatoire avant qu'il ait 17 ans, je pense, et après il pourra rester avec moi sans que personne n'y ait rien à redire. " continua doucement Severus en caressant doucement les cheveux du garçon.
Harry retint un léger gémissement en fermant les yeux. Il devait avoir des hallucination, il ne pouvait pas avoir entendu celui de ses professeur qu'il haïssait le plus, l'idiot graisseux qui le haïssait de même, dire qu'il voulait le prendre chez lui ! Il se blottit contre la poitrine de l'homme, savourant la sensation d'être tenu et rassuré. Personne ne l'avait jamais tenu comme ça quand il était blessé, enfin peut-être à part Mme Weasley, Hermione et Ginny, mais personne ne lui avait jamais offert ce confort Il pensa 'Je pourrais m'habituer à ça ? Est-ce que c'est ça que ça fait, d'avoir un parent ? Pourquoi Ron repousse sa mère si c'est comme ça ?' furent ses dernières pensées avant que l'obscurité l'emporte à nouveau.
Severus allongea doucement Harry sur le lit fait de bruyère et d'herbes sèches, recouvertes des vieux vêtements de Harry, dans le petit abri qui les protégeait tous les deux du brouillard qui tombait doucement sur la prairie. Ça faisait presque une semaine qu'ils s'étaient échappés des griffes du Seigneur des Ténèbres. Harry ne se réveillait toujours que le temps que Rogue lui fasse avaler l'antidouleur aux herbes et quelques cuillérées de bouillon avant que Harry s'endorme à nouveau. Rogue était plus que soulagé que Harry semble avoir échappé à la perforation du poumon mais il ne pouvait pas encore le bouger. Il savait que le thé aux herbes ne soulageait pas beaucoup et cela lui faisait mal de regarder l'enfant et de savoir qu'il ne pouvait pas faire plus. Et maintenant il avait de la fièvre.
Rogue avait trouvé de l'échinacée et de la Goldenseal et les avait mélangées avec d'autres herbes, mais il devrait bientôt recourir à son précieux stock de potions et il n'en avait que dix doses, sans aucun moyen d'en préparer d'avantage. Il bassinait Harry avec de l'eau fraîche et lui donnait du thé à chaque fois que le garçon donnait des signes de conscience, mais il avait peur que ça ne soit pas assez. Il fit durer les six doses restantes en les administrant toutes les six ou huit heures au lieu de quatre comme Mme Pomfresh l'aurait fait mais ça ne lui donnait que deux jours. Il espérait que ça serait assez.
" Harry, Harry, il faut que tu te réveilles pour prendre quelques potions et manger. Allez, tête de mule, tu peux le faire. Réveille-toi. Réveille-toi ! " Rogue s'inquiéta quand il ne reçut pas de réponse. Il tâta à nouveau le front de Harry et sut qu'il devrait se montrer plus agressif dans son traitement ou la fièvre allait devenir incontrôlable.
Rogue ferma le poing et frotta la clavicule de Harry avec les articulations de ses doigts, essayant d'éviter les côtes et les plaies. C'était une méthode moldue assez cruelle mais elle fonctionnait, et elle était plus efficace sur le corps qu'un Enervatum. Harry gémit et essaya d'échapper à la main qui le gênait. Avec un léger cri et un grognement, il ouvrit les yeux.
" Professeur ? " croassa-t-il. " Où sommes-nous ? " Il demandait cela à chaque fois qu'il se réveillait. Rogue savait qu'il devrait répéter l'infirmation jusqu'à ce que Harry soit assez conscient pour s'en souvenir, mais il s'en fichait. Il ne savait pas pourquoi il se montrait aussi patient avec cet enfant. Bon, il n'avait pas vraiment d'autre moyen.
" Chut, Harry. Je veux que tu avales cette potion pour faire baisser ta fièvre. Je suis désolé, enfant, mais je n'ai plus de potion contre la douleur. J'ai du thé avec des herbes qui pourra l'atténuer un peu, puis tu auras besoin de boire autant de ce bouillon que possible. Tu as vraiment besoin de liquide pour guérir. " dit doucement Rogue en levant les épaules du garçon et en glissant son propre corps derrière lui afin qu'il puisse appuyer le torse de Harry contre sa poitrine. Il ne se rendait pas du tout compte de la facilité et du naturel avec laquelle il faisait ça à présent. " Ça devrait t'aider à respirer et à avaler. "
Snape eut la nausée en voyant des larmes de douleur rouler sur les joues de Harry. 'Quel genre de monstre peut apprendre à un enfant à pleurer en silence ? Et pourquoi Albus l'a laissé repartir là-bas année après année à leur garde ? Le vieux fou n'a sûrement pas vérifié depuis un moment, hein ?' Il essuya sans y penser les larmes du garçon en réfléchissant aux différentes tortures qu'il pourrait faire subir aux Dursley.
" Professeur ? Ça va ? " le léger croassement le sortit de ses pensées de plus en plus sombres.
" Oui, Harry, chut maintenant. Tiens, bois ça, puis je te donnerai du thé et du bouillon. Je sais que ça a mauvais goût, mais pas autant que le Poussos. " plaisanta-t-il.
Après avoir vidé la fiole, Harry murmura " Ou le Polynectar... "
Surpris, Rogue siffla " Quand avez-vous eu l'occasion d'en goûter, Potter ? "
Harry tressaillit malgré lui au ton de son professeur et au retour de son nom de famille.
" Euh, c'est juste... Maugrey qui me l'a dit. " dit-il en vitesse. Aucun des deux ne fut satisfait de la réponse mais Rogue laissa filer.
Il fallut presque trente minutes de lentes cuillérées de thé aux herbes et de bouillon avant que Rogue autorise Harry à s'arrêter. Il lui avait parlé de ses suppositions sur l'endroit où ils étaient, quelles blessures il avait et comment il allait falloir les soigner. Il pouvait voir que le garçon était fatigué mais qu'il souffrait trop pour dormir. Il était secrètement heureux que Harry n'ait pas essayé de bouger de sa position, appuyé contre sa poitrine. Harry commença à se tortiller dans les bras de Severus.
" Tout va bien, Harry. Je préfère que tu restes comme tu es. Et je crois que tu respires mieux dans cette position. "
" Ce n'est pas ça, professeur. Je dois... vous savez... euh... aller aux toilettes ? "
Severus prit sa baguette et fit un mouvement rapide tout en murmurant une incantation et Harry se sentit tout de suite mieux.
" Quoi ? " demanda Severus avec un sourire en coin. " Mme Pomfresh a sûrement utilisé ce sort un certain nombre de fois avec tous tes séjours à l'infirmerie ? "
" Ben, oui. Mais je ne m'attendais pas à ce que vous le sachiez. Et la plupart du temps, je ne reste pas dans l'infirmerie quand je suis réveillé, monsieur. "
Severus sourit vraiment, enfin presque. " J'avais cru comprendre. Mais réfléchis. Il n'est pas possible de quitter le Seigneur des Ténèbres pour une raison aussi futile. Et il y a de nombreuses potions qui nécessitent de longues heures de préparation très strictement minutées. Je n'ai aucune envie de recommencer parce que j'ai dû m'absenter quelques minutes. Les professeurs de l'Académie de Potions apprennent ce sort à leurs élèves en même temps que les potions complexes qui demandent plus de deux heures de préparation. Je sais aussi que plusieurs équipes professionnelles de Quidditch utilisent ce sort. Certaines de leurs parties peuvent durer plusieurs heures ou même plusieurs jours avec juste quelques pauses. "
" Ah, d'accord. Je crois que je n'y avais jamais pensé. Ça serait dommage de rater une potion ou de faire exploser les cachots parce que, vous savez. Et je détesterais sûrement perdre un match parce j'ai dû aller pisser. Et puis je pense que ça rendrait le vieux Tom assez furax pour qu'il vous tue lui-même. " Harry devait s'arrêter pour respirer tous les deux mots, mais il semblait avoir moins de mal à parler après le thé.
" Ravi que vous le réalisiez, M. Potter. Et même si nous ne sommes que tous les deux, surveille ton langage. "
" C'est Harry, monsieur. Seulement Harry. Vous m'appeliez comme ça plus tôt. "
" Alors tu peux m'appeler Severus quand nous sommes seuls... Ou devant le professeur Dumbledore. Je ne peux pas attendre de voir sa tête quand tu m'appelleras comme ça ! Mais si tu m'appelles comme ça en classe ou dans les couloirs, je te coupe en morceaux et je t'utilise comme ingrédients de potions. " Il sourit à Harry, mais il n'y avait ni moquerie ni colère sur son visage et ses yeux sombres souriaient.
" Euh, d'accord, monsieur. Je veux dire, bon sang, c'est trop bizarre, Severus. " Harry devint presque aussi rouge que les cheveux de Ron.
Severus ne pouvait plus s'en empêcher maintenant et il sourit largement en serrant doucement Harry contre lui. Il rit même quand il l'entendit murmurer " Personne ne voudra croire ça ! "
Severus berça doucement Harry contre sa poitrine, lui parlant doucement de tout et de rien jusqu'à ce que le garçon s'endorme. Cette fois, il dormait vraiment.
