Un temps de chien

Sirius releva la tête brusquement. Il avait entendu quelque chose ou était-ce son imagination ? Il resta en alerte plus longtemps et entendit encore deux coups associés au heurtoir de la demeure. Il n'était certainement pas supposé être actionné en ce moment. Le 12 Square Grimmaud n'était plus le QG de l'Ordre et sa fréquentation avait donc drastiquement diminué. Sirius n'était pas sûr de ce que ça lui faisait mais il s'en détacha pour l'heure. Il sortit sa baguette et ouvrit la porte de loin. Dans la lumière du jour, il vit très clairement son neveu lui jeter un regard incertain.

— Entre vite, dit Sirius d'un air alarmé.

Qu'est-ce que faisait Harry chez lui ? Pourquoi n'était-il pas à Privet Drive ? Était-ce bien Harry avant tout ? Préférant s'en assurer, Sirius leva de nouveau sa baguette pour l'intimer de rester sur place. L'adolescent ferma la porte derrière lui. Il avait sa malle sur sa droite, un sac cabas dessus et un sac à dos. Sirius se creusa la tête pour trouver une question à laquelle Harry seul pourrait répondre et il eut bien du mal. Finalement, il se décida :

— À qui ma mère ressemble-t-elle ?

Heureusement, le garçon comprit directement et lui sourit :

— À Dolores Ombrage.

Sirius hocha la tête, presque entièrement satisfait. Il rangea sa baguette et pris le jeune homme dans ses bras. Il était très heureux de le voir malgré la surprise que c'était. Il prit sa malle d'autorité et le conduisit dans la cuisine.

— Désolé, je viens sans prévenir, marmonna Harry en posant ses affaires dans un coin.

— C'est pas vraiment ça le soucis, fit remarquer le trentenaire d'un ton tranquille. Comment tu es venu ici ?

L'air gêné de son neveu confirma qu'il n'allait pas aimer la suite.

— J'ai pris un train jusqu'à Londres et je suis venu en bus ensuite. Je sais que c'était dangereux mais j'en pouvais plus d'être là-bas. Tu vas pas m'y renvoyer quand même ?

— Bien sûr que non, soupira Sirius. Tu es ici chez toi, sourit-il avec douceur. T'es tout pâle, viens manger avec moi.

Le sourire de Harry était un vrai rayon de lumière, Sirius ne pouvait clairement pas regretter de bien l'accueillir. Il ajouta une autre assiette pleine en face de lui et les deux hommes déjeunèrent ensemble. Harry mangeait lentement bien loin des voraces adolescents dont il avait le souvenir. Le réprouvé comprenait que la situation était en train de devenir très compliquée. Il était à peu près certains de pouvoir assurer la protection de Harry durant son séjour mais il n'était pas sûr d'obtenir l'aval de Dumbledore.

Il n'avait pas franchement envie de lui demander son avis non plus mais il serait stupide de le laisser dans l'ignorance.

Pour alimenter la conversation, Sirius posait une multitude de questions sur Poudlard, en particulier les examens qui avaient eu lieu en fin d'année. Il était très fier de son hypogriffon. Ce n'était pas problématique d'accueillir Harry pendant deux mois mais après les événements du Ministère, Sirius se demandait si c'était une bonne chose pour lui.

L'adolescent s'était précipité à son secours sur de mauvaises indications et Sirius ne comprenait toujours pas comment la voix de Harry avait pu l'atteindre à travers le voile et si c'était vraiment sa seule volonté qui l'avait extrait de cette masse informe et projeté de nouveau dans la salle du Département des Mystères. Sa voix l'avait effrayé, il fallait qu'il aille l'aider. Il avait juste besoin d'être rassuré. Sirius avait à peine eu le temps de se tourner pour voir si ses collègues avaient besoin d'aide que Harry avait réussi à disparaître.

Occupé par des assaillants, Sirius n'avait pas pu aller le rejoindre. Ils devaient immobiliser le plus de Mangemorts possible et ensuite Dumbledore était arrivé et avait dispatché ses ordres ; Sirius avait dû partir pour ne pas se faire prendre par les Aurors qui arriveraient sans tarder. Les jeunes avaient été évacués à Poudlard et les membres de l'Ordre du Phoenix s'était retiré aussi vite que possible, escortant les blessés à St Mangouste.

Et cela avait permis à Voldemort de se confronter une fois de plus à Harry même si Dumbledore avait été là pour protéger ses arrières.

Mais il restait difficile de demeurer dans l'impuissance. Une frustration qui avait provoqué quelques conflits supplémentaires avec l'illustre directeur.

Tant pis, Sirius était prêt à se battre pour accueillir dignement son neveu. Après tout, c'était lui qui avait lancé l'idée qu'ils habitent ensemble. Et Sirius Black n'avait qu'une parole.

Après avoir mangé, il accompagna donc son neveu au troisième étage et ensemble ils aménagèrent sa chambre. En chemin, il lui demanda où était Hedwige.

— Je l'ai laissée se balader. Un voyage en train n'aurait pas été de tout repos pour elle. Et on se serait fait remarquer...

— Bien pensé, accorda Sirius. Il va falloir qu'on nettoie un peu. La chambre n'a pas servi depuis longtemps.

Harry n'en avait pas grand chose à faire. Il était arrivé chez son parrain et il se sentait enfin tranquille. Ils dépoussiérèrent la pièce, l'aérèrent et ensuite Harry demanda à voir Buck. Sirius était en train de se demander qu'est-ce qui l'occupait quand il avait lui-même quinze-seize ans quand il entendit du bruit aux étages inférieurs. Sirius laissa donc l'adolescent avec son compagnon ailé et descendit. Normalement, il s'agissait de Remus qui venait de rentrer.

Dès qu'il vit son ami, il posa ses deux mains sur ses épaules avec emphase. Immédiatement, Remus fronça les sourcils. Il sentait venir les problèmes et s'inquiétait déjà. Il voyait l'air enthousiaste de Sirius, un air qui annonçait encore des problèmes.

— Harry est arrivé ici, il veut rester.

La tête de Remus était si étonnée que son air fatigué s'était envolé, remplacé par un froncement de sourcils presque comique. Ses yeux marrons montèrent au plafond accompagné d'un signe de doigt interrogateur.

— Dumbledore est au courant ? finit-il par demander.

— Pas encore. Je vais avoir besoin d'aide pour le convaincre, il a été plutôt clair sur le fait que Harry devait passer l'été chez les Dursley.

— C'est précisément ça qui m'inquiète, souffla le lycanthrope en grimaçant. Harry va bien ?

Sirius hocha la tête en souriant.

— Il est avec Buck si tu veux dire bonjour.

Le dernier Black se mit en quête de son elfe de maison pour s'assurer qu'il resterait silencieux au sujet des récents événements. Depuis la tromperie que Kreattur avait provoquée, Sirius avait plus que jamais envie de s'en débarrasser. Il avait dû durcir ses règles. Il avait même pensé à envoyer l'elfe travaillé à Poudlard mais étant donné qu'il était coincé dans cette demeure et ne devait pas en sortir même sous le basique besoin de manger – il n'en avait rien fait. Ouais, cette situation était carrément merdique.

Est-ce qu'ils pourraient réellement passer un été ensemble ? Les perspectives semblaient tellement sombres depuis tellement longtemps que Sirius rechignait à y croire. Il avait passé deux ans reclus dans cette prison qui ne pouvait que lui rappeler les pires souvenirs de sa vie. Assez rapidement, Remus l'avait rejoint. Puis ce fut Tonks qui s'ajouta. Mais c'étaient deux sorciers occupés, deux personnes utiles. Un rappel déjà douloureux en soi.

Sirius avait plus que tout peur de passer une troisième année ainsi, infernale. Il ne supporterait pas de rester de nouveau enfermé. Malheureusement, il était compliqué pour le commun des mortels d'argumenter contre Albus Dumbledore. Harry et lui allaient devoir faire quelques efforts pour gagner leur liberté.

Nymphadora Tonks ne parviendrait jamais à entrer dans cette maison sans un grand fracas. Un bruit à réveiller les morts et en particulier le charmant portrait de l'entrée. Une fois n'est pas coutume, Sirius débarqua avec un large sourire laissant Remus se battre pour refermer le lourd rideau.

— Harry est là !

La nouvelle était tellement étonnante que l'Auror trébucha en rejoignant son cousin. Effectivement, le gringalet slash grand sorcier du vingtième siècle était assis dans la cuisine avec un sourire embarrassé. Tonks éclata d'un rire joyeux ; pour un rebondissement, c'en était un gros !

La sorcière savait déjà qu'un de ses messieurs devrait recevoir un bon savon – ce n'était pas Merlin qui avait conduit l'étudiant ici – mais pour l'instant ils étaient tous en sécurité donc pas de quoi s'affoler.

— Tu tombes à pic ! Je crois qu'on a commencé à faire le tour des jeux de cartes à trois !

Elle n'avait pas le souvenir d'un autre étudiant aussi enthousiaste à l'idée de faire des jeux de cartes toute la soirée. Tonks évita le sujet Dumbledore, elle voyait comme Sirius était sur son nuage et elle n'avait pas le cœur à le ramener brutalement sur terre. Juste croiser le regarder de Remus lui suffit à se rendre compte qu'elle n'était pas la seule à avoir adopter cette posture.

Ils préférèrent passer une bonne soirée animée par les multiples discussions et les jeux et garder l'aspect rébarbatif pour plus tard. Et apporter un peu de légèreté dans une ambiance qui ne semblait jamais s'améliorer était bien capital à leurs yeux.

Au petit matin, après que Sirius et Remus se soient fait réveiller par le chant enjouée de l'Auror, ils tinrent conciliabule dans la cuisine. Il ne s'agissait pas seulement de convaincre Dumbledore – Harry serrait certainement plus efficace qu'eux sur la question – mais aussi s'assurer que cela ne mettrait pas l'étudiant en danger. Il ne faudrait pas qu'il se mette en tête de partir dans des aventures plus rocambolesques que les années précédentes.

Sirius fut envoyé réveiller son protégé sous prétexte qu'il était le parrain – stupide. L'adolescent était déjà réveillé de toute évidence. Il avait tellement une sale tête que Sirius évita de lui demander comment il allait. À la place, il lui demanda de venir les retrouver dans la cuisine assez rapidement. Ce serait cool que Tonks soit présente pour cette discussion, elle était aussi douée que Remus pour arrondir les angles.

Harry débarqua quelques minutes plus tard, l'air débarbouillé, flottant dans ses habits trop larges. Ils échangèrent peu de formules de politesse se contentant de proposer une tasse de thé au nouvel arrivant.

— On est d'accord pour que tu restes mais il va falloir convenir de quelques règles, commença Sirius aussi sérieusement que possible – il n'arrivait pas à croire qu'il était en train d'imposer des règles à qui que ce soit. En premier aucune question sur l'Ordre, tu n'en es toujours pas membre.

Harry le regarda avec un agacement palpable. Il était encore en colère et certainement qu'une nouvelle année d'informations partielles n'avait pas arrangé les choses. Finalement, il hocha la tête avec un dégagement feint.

— On respecte tous votre mission sauvetage de juin, intervint Tonks avec douceur, mais elle prouve aussi que vous avez encore pas mal de choses à apprendre. Et que votre place est à l'école pour l'instant. C'est pas agréable à entendre mais c'est vrai. Vous avez presque tous était blessé, vous n'aviez aucune solution de repli. Quand bien même vous auriez trouvé Sirius prisonnier, comment auriez-vous fait pour le sortir de là ? C'est à ce genre de choses que tu devrais penser si tu veux entraîner tes amis dans ce genre d'expédition.

— Je voulais pas les entraîner ! rétorqua vivement Harry. Je voulais même pas qu'ils viennent !

— S'ils n'étaient pas venu, tu ne serais certainement pas sorti vivant de ce guet-apens.

Il n'avait rien à opposer à Tonks.

— D'accord, d'accord. Quoi d'autre ?

— Une promesse : pas d'expédition hors de Poudlard.

Sirius avait l'air tellement sérieux en disant cela. Une promesse ça sonnait bien plus solennelle qu'une règle ou une loi. Harry grimaça devant les implications d'un tel serment.

— En contrepartie on sera disponible si tu as quoi que ce soit à faire dehors.

— Comment ça ?

— Tu as toujours le miroir que je t'ai donné ? Va le chercher.

En peu de temps, ils entendirent l'adolescent montait les marches précipitamment puis les redescendre. Il tenait un bout de miroir dans la main. Sirius avait déjà sorti son homologue.

Harry regarda à son tour dans le miroir et vit l'œil de Sirius entouré de sa peau pâle.

— Pratique non ?

Il entendait la voix deux fois, en face de lui et provenant du miroir. S'il avait su plus tôt ! Harry se sentait tellement stupide sur ce coup-là.

— Super pratique, souffla-t-il ahuri.

Sirius rangea son miroir et expliqua :

— Ton père et moi on s'est longtemps servi de ces miroirs. C'est pratique et très sécurisé.

— D'accord je promets.

Il était difficile de faire la fine bouche quand on lui offrait un tel cadeau.

— Sur une note plus joyeuse, on te propose de te donner quelques cours supplémentaires pour parfaire ta formation.

— Vraiment ?

Harry regarda tour à tour les trois sorciers. C'était trop beau pour être vrai !

— Eh oui ! Après tout il paraît que tu vas sauver le monde des sorciers alors on veut participer à la légende, sourit Tonks avec un ton si joyeux et léger que le jeune Potter réussit à sourire sans être trop gêné. Si tu acceptes...

— Bien sûr que j'accepte !

[...]

Harry n'était pas fier d'être accouru chez son parrain aussi rapidement. Il n'avait pas l'intention de désobéir au Professeur Dumbledore. Il comprenait qu'il était beaucoup trop en colère, contre à peu près tout le monde. Il en avait déjà marre.

Dès le deuxième jour, il ressentit le besoin de s'excuser. Il avait compliqué la vie de tout le monde, mettant en danger des amis qui lui étaient chers.

Soucieux, Sirius le fit s'asseoir en l'écoutant attentivement. Voir et entendre l'inquiétude de son filleul était une preuve flagrante de l'écoulement du temps. Il n'avait même pas le souvenir que James ou lui ait pu être aussi mature durant leurs années de collège.

— Ta colère a sans doute été attisée par notre attitude, reconnut le trentenaire avec difficulté. C'est difficile de savoir quelles informations te sont essentielles dans l'ensemble merdique de mauvaises nouvelles. C'est aussi pour ça qu'on préfère laisser agir Dumbledore.

— J'ai beaucoup de mal à gérer ces secrets, avoua l'adolescent avec contrariété.

Sirius sourit avec douceur. Même pour lui qui était dans la plupart des confidences, ça restait difficile.

— Essaie de te concentrer sur ta propre mission et de pas laisser le reste interférer.

— C'est quoi cette supposée mission?

— Détruire Voldemort ? proposa Sirius avec un sourire ironique. Et je me suis fixé une mission pour que tu n'aies plus à t'inquiéter pour moi.

— Vraiment ? Je croyais que tu ne devais pas sortir ?

— Sirius et Patmol ne peuvent pas sortir, corrigea le sorcier avec un grand sourire. Je vais devenir quelqu'un d'autre et j'espère être utile à l'Ordre ainsi.

— C'est une super idée ! s'enthousiasma bruyamment Harry. Je t'aiderai autant que possible.

— Prêt à soulever des robes recru ? aboya Sirius avec une autorité feinte.

— Prêt ! s'exclama Harry qui tapa sans façon dans sa main.

Très enthousiastes, ils rejoignirent la grande bibliothèque et débarrassèrent un large espace pour s'entraîner aux sortilèges. Ils échangèrent quelques sorts mais plus pour le rappel que pour un duel. Ils passèrent le reste de l'après-midi à passer en revue des ouvrages mettant de côté tout ce qui pourrait leur être utile.

Remus ne rentra pas ce soir-là mais Tonks ne put résister à l'idée d'un petit duel en tout bien tout honneur. (Pas du tout, elle voulait les battre en beauté. C'était elle l'Auror après tout !)

Ceci fait, Harry se mit aux fourneaux accompagné des Quatre cents recettes miracles de Madame Palais. C'était supposé le faire progresser en sortilèges mais pour l'heure ils risquaient surtout l'intoxication alimentaire.

Durant le repas, Sirius évoqua son idée de nouvelle identité et sa cousine ne se crispa pas. En même temps, il ne parlait pas de sortir juste construisait un plan.

— Alors tu serais d'accord pour m'acheter quelques bouquins de musculation.

Devant son incompréhension, il expliqua sans attendre :

— Je vais essayer de prendre du muscle pour changer de carrure. Harry m'a dit que la muscu s'était bien démocratisé chez les Moldus, tu ne devrais pas avoir de mal à trouver ça.

— Wouha, ça s'est du changement de morphologie !

Dumbledore ne se présenta que le lendemain annoncé par un Remus Lupin plus fatigué que jamais. Les deux sorciers faisaient les cent pas en affirmant ne pas être stressés sous les moqueries de Tonks et Harry. Certes Dumbledore arrivait mais comme l'avait fait remarqué l'Auror, il ne pouvait coller qu'Harry. L'étudiant grimaça, il avait eu son lot d'heures de retenue l'année passée, il en gardait la marque sur sa main même si seuls Hermione et Ron étaient au courant.

La porte s'ouvrit après que deux coups furent entendus et tous se tournèrent pour assister à l'arrivée de l'illustre sorcier. Fidèle à lui-même, il se déplaçait avec un mélange subtile de grâce, sérénité et tonicité. Ils prirent place autour de la table basse du salon. Tonks était déjà en tailleur à côté d'Harry, Dumbledore se mit à proximité du jeune homme. Sirius vint prendre place sur le dernier fauteuil tandis que Remus préférait de toute évidence rester en retrait.

— Bonjour à tous. Je n'ai malheureusement pas beaucoup de temps devant moi.

Il reçut des hochements de tête compréhensifs pour toute réponse et poursuivit donc.

— Harry, tu sais que j'attendais de toi que tu passes une partie de l'été chez les Dursley mais tu as pris le risque de voyager seul pour rejoindre ton parrain ici. Est-ce que tu te rends compte des difficultés que cela aurait pu provoquer ?

— Oui, Professeur.

— Vraiment ?

Le regard bleu du vieux sage transperçait le jeune homme qui n'avait jamais été si penaud depuis son arrivée − un record.

— Nous avions pourtant conclu que ta sécurité était primordiale et qu'elle passait par l'observation de cette règle.

— Je m'en souviens. Simplement... J'ai essayé de suivre vos recommandations l'année dernière et je me suis quand même fait attaqué. J'ai failli me faire éjecter de la communauté magique même. Et puis je me sens pas en sécurité là-bas alors que j'ai vraiment pris des précautions pour venir ici. D'ailleurs je n'ai dis à personne même pas à Ron et Hermione. Au cas où...

— Que veux-tu dire par « pas en sécurité » ?

Harry éluda d'un haussement d'épaule. Il n'avait pas spécialement envie de parler de la sensation de danger qui le pistait depuis la débâcle du Ministère. Il avait tout bonnement paniqué en constatant qu'il avait entraîné ses proches dans quelque chose d'aussi dangereux, que certains auraient pu être gravement blessés à cause de son impatience, de sa colère, de sa volonté de vouloir faire tout seul après avoir été frustré des réactions de ses mentors. Malheureusement, dehors la situation n'attendrait pas qu'il ait réglé ses problèmes personnels pour s'emballer.

Il avait passé presque dix jours à Privet Drive − dix jours qu'il avait passé seul avec des cauchemars plus violents et désemparant que d'ordinaire. Alors qu'il savait que certaines personnes pourraient l'aider, allait-il se condamner tout seul en restant à l'écart d'eux ?

— Je comprends que vous avez certainement vos raisons mais cette maison a bien plus de sécurité magique que celle de Privet Drive. Personne ne sait où je me trouve. Est-ce que ça met en danger des personnes que je n'y sois pas cet été uniquement ?

Harry essayait de ne pas être un sale gosse. Il savait qu'il avait tendance à l'impulsivité et que souvent ce n'était pas lui qui en payait le prix fort. Mais cet été, il avait envie de trouver un endroit serein. Il ne voulait pas mettre les Weasley en difficulté, ni se sentir comme la cinquième roue du carrosse, cette maison était parfaite pour lui.

— Principalement toi.

— Alors je prends le risque, lança la jeune sorcier, constatant les regards qu'il récoltait il avança rapidement : Je n'ai jamais affronté Voldemort sans prendre de risque, celui-ci est minime.

— J'ai ta parole que tu y retourneras l'été prochain ? Peu importe ce qu'il se passe d'ici là...

Le ton de sa voix n'avait rien de très engageant mais Harry ne voyait pas comment refuser cela. Certainement que Dumbledore ne lui disait pas tout, mais il était aussi très probable qu'il ait de bonnes raisons pour cela.

— Tout l'été ? questionna-t-il.

— Au minimum trois semaines.

— D'accord, c'est promis.

— Cette affaire est donc réglée. Je repasserai pour que tu m'accompagnes pour une petite mission si tu acceptes, dans quelques semaines. Es-tu d'accord ?

— Bien sûr, vous pouvez compter sur moi.

Ouais l'aventure c'était plus enthousiasmant qu'une fichue promesse rébarbative quoi.

— C'est convenu. Peux-tu nous laisser quelques instants ?

Harry n'y vit aucun inconvénient. Le directeur fut même surpris de voir qu'il était d'humeur égale et ne tentait rien pour rester présent. Il espérait que c'était un bon signe.

— Je peux prévenir Ron et Hermione au moins ? questionna-t-il tout de même sur le pas de la porte.

— Oui tu le peux.

— Merci Professeur.

Ils entendirent distinctement des bruits de pas qui s'éloigner.

— Sirius, il va falloir que l'on vérifie les protections de la demeure si Harry doit habiter ici.

L'animagus avait conscience que le directeur était contrarié. Il n'aimait pas qu'on contrevienne à ses ordres même s'il comprenait les passions humaines et restait indulgent. Soucieux du bonheur d'Harry, il se demandait si cela ne l'empêchait pas de faire ce qui était bien pour lui mais à plus long terme.

— Pour l'instant, il y a une idée fixe en tête mais si besoin je pense pouvoir le convaincre de retourner vivre chez les Dursley.

Au prix d'une haine féroce et éternelle, finit-il en pensée.

Dumbledore balaya sa remarque d'un signe de la main. Il semblait bien plus inquiet concernant le plan de nouvelle identité qu'avait imaginé Sirius et pour lequel il posa moult questions. Il retourna le problème dans tous les sens, questionna l'homme sur les cercles qu'il voulait intégrer.

— Êtes-vous sûr que vous parviendrait à rester impassible devant des gens que vous connaissez ?

Sirius savait très bien qu'en débarquant en tant qu'étranger, il n'aurait pas un poste très convoité et que ses supérieurs hiérarchiques seraient certainement des personnes détestables. Il voulait avant tout être utile mais son tempérament querelleur pourrait rapidement le mener à sa perte.

— Je vais travailler sur ça jusqu'à arriver à un résultat satisfaisant, assura-t-il. J'ai aussi prévu de changer de baguette. Peut-être donner celle-là à Kingsley pour qu'il conclue à ma mort... Et la transformation devrait être complète ainsi.

Sirius qui parlait de renoncer à sa baguette et à son nom. Même lorsqu'il avait renié sa famille il n'avait pas pensé à abandonner son nom. Sans doute que cela ne faisait peu trop partie de son identité pour qu'il s'y résolve. Mais cela prouvait qu'il était décidé et prêt à tout pour soutenir son filleul et l'Ordre du Phœnix.

Dumbledore avait pensé en faire un espion mais il connaissait le caractère du sorcier et n'avait pu s'autoriser à soumettre l'idée. Il s'en serait voulu que Harry perde un membre de sa famille à cause d'un de ses mauvais plans. Mais peut-être que l'inaction était pire que l'action même lorsque celle-ci ne semblait pas faite pour le sorcier. Il attendrait de voir à quelle identité se vouerait l'animagus et penserait en attendant au milieu où un espion leur serait utile.

Le directeur prit congé après d'intenses vérifications en compagnie de Sirius au point que l'hôte regarda Harry mélanger les œufs, le regard complètement vide. Il était lessivé. Harry était sale parce qu'il avait du mal à gérer ce sortilège qui était plus pointilleux qu'il n'y paraissait. Tonks avait eu le temps de s'endormir entre temps. C'était plutôt drôle parce que quelques mèches de cheveux changeaient de couleurs.

Lupin toujours patient malgré sa fatigue essayait tant bien que mal de conseiller son ancien élève pour améliorer sa prise en main de l'art ménager. Au bout de deux heures, Harry fut capable de leur présenter une assiette de riz accompagné d'omelettes brouillées. Ils soupirèrent bruyamment de soulagement. Les nouvelles de dehors n'étaient jamais bonnes, il y avait toujours des disparitions et le Ministère était sur la sellette après avoir tant bafouillé pour annoncer le retour du Mage Noir.

Malgré les difficultés qui devenaient de plus en plus concrètes, Harry se sentait plus serein maintenant qu'il était entouré. Il espérait pouvoir inviter Hermione et Ron tôt ou tard, s'améliorer en sortilèges et Dumbledore l'aiderait à se débarrasser de Voldemort, ou plutôt il aiderait Dumbledore. Il était content de retrouver son parrain même s'il avait toujours l'air plus ou moins fatigué et qu'il avait des périodes où il restait simplement immobile ce qui était tout bonnement effrayant. Au moins, il avait un objectif tangible et cerise sur le gâteau il se souciait de lui.

Harry sentait que le jour où il aurait besoin de lancer un Patronus, celui-ci pourrait faire disparaître une armée de détraqueurs.


Défi : AU en folie (Salle de jeux du Fof)

Thème : Fix-it soit « réparer le canon »

Bonjour, je n'ai aucune prétention à réparer Harry Potter qui est somme toute super cohérent mais la mort de Sirius m'a toujours attristée donc voilà ! Je lirai vos avis avec grand plaisir. À bientôt !