« À bientôt »

Le matin où Ron et Hermione devaient arriver, Harry était plus impatient que jamais. Et bien sûr, il s'était levé trop tôt, avait mangé en quatrième vitesse et trépignait d'impatience en tournant en rond. Sirius continuait son travail en lisant les journaux des vingts dernières années. Quand Tonks ou Lupin revenaient, ils lui faisaient des questionnaires.

Harry n'avait pas le droit d'en savoir beaucoup plus sur la couverture de Sirius. Le personnage qu'il serait était créé à l'abri de ses oreilles indiscrètes pour sa sécurité. Cette décision l'agaçait beaucoup, il détestait être mis à distance surtout de quelque chose qui avait tant d'importance pour lui. Sans compter qu'il sentait le piège arrivé : il ne pourrait bientôt plus voir son parrain à sa guise.

Pour une fois qu'il était triste que ses vacances s'achèvent.

Hermione et Ron arrivèrent par la cheminée en milieu de matinée. Harry était ravi de les accueillir. Avant même de noter son changement d'apparence, Hermione lui sauta à la gorge :

— Qu'est-ce qui t'as pris de t'enfuir de chez ta tante ? Je me suis tellement inquiétée !

— Je vois pas pourquoi : il était déjà avec Sirius quand il nous a tenu au courant.

La remarque de Ron attira sur lui le regard courroucé de leur meilleure amie. Harry était aux anges de se retrouver ainsi entouré. Ils montèrent rapidement dans la chambre que Harry et Ron partageraient pour échanger les dernières infos.

Dans le bureau paternel, Sirius entendait le bruissement d'une discussion animée sans parvenir à distinguer les voix ou les mots. Il sourit seul ; il n'avait jamais voulu que le cœur de la socialisation de son filleul soit des trentenaires aigris. Il aurait accueilli ses amis tout l'été s'il en avait eu l'opportunité.

Il imaginait que les jeunes devaient essayer de rassembler les faibles informations en leur possession. Il n'y avait rien de pire que de protéger quelqu'un de lui-même. Il était content d'avoir passé un contrat avec Harry, si ça pouvait lui éviter quelques rudes épreuves.

L'Ordre était toujours actif mais malheureusement, la société ne leur simplifiait pas la tâche. Rufus Scrimgeour tentait de tenir la barre mais les conflits avec Dumbledore les empêchaient de travailler ensemble. La résistance étai à deux vitesse et Sirius devait reconnaître que ça l'inquiétait chaque jour un peu plus. Les disparitions s'enchainaient ; parfois l'Ordre arrivait à les mettre en sécurité à temps, ils sortaient du radar de Voldemort et ses sbires ; parfois l'Ordre arrivait trop tard, il ne pouvait que tenir les comptes et enterrer dignement les victimes.

La semaine passa très rapidement. Et joyeusement. Remus les retrouva en fin de semaine tandis que Tonks passa quelques soirées avec eux. Les deux faisaient un vrai effort simplement par leur présence car ils avaient la patte trainante ces derniers temps. Quand Dumbledore passerait chercher Harry, Lupin escorterait Ron et Hermione au Terrier, et Tonks l'aiderait à changer d'apparence et le conduirait au Chaudron Baveur.

Aucun retour en arrière n'était possible, il lui donnerait sa baguette et prendrait la nouvelle qu'on lui avait trouvée. Au moment du départ, Sirius se sentait nerveux. Dumbledore n'allait pas tardé à arriver et Hermione et Ron devaient partir sous peu au cas où la maison serait surveillée.

Il trouva une fois de plus qu'ils formaient une bonne équipe tous les trois.

— Dernière recommandation du petit vieux que je suis devenu.

Harry n'esquissa même pas un sourire, à croire qu'ils étaient aussi stressés l'un que l'autre.

— Je vais foncer dans une aventure plutôt dangereuse, et vous risquez d'entendre des choses qui vous feront penser à moi. N'écoutez pas ces voix, ce sera toujours un piège.

— Tu pourrais vraiment être enlevé, rétorqua aussitôt son filleul.

— Et j'appellerais des renforts, mais ce sera pas vous. Et ne t'inquiètes pas, je suis sûr que tu trouveras mille occupations cette année aussi, vous avez l'air doués pour ça.

— On préfèrerait éviter pourtant, grogna Ron avec désespoir.

Ce fut l'heure de dire au revoir à Ron et Hermione, et Sirius se demanda quand il les reverrait. Il aurait aimé pouvoir se pointer comme une fleur au Terrier et passait les fêtes avec tout le monde. Mais il devait se concentrer.

Après moins de dix minutes, Dumbledore partit avec Harry et les deux cousins se retrouvèrent seuls. Ils se regardèrent un long moment les bras ballants avant que le vieil maraudeur ose briser le silence :

— On va tuer Sirius Black ?

— On va juste le planquer dans une malle, rétorqua Tonks avec le sourire de sa mère.


Thème : Ami