Merci les filles ! Et non, il n'y aura pas de slash, cette fic' est GEN (mon immaculée conception ne serait plus immaculée et cela gâcherait tout, LOL).
OOooOO
Nativité
John aurait aimé que le temps s'accélère, juste une fois. Là maintenant, l'apparition de Janus (4) lui rendrait un fier service mais bien entendu, il n'aurait pas cette chance.
Après la réunion d'annonce de la « bonne nouvelle », Carson avait accompagné Rodney à l'infirmerie et Elisabeth avait continué le débriefing pour tenter d'obtenir une petite explication sur ce qui c'était passé sur P90-666. John aurait du savoir qu'avec une dénomination pareille, ils allaient avoir des problèmes.
La base de données d'Atlantis avait révélé que P90-666 avait abrité une civilisation apparemment alliée à celle qui avait vécu sur Doranda. Il n'en n'avait pas fallu plus pour que McKay programme une expédition. Celle-ci avait trouvé les vestiges d'une civilisation en effet, et notamment quelques laboratoires de recherches apparemment en pas trop mauvais état, et hop, SGA1, en compagnie de SGA2 commandée par Lorne, était partie sur P90-666.
Ils avaient installé un camp, fait quelques repérages et les scientifiques avaient fait ce pour quoi ils étaient grassement payés, à savoir faire mumuse avec des trucs Anciens, lorsque le ciel leur était littéralement tombé sur la tête sous la forme d'une attaque surprise des wraith, littéralement parce qu'ils n'étaient pas arrivés par la Porte des étoiles mais bien gentiment par croiseurs. Résultat, des scientifiques courant dans tous les sens, hurlant qu'ils n'étaient pas assez payés pour mourir dans d'atroces souffrances.
John, McKay et Lorne avaient été séparés des autres, courant ensemble à travers les ruines du complexe abandonné. Ils étaient restés coincés là plusieurs jours avant que les secours n'arrivent.
« C'était un laboratoire dédié à des recherches sur la fertilité. »
John jeta un regard à Zelenka qui releva ses lunettes et fit face aux malheureux protagonistes de cette non moins malheureuse expérience.
« Carson a trouvé la base de données des recherches menées dans cette partie du complexe. Des recherches sur la fertilité. »
Et c'est comme ça qu'ils s'étaient retrouvés avec le chef scientifique de l'expédition en fils-père, pouf, comme ça, juste par l'opération du Saint Esprit, ou plus exactement dans le cas présent de l'esprit des Anciens.
Lorne était mortifié, John désolé et Rodney furieux.
Lorne avait une peur pleur bleue d'apprendre qu'il était le géniteur.
John était désolé de n'avoir pas pu protéger Rodney.
Rodney était furieux parce que … et bien, Rodney était toujours furieux pour un oui ou pour un non, disons que cette fois il avait de solides raisons de l'être.
Zelenka continua.
« Vous possédez tous les trois le gène ATA et l'ordinateur a du enclencher la procédure automatiquement en « détectant » ce dernier. » John vit distinctement Radek frissonner. Il devait certainement bénir tous les dieux connus, de la Terre et de cette galaxie, que la thérapie génique de Beckett n'ait pas marché sur lui.
John ferma les yeux un moment. Il se rappelait avoir touché une des consoles, juste après avoir poussé Rodney derrière cette dernière, pour lui éviter d'être aspiré par un Dard et après ça, toute la pièce – ou ce qu'il en restait – s'était retrouvée pendant quelques minutes plongée dans cette lumière bleutée que les Anciens affectionnaient tant, mais de là à penser que cela suffisait à rendre quelqu'un enceinte, ou enceint … Il essaya de se rappeler les faits dans l'ordre : il était entré le premier, suivi de Rodney, Lorne s'était immédiatement mis en alerte, couvrant leurs arrières … Oula, mauvaise image, mauvaise image ! Ne pas penser à des derrières … ou à des devants d'ailleurs.
Evidemment, en apprenant ce qui était arrivé à Rodney, Elisabeth et Carson avaient convoqué Lorne et John, en leur demandant, avec la plus incroyable des subtilités – genre, « miel, abeilles, roses et choux » pour Elisabeth et un retentissant « bloody Hell ! Vous ne savez donc pas utiliser des préservatifs !» pour Beckett – lequel des deux avaient eu des relations sexuelles avec le petit génie d'Atlantis, la période de conception correspondant à leur petit séjour sur P90-666.
Seulement voilà, une des raisons pour laquelle Rodney était si furieux était justement qu'il se retrouvait enceint sans avoir goûté aux délicieux préliminaires qui menaient généralement à cette situation.
Yep, pas de youplaboum, juste un boum, un gros boum.
Bref, miracle des Anciens, Rodney était enceint et ils attendaient maintenant les résultats de l'amiosynthèse pour savoir qui était l'heureux « papa ». John jeta un coup d'œil à Lorne qui arborait un teint plutôt pâlot. Pauvre Lorne, l'idée que ce bébé puisse être le sien le rendait visiblement malade. John avait appris à apprécier Lorne, à la fois comme 2IC (5) mais aussi comme quelqu'un sur lequel on pouvait compter pour couvrir ses arrières. Lorne était quelqu'un de loyal, avec une bonne dose d'humour, un bon soldat, un bon camarade, et pourtant en cet instant, John ne le comprenait pas, mais alors pas du tout, parce que lui, il espérait être le père de cet enfant.
Ok, il pouvait comprendre ce qui tracassait Lorne : les rumeurs d'homosexualité iraient bon train. Ils avaient passé plusieurs jours isolés et les esprits tordus s'imagineraient immédiatement leurs folles nuits d'orgies à trois. Pour un militaire de carrière ce n'était pas vraiment l'idéal. Mais John lui s'en foutait éperdument. Sa carrière militaire n'existait pas, en tout cas pas en dehors d'Atlantis, ça il le savait très bien et ce que pensaient ses supérieurs le laissait froid.
« … prêt, Colonel ? »
Euh il avait un peu perdu le fil de la conversation. Prêt pour quoi ou prêt à quoi ?
« Oui, Elisabeth ? »
Il mit un petit sourire sur son visage, celui du « petit gamin perdu » qui faisait toujours craquer Elisabeth. Cette dernière lui rendit son sourire et reposa sa question sur un ton plein de sollicitude. Yep, ce sourire là ne ratait jamais son coup.
« Carson dit que Rodney va bien, il lui a administré un léger sédatif pour qu'il puisse se reposer et il nous amène les résultats de l'amiosynthèse. »
Ah, prêt pour ça …
Est-ce qu'il était prêt ? Bonne question. Etait-il prêt à apprendre qu'il allait être père ? Qu'il allait être responsable d'une vie. En fait, c'était l'idée qu'il puisse ne pas être le père qui le tourmentait. Il voulait être le père de l'enfant que Rodney portait, même s'il ne savait pas très bien pourquoi.
Il n'avait pas de famille et n'en n'avait jamais voulu une à lui. Il était un loup solitaire mais maintenant et ici, tout était différent. Il avait trouvé une famille, des gens qu'il aimait et qui l'aimaient, des gens pour qui il avait tués, des gens pour qui il mourrait … et l'idée de donner la vie prenait un autre sens.
Non, il n'était pas amoureux de Rodney mais oui, il l'aimait. Rodney était le petit frère qu'il n'avait pas eu. Le petit frère prodigue, et pas toujours dans le meilleur sens du terme. Le petit frère qu'il fallait protéger, même de lui-même. Il aimait Rodney et il aimerait son enfant, leur enfant … argh, ça sonnait tellement bizarre et en même temps …
Ses pensées furent interrompues par le retour de Carson. Ce dernier s'installa, étalant ses papiers devant lui. John sourit. Carson était un médecin « ancienne génération », il faisait certes ses recherches génétiques sur ordinateur, mais lorsqu'il était dans la peau du « docteur », il s'en remettait aux bons vieux papier et crayon, vous tendant votre ordonnance avec un sourire bien veillant et avec une petite tape sur l'épaule.
« Et bien, les résultats de l'amiosynthèse sont concluants. Nous les avons croisés avec notre base de données ADN et nous avons un heureux gagnant. »
Il se tourna vers le Major Lorne qui perdit immédiatement tout ce qui lui restait de couleur.
« Major, je suis désolé … »
Et voilà, se dit John, encore un rêve qui s'envole en fumée.
« … mais vous n'êtes pas le père. » Carson se tourna vers John, un petit sourire sur les lèvres. « Félicitations, Colonel, vous allez être papa ! »
Lorne poussa un soupir de soulagement que même le SGC avait du entendre et lança un regard désolé à John. John qui n'était pas désolé, mais alors pas du tout, John qui essayait de garder son calme, John qui retenait un hurlement de joie, John qui aurait juré que Carson avait fait exprès d'annoncer les choses comme ça. Ce diable d'écossais le connaissait décidément un peu trop bien.
Elisabeth fronça les sourcils.
« Rien n'est moins sûr Carson. Si je comprends bien, Rodney n'a aucun désir de garder ce bébé et comme il s'agit de son corps, je ne vois pas comment … »
John allait répliquer et se lancer dans une tirade véhémente sur les « droits du père » mais Carson fut plus rapide.
« Je ne crois pas qu'il ait le choix Elisabeth. La transformation qu'il a subie est assez poussée mais pas au point d'avoir recréer les organes de reproduction d'une femme. La poche qui sert d'utérus et accueille le fœtus est reliée au pancréas ainsi qu'aux poumons, sans doute pour l'alimentation du foetus. Je ne peux pas tenter d'IVG, sans risque pour la vie de Rodney, sans savoir exactement de quoi il retourne, et comme nous ne pouvons pas retourner sur P90-666 pour en apprendre un peu plus … »
Non, ils ne pouvaient pas y retourner. Après avoir découvert la condition de Rodney, ils avaient essayé d'envoyer une nouvelle équipe là-bas mais la porte ne s'était pas connectée à celle de la planète. Les raisons pouvaient être multiples, du simple dysfonctionnement à la disparition pure et simple de la Porte.
Elisabeth se renfonça dans son siège.
« Je vois … et il est au courant. »
Carson hocha la tête.
« Oui, et autant vous dire qu'il n'a pas très bien pris la nouvelle. »
Carson regardait John en disant cela.
« Colonel, il va falloir que vous soyez patient avec lui, patient et compréhensif. Les prochaines semaines ne vont pas être faciles. »
Patient et compréhensif ? John pouvait y arriver. Il avait détruit des vaisseaux ruches, massacré des escadrons de Géniis, alors il pouvait gérer un Rodney enceint, non ?
OOooOO
Il s'était trompé.
Et pas qu'un peu.
S'occuper de Rodney McKay enceint nécessitait des nerfs d'acier et une patience d'ange. John aurait préféré avoir à infiltrer un vaisseau ruche, borgne et avec un bras cassé, ou encore avoir un rancard avec une Reine wraith voire faire une partie de belote avec Kolya, bref, un truc pas trop dangereux. A côté de Rodney enceint tout semblait soudainement facile.
Rodney avait fini par accepter son état, arguant qu'il avait toujours pensé qu'il avait le devoir vis-à-vis de l'humanité de transmettre ses gènes uniques. Il ne faisait aucun doute dans son esprit que son enfant serait un génie comme lui et qu'il faisait, au travers du sacrifice consistant à porter un enfant – ce qui ne pouvait qu'être mauvais pour les neurones de Rodney et donc désastreux pour la dite humanité qui diminuait ses chances de survie à chaque neurones perdus – un cadeau inestimable au genre humain dans sa globalité.
Les vrais problèmes avaient commencé lorsque Carson avait expliqué au dit génie, les contraintes propres à la situation de femme, euh, d'homme, enceint : régime alimentaire strict, exercices physiques réguliers et horaires de travail « humains ». Ce gamin n'est pas encore né qu'il fait déjà de ma vie un enfer ! avaient été les paroles de Rodney.
Et puis il y avait eu la prise de poids, normale dans son état mais qui avait été la cause de quelques crises, allant du « je suis un monstre ! » à « je ne rentre plus dans mes vêtements ! » en passant par « j'ai des vergetures et des varices partout ! » ce qui retombait invariablement sur le « je suis un monstre ! ».
Et John avait tout supporté. Les phases dépressives, les phases agressives, les phases euphoriques, Rodney passant de l'une à l'autre plus rapidement qu'il ne faut à un Génii pour retourner sa veste et vous trahir. Mais ça valait le coup parce qu'il y avait tout le reste …
John se rappelait la première fois où Rodney avait accepté qu'il le touche.
Rodney avait d'abord farouchement refusé, les rumeurs étaient déjà assez difficiles comme ça à combattre. La dernière en date le concernant le présentait comme un hermaphrodite, non mais jusqu'où pouvait aller la bêtise des hommes et surtout leur manque totale d'imagination ! Ils étaient dans une Galaxie étrangère, avaient découvert des créatures se nourrissant de l'énergie vitale d'un être humain, et voilà tout ce que leur inspirait le prodige scientifique dont ils étaient témoins ! Navrant vraiment.
Après la tirade de Rodney sur la stupidité des hommes en générale et celle des militaires en particulier, John avait sorti la grosse artillerie : il avait fait ses yeux de chien battu et avait essayé le fameux sourire « gamin tout perdu » qui marchait généralement si bien sur Elisabeth. Rodney avait juste levé les yeux au ciel et avait relevé son polo découvrant la demie sphère qui abritait leur enfant, tout en grommelant qu'il n'était pas « un animal de compagnie que l'on caresse à volonté ». John avait ignoré le commentaire et avait posé sa main sur le ventre rebondi.
Et là, le miracle s'était produit ! Il avait bougé, là, juste un coup sous l'index de John, un coup laissant parfaitement paraître la forme du petit pied, laissant Rodney sans voix – cet enfant ayant ainsi réussi là ou tous avait échoué – et John ébahi.
Ils étaient restés au moins une bonne demi-heure tous les deux à traquer les mouvements de leur fils.
«Ou de notre fille » avait immédiatement été la réplique de Rodney. « Qu'est-ce qui vous fait croire qu'il s'agit d'un garçon ? Ne me dites pas que vous en êtes resté à cette ridicule coutume du premier né mâle. De toute manière, si vous souhaitez un héritier pour transmettre votre nom à la postérité, il faudra vous trouver une autre mère porteuse parce que celui-ci, je veux dire celle-ci, portera l'illustre nom de son papa. Je penche pour Hypatia McKay … »
Mais John avait cessé de l'écouter, complètement absorbé par ses recherches, là, une légère ondulation de la peau, ici, un petit talon rond, merveille des merveilles.
Et puis, il y avait les échographies et les sonagrammes. John ne se lassait pas d'écouter le son des battements de cœur. Thump, thump, thump. Même si ces derniers étaient souvent couverts par les complaintes de Rodney du genre : Carson, si vous appuyez encore sur ma vessie, je vous promets une catastrophe digne du tsunami asiatique de 2004.
Et John ne se lassait pas de voir le ventre s'arrondir même si cela signifiait aider Rodney pour tout, de la simple tâche de s'asseoir à celle, beaucoup plus athlétique, de se relever.
Et enfin, enfin vint le grand jour.
TBC (faudra attendre le prochain chapitre pour tout savoir ! Alors, fille ou garçon ? les paris sont lancés !)
(4) Episode Before I Sleep/Un long sommeil.
(5) 2IC : second in command.
