Merci d'avoir suivi ce petit miracle made in Pégasus ! Je ne pense pas qu'il y aura de suite mais sait-on jamais, la muse est parfois si capricieuse … Biz à toute !
Note : pas d'humour dans ce dernier chapitre, mais du bon vieux chamallow !
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Il fallait qu'il les voie. Tous les deux, ensemble. C'était pour le bien d'Atlantis, de la Terre, de tout le monde. S'il les voyait ensemble, assis côte à côte, il saurait et alors il pourrait ... faire quoi ? Oh, c'était simple, très simple. Il les dénoncerait. Il lui suffirait de pointer du doigt et de crier « Regardez ! Regardez ! Mais regardez les donc vos héros ! Voyez ce qu'ils sont réellement, des abominations, des monstres, des créatures diaboliques … » Oui, il avait besoin de les voir, pour pouvoir témoigner, pour être celui qui mettrait fin à leur petit règne impie.
Il avait assez souffert comme ça, ça devait cesser. Il avait tout essayé pendant des années, thérapie, de groupe, individuelle, sectes et gourous, mais il n'était jamais parvenu à guérir, à oublier. Les blessures étaient tout simplement trop graves, trop profondes, comme si rien ne pouvait les cicatriser.
C'était il y a plus de quinze ans. Il avait cru réussir à écarter les souvenirs mais ce qui était arrivé à McKay avait tout ravivé. La douleur, le désespoir, la rage. Oh, oui, il bouillait intérieurement, une colère qu'il avait de plus en plus de mal à contenir.
Tout était revenu … Entré trop jeune à l'université, encore un peu naïf, il n'avait pas compris ce qui se passait, pas avant qu'il ne soit trop tard. Il avait été « confié » à un étudiant plus âgé, l'administration de la fac avait pleine confiance en lui, un étudiant modèle. Un étudiant qui avait abusé de son innocence.
Il n'avait jamais particulièrement réfléchit aux relations homosexuelles, ou au sexe tout court. En fait, sa seule expérience sexuelle avant d'entrer à la fac avait été d'embrasser Suzie Webster sur la banquette l'arrière de la vieille Pontiac de son père. Pour l'adolescent qu'il était alors, les homosexuels étaient des gens un peu excentriques, vivant tous à San Francisco mais après cette première année d'enfer, il savait ce qu'étaient les homosexuels : des prédateurs.
Il lui avait fallu des années pour s'en remettre, des années pour supporter d'être seul dans la même pièce qu'un autre homme, des années avant que son propre frère puisse le serrer dans ses bras.
Oui, ces êtres étaient des monstres, incapables d'amour, juste de détruire et malgré ce qu'ils pensaient tous de lui, il n'allait pas laisser deux d'entre eux aller et venir librement sur Atlantis.
Il savait à qui il pourrait adresser sa requête, ce ne serait pas difficile.
Il sourit et, résolu, il entra dans l'infirmerie.
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Tout d'abord, il n'y vit pas grand-chose. Quelqu'un avait baissé les lumières au point que l'on se serait presque cru dans l'atmosphère tamisé d'un Club. C'était clair, même ici, oui, même ici, ces deux là avaient réussi à contaminer le personnel. Qui sait ce qui se passait sous cette lumière diffuse, quel crime était commis. Mais ça allait cesser, il allait intervenir, et tout rentrerait dans l'ordre.
Il fit quelques pas puis s'arrêta brusquement. Là, un son, comme un chant. Il pencha la tête et la scène qu'il découvrit lui fit ouvrir la bouche en une parfaite personnification du poisson tiré hors de l'eau.
Là, sur l'un des lits, dormait McKay, allongé sur le dos, légèrement surélevé par deux coussins, un bras sur sa poitrine, mais c'était la personne qui se trouvait assise près de l'irritant astrophysicien qui retenait toute son attention.
L'homme le regardait, un air à la fois surpris et grave sur le visage.
L'homme qui tenait un bébé dans les bras et qui lui chantait une berceuse.
Le Colonel Caldwell.
Il se sentait trahi. Comment était-ce possible ? Comment le Colonel avait-il pu tomber dans leur piège aussi facilement ?
« Docteur ! Vous allez bien ? »
La voix était pleine de sollicitude. Il recula et secoua la tête, incapable de dire quoique ce soit. Le regard de Caldwell tomba sur le petit appareil qu'il avait dans les mains. L'appareil numérique avec lequel il avait pensé pouvoir se constituer des preuves solides contre McKay et Sheppard.
« Oh, vous êtes venu prendre des photos ? »
Caldwell arborait un large sourire.
« Hum, venez par ici. McKay a eu une nuit un peu difficile, laissons le dormir ou sinon, il sera d'une humeur noire lorsqu'il se révei-- », il hésita un moment comme s'il venait de se rendre compte qu'il venait de dire quelque chose de vraiment stupide puis reprit « enfin, disons qu'il sera d'encore plus méchante humeur que d'habitude. » Puis, le bébé toujours perché sur son épaule, il le prit par le bras et l'emmena dans la pièce adjacente.
Celle-ci était plongée dans le noir et lorsqu'il alluma, ils découvrirent que la pièce était loin d'être déserte.
Sheppard était là, allongé lui aussi sur un lit, le nez enfouit dans le cou d'un autre bébé.
« Chhhhut ! » fit Caldwell.
Il vit le Colonel s'approcher de Sheppard et se pencher au dessus de lui, puis il se tourna vers lui et lui mit le bébé qu'il portait, dans les bras ; ensuite, avec une tendresse qu'il n'aurait jamais cru possible venant du militaire, Caldwell extirpa le second nouveau né des bras de son père. Sheppard émit un petit gémissement et Caldwell – Caldwell non de dieu ! Le type qui ne rêvait que d'une chose prendre la place de Sheppard à la tête du contingent militaire d'Atlantis, Caldwell le « dur de dur » - posa sa main sur la tête de Sheppard et lui murmura des paroles rassurantes. Sheppard ne se réveilla pas. Caldwell le regarda un long moment, comme perdu dans ses pensées puis se tourna vers lui, lui indiquant la porte d'un mouvement de la tête.
Il ne savait pas quoi faire. Il était complètement perdu. Rien ne se passait comme prévu. Comme dans un rêve – ou plutôt un cauchemar – il suivit Caldwell. C'est arrivé dans cette troisième pièce – le bureau de Beckett, il était déjà venu ici, une ou deux fois – qu'il se rendit compte de ce qu'il tenait dans les bras.
Un bébé. Le bébé de Sheppard et de McKay. Le bébé de ces deux némesis.
Une bouffée de haine le submergea soudain. Il avait enfin le moyen de se venger, le moyen de faire taire la douleur sourde qui lui rongeait les entrailles depuis des années. Il lui suffisait de serrer le cou fragile, de poser sa main sur la minuscule bouche, de balancer le petit corps contre le mur … c'aurait été si facile, si facile, sauf que …
… sauf que c'est à ce moment là que le bébé ouvrit les yeux. Des yeux incroyablement bleus, limpides, pas des yeux vides, oh, non, il y avait de l'intelligence derrière ces yeux là, une conscience avide de comprendre, de se développer, de vivre. Des yeux qui ressemblaient un peu aux siens lorsqu'il avait eu dix-sept ans.
Des yeux pleins d'innocence … non, des yeux qui savaient. Il avait l'impression de se refléter dans ces yeux, d'y voir sa honte, sa peur, sa colère disparaître, engloutis, comme absorbés par cette incroyable innocence, ces flots bleus, comme un océan. Des yeux qui pardonnaient, des yeux qui aimaient, qui l'aimaient lui ?
Cette dernière révélation fut un choc mais il compris ce qui arrivait à Caldwell..
Une petite main se referma sur la sienne. Il serra le petit corps contre sa poitrine, surpris d'entendre les battements de cœur malgré l'épaisseur des vêtements. Un cœur qui au moment présent battait pour lui, juste pour lui. Il ne se rappelait pas la dernière fois qu'il avait ressenti ça, cette incroyable sensation, celle d'être aimé, sans condition, sans jugement. Juste recevoir de l'amour comme un don, un cadeau.
« Docteur … ? »
Il ferma les yeux, laissant son propre cœur brutalisé, ce coeur qu'il croyait à jamais incapable de ressentir quoique ce soit, se régénérer au contact de cet amour si intense, si pur.
« Docteur Kavanaugh, vous êtes sûr que vous allez bien, je crois que je devrais appeler Beck-- »
« Non. »
Calvin Kavanaugh (11) déposa un rapide baiser sur le front du bébé puis se tourna, souriant, vers Caldwell. Il n'aurait jamais cru qu'il allait poser cette question lorsqu'il était entré dans l'infirmerie.
« Je veux que vous me preniez en photo avec eux. »
Fin ! Surprise, pas de Ronon ! Je me suis dit que ce serait un peu trop évident et puis sincèrement, je n'ai pas la moindre idée de ce que je pourrais lui faire « dire » vu qu'il ne dit jamais grand-chose, n'est-ce pas ?
(11) Yep, Kavanaugh ! Ca me donne l'occasion d'expliquer pourquoi il s'est évanoui dans le zode Critical Mass/Masse critique, saison 2 lorsque Ronon le coince dans la salle de réunion, pov' Calvin, snif.
